Cette histoire sonne comme une confession de la dernière heure, visant à verbaliser des regrets, des non- dits, des « si j’avais su ». Au moment où il quitte lentement mais surement le monde des vivants, Fabian, à l’agonie, nous parle de ce que fut sa vie. Ou plutôt, il en parle à Eva. Cette femme, c’est son ancien amour rencontré très jeune, peut-être trop tôt. Il ont fait un bout de chemin ensemble, balisant leur quotidien de rituels plus rassurant les uns que les autres.
Et puis à l’aube de ses 30 ans, le sentiment de ne pas avoir profité de la vie, d'être passé à côté de quelque chose, se fait de plus en plus insistant dans l’esprit de Fabian. Cette routine, ce confort qui jusque-là le préservaient, ne font que lui donner le sentiment d’étouffer. Le constat est sans appel, la séparation est décidée et donne à Fabian la sensation d’une liberté retrouvée, de temps à rattraper.
Il va privilégier ses envies en oubliant la valeur d’une vie et va alors emprunter des chemins qu’il n’aurait jamais espéré et déguster tous ces moments. Jusqu’à ce que la raison, ou plutôt le sort, le rattrape. A l’orée de sa destination funeste, Fabian va alors prendre conscience des conséquences de son nombrilisme. Il va comprendre que sa consommation excessive et effrénée de la vie n’a fait que précipiter sa déchéance.
A trop vouloir papillonner, Fabian s’est brulé les ailes. Le chute est rude et sans retour en arrière possible.
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Fabrice Causapé a ce talent de mettre à jour la noirceur humaine tout en rendant attachant ses personnages. Il nous parle de cruauté avec une telle sincérité que ça en est désarmant. Il a construit cette histoire de façon intelligente et posée, aucun jugement n’y est rendu. C’est un texte fort et bouleversant qui vous prend aux tripes tant le retour à la réalité est brutal pour Fabian, d’autant plus si vous avez envié ce personnage. Sa vie n’est à aucun moment édulcorée, aucune concession n’est accordée à cet homme avide de liberté, désireux de faire tomber toutes les barrières qui l’inhibaient jusque-là.
Vous ne pourrez pas vous empêcher de vous demander si, à un moment donné, vous lui avez envié cette liberté, si c’est à ça que votre vie ressemblerait si vous osiez laisser tomber votre pudeur, votre confort. Mais peut-être que l’être humain n’est fait que pour apprécier, avec parcimonie, les délices de la vie ou peut-être pas. D’ailleurs, rien que le fait d’envier une chose sans pour autant la tester n’est-elle pas simplement une normalité pour l’humanité. Il y a autant de réponses possibles que d’êtres sur cette planère car après cela concerne la liberté de chacun.
Je suis spectatrice de la déchéance de cet homme et je termine cette histoire fortement éprouvée car je me suis pris une décharge émotionnelle si intense que mon esprit est hanté par ce Fabian et par tous les autres Fabian de la Terre. Je tempère alors mon mal-être en prenant ce récit comme une ode à la vie, comme un appel provenant de mes tripes, me criant d’apprécier mon bonheur et de chérir les miens.
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