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Citation de lanard


Dans son ouvrage La femme laotienne d'hier et d'aujourd'hui, Mayoury Ngaosyvathn estime que le bouddhisme est une religion sexiste au même titre que les grandes religions monothéistes (judaïsme, christianisme et islam), car ses fondateurs ont jugé impossible pour une femme d'atteindre le nirvana et lui ont accordé un statut inférieur dans la communauté monastique.
Selon elle, cette religion, importée au Laos à partir du VIIe siècle par les rois môn, à, elle aussi, établi le règne des hommes sur la société. Les femmes s'y dévouent, corps et âme, pour tenter d'aller au paradis après leur mort et renaître en homme. Elle multiplient leurs chances de parvenir à ce sort si leur fils devient moine.
Les hommes laotiens règnent sur les pagodes; ils dominent les administrations, le parti unique, l'armée et la police. Ils sont donc la source du droit et des normes. Ils constituent aussi la masse des agriculteurs, majoritaires dans ce pays. Quelle place reste-t-il donc aux femmes?
Dans son ouvrage Fiels, Forest and Familiy; Women's Work and Power in Rural Laos, Carol Ireson montre que les femmes thaï-lao, pour la plupart bouddhistes, ont pourtant un statut très supérieur à celui des femmes de montagnards, comme les khamou animistes et les Hmong chamanistes. A l'instar des autres femmes des pays d'Asie du Sud-Est les femmes laotiennes citadines ont acquis un pouvoir important dans la société en devenant des commerçantes dynamiques, alors que le salaire de leur mari fonctionnaires tombaient au plus bas depuis la crise asiatique de 1997.
Ce phénomène touche certes aussi les pays d'Asie du Sud-Est à majorité musulmane, comme l'Indonésie ou la Malaisie. Cependant, le bouddhisme, avec se moines retirés dans les monastères et dépourvus de prêtres séculiers, laisse le champ libre aux femmes pour dominer les foyers et tous les espaces sociaux situés en dehors des institutions politiques et militaires, à la différence des religions issues de la Bible dont les prêtres et les imams chechent à règlemener strictement les relations entre les sexes.
On comprend mieux la ferveur instinctive des femmes laotiennes pour la religion bouddhiste, dont elles suivent assidûment tous les rites, en dépit du rôle inférieur qui leur est théoriquement assigné dans la doctrine et l'espace monacal. Elles en ignorent le plus souvent les préceptes, mais elles insistent toutes sur ses principaux fondements, comme la tolérance et l'harmonie. Elles ne se contentent pas des croyances chamanistes sur l'enfer et le paradis. Elles mettent en avant les valeurs fondamentales du bouddhisme, comme la non-violence et l'humilité, qu'elles regardent comme des valeurs féminines.
Elles sont prêtes à consacrer des fortunes aux fêtes religieuses et familiales, notamment pour la fête de Vetsantara, appelé aussi Phavet, qui est aussi destinée à financer les travaux dans les monastères bouddhiques. Même dans les pires situations, la tenue des temples et la nourriture des moines ne sont jamais oubliées; les femmes laotiennes en ont fait le symbole de leur civilisation, car elles y trouvent surement leur intérêt.
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