Entretien avec Fabrice Neaud première partie
Je préfère ce travail aux mille acceptations molles que me sert chaque nouvelle rencontre, et dont la promptitude à se montrer tolérante me paraît trop belle pour être réellement sincère.
Nous sommes des calques d'où nous venons et des buvards d'où nous sommes. Il est difficile de nous en affranchir. Très peu d'actes, et surtout de pensées, sont les fruits d'une authentique liberté. C'est d'ailleurs le projet de toute une vie.
Je voudrais ne pas être là.
Je voudrais ne plus exister.
Tout, mais autre chose que cette absence de réponse,
Tout, mais autre chose que ce déni d'amour,
Tout, mais autre chose que le silence sans appel.
Il ne peut y avoir de prise de conscience collective de la misère... puisque la misère isole.

Monsieur,
Comme il est raisonnable que vous essayiez votre paire de chaussures avant que vous ne l'achetiez, il est raisonnable qu'une entreprise fasse exécuter un dessin pour l'éventuel dessinateur qu'elle veut employer…
D'autres part lors de l'exécution de ce dessin vous sembliez très pressé d'en finir et avoir autre chose à faire, ce qui pour un futur employeur n'est pas encourageant et semble tout à fait déplacé de la part d'un «RMIste» qui ne travaille pas depuis plus de 3 ans ?
Ce comportement constitue déjà l'énorme motivation d'un refus d'embauche.
Enfin plutôt que, depuis 3 ans, vouloir trouver un travail chez les autres, je vous conseille de vous prendre en charge et de vous installer à votre propre compte, où là, vous pourrez disposer de votre temps comme il vous convient et prétendre à une rémunération pour un véritable travail.
Vous souhaitant bonne réception de la présente, veuillez agréer, Monsieur, mes salutations distinguées.
(page 163)
Il faut s'attendre à tout pour n'être déçu par rien.
Imiter la nature ? Mais l'Art n'a jamais eu cette ambition. Et ceux qui le croient, en affirmant ne rien comprendre à l'abstraction, ne comprennent pas davantage Manet, Van Gogh, Vélasquez, Goya ou la "Période Bleue" de Picasso.
Comment puis-je oublier ? Je ne veux pas oublier. Je ne peux pas. Il semble qu'il existe un devoir de l'oubli quand les choses ne vont plus. L'amour semble alors faire partie des choses les moins importantes quand il n'est pas réciproque. Il semble ne plus être de l'amour. Il doit être oublié. Mais alors comment doit-on appeler ce qu'il en reste ? Que dois-je en faire ?
Il y a un temps pour tout : un temps pour le deuil et un temps pour l'oubli. Mais le plus dur, c'est d'oublier sans haïr. Il faut beaucoup de force.
Si on avait gardé secrètes toutes les œuvres qui pouvaient gêner quelqu'un… la terre serait probablement encore plate.