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Critiques de Fabrice Neaud (89)
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Journal - tome 1 & 2 - Esthétique des brutes

Il s'agit d'un récit autobiographique d'un jeune auteur homosexuel sous forme d'un journal. L'auteur Fabrice Néaud, encore jeune garçon, a du mal à joindre les deux bouts. Il n'a pas encore trouvé la suite à donner à son expression artistique.



Il a trouvé l'amour mais l'a très vite perdu et du coup, il se raccroche désespérément à une relation foutue d'avance. Cela m'a attristé car qu'on soit homo ou pas, la séparation est toujours douloureuse. Il n'en ressort que déception et tristesse, repli sur soi et manque de confiance.



J'ai bien aimé cette implication totale de soi avec la plus parfaite sincérité. C'est vrai que nous sommes assimilés à des lecteurs un peu voyeur. Là encore, l'auteur assume pour faire passer son message. Il peut se montrer un peu hautain et méprisable par moment mais il n'en demeure pas moins profondément humain et attachant.



Il écorche au passage la fausse tolérance dans notre social-démocratie bien pensante. Cela me fait penser à des amis que j'ai connu et qui avait dans leur relation un homo car cela faisait bien socialement. Je crois qu'il était temps de s'interroger sur de tel comportement. Du coup, j'arrive un peu à comprendre le mépris de l'auteur pour ce qu'il désigne comme les faux tolérants.



Il aborde principalement le thème du rejet après une relation amoureuse car son ami Stéphane a rompu. Etre rejeté est désagréable. La souffrance causée par ce rejet peut apparaître comme insurmontable en raison de la perte de la relation. La souffrance d’un rejet vient de la sensation de perte. Cependant, la réalité est que le rejet fait partie de la vie.



Tout le monde peut être rejeté à un moment ou l’autre que ce soit dans la vie personnelle ou professionnelle. Il est sain d’accepter le rejet et de rebondir. L'auteur pensait avoir besoin de cette personne pour se sentir heureux dans la vie. Or, le rejet n’est pas une perte de notre bonheur interne mais une simple occasion d’un bonheur temporaire. Le bonheur est un choix, pas un aboutissement. On n’a pas besoin de l’approbation de quelqu’un pour se sentir heureux. Lorsqu’on se libère de cette illusion de besoin, on se libère également de la douleur associé au rejet.



Visiblement, l'auteur n'a pas fait son deuil de cette relation qu'il a jugé primordiale au point d'harceler sans cesse son ex-compagnon après la rupture. Les relations humaines ne sont pas faciles à gérer et peuvent apporter leur lot de joie et de déception. Le tout est de surtout privilégier les bons moments et de ne retenir que le meilleur.



Sur la forme, j'ai plutôt apprécié son trait réaliste et délicat et le fait qu'il joue avec des jeux d'encrage. Les planches sont très agréables à lire. Il y a certes un certain académisme à cause de cette simplicité et de cette précision du trait. Cependant, j'apprécie cette régularité. Il y a également un côté portraitiste qui m'a bien plu. On enchaîne facilement sur le portrait de l'âme. Le dessin arrive à transmettre des émotions ainsi qu'un certain mal-être.



C'est clair que c'est un journal intimiste plutôt triste et sombre avec des moments de grande déprime. On est aux antipodes de l'humour et de la bonne humeur. Cependant, la bande dessinée possède bien des visages. Je pense qu'il faut connaître également celui-ci sans en évitant de tomber dans les préjugés.



C'est parfois difficile quand on est hétéro de s'intéresser à l'intimité d'un jeune homosexuel qui ne nous ménagera pas. Cependant, l'auteur arrive à nous captiver par son histoire, sa pensée, son parcours de vie, son impudeur, son caractère mais également sa justesse.



Je remercie les éditions Delcourt ainsi que Babelio pour ce roman graphique que je connaissais déjà car il s'agit là d'une réédition ce qui permet toujours une redécouverte de l'oeuvre intimiste de cet auteur. A l'époque, c'était assez novateur alors que ce genre de récit est actuellement à la mode. J'en retiens une BD très forte qui est assez marquante et qui est à réserver à un public averti.
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Journal - tome 1 & 2 - Esthétique des brutes

Au début des années quatre-vingt-dix, Fabrice, diplômé des Beaux-Arts, peine à trouver un vrai emploi. Avec un ami, il réalise pour l'Eglise un Chemin de Croix. Côté vie privée, il tombe éperdument amoureux de Stéphane, qui fait son service militaire en étant cuisinier à la caserne. Malheureusement, même si Stéphane est aussi attiré par les hommes, cet amour n'est pas réciproque, et empoisonne toute l'existence de Fabrice, qui fréquente aussi un bar gay, le seul de sa ville de province (on reconnaît Angoulême sans qu'elle soit jamais nommée), et le jardin public où des rencontres furtives non exemptes de danger, se font à la tombée de la nuit. ● Ce récit graphique autobiographique baigne dans une évidente sincérité. Fabrice se raconte tel qu'il fut, dans un ouvrage plutôt confidentiel publié en 1996-1998 et réédité aujourd'hui (avril 2022) par les éditions Delcourt. ● Ses déboires professionnels et sentimentaux teintent l'oeuvre d'une réelle tristesse et il vaut mieux ne pas la lire en espérant se remonter le moral. ● L'amour à sens unique, l'obsession envers une personne qui prend vos sentiments avec désinvolture sans se rendre compte du mal qu'elle vous fait, imprègne toute l'histoire et toute la vie de l'auteur-narrateur, qui en devient presque fou. ● Les dessins sont magnifiques, les portraits sont particulièrement réussis (comme Stéphane est beau ! On sent l'intensité du regard qui s'est posé sur lui), mais d'une façon générale, et encore plus à la fin, le récit graphique est trop verbeux et surtout beaucoup trop philosophico-métaphysico-psychologique pour moi. ● Cela explique pourquoi mon plaisir de lecture fut modéré, même si l'ouvrage, objectivement – si toutefois une telle objectivité a du sens ici –, est superbe et très haute et très estimable l'ambition de l'auteur.
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Journal, tome 3 : décembre 1993 - août 1995

Ayant lu les deux premiers tomes du Journal de Fabrice Neaud rassemblés en un seul volume par les éditions Delcourt et republiés cette année, je n'étais pas sûr de lire la suite, puis je me suis décidé et je pense que j'ai bien fait ! Il s'agit de l'autobiographie de l'auteur en bandes dessinées, pour la période 1993-1995, alors qu'il termine ses études aux Beaux-Arts d'Angoulême et a toujours une vie sentimentale et sexuelle compliquée. ● On retrouve dans ce troisième tome les qualités et les défauts des deux premiers. Les qualités sont la finesse et la superbe qualité des dessins, en particulier des portraits, et l'absolue sincérité de l'auteur qui ne nous offre rien moins que sa vie, à la manière d'un Rousseau se mettant à nu devant le lecteur – mais du côté de Fabrice Neaud avec moins de ruse et d'atermoiements. ● En ce qui concerne les défauts, on note toujours une propension aiguë à la verbosité et à la théorisation psychologico-philosophique pas souvent bienvenues. On évite toutefois dans cet opus la lourdeur explicative d'une postface dont on se passe très bien. On évite aussi de gros plâtras de texte, même si les phrases sont parfois absconses tout en visant sans doute, pas toujours avec succès, à une certaine poésie (sans éviter les fautes d'orthographe et même de syntaxe). ● L'ouvrage est très long (428 pages, c'est un volume exceptionnel pour un récit graphique) et il faut être prêt à se colleter avec les obsessions de l'auteur, en particulier celle provenant de sa psyché, qu'on trouvait déjà dans les deux premiers tomes, et qui est de tomber systématiquement amoureux de garçons qui sont absolument incapables de réciproquer. Dans les deux premiers tomes, il s'agissait de Stéphane, qui était lui-même homosexuel. Dans celui-ci, c'est Dominique, dit Doumé, qui ne l'est pas et qui, selon l'auteur, l'a « allumé » par jeu sans en assumer les conséquences dévastatrices. D'un autre côté on peut considérer que les caricatures de Doumé qu'il crée et diffuse, même de façon restreinte, pour se venger plus ou moins consciemment, est le summum de la maladresse. ● On retrouve aussi dans cet album les dragues dans le jardin public d'Angoulême et leurs dangers, cet aspect étant plus développé ici. Il aime les garçons outrancièrement virils, les rugbymen, les bodybuilders, goût qu'il n'est pas le seul à avoir, et qui lui fait dire : « Par quel hasard abject en suis-je arrivé à désirer les brutes qui me cassaient la gueule dans la cour de récréation ? » (p. 35) ● L'intimité de l'auteur est vraiment exposée, dans les moindres détails, y compris anatomiques, mais je n'ai pas trouvé qu'il était impudique. (« J'ai un travail... qui m'épluche l'âme », p. 51) ● Un autre trait de sa psychologie est la paranoïa et a pour conséquence qu'il se fâche avec à peu près tout le monde. Il ne semble pas se rendre compte que la façon dont il est traité provient en grande partie de sa propension à heurter des gens, à se confronter à eux de façon frontale, sans jamais chercher à arrondir les angles. Il est entier, il le sait, et il ne fait rien pour changer. Il est aussi très autocentré, la forme de l'autobiographie mettant encore plus l'accent sur ce trait. ● On voit encore dans cet album la précarité sociale et la pauvreté des dessinateurs de bd, surtout ceux qui comme lui ont une vision sans compromis de leur métier. ● Avec tout cela, on comprend que l'auteur-narrateur nous livre cette pensée : « Je ne suis pas très heureux » (p. 369), ce qui est un doux euphémisme. L'album ne respire donc pas la joie de vivre et l'auteur se qualifie lui-même de « dépressif », même si j'ai trouvé qu'il était moins plombant que les deux premiers. ● En conclusion, je crois que ce que j'apprécie dans ces albums c'est l'originalité d'une autobiographie en forme de récit graphique et surtout, surtout, l'extrême désir qu'a l'auteur de se livrer au lecteur de la façon la plus franche possible : cette mise à nu de soi est une entreprise à la fois remarquable et touchante. ● A noter qu'on peut très bien lire ce tome 3 sans avoir lu les deux premiers.
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Journal, tome 4 : Les Riches Heures - Août ..

Fabrice Neaud poursuit son entreprise de journal autobiographique dans ce quatrième tome couvrant les années 1995-1996, ce qui va nous donner l’occasion, dans une mise en abyme, d’assister à la rédaction du premier tome. ● Les avis que j’ai lus sur Babelio font état d’un album moins triste et moins égocentré que les précédents. Il est vrai que dans ce tome Fabrice Neaud apparaît plus sociable (cf. par exemple p. 82 où on le voit s’ouvrir aux relations sociales en s’admonestant lui-même), moins irritable, un peu moins paranoïaque, moins obnubilé par les hommes. ● Mais la contrepartie c’est qu’il nous abreuve dès le début de pensées philosophiques extrêmement indigestes, parfois incompréhensibles, parfois aussi incohérentes les unes avec les autres. Ainsi il fustige à la fois le gauchisme et le « néolibéralisme », par exemple. Le début est en outre d’un lyrisme incantatoire et pompeux qui reviendra régulièrement dans l’album ; c’est très pesant. ● Evidemment, il sera facile pour l’auteur de contrer l’objection, car il ne cesse de dire que le refus de la « prise de tête » est un des travers de l’époque. Ce n’est pas une raison, à mon avis, de faire compliqué quand on peut faire simple. Il semble avoir des nœuds dans la tête et la moindre idée, la plus simple, prend avec lui des proportions philosophiques immenses et surtout inutiles qui lassent le lecteur. Par plaisir, il intellectualise et complexifie tout. ● J’ai trouvé piquant qu’il fasse dire à sa voix off : « Ne pas regarder le passé » (p. 18)… alors que toute son entreprise est un regard tourné vers le passé… ● Une remarque intéressante : « L’art n’a jamais eu pour vocation d’être démocratique. » (p. 64) ● J’aime sa critique du tout-relatif culturel p. 148 : « Plus de différence entre Céline Dion et Oppenheimer […] la connaissance a ses degrés, […] le goût et les idées en ont aussi… » (même s’il se trompe pour Newton, ou du moins n’est pas scientifiquement juste). ● J’aime aussi ce qu’il dit de son « regard prédateur ». ● Il y a chez Fabrice Neaud une droiture, une inflexibilité morale, une recherche d’absolu, qui malgré tout ne peuvent pas ne pas toucher le lecteur. ● Mais ce que j’aime par-dessus tout chez cet auteur ce sont ses dessins, somptueux. Avec une superbe économie de moyens, ses dessins de paysages ou ses portraits laissent sans voix. Je me suis très souvent arrêté sur une vignette pour en contempler tous les aspects, tous les détails, m’extasiant sur ce qu’il arrive à faire. C’est vraiment magnifique, quel talent !
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Le dernier sergent, tome 1 : Les guerres im..

Fabrice Neaud poursuit son entreprise d'autobiographie en bande dessinée qu'il place sous le titre général (que je trouve très inspiré) d'Esthétique des Brutes. le premier ensemble de cette Esthétique est constitué des quatre tomes de son Journal, d'abord publiés chez Ego Comme X puis récemment republiés chez Delcourt en trois volumes et couvrant les années 1992-1995. le présent album est le premier tome du nouveau triptyque intitulé le Dernier Sergent, portant sur les années 1998 à 2000. Il commence par une thématique chère à l'auteur, le droit à l'image, puisqu'il ne comprend pas qu'on lui reproche de dessiner des gens, le plus souvent des hommes qui lui plaisent, à leur insu. Il se poursuit par la mort de sa soeur, d'un cancer, et la mort de son père, de la même maladie. ● Mais une part importante de l'album réside dans la vie intérieure de Fabrice, que ce soit ses pensées ou ses émotions, les deux étant bien sûr liées. ● On retrouve ici les traits de caractère déjà vus dans les précédents opus : un manque total de confiance en lui doublé pourtant d'une haute idée de ses capacités, une frustration sexuelle insupportable, une propension à désirer des hommes qui ne peuvent ou ne veulent réciproquer, une prolixité philosophique qui analyse et surinterprète tout, une grande paranoïa… ● Néanmoins, j'ai trouvé cet album quelque peu assagi et mûri. On ne trouve plus les grands plâtras de texte indigestes ni les interminables ratiocinations sur les garçons qu'il n'« aura » jamais, même si l'on voit apparaître un nouvel avatar de l'amant inaccessible en la personne d'Antoine. ● A la fin des années 1990, je me demande pourquoi Fabrice Neaud vit comme un homosexuel des années 1950-60, avec pour seul horizon de drague les abjections du jardin public tandis qu'Internet fait ses débuts et que le minitel existe encore : pourquoi n'y a-t-il pas recours ? ● On voit apparaître aussi dans cet album la théorie du genre, avec des citations de livres, qui ne constituent pas les meilleurs passages. le livre est encore plus traversé que les précédents de citations et de références à la littérature – notamment à Proust – , à l'art, et surtout à la musique – en particulier à Mahler. ● J'ai l'impression qu'il se trompe lorsqu'à la lecture du livre de Marie-France Hirigoyen, le Harcèlement moral, il se classe parmi les agresseurs et les « Narcisse vides ». Je pense qu'il est beaucoup plus agressé qu'agresseur. Mais il y a aussi en lui une bonne dose de masochisme qui le fait se voir pire qu'il n'est. ● Cet album, comme les précédents, est bourré de qualités, à commencer par les dessins, que je ne me lasse pas d'admirer, qui jouent avec le noir et blanc avec une virtuosité stupéfiante ; les vignettes sont de vraies oeuvres d'art sur lesquelles l'oeil s'arrête, ce qui n'est pas souvent le cas dans les albums de bande dessinée d'autres auteurs. La justesse de ses portraits me laisse pantois. Mais tout est somptueux : les décors, les paysages, les silhouettes, tout. La scène de bagarre est admirablement rendue. ● A cet égard on peut noter que Fabrice Neaud utilise plusieurs styles de dessin, du réalisme (terme qu'il récuse et qui, il est vrai, est toujours sujet à caution) au style bd plus courant, en passant par la déstructuration volontaire des dessins réalistes (par exemple avec des visages tremblés, ou incomplets), représentant souvent le mal-être, et par des dessins plus symboliques et abstraits. ● L'autre qualité qui prédomine est la totale honnêteté de l'entreprise autobiographique : à la manière de Rousseau, Fabrice se met à nu devant le lecteur, tout en étant moins cauteleux que son illustre prédécesseur. Il y a une évidente volonté de tout dire, même le moins flatteur. ● « L'entreprise » que « forme » Fabrice Neaud n'eut « jamais d'exemple » et constitue peu à peu une oeuvre capitale. ● Je recommande cet album et toute son oeuvre autobiographique dessinée. A noter qu'on peut très bien lire cet album sans avoir lu les précédents.
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Journal - tome 1 & 2 - Esthétique des brutes

Ce récit est une autobiographie de Fabrice Néaud, il nous raconte sans fard et sans pudeur, sa vie d’homosexuel, et sa vie de créateur. C’est assez bavard, mais pourtant le trait du graphisme s’impose comme un langage, la notion de portrait prend ici toute son poids, le trait est méticuleux et peut parfois se laisser aller dans un certain lyrisme, c’est de la tragédie moderne, réaliste, il nous offre une vision crue des relations entre hommes. Ce n’est pas une lecture confortable, mais c’est aussi sa force, par quelques portraits, quelques images incomplètes, quelques dérapages, quelques confrontations incongrues, comme entre scènes religieuses et scènes sexuelles, il entre dans les méandres du sujet, troublant, profond, perturbant, et pourtant bien réel. C’est une lecture qui traite d’un sujet tellement idéalisé dans les fictions depuis quelque temps au point de tomber dans une forme d’idéalisme benêt, que ça fait du bien de revenir à la réalité crue. Voici une lecture exigeante et vraiment marquante.

Je lirai certainement la suite.
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Journal - tome 1 & 2 - Esthétique des brutes

Avec cette réédition de ce journal intime, l'auteur nous raconte sa vie amoureuse, son homosexualité et la difficulté d'être un artiste et la précarité pour trouver du travail.

Une longue post-face de l'auteur revient sur la genèse de son oeuvre et les raisons d'une nouvelle publication.

Un ami lui conseille de raconter son histoire sous forme d'un roman mais graphique. Ces années 90, où il fallait se cacher afin de se retrouver et s'aimer. Également, ces noeuds d'amitié solide comme les années et le parcours d'un jeune homo à la sensibilité exacerbée, auteur de BD, qui galère à se faire une place.

Une lecture agréable où le graphisme est à l'écriture et ce que l'écriture est au graphisme. Ce graphisme en noir est blanc est bien adapté à ce récit et d'une grande pureté. Un roman où l'on ne s'ennuie pas. J'ai été touché par cet amour à sens unique.

Merci à Babelio pour cette masse critique privilégiée et aux Éditions Delcourt de m'avoir permis de découvrir ce livre.

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Journal, tome 4 : Les Riches Heures - Août ..

Accompagner Fabrice Néaud dans ces quatre tomes autobiographiques aurait été une lecture passionnante, riche et troublante. Il se livre sans fard, sans pudeur, avec une sincérité absolue, c’est parfois un peu dérangeant, pas tant pour le sujet de l’homosexualité que pour ses travers égocentriques, c’est un peu moins le cas dans ce quatrième volet, où il se resociabilise et où il revient sur les raisons, l’éthique, le réalisme du procédé de l’autobiographie. Il pose la question du pourquoi de cet exercice, et j’en viens à me poser la question de pourquoi cette lecture est si addictive. Les réponses ne sont pas évidentes, mais toujours est-il qu’elle nous fait cogiter, nous triturer les méninges, nous mettre face à nous-même dans notre rapport à la lecture, face à l’image, celle de son dessin, de son trait, de ce qu’elle représente, de ce qu’elle nous cache, du mensonge, de la vérité. Ces quatre tomes qui totalisent 850 pages d’un dessin travaillé au trait, en noir et blanc, souvent minutieux, méticuleux, raffiné et juste, s’imposent comme un livre total, qui ne parle en fait que de la vie, de rapport aux autres, de la création artistique, de sa raison d’être. Ce n’est pas une démonstration ou une œuvre philosophique, c’est simplement une vie avec ses doutes, ses errements, ses ratés, ses interrogations.
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Journal - tome 1 & 2 - Esthétique des brutes

Dans ce roman graphique sous forme de journal, Fabrice Neaud se raconte et se met à nu : jeune adulte homosexuel dans une ville moyenne (Angoulême, non nommée, mais facilement reconnaissable), artiste en galère professionnelle qui survit de petits boulots. L'auteur nous fait entrer dans son quotidien : une passion amoureuse non partagée dans la première partie et les difficultés à vivre de son coup de crayon en tant que jeune artiste dans la seconde.



J'ai trainé pour écrire cette critique car j'ai beaucoup de mal à traduire mes sentiments sur ce roman graphique. Il m'a été vraiment difficile d'entrer dans cette œuvre et surtout je n'ai pas vraiment réussi à prendre du plaisir à ma lecture. On sent que l'auteur fait preuve d'une totale sincérité, il ne cherche jamais à se mettre à son avantage (ce serait presque l'inverse) ni à enjoliver son récit et pourtant je n'ai pas vraiment réussi à m'intéresser à son propos. J'ai même été franchement agacée au fur et à mesure qu'il s'enferme dans sa passion pour Stéphane, cet homme qu'il aime et vénère alors qu'il l'abandonne régulièrement, qu'il lui fait comprendre très vite que cet amour n'est pas réciproque et qu'il ne faut rien en attendre. Peut être est-ce juste la franchise de l'auteur qui met finalement mal à l'aise puisqu'on le voit s'enferrer dans cette passion au point d'oublier toute rationalité et d'être incapable de tourner la page. Il m'a aussi manqué le côté reflet d'une époque : le récit se passe dans les années 90 mais on a finalement très peu de références à cette période, quasiment aucun indice ou aucune contextualisation historique. Si ce n'est qu'Internet et les téléphones portables n'existaient pas encore, le récit paraît presque intemporel alors que je m'attendais à me replonger avec plaisir dans cette période passée.



Le dessin en noir et blanc est plutôt réussi, j'ai notamment beaucoup aimé les paysages ou scènes urbaines très détaillés et précis. Par contre là aussi j'ai eu plus de mal avec le procédé utilisé par l'auteur de flouter ou faire disparaître peu à peu les visages de ses personnages ou les parties du décor pour refléter les sentiments, le chagrin ou la perte. J'ai trouvé le procédé assez répétitif et également perturbant car il nuit à la fluidité de l'histoire et rend parfois difficile la compréhension. Même chose pour les partis pris de cadrage ou de zoom qui font passer d'une scène très détaillée en plan large à un élément de décor ou un élément corporel : j'ai parfois trouvé que ces cases étaient assez peu lisibles et rompaient la trame du récit.



Bref j'aurais aimé aimer cette bande dessinée et pourtant quelque chose m'a tenue à distance. Pas de coup de cœur particulier pour le dessin, du mal à m'intéresser à l'histoire voire un franc agacement parfois quand j'ai eu l'impression que l'auteur tournait en rond et délayait sans fin son récit. Un récit plutôt original et très sincère mais qui n'a pas fonctionné avec moi, peut être n'étais-je pas le bon public.



Je remercie néanmoins Babelio et les éditions Delcourt pour cette Masse Critique privilégiée qui m'a permis de découvrir cette œuvre que je ne connaissais pas du tout.
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Journal, tome 3 : décembre 1993 - août 1995

Dans ce gros pavé de 430 pages, Fabrice Néaud raconte sa vie au jour le jour, ses atermoiements artistiques, sentimentaux et sexuels, ses névroses, il n’hésite pas à mettre en avant ses défauts, ses lâchetés, ses maladresses. Le dessin est minutieux, basé sur l’observation, du noir et blanc sans nuances, net et chirugical et pourtant il nous impose une grande tension, par ses digressions furtives mais radicales, un croquis de plâtre qui vient s’intercaller dans une rencontre au bar, ou un cadrage décalé. J’avoue avoir été par moments assez mal à l’aise, on tombe régulièrement dans l'auto apitoiement, parfois c’est plus violent, tabassage par les homophobes, crise de paranoïa qui s’en suit, il ne nous épargne rien, nous poussant jusqu’à la nausée, et pourtant…



À travers ses imperfections et sa médiocrité, font alors surgir tout son talent, il pose des questions essentielles sur la création, sur la vie, sur la place de l’homosexualité dans notre société, sans le moindre militantisme, ce n’est pas son sujet. Il n’est question que de relation aux autres, et sur ce que l’art peut y apporter, comme manière de s’exprimer, pour faire changer les regards, et on découvre que parfois il se plante. Le récit est pessimiste, sombre, voire déprimant, le fait d’avoir épanché ses états d’âme sur le papier, aussi égocentrique que cela puisse paraître, nous offre une mise à nu sans concession, une description sans fard de l’âme humaine, et en même temps une démonstration formidable de ce que le trait peut raconter.



Il est souvent agaçant, mais je suis ressorti de cette lecture bouleversé et impressionné par la sincérité. C’est le genre de lecture qui ouvre les yeux.
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Journal - tome 1 & 2 - Esthétique des brutes

"Journal 1 & 2" regroupe les deux premiers tomes de la série, publiés en 1996 et 1998. Réédités plus de 20 ans après par les éditions Delcourt, ce n'est que récemment que j'en ai entendu parler pour la première fois, quand j'ai été contactée par mail pour la masse critique privilégiée. Sous forme de roman graphique et autobiographique, le premier tome recouvre la période de février 1992 à septembre 1993, le second la période de septembre à décembre 1993.



Au niveau graphique, les coups de crayons de Fabrice Neaud sont déterminés, plutôt linéaires, précis. Je trouve les visages très réussis, tantôt nets, tantôt estompés, selon les circonstances du moment. J'ai d'abord été très étonnée par le choix du noir et blanc, mais il ne m'aura pas fallu beaucoup de temps pour finalement en comprendre la raison. Car effectivement, si le texte est très réfléchi, voire par moments philosophique, les dessins peuvent en revanche être très crus (pour ne pas dire pornographiques).



C'est donc sans tabou que Fabrice se raconte. Son chagrin d'amour pour commencer, ses difficultés à percer dans le monde artistique, ses difficultés financières ensuite. Il est vrai que certaines scènes m'ont quelque peu embarrassée, mais c'est aussi ce qui rend l'histoire de Fabrice plus réaliste, et d'un certain côté plus acérée également.



Il y a beaucoup à lire, c'est assez rare dans un livre graphique (en tout cas, si je compare avec ceux que j'ai lu jusqu'à aujourd'hui). Les mots sont joliment bien choisis et ont su montré l'espoir et le désespoir, l'incompréhension, les sentiments d'amour qu'éprouve Fabrice tout au long de son récit.



Par des tonalités tantôt bourrues et licencieuses, tantôt avisées et philosophiques, on se rend compte en fait à quel point Fabrice est en manque d'affection et d'amour, d'où cette façon qu'il a eu de s'accrocher à un homme qui n'en valait pas autant la peine. C'est ainsi que je le ressens au sortir de ma lecture en tout cas.



Je remercie Babelio et les éditions Delcourt pour cette agréable découverte. Il est clair que je me serais volontiers passée des scènes de sexe, mais ça ne m'empêchera pas de lire les tomes 3 et 4, que j'ai d'ailleurs commandé et que je devrais recevoir dans quelques jours.
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Journal, tome 3 : décembre 1993 - août 1995

Journal 3 de Fabrice Neaud recouvre la période de décembre 1993 à août 1995, il fait à lui seul plus du double de pages que les journaux 1 et 2 réunis. C'est donc plus de 400 pages bien remplies dans lesquelles Fabrice se livre, toujours avec sincérité et franchise.



Après Stéphane du Journal 1, Fabrice s'accroche ici à Dominique, un hétéro plein de dédain, médisant et suffisant, qui va le détruire un peu plus. Cette obsession le rendra encore plus vulnérable, dépressif, la précarité de la vie d'artiste n'arrangeant pas sa situation.



Ce volume est bien différent des précédents et démontre à quel point les artistes peuvent être égocentriques, à des degrés plus ou moins élevés, Fabrice ne dérogeant pas à la règle. Nous sommes énormément dans l'introspection (autobiographie oblige), mais j'ai découvert ici un Fabrice très centré sur sa propre personne. Il est clair qu'il est incompris, que personne ne se rend réellement compte qu'il est sur le point de toucher le fond, que beaucoup lui tournent le dos. Fabrice est coincé dans une sorte de spirale dont il n'arrive pas à sortir. Il devient maladroit avec son entourage, se focalise sur Dominique, et n'arrive pas à sortir la tête de l'eau. Les agressions homophobes qu'il a subies, les angoisses post-traumatiques et le fait que ses amis ne les prennent pas au sérieux n'arrangent rien non plus. Ce livre est un cri de douleur, l'auteur couche sur le papier tout ce qu'il ne peut/veut dire à haute voix, tout ce qu'il essaie de faire comprendre aux autres sans y parvenir, ses points de vue, ses ressentis, sa solitude.



Par ses coups de crayons toujours aussi déterminés et expansifs, et par son franc-parler, tantôt réfléchi et recherché, tantôt plus cru et désobligeant, on ressent tout ce manque évident d'amour et d'affection, mais aussi sa mélancolie et sa solitude. C'est également plein de haine et de colère.



J'ai un peu moins accroché qu'avec les deux journaux précédents. Ce livre dérange et bouscule quelque peu...
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Journal, tome 4 : Les Riches Heures - Août ..

C'est parce que je ne sais pas quand sera réédité "Journal 4" de Fabrice Neaud par les éditions Delcourt comme elles viennent de le faire pour les 3 précédents, mais aussi parce que je n'aime pas attendre, que j'ai choisi de le lire dans sa première parution. Ce Journal, dernier en date, relate la période d'août 1995 à juillet 1996.



Avant tout, je tiens à souligner les belles photographies du Pays Basque, dessinées par l'auteur au début de l'ouvrage. Il y a très peu de texte, mais pas nécessaire de toute façon, les "photos" se suffisant à elles-mêmes. Une région de cœur pour l'auteur et ça se ressent.



Dans le "Journal 3", nous avions quitté un Fabrice incompris, seul, malheureux, en colère. Nous le voyons ici renouer peu à peu avec sa vie sociale, s'ouvrir à de nouvelles relations. Et maintenant qu'on le voit se sentir de mieux en mieux, c'est un autre Fabrice que l'on découvre.



Moins centré sur sa vie affective, cet album est davantage concentré sur sa vie professionnelle. Il prépare le premier tome de son Journal, s'en suivent tout un tas de questions sur l'éthique, la pudeur, le droit à l'image. Il y a aussi la joyeuse équipe du Poney Club, et celle du 'Nard à l'Orange.



Moins colérique, plus ouvert aux autres, Fabrice est toujours aussi réfléchi dans ses mots, ses questionnements, ses ressentis. Et même s'il a encore quelques "coups de gueule", il est en revanche moins cru, moins brutal. On le sent plus posé, plus à l'aise. Je l'ai même découvert plein d'humour, certains de ses mots sont extrêmement bien choisis, rendant certaines situations très drôles. Le passage sur la peinture par numéros par exemple est hilarant !



Dans l'ensemble, j'ai apprécié ces 4 volumes. Les 1 et 3 dérangent un peu, mais Fabrice se livre toujours avec une honnêteté déconcertante, sans tabou. À la fois brutal et bien pensant, son récit autobiographique saisit et percute son lecteur.
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Journal - tome 1 & 2 - Esthétique des brutes

Bon, je ne vais pas vous dire que j'ai adoré, cela serait un mensonge. Je pense que ce style ne me correspond tout simplement pas.

Il s'agit d'un récit graphique autobiographique sous forme d'un journal ou l'auteur y raconte, sans tabous, ses déboires professionnels et amoureux. Il nous y parle notamment de Stéphane, un jeune conscrit avec lequel il a eu une brève aventure et qui, pour son plus grand malheur, ne partage pas les mêmes sentiments...

C'est donc un récit très intime, certainement trop pour moi. Les dessins sont très réalistes, le trait est fin et précis mais cela n'a fait qu'ajouter à ce sentiment de malaise que j'avais à la lecture de ce journal, j'avais l'impression de me faire le témoin de quelque chose que je n'avais pas vraiment envie de voir d'autant plus que j'ai trouvé cela assez triste et même déprimant.

Cela dit je dois reconnaitre la ,"performance" car il est clair qu'il ne dois pas être évident d'ainsi se livrer au grand public.
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Journal - tome 1 & 2 - Esthétique des brutes

Petite lectrice de BD, j'ai découvert avec plaisir cette réédition d'une autobiographie dessinée.

Le projet, expliqué dans la postface, exprime les enjeux de la publication d'un journal intime qui pousse sur le devant de la scène des personnes qui n'ont pas consenti à cette médiatisation et qui peuvent refuser le regard que l'auteur porte sur eux. . Bien évidemment, en raison du droit à l'image, le journal intime en BD est d'autant plus intrusif. Surtout que l'auteur portraiture ses rencontres et que le dessin, parfois floute, reste réaliste.



Ces deux premiers tomes du journal, de février 92 à décembre 93, exposent la vie d'un jeune artiste, ancien étudiant des Beaux-Arts et homosexuel.

Le premier tome est le plus intime : il exprime les difficultés pour un jeune homme de trouver à la fois des partenaires sexuels et un partenaire amoureux. Pour les premiers, pas d'autre choix que de rôder dans les parcs à la tombée de la nuit ou de fréquenter un bar homo au risque de rencontres dangereuses. Dans sa recherche de l'amour, Fabrice Neaud a connu beaucoup de désillusions et attribue lui-même ses difficultés à un grand manque affectif et à un traumatisme à peine évoqué. La sincérité semble totale, et c'est l'enjeu de tout pacte autobiographique, peu d'auto-complaisance. Le réalisme des dessins dans les scènes de sexe ne représente que des corps d'hommes qui se touchent, sans aucun voyeurisme.



Le deuxième tome est plus axé sur la pauvreté des artistes et les difficultés à trouver des contrats, à s'organiser en collectif pour pouvoir créer. Mais il témoigne aussi d'un trouble existentiel et des difficultés du vivre ensemble. Mais les réflexions philosophiques, si elles donnent du relief au propos, sont trop souvent confuses et bavardes.

Merci à Babelio, Masse critique privilégiée et aux éditions Delcourt pour cette découverte.
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Journal - tome 1 & 2 - Esthétique des brutes

Difficile pour moi de faire une critique quand ma lecture ne m'a pas du tout plu.

C'est ce qui m'arrive avec Journal de Fabrice Neaud. Je n'ai pas du tout accroché ni au graphisme, ni à la structure du récit.

J'ai vraiment eu du mal à aller jusqu'à la fin. Il y a quand même quelques rares dessins que j'ai trouvé très beaux. Je me doute bien que ce graphisme amène du sens au récit de la vie de Fabrice Neaud.

Je passe peut-être à côté d'une œuvre mais là suite ne sera pas pour moi.

Merci à #Netgalley et aux éditions Delcourt d'avoir accepté ma demande de lecture. Cela m'a permis de découvrir un auteur que je ne connaissais pas.
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Journal - tome 1 & 2 - Esthétique des brutes

Fabrice Neaud nous emmène, sans trop de pudeur dans cette région sombre et difficile de sa vie. On le suit, au fil de ces "romans" qui sont en fait ses journaux, entre ses projets artistiques plus ou moins foireux et ses déboires amoureux et sexuels. Certains passages plutôt crus, ou disons dérangeants, le montre dans des situations pitoyables - c'est ainsi en tout cas qu'il le décrit - rôdant la nuit dans un parc d'une petite ville qui n'est pas nommée à la recherche d'un coup à tirer.



Ces romans, comme je l'ai dit plus haut, sont assez dérangeants car très intimes et l'image qu'il donne de lui-même et de la vie qu'il mène est dénuée de tout artifice, sans doute au plus près, sinon de la réalité, mais de la manière dont lui-même la ressent. Mais ils sont également captivants, car comme dans tout journal d'artiste, on y trouve aussi des réflexions sur l'art et de manière générale une grande sensibilité.



Ces romans comportent de très beaux dessins, ils sont denses mais une fois dedans on ne veut plus les quitter. On peut lui reconnaître un courage certain d'oser se montrer tel et cela tout en étant finalement un auteur inconnu au moment de la publication de ces journaux.
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Journal - tome 1 & 2 - Esthétique des brutes

Fabrice Néaud a mis en dessin un vieux projet, celui d'une première tranche autobiographique de sa jeunesse dans les années 90, que Delcourt publie en deux ouvrages, les tomes 1 et 2 étant réunis, tandis que le 3e tome sort à part mais à la même date.



Dans cette tranche de vie, l'auteur revient sur sa précarité professionnelle, celle d'un diplômé des beaux arts ne trouvant pas de travail fixe, vivant difficilement de petits boulots, s'essayant à des projets qui n'aboutissent pas toujours, comme cette immense saga de science-fiction lorsque c'était l'apogée du genre.



Dans sa vie intime, c'est aussi un jeune homosexuel un peu isolé. Il y a bien quelques amis, mais on sent dans son ouvrage une solitude pesante, et l'absence d'une famille au fil des pages laisse un vide criant. Alors il y a les rencontres cachées, car avant internet et les applications mobiles, il fallait bien rencontrer les garçons dans ces lieux publics à la faveur de la nuit, dans une ambiance alliant glauque et dangereux.



De ces quelques tristes escapades, il y aura la rencontre avec Stéphane, un jeune appelé du régiment voisin. Une histoire de trois fois rien qui prit une place immense dans la vie de l'auteur, un ébranlement qui le poussera parfois à des comportements à la limite de la raison.



J'ai été plutôt surpris par la tonalité de cette chronique, j'avais peut-être espéré un récit plus optimiste et joyeux et j'ai découvert une vie que j'ai ressentie comme triste et solitaire, finalement conforme à ce que j'imaginais être la vie de nombreux jeunes homos restés en province à cette époque là. Le dessin de l'auteur s'articule d'ailleurs dans cette bichromie noir et blanc, ce qui renforce une ambiance un peu morose. Je ne pense pas lire le 3e tome, mais je remercie l'auteur et l'éditeur de m'avoir confié cet exemplaire à découvrir.



🔗 Service de presse numérique obtenu via NetGalley
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La petite Bédéthèque des Savoirs, tome 5 : Le d..

Bravo aux auteurs qui ont réussi à vulgariser et à rendre accessible cette notion complexe.

Complexe historiquement d'abord : elle a connu des soubresauts lors de sa naissance au 18è siècle et cela continue aujourd'hui avec le numérique. Complexe juridiquement ensuite : harmonisation avec l'UE, différences avec les pays non-membres de l'Union, entre les différents types d'auteurs et de supports, et toujours, le bouleversement du numérique.

Ce sujet technique et il faut le dire assez ennuyeux pour ceux qui ne sont pas concernés, est rendu vivant par le dessin. Là aussi, bravo à la mise en image de cette thématique somme toute très sérieuse.
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Journal - tome 1 & 2 - Esthétique des brutes

Merci à Babelio ainsi qu’aux éditions Delcourt pour m’avoir donné l’occasion d’entrer dans l’univers de Fabrice Néaud.

Journal 1&2, c’est un voyage original, une balade en blanc et noir, dans une BD qui déroule sur moins de deux ans, le regard d’un auteur-dessinateur sur son vécu, ses doutes, ses désirs. Récit autobiographique, le livre est original par sa forme graphique, et son contenu, au-delà du factuel, dans la recherche émouvante d’une vérité subjective. Je me suis prise au jeu, touchée par la sincérité du propos qui structure le récit, et génère des contrastes heureux. Le blanc et noir du graphisme tout d’abord, dans un trait qui tranche et montre à voir : pas de nuances de gris mais la fragilité qui transparait dans le dessin qui s’efface par moments jusqu’à dissoudre l’image dans le vide, les nuances sont apportées par des rayures, des hachures, des traits qui coupent, qui soulignent ou pas. Le graphisme raconte ainsi l’histoire, il porte aussi les impressions, les ressentis, les pensées, et sait traduire de façon originale les moments de grande blessure, de souffrance, comme au moment de la rupture avec Stéphane, dans un bégaiement du dessin en gros plan sur la nuque, image forte du temps qui piétine et qui fait mal. Contraste dans le traitement du temps, il ne pèse pas toujours de la même manière ,c’est un peu comme dans la vie on a parfois l’impression que le temps s’affole et puis sans transition, ensuite il se fige… la première partie est un temps long, c’est le temps de la rencontre, du désir, de la déception, la seconde partie est un temps court qui tourne le dos à la première, c’est le temps d’après Stéphane, celui de la mise en forme de l’association, d’un autre départ, celui en épilogue du regard en arrière.

Je n’ai pas été gênée par la forme graphique adaptée à l’autobiographie, au contraire j’ai ressenti les dessins, plus comme une mise à distance que comme une mise à nu, peut- être parce que le dessin impose à l’imagination, des visions qui la bornent et la limitent. J’en ai accepté le cadre. La lecture de Journal ne laisse pas indemne, j’en garde le plaisir d’un partage, celui d’une altérité qui tend la main à l’autre.

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