Société de surconsommation, culte de l'opulence, invention de mythes pour faire croire à la pérennité du capitalisme. Des boomers nés après la Seconde Guerre mondiale à la génération contemporaine des pourfendeurs paradoxaux de l'environnement, les générations défendent des modèles de société dont la pérennité semble compromise.
François de Closest est essayiste et écrivain. Dans plusieurs de ses ouvrages, il dénonce l'illusion du progrès technique. Dans ce dernier livre, "La parenthèse boomers. Réconcilier les générations" publié chez Fayard le 25 avril 2022. Il dénonce ainsi les dérives liées à la consommation de cette génération post-guerre, privilégiée, qui a favorisé son propre bien-être au dépend des générations suivantes.
L'anthropologue Fanny Parise publie le 4 avril 2022, chez Payot, "Les enfants gâtés. Anthropologie du mythe du capitalisme" responsable. Pour elle, notre société est mise en danger par une génération d'enfants gâtés, nouveaux chantres d'un capitalisme illusoirement responsable.
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La figure de l’enfant gâté pourrait ainsi se résumer par la formule suivante : l’insatisfaction des gens qui ont tout.
Deuxième partie. La culture de l’inventivité, p. 155
Comme je vais vous l’expliquer dans cet ouvrage, le tour de force des nouveaux sauvages consiste à convaincre le reste de la société de faire l’effort de changer certaines de ses pratiques de consommation pour assurer la permanence du capitalisme grâce à la poursuite de la consommation, afin d’offrir aux générations futures une vie sur Terre agréable.
Une anthropologie du coin de ma rue, p. 25
Je considère d'ailleurs la consommation éco-responsable, souvent nommée consommation responsable, comme un conte merveilleux qui permet de mettre en action tous les acteurs mus vers ce même idéal imaginaire d'harmonie entre nature et culture. La mise en pratique de cette consommation responsable est une quête politique. Ici le politique est entendu dans un sens large, en tant qu'espace de médiation entre l'échange et la valeur: la paille de bambou devient un fétiche politique lorsque sa publicité et sa consommation participent à la diffusion d'un nouvel idéal de vie. Cet idéal de vie semble accessible à chacun grâce au capitalisme responsable, qui promet de parvenir à concilier sobriété et profitabilité.
Pour mieux comprendre les stratégies sociales des nouveaux sauvages, le sociologue et économiste italien Vilfredo Pareto explique que la société est composée de différents éléments interdépendants, lesquels constituent un système social. Vilfredo Pareto explique également qu'il y a des perturbations, comme les guerres et les épidémies, mais qu'il y a toujours un retour automatique à l'équilibre. Ce retour automatique à l'équilibre va se traduire par des actions engagées en réaction à ces évènements mais qui vont, parfois indirectement, participer à perpétuer le modèle responsable de ces perturbations : c'est-à-dire donner l'illusion du changement, mais assurer une permanence du système social. Ces nouvelles actions vont être perçues, à l'échelle individuelle comme collective, comme un progrès social, du moins dans un premier temps.
En bons "ingénieurs culturels ", les nouveaux sauvages mobilisent le chaos comme instrument de maintien de l'ordre. Ils créent un sentiment d'insécurité permanent qui conduit chaque personne à osciller entre une quête individuelle de mieux-être et une anxiété collective envers le futur ; afin de maintenir la population dans une illusion collective : c'est le capitalisme responsable qui sauvera le monde. A cette fin, l'acceptation du capitalisme responsable comme voie la plus propice à la transition éco-environnementale s'installe dans l'inconscient collectif et s'incarne par l'intermédiaire de la culture de la socio-éco-responsabilité ; visant à contenir tout soulèvement insurrectionnel de nos consciences. Penser une société alternative ne devient que pur fantasme.