Un jour je leur ai raconté l’arrestation aux filles, c’était le première fois il me semble, j’aurai attendu quarante ans pour ça. Elles se sont foutues de moi parce que j’avais précisé que mon mari n’avait pas pu manger sa soupe avant de partir. Il était de la Corrèze, Louis, il a toujours gardé cette manie de la soupe à cinq heures du matin. Qu’est-ce que ça m’énervait ! Je me rappelle, y avait Marie, la petite filleule de Fanny, elle était pliée en deux, elle ne pouvait plus s’arrêter. C’est resté ça aussi. Ca ne m’a pas choquée. Moi, après, je rigolais comme elles. C’est vrai qu’un type qu’on emmène dans les bureaux de la Gestapo, il a sûrement d’autres préoccupations.