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Citation de Charybde2


On nous amène en première ligne. Partout, boue et brouillard. Je vois à peine le type devant moi. C’est tout juste si on ne se tient pas les uns aux autres par la ceinture pour ne pas se perdre. Autour de nous, des maisons incendiées. La colonne s’étire le long de palissades branlantes. On patauge dans la bouillasse, qui se colle aux bottes en mottes gluantes. Les lignes les plus belles sont celles qu’on prend pour la première fois. Tout a l’attrait du neuf, de l’inhabituel : tout est super-bandant. Surtout quand on prend la ligne de nuit et que le lendemain, à la lumière du jour, on va réaliser qu’on se trouve à la pointe d’un clou. D’un toit tombent des poutres carbonisées qui grésillent dans la boue. Le terrain est très pentu, on crapahute en dérapant dans l’herbe rendue visqueuse par le brouillard. Au premier qui se casse la gueule, la colonne doit s’arrêter et le gars, invariablement, maudit son propre pays et injurie son président. Quand je pense que cette nuit, on va devoir dormir à la belle étoile, j’en ai mal au cul. L’orienteur de la police militaire guide la colonne au sommet d’un piton, autant dire un clou. Emir et moi prenons possession d’une tranchée peu profonde où nous trouvons, crottés de boue, un matelas, un édredon et une poignée de mégots, fumés jusqu’au filtre et fichés nerveusement dans la terre. (« Sous pression »)
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