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Critiques de Fatima Daas (237)
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La Petite Dernière

Fatima Daas, dans La Petite dernière, réalise un roman hors normes qui m'a souvent mis mal à l'aise mais aussi qui m'a enchanté par son originalité et son caractère répétitif.

C'est une succession de courts chapitres commençant toujours par « Je m'appelle Fatima », ajoutant de temps à autre son nom de famille.

Fatima Daas, la mazoziya, la petite dernière de la famille, celle qui aurait dû être un garçon comme l'espérait Ahmad, son père. Ses deux soeurs sont nées en Algérie. Elle est la seule à être née en France, par césarienne. Sa mère, Karmar, est maîtresse en son Royaume, sa cuisine.

Tout cela est important mais bien peu finalement à côté de la religion. Sans cesse, elle répète qu'elle est musulmane. La lecture de ce livre est alors très instructive car elle démontre de façon magistrale toute l'emprise psychologique qu'impose l'islam avec ses rites, ses invocations pour n'importe quelle situation, ses prières égrenées tout au long du jour.

Fatima Daas est complètement asservie mais ne s'en dégage pas. Au contraire, elle voudrait trouver dans sa religion un moyen d'être acceptée avec son amour pour les filles, pour les femmes et tente d'obtenir satisfaction auprès d'imams.

Elle qui dit s'être rendu compte qu'elle était une fille lorsqu'elle a eu ses premières règles, se comporte comme un garçon, puis essaie avec un ou deux petits amis. Finalement, c'est avec des femmes plus âgées qu'elle trouve affection et tendresse. de plus, son asthme ne lui laisse guère de répit.

Surtout, il y a Nina dont elle est amoureuse mais rien n'est simple car Fatima est mal dans sa peau. Elle est torturée par le fait de ne pas respecter les préceptes de l'islam, nous gratifie du texte de plusieurs prières, de beaucoup de mots et de citations en arabe, cite aussi Annie Ernaux et Duras.

J'ai apprécié d'apprendre la signification de beaucoup de mots, de noms arabes. Par exemple, « Fatima signifie « petite chamelle sevrée ». Sevrer, en arabe : fatm. »

J'ai pu aussi comprendre toute la souffrance de ces gens déracinés, heureux de retourner en Algérie, d'y retrouver la famille mais pressés de revenir en France.

Fatima Daas a vraiment des dons pour l'écriture. Elle est adoubée par Virginie Despentes et prouve toute son originalité avec ce premier roman.

Tout au long de ma lecture, je me suis demandé comme une fille aussi intelligente, toujours en rechercher d'elle-même, ne réussissait pas à s'extraire de la gangue religieuse qui lui interdit formellement de vivre son homosexualité et ses amours comme elle l'entend. Ce n'est peut-être qu'une question de temps ?

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La Petite Dernière

°°° Rentrée littéraire 2020 #39 °°°



Fatima Daas assume avoir mis beaucoup d'elle dans son personnage ( qui porte les mêmes nom et prénom ), mais revendique l'autofiction pour n'avoir pas chercher la vérité des détails. Il ne faut donc pas réduire ce roman très fort à un simple journal intime. C'est avant tout une oeuvre littéraire qui révèle une voix.



« Je m'appelle Fatima. »

Chaque chapitre commence avec cette anaphore ou sa variante «  Je m'appelle Fatima Daas ». Autant de fragments pour raconter les toutes les facettes d'une vie, pour dire le puzzle intérieur de la narratrice. Française nés de parents algériens, la seule de la famille à être née en France. Musulmane pratiquante. Lesbienne. Clichoise. Etudiante à Paris.



Cette façon de scander dans des phrases courtes et nerveuses les chapitres crée immédiatement un rythme. Les chapitres se répondent. Chacun mène autre part tout en reprenant, enrichissant, creusant un sillon, porté par une style proche du slam. Une écriture qui pulse, matinée de mots arabes. Cette mise en scène littéraire donne envie d'entendre les mots qui feraient un magnifique stand-up. Surtout, les mots disent parfaitement la quête identitaire de Fatima, son sentiment d'être à côté de sa vie, à côté des autres. Trop lesbienne pour être musulmane, trop parisienne pour être clichoise, trop musulmane pour être lesbienne, trop banlieusarde pour être étudiante. Jamais Fatima ne crie dans cette psalmodie mais on sent toute la douleur de ses conflits intérieurs. Dans toute leur complexité kaléidoscopique.



Certains passages sont bouleversants, tout particulièrement ceux consacrés à la religion. La sincérité de la foi de Fatima y explose. Son amour pour Allah, son besoin de s'y abandonner. Sa douleur d'être une pécheresse comme elle se définit, elle qui assume son homosexualité sans vouloir renoncer à la prière. Une scène remarquable la montre chez un imam à la recherche de réponses pour concilier ses identités contradictoires. Elle n'en trouvera pas ici. Mais elle en trouvera en écrivant. L'écriture comme une révélation, comme une évidence, comme le seul lieu où l'ambivalence peut s'exprimer sans avoir à oblitérer une part de soi, jusqu'aux dernières pages qui laisse entrevoir la lumière de la réconciliation.



Loin des clichés sur la banlieue, hors de toute volonté sociologique ou récupération politique, ce texte terriblement personnel, à la fois dur et doux, n'est pas un manifeste même si Fatima Daas se revendique féministe intersectionnelle. Une entrée en littérature forte et poignante.
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La Petite Dernière

La petite dernière est le premier roman de Fatima Daas. Il s'agit d'un monologue autobiographique composé de courts chapitres commençant chacun par "je m'appelle Fatima" ou « Je m'appelle Fatima Daas ». Tout le livre est écrit à la première personne et au présent. Ce texte percutant, scandé nous révèle son identité. Elle est française d'origine algérienne. Elle est la "mazoziya", la dernière, la petite dernière, celle à laquelle on n'est pas préparé. Après trois filles, elle est la seule à être née en France et son père espérait un garçon. Elle ne réalise qu'elle est une fille que le jour où en cours de sport, elle a ses règles. Elle habite Clichy-sous-bois, elle est musulmane pratiquante comme sa famille et elle est asthmatique allergique.

"Adolescente, je suis une élève instable.

Adulte, je suis hyperinadaptée."

C'est la confession d'une jeune femme qui n'a qu'un souhait vivre libre et qui doit essayer de briser le carcan familial, social, et religieux pour pouvoir exprimer son amour pour les femmes. Difficile de s'épancher quand dit-elle, "L'amour, c'était tabou à la maison, les marques de tendresse, la sexualité aussi". C'est une lutte intérieure perpétuelle entre ce qui est interdit et son désir. Prétextant parler au nom d'une amie, elle tente vainement de trouver une autorisation ou du moins une réponse auprès des autorités religieuses. Pas facile également pour une jeune femme qui a été élevée avec l'injonction de ne pas livrer ses sentiments de libérer ses émotions.

Tiraillée entre deux cultures, entre deux pays, tiraillée entre la religion et sa sexualité et son attirance pour les femmes, Fatima Daas cherche un équilibre et pose la question de l'identité et de l'acceptation de soi.

Avec cette forme d'écriture non dénuée d'autodérision, où les deux langues s'entrecroisent, l'autrice nous propose plus qu'une autofiction, une réflexion sur des thèmes bien contemporains dont le principal est à mon avis l'emprise de la religion.

Je suis restée cependant, tout au long du livre, assez mal à l'aise à l'évocation de cette religion omniprésente, si prégnante, musulmane ou autre qui prive les personnes de leur libre-arbitre et d'accès au bonheur.

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La Petite Dernière

Ce roman est assez surprenant, et il m’a parfois laissée un peu perplexe, car l’auteure nous propose d’entrer au cœur de sa famille, de son mode de vie, de ses réflexions, de son intimité.



Abordons tout d’abord le contexte : Fatima se présente sans fard ni complaisance, et nous fait faire la connaissance de sa famille : son père s’appelle Ahmed « digne d’éloges » et sa mère Kamar, la lune. Elle a trois sœurs.



Le père est dominateur, il frappe les enfants, la ceinture est toujours prompte à être détachée. Lorsqu’il rentre du travail, il allume la lumière, en pleine nuit, réveillant tout le monde, faisant du bruit, et si une des filles râle un peu l’insulte fuse : khamja « salope ». la mère préfère se taire et s’occuper de la maison.



Fatima est la seule des enfants à être née en France, par césarienne, précise-t-elle et de manière inattendue; ses sœurs sont nées en Algérie et ses parents sont également les seuls de leurs familles respectives, à être venus.



Je m’appelle Fatima Daas.



Je suis la mazoziya, la petite dernière.



Celle à laquelle on ne s’est pas préparé.



A chaque séjour en Algérie, elle se sent chez elle, avec les oncles, tantes, cousins, l’accueil est chaleureux, la famille est plus démonstrative; elle ne voudrait plus repartir et en même temps, elle pense chaque fois que c’est la dernière fois qu’elle y va.



Fatima est musulmane pratiquante, elle aime faire ses ablutions et ses cinq prières, même si parfois, enfant elle était à moitié réveillée. Elle comprend le sentiment d’appartenance la première fois qu’elle fait le Ramadan.



C’est une rebelle, qui a intégré que ses parents désiraient un fils, s’habillant en garçon, passant ses cheveux au gel pour qu’ils frisent moins. Elle joue le rôle qu’elle suppose qu’ils attendent d’elle et fréquente des garçons turbulents, donne des coups, insulte, même les professeurs, alors qu’elle est bonne élève.



J’ai aimé faire la connaissance de Fatima, qui ne ne pourra jamais dire ce qu’elle ressent car dans sa famille, on n’est pas démonstratif, ; déjà, dire « je t’aime » est mal vu, alors que dire du mot homosexualité, c’est tabou, sale… une honte pour la famille. Elle est amoureuse de Nina qui va rester en toile de fond du récit, car c’est compliqué pour elle d’avancer.



J’ai bien aimé cette manière d’utiliser l’anaphore (ce n’est pas le monopole de François Hollande !) car elle commence chaque chapitre par « je m’appelle Fatima », avec des variantes chaque fois, comme si elle psalmodiait une prière. Cette répétition donne un rythme au texte qui est par ailleurs parsemé de mots en « arabe algérien », comme elle le dit elle-même, de prières en arabe ce qui permet d’apprendre des choses, des mots, de prendre connaissance de phrases sacrées..



Je connaissais mal la pratique de l’Islam, la manière de faire les ablutions, la position du corps pendant la prosternation, la manière de réciter et Fatima Daas l’explique très bien.



Les relations intrafamiliales sont bien mises en évidence ainsi que les règles, les sujets tabous, mais, si je comprends bien les difficultés de Fatima à aimer, à parler de son attirance pour les filles, ses hésitations, sa manière de tourner autour du pot finit par être lassante. Mais, il est difficile de lui en tenir rigueur, tant elle est attachante et on imagine combien ce doit être difficile d’être différente car la seule née en France, car la seule à avoir une sexualité différente, à la recherche d’une identité, à tel point qu’elle se sent sale et indigne de son prénom.



Quant à l’écriture, Fatima Daas sait bien raconter ; elle a structuré son récit en chapitres très courts, passant de l’enfance à l’âge adulte, pour revenir à l’adolescence et partir dans les réflexions plus philosophiques ce qui peut lasser, ses études supérieures qu’elle commence mais ne finit pas toujours.



J’ai pris du plaisir à lire ce roman, et je trouve qu’elle s’en sort très bien à l’écrit, les mots sont justes et le côté « psalmodie » de l’anaphore est très forte, mais j’ai eu du mal à rédiger ma chronique, alors que je l’ai terminé il y a plusieurs jours, me demandant parfois si je l’avais aimé un peu, beaucoup …



Auteure à suivre.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Notabilia Noir sur blanc qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteure.



#LaPetiteDernière #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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La Petite Dernière

Fatima est la quatrième fille d'un couple algérien installé en région parisienne. Le père voulait un fils, espoir déçu.

La naissance de Fatima est difficile ; il faut une césarienne. Elle devient une adolescente instable, puis une adulte inadaptée. Musulmane pratiquante, elle pense ne pas mériter son prénom, celui d'une sainte...



Ce roman est un long monologue, celui d'une jeune femme qui cherche sa voie, qui essaie de comprendre ce qui lui est arrivé pour donner un sens à sa vie. Cette plongée dans le passé n'est pas linéaire ; on va et vient dans l'enfance, l'adolescence, la vie de la jeune adulte. Le temps fait des bonds en avant ou en arrière d'un chapitre à l'autre.

Il n'y a pas à proprement parler d'intrigue. On navigue dans la vie de Fatima entre faits, impressions et réflexions, un peu comme si l'autrice faisait son auto-psychanalyse. Cela peut sembler décousu, mais il y a une vrai cohérence dans la recherche de soi.

La forme du récit est originale. De nombreux chapitres, courts et même souvent très courts, commençant tous par le même bout de phrase "Je m'appelle Fatima", comme si l'autrice en doutait. Une écriture simple et directe, qui cherche à dire sans rien cacher, sans omission.

Un roman très original donc.
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La Petite Dernière

Voici un roman original lu d'une traite dans le train ,dont chaque chapitre commence par «  Je m'appelle Fatima » .

Elle est la petite dernière «  La mazoziya », narratrice française dont les parents sont algériens , tiraillée entre deux cultures , la seule de la famille à être née en France, elle montre lors de très courts chapitres fragmentés , entêtants , comme une incantation , ses sentiments , ses pulsions, ses vécus.



Lesbienne , musulmane pratiquante , étudiante à Paris : confession dont la sincérité m'a beaucoup touchée, surtout les passages consacrés à sa religion , son amour intense pour Allah, sa douleur extrême d'être une pécheresse, une menteuse ….



En fait , en quelque sorte , elle se construit en se rejetant elle - même .



Oscille sans cesse entre l'intériorité et l'extérieur, sa sexualité et l'islam afin de trouver sa voie .

Cherche un équilibre passant de chapitres issus de son enfance à l'âge adulte .

Un livre courageux dont j'ai aimé l'écriture d'une jeune femme qui n'a qu'un souhait : tenter de briser le cocon social, «  le paraître » le cocon familial ., religieux , afin d'exprimer son amour pour les femmes .

Cette réflexion intelligente où deux langues s'entrecroisent , m'a mise parfois mal à l'aise , perplexe , à cause de la prégnance de la religion , si présente , pesante .

Un ouvrage drôle et percutant , obsédant , lancinant , au style délicat , qui fait réfléchir, ausculte, questionne, puissamment l'identité , à la croisée , finalement , de multiples chemins dont je n'ai peut - être pas fait le tour .



Qui suis - je ? Une femme qui se construit , à la conquête d'elle- même ?

Une jeune auteure prometteuse à suivre !
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La Petite Dernière

Elle s'appelle Fatima Daas. Elle est née en France, la petite dernière. Les parents espéraient un garçon, ils ont eu trois filles. le père, algérien d'origine, violent avec sa femme et ses filles mais pas avec Fatima qu'il appelle Wlidi, mon petit fils.



La mère occupe son royaume la cuisine. Elle pense bien remplir son rôle de mère. Elle a fait un infarctus à la naissance de Fatima, née par césarienne. Fatima, considérée comme un garçon par son père, est habillée comme une princesse jusqu'à ses douze ans. Elle ne sait rien faire, sa mère fait tout. Elle fait de l'asthme qui l'amène à l'hôpital régulièrement.



Dans la famille, la religion prend toute la place. Les rituels rythment la journée. Fatima grandit et se découvre fille face à ses premières règles. Au collège elle traîne avec les garçons, essaie d'être amoureuse de deux d'entre eux mais est déjà attirée par les filles, ce qui ne choque pas sa bande d'amis qui la considère comme un des leurs. Difficile de se construire une identité dans ce contexte.



Fatima est brillante mais agressive. Fragile et hypersensible, dans le contrôle. Plutôt que de renier sa religion qui la considère comme une grande pécheresse, elle va tenter de convaincre les imams. Elle cache sa personnalité à ses parents par crainte de leur faire honte.



Et il y a Nina.



Les chapitres sont courts, les mots, apparemment doux comme les gâteaux au miel de sa mère, percutent nos certitudes.J'aime beaucoup Fatima, jeune française résolument moderne, coincée entre deux cultures et une religion, qui écrit des histoires pour éviter de vivre la sienne.







Je remercie Babelio et son masse critique ainsi que les Éditions le livre de poche pour cette jolie découverte.


Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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La Petite Dernière

Je m’appelle Fatima et je suis… je suis…



Fatima Daas est «La petite dernière» d'une famille franco-algérienne. Avec ce premier roman, elle dresse le portrait d'une génération qui se cherche une identité, confrontée à des choix contradictoires.



«Je m'appelle Fatima. Je porte le prénom d'un personnage symbolique de l'islam». La vie de Fatima est semblable à celle de milliers d'autres jeunes de banlieue. Née au sein d'une famille d'immigrés, elle va très vite se déchirer entre la rigueur d'une éducation "traditionnelle", qui veut qu'un père assoie son autorité sur ses filles à coups de ceinture et le goût du rap, entre les préceptes rigoureux de l'islam qui en font vite une "pécheresse" et son envie de sentir les lèvres d'une fille sur sa bouche, entre des études qui vont la mener à l'université et des profs qui doutent qu'elle ait pu réussir par elle-même.

Fatima, au fil de courts chapitres, va nous raconter les épisodes saillants de sa vie. Née à Saint-Germain-en-Laye, elle vit avec ses deux autres sœurs et ses parents dans un petit appartement. En guise de chambre, elles se partagent le salon dans lequel leur père doit passer lorsqu'il rentre avec cette forte odeur et sa mauvaise humeur. Et si le conseil de sa mère, se taire, n'est pas suivi, alors sa violence s'abat sur elles. Souvent, c'est Dounia, la sœur aînée, qui encaisse les coups, ou Hanane, la cadette. Il est vrai que Fatima à un lourd fardeau à porter. À deux ans, on lui a diagnostiqué de l'asthme. Une maladie sévère, chronique et invisible qui lui vaut de fréquents séjours à l'hôpital et un traitement à vie.

À huit ans la famille s'installe à Clichy-sur-Bois, une "ville de musulmans" où elle est musulmane, où elle fait le ramadan, où elle développe son sentiment d'appartenance à la communauté.

À 12 ans, lors d'un voyage scolaire à Budapest, elle ressent une émotion particulière en compagnie de son amie Lola, lorsque par jeu cette dernière l'embrasse sur la bouche. Mais elle choisit de se murer dans le silence. "J'écris des histoires plutôt que de vivre la mienne". La suite de sa scolarité sera plutôt sans histoires, installée dans son rôle de garçon manqué qui parle fort et n'hésite pas à se faire respecter à coups de poings ou à insulter les professeurs.

À 17 ans, elle consulte une psychologue. Suivront quatre années de thérapie et une lassitude de plus en plus difficile à supporter, tout comme les longs trajets jusqu'à l'université. Alors, elle décide d'arrêter. Elle interrompt ses études. Elle écrit.

À 25 ans, elle rencontre Nina Gonzales. C'est sa période "polyamoureuse", puisqu'elle a parallèlement une relation avec Cassandra, 22 ans, et Gabrielle, 35 ans. Mais c'est aussi l'heure de faire des choix, de s'imaginer un avenir.

Fatima Daas a trouvé la forme qui convient à sa quête, commençant chaque chapitre par une tentative de se définir et montrant par la même occasion combien cette définition est partielle, parfois partiale. Elle met aussi le doigt sur un problème très actuel que l'on pourrait résumer par les difficultés de l'intégration, par la peine à se construire une identité. Sauf, si l'on considère qu'elle a trouvé sa famille. Après Marguerite Duras et Annie Ernaux, la petite dernière pose une première pierre. On attend la suite.




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La Petite Dernière

Un très beau récit autobiographique de l'auteure sur le fait de trouver sa place lorsqu'on est éduqué dans la religion (ici musulmane), et que les parents auraient aimé que l'on soit un garçon.

Ici, Fatima découvre son homosexualité, en a peur du fait de son éducation religieuse.

Chaque chapitre commence par "Je m'appelle Fatima", le récit est percutant, fort, plein d'amour et de tendresse.

J'ai beaucoup aimé la plume de l'auteure et malgré la violence du vécu j'ai trouvé une fin en douceur.

Une auteure à suivre !

#Netgalley
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La Petite Dernière

Fille (non désirée), arabe, musulmane et lesbienne, Fatima a tout pour être stigmatisée dans cette société où les particularismes émergent tant bien que mal. J’ai aimé la manière dont cette jeune femme appréhende sa culture musulmane et tente de la faire coexister avec ses convictions personnelles. Je n’ai ressenti aucune radicalité mais une dynamique du compromis. C’est une suite de combats quotidiens, comme la couleur d’une bague, l’interprétation d’une sourate, les ablutions, le sens du mot « haram » ou manger du mouton pour l’Aïd. Ce qu’il faut de courage à Fatima (la mazoziya) pour oser aborder les sujets de l’intime que sa communauté enferme à double tour dans le déni et la tradition.

Un peu comme « Le consentement » (sur un sujet différent), « La petite dernière » se distingue moins par sa virtuosité littéraire que par la puissance et la sincérité de son cri. Il est tout aussi nécessaire de le lire si l’on prétend comprendre ce monde en ébullition. La fiction se permet des saillies, des vérités que l’information ignore. L’une d’entre elles est une bombe à retardement : la jeunesse musulmane est déchirée entre la famille et la société. Le déséquilibre n’a jamais été aussi grand. Fatima en parle : le nombre des « psychologues musulmans » augmente de façon exponentielle.

Le premier roman de Fatima Daas est important parce qu’il ouvre la voie. Il confirme aussi une des tendances de cette rentrée littéraire : les premiers romans sont plus intéressants que les énièmes produit des « marques-écrivain ».

Bilan : 🌹

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La Petite Dernière

Des phrases courtes et répétitions qui peuvent rebuter mais, qui par la suite, en fait comme le refrain d’une chanson. Les mots d’une jeune rebeu lesbienne dans le quotidien des transports, des relations avec les parents, des amitiés. Un témoignage intéressant doté d’une écriture direct et sincère.
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La Petite Dernière

Si, dans la littérature américaine les blurbs sont légions (ces fameux bandeaux élogieux de tel ou tel grand auteur vantant les mérites d'un ou une de ses collègues), en France, les romanciers ont visiblement un peu plus de réserve à encenser les écrits de leurs comparses.



C'est pour cela que lorsqu'il y en a un- et a fortiori lorsqu'il est signé Virginie Despentes, tout le monde regarde avec une attention accrue le roman dont il est question et tout le monde le remonte tout en haut de la pile des romans de la rentrée à chroniquer .



C'est ce qui ce qui est arrivé cette année avec le premier roman de la jeune FATIMA DAAS , adoubée par Despentes et qui de fait s’impose comme la révélation de la rentrée avec La Petite Dernière, un roman qui surfe sur le registre de l'autofiction.



Un roman qui a en effet tout pour plaire à l'auteure de Vernon Subutex ou "King Kong Théorie".



Comme cette dernière, FATIMA DAAS insuffle un souffle nouveau dans la littérature français en creusant un sillon assez inédit et assez punk dans les chemins parfois pépères de la littérature française d'aujourd'hui .



Chaque chapitre de La Petite Dernière commence par l'amaphore suivante :« Je m’appelle Fatima."



Ce besoin de revendiquer haut et fort son identité, qui, à chaque fois, prend une tournure différente, montre bien la difficulté pour cette jeune femme, écartelée entre plusieurs pôles, la France et l'Algérie, la religion musulmane et son amour pour les femmes.



la suite sur baz'art






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La Petite Dernière

Ce que j’ai ressenti:



Elle s’appelle Fatima.



Elle est femme. Elle est désorientée. Vous savez comme dans l’attraction du Palais des Glaces, cherchant son chemin dans ce labyrinthe des miroirs. Chaque nouvelle page, un nouveau miroir, une nouvelle confrontation entre elle-même et les exigences de la société. Chaque miroir, lui rappelant qu’elle doit se voir telle qu’elle est, tout en correspondant à des critères d’appartenances. Appartenance à un pays, une région, une communauté, une famille, une religion, un genre, un courant de pensée, une façon d’aimer. Et ça cogne. Elle se cogne forcément contre ses miroirs, parce que c’est trop de demandes, trop d’attentes, trop d’incohérences. Les miroirs en plus, déforment alors, elle se cogne, à ce trop-peu d’amour, de tendresse, de reconnaissance.



Elle s’appelle Fatima.



Elle cherche son identité. Son rôle, sa fonction, sa place. Mais ça coince. Au fur et à mesure, de son évolution personnelle, les chemins deviennent plus étroits, plus escarpés, plus éreintants. Il faut faire face aux silences, aux stigmatisations, aux jugements, aux violences, aux traditions, aux cancans, à la réalité. Ça coince la respiration, l’esprit, le cœur, la foi. Donc, on recentre et on réessaie, elle s’appelle Fatima, et en chaque répétition, c’est une manière de réfléchir et de déposer des mots sur des souffrances pour peut-être arriver à s’en libérer….



Elle s’appelle Fatima.



Elle ne savait pas que ça serait si difficile d’être femme, alors elle écrit cherchant dans ses miroirs, le chemin pour être elle-même. Libre, plurielle et aimante. Entre malgré et grace. La délivrance par l’écriture, La Petite Dernière (porte de) sortie de ce labyrinthe vitré oppressant…



« Psartek », Fatima Daas.
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La Petite Dernière

Dans son tout premier roman la jeune Fatima Daas, nous confie l'histoire d'une jeune femme, une jeune femme en souffrance, tout son corps lui parle, petite elle étouffe déjà. Sait-elle pourquoi très jeune, les médecins lui disent qu'elle est asthmatique allergique ? C'est une maladie qu'elle ne comprend pas.



Comme elle ne comprend pas ce que lui dit l'Imam vers qui elle ose raconter l'histoire d'une amie, qui n'est en fait qu'elle même. Elle croit en Dieu, elle l'aime, elle nous l'écrit si sincèrement, seulement elle ne comprend pas ce qui lui dit cet Imam, comme son père et sa mère. Pourquoi ?



Elle ne trouve pas sa place cette enfant, cette jeune femme, ni dans sa famille, ni à l'école comme dans la société.. Elle se cherche, reconnaissant ses différences mais en n'osant pas les accepter semble-t-il.



Je m'appelle Fatima Daas ... Un refrain qui revient à chaque chapitre, la construction est originale et elle a osé la différence avec les schémas classiques de l'écriture comme de la lecture. Pas facile de la saisir dès les premières pages et puis personnellement, je m'y suis attachée à cette femme, cette femme qui n'aspire qu'à vivre la liberté d'aimer.



Je m'appelle Fatima Daas est une révélation !

#LaPetiteDernière #NetGalleyFrance
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La Petite Dernière

L'originalité de ce court roman réside dans la répétition de chaque chapitre, "je m'appelle Fatima" suivi de quelques légères variations.

Fatima tente de se définir, que ce soit en tant que fille, musulmane, fille d'immigrés ou lesbienne, narrant dans ce récit les différentes difficultés rencontrées dûes à son identité. C'est un roman intéressant car on y sent toute la sincérité possible d'une jeune femme qui fait le tour d'elle-même, nous confiant des épisodes de sa vie familiale qu'elle n'ose pas révéler à ses petites amies, comme la violence du père ou encore les difficultés relationnelles qu'elle entretient avec sa mère. Sa foi religieuse tient une importance capitale dans son cheminement amoureux et sexuel, on la voit tenter par tous les moyens essayer de se défaire de son homosexualité quand elle est encore adolescente.

Face à la morosité de sa vie à Clichy-sous-bois, où l'on sent bien que ses parents ne se sont jamais vraiment installés, il y a ces retours en Algérie où elle ressent enfin une stabilité familiale, des repas pris tous ensemble, de l'affection, des contacts physiques, tout ce qui lui a toujours manqué et l'a incitée à la rébellion scolaire.

Tout est bien amené, clair et simple, chaque chapitre est comme un nouveau pas qu'elle ferait vers elle-même et on ne peut qu'éprouver de la compassion et de la sympathie pour elle. Bref, c'est aussi un beau témoignage de ce que peut vivre une jeune femme issue de l'immigration algérienne de l'intérieur, comme on n'a peu l'occasion de lire.
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La Petite Dernière

Un roman ? Pas vraiment. Un texte plutôt, ou alors un poème, une chanson rythmée par le début de chaque chapitre : Je m’appelle Fatima Daas, mais ça, je pense que vous le savez déjà, on en a beaucoup parlé.

Musulmane, d’origine algérienne, mais née en France et lesbienne, Fatima peine à trouver un compromis entre sa foi et son orientation sexuelle, à trouver sa place.

À chaque chapitre, on en apprend un peu plus sur Fatima, mais dans le désordre, comme un puzzle, après l’information sur le prénom Fatima, la narratrice parle de sa mère.

Sa mère dans son Royaume, sa mère qui cuisine, qui prend soin de ses filles. Si bien que Fatima à quatorze ans, ne savait pas faire son lit, à vingt ans, ne savait pas repasser une chemise et à vingt-huit ans, ne savait pas faire des pâtes au beurre.

Après l’information sur « la Clichoise qui voyage de l’autre côté du périph », la description du comportement de Fatima dans les transports en commun, de ce qu’elle voit aussi.

Les transports en commun reviennent souvent dans le chant de Fatima

Dans le dernier chapitre, Fatima raconte l’histoire de son livre à sa mère. La boucle est bouclée.




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La Petite Dernière

Je m'appelle Fatima, ou sa variante, je m'appelle Fatima Daas.



Chaque court chapitre débute par cette anaphore, scandée comme si la narratrice voulait se pénétrer de son identité, l'intégrer, la faire sienne. Cela impose immédiatement un rythme au récit.



Fatima est une Française d'origine algérienne. Une femme musulmane. Une femme homosexuelle. Une femme qui se ressent instable, inadaptée, voire "hyperinadaptée" selon ses termes, hypersensible. Comment être une musulmane homosexuelle alors que l'homosexualité est interdite en islam ? Au détour de quelques chapitres, elle questionne d'autres musulmans, en quête d'une acceptation de son homosexualité par sa religion, car Fatima a la foi ; elle ne peut renoncer ni à l'une ni à l'autre. Elle vit sa foi profondément. Un chapitre est presque entièrement consacré à des sourates qu'elle récite. Elle vit, ou du moins essaie de vivre, sa vie de femme amoureuse d'autres femmes dont témoignent d'autres chapitres.



La difficulté de rentrer dans le moule de la conformité quand on se sent tellement différent. Ne pas s'en vouloir d'être soi, s'accepter. On passe d'un chapitre à l'autre au gré des envies de la narratrice, sans lien, mais ce n'est absolument pas gênant et ça fait sûrement écho à l'instabilité que ressent Fatima. C'est émaillé de mots arabes. Elle donne parfois sa définition de certains mots comme partir : trahir, renoncer et quitter. Un premier roman prometteur pour cette jeune auteure.
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La Petite Dernière

Une oralité. Un texte. Percutant, percuté.

Pas un mantra, pas une sourate, pas une psalmodie, pas une prière, mais une parole.

Prendre la parole. Un texte que l'on espère mis en scène prochainement au théâtre. Il le faut. Pour que la parole s'ouvre, que le théâtre continue à donner et ouvrir la parole, à représenter, coexister.

Banlieue, jeunesse, émigration, religion, sexualité.

Comme les cinq doigts d'une main qui se tend.

Chacune y trouvera un morceau de son histoire.

Histoire de fille, de mère, de sœur, de père, de coeur, de corps. ..

Famille, identité, classe, sororité, altérité. La deuxième main tendue, ouverte.

La petite dernière de Fatima Daas expose nos pluralités, la complexité de ce qui nous construit.

Ce roman fait voler en éclat ce que certains et certaines veulent voir établi, accrochés à ce qu’ils nomment évidence et que nous nommons préjugés.

Oui on peut être croyant et homosexuel. On peut douter, s’interroger, se cogner contre les murs et aux portes d’un obscurantisme moral.

Oui on peut croire en Dieu, ne pas désirer l’enfant que l’on porte, mais savoir que l’amour est un don et ne doit jamais attendre de retour.

Chercher Dieu, en soi, et ne pas comprendre la loi des hommes.

Et cela, quelque soit la religion.

Amour, désir, culpabilité, contradiction, ...destin...émancipation.

La petite dernière ce n’est pas une place que l’on choisit, trouver sa place c’est une question de survie.



Astrid Shriqui Garain

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La Petite Dernière

Anne Sylvestre a mis en musique un très beau texte qu’elle a écrit : « Les gens qui doutent » Fatima Daas qui peut être devrait se reconnaître dans ces paroles en a fait un livre, son premier livre, l’histoire d’une vie, jeune, la sienne. Un récit fort et singulier, porteur de ses interrogations, écrit dans une musique qui jaillit comme un cri recommencé, dans une sincérité absolue.

Écrire sur soi dans un premier roman pourrait avoir un petit air de déjà vu, convenu, habituel, normal, il n’en est rien. Tout d’abord parce qu’écrire sur soi n’est pas banal quoiqu’on dise, aucun parcours de vie ne ressemble à un autre, chacun est une île, chacun est unique, alors oui, il y a du courage à tenter l’aventure, à aller jusqu’au fond de soi, là où tout commence et tout finit, au bord du monde, au bord du gouffre, chacun le sien.

L’aventure est d’autant plus belle que l’auteure a du talent. Son écriture est une respiration rythmée, un tempo syncopé. Sa peur, ses doutes s’inscrivent dans les mots, sans cessent répétés, recommencés, comme à l’infini.

Phrase courte, à la ligne, phrase courte, à la ligne…

« Je m’appelle Fatima Daas »

Par ailleurs, du haut de ses vingt-cinq ans, la vie de Fatima Daas a l’éclat des grands fracas. Hors les clous, hors la norme, se connaître, reconnaître, est tout un chemin.

Elle le prend ce chemin, pour faire face, pas facile, la fuite est parfois de mise.

Faire face au quotidien dans sa laideur commune, le gris des RER dans les pensées glauques du matin. Faire face à son identité familiale quand père et mère semblent si loin de soi. Faire face à Dieu avec ses propres mots pour se convaincre de n’être pas perdue. Et puis fuir, fuir la classe de prépa et son mépris, la psy et son regard qui voit beaucoup, les amantes parce qu’aimer n’est pas facile.

Le livre de Fatima Daas est un combat d’identité, un jeu de cache-cache sans cesse recommencé avec soi-même. Elle choisit d’écrire pour se battre, elle a raison.

J’aimerais suivre sa route dans ses mots.

Merci à Babelio de m’avoir offert l’opportunité de cette belle découverte.

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La Petite Dernière

"Je m'appelle Fatima." Un mantra, un slam, une anaphore intime.



J'ai beaucoup pensé, en lisant ce texte, à Nina Bouraoui, auteure qui soulève également la problématique d'une construction identitaire entre homosexualité féminine et racines algériennes (mais en version "classe sociale aisée" pour Bouraoui), Ici, c'est également la foi musulmane qui est mise en exergue face à ces désirs de "pécheresse".



J'avoue être sortie de cette lecture assez perplexe, ne sachant qu'en penser, ce que cela m'avait apporté ou fait ressentir. Peut-être parce que le rapport à Dieu m'est totalement étranger.
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