La dignité c'est d'avoir un rêve, un rêve fort qui vous donne une vision, un monde où vous avez une place, où votre participation, si minime soit-elle, va changer quelque chose.
Vous êtes dans un harem quand le monde n'a pas besoin de vous.
Vous êtes dans un harem quand votre participation est tenue pour si négligeable que personne ne vous la demande.
Vous êtes dans un harem quand ce que vous faites est inutile.
Vous êtes dans un harem quand la planète tourne et que vous êtes enfouie jusqu'au cou dans le mépris et l'indifférence
Une seule personne a le pouvoir de changer cette situation et de faire tourner la planète en sens inverse, et c'est personne c'est vous.
Tante Habiba était persuadée que si les hommes portaient des masques de beauté au lieu de masques de guerre, le monde serait bien meilleur.
Debout et libre
“Il faut que tu lui tiennes tête les cheveux découverts. Il ne sert à rien de se couvrir la tête et de se cacher. Ce n’est pas en se cachant qu’une femme peut résoudre ses problèmes. Elle devient au contraire une victime toute désignée. Ta Grand-mère et moi avons assez souffert avec cette histoire de masque et de voiles. Nous savons que cela ne marche pas. Je veux que mes filles aillent la tête haute sur la planète d’Allah en regardant les étoiles.”
Dès l'âge de cinq ans, j'épatais mon père en récitant le très court hadith de Bukhari du chapitre "Contrôle de la langue" ou le prophète vous révèle en quatre mots la conduite gagnante en cas de colère : "Dire du bien ou se taire". (Préface à la réédition de 2007)
”Tant elle (sa mère) était soucieuse de me voir échapper à la tradition : Les projets d’une femme se voient à sa façon de s’habiller. Si tu veux être moderne, exprime-le dans les vêtements que tu portes, sinon tu te retrouveras enfermée derrière des murs. Certes les caftans sont d’une beauté inégalable, mais les robes occidentales sont le symbole du travail rémunéré des femmes”.

Laissons terminer Fatima Mernissi décrire son combat qui est aussi le nôtre :
“Le concept de harem est intrinsèquement spatial, c’est une architecture où l’espace public, dans le sens occidental du terme, est inconcevable, car il n’y a qu’un espace intérieur où les femmes ont le droit d’exister et un espace masculin extérieur d’où les femmes sont exclues. C’est pour cela que la bataille actuelle de la démocratisation du monde musulman se focalise et tourne jusqu’à l’obsession autour du voile et l’enfermement symbolique des femmes (le monde arabe a l’un des prolétariats féminins les plus misérables du monde), et que dans les sociétés où la crise de l’Etat et sa remise en question sont radicales comme en Algérie, on n’hésite pas à tirer sur celle qui se dévoilent. Car l’accès des femmes dévoilées à la rue, l’école, le bureau et le Parlement est un acte hautement politique et révolutionnaire, comme une revendication immédiate, non-voilée d’un espace public. Une femme voilée accepte la règle, le voile signifie :“ je traverse rapidement et secrètement cet espace que je reconnais être masculin”. Celle qui se dévoile se revendique comme citoyenne, et bouleverse du coup toute l’architecture non seulement sexuelle mais aussi politique, recréant donc par ce petit geste symbolique un Etat musulman qui reconnait l’existence d’un espace public. […]
On peut résumer la bataille qui se déroule de nos jours dans le monde musulman autour de la démocratie et des droits de la personne, comme une bataille pour la création d’une espace public, chose totalement étrangère à la culture politique musulmane. Dans e modèle, l’homme est aussi politiquement voilé, car l’espace public est rejeté comme étranger à la nature du système.
L'un des privilèges de l'écriture, pour moi en tous cas, c'est d'écrire ce qui me passe par la tête, comme je le fais maintenant. Mais, quand je dis "ce qui me passe par la tête", je ne veux pas dire que c'est désordonné. Le processus d'écrire est très mystérieux. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il n'est pas désordonné. il obéit à un ordre qui n'est pas celui du lecteur, c'est tout. Souvent, dans certains genres d'écritures, les plus intéressantes selon moi, cet ordre échappe à l'auteur aussi. (Confidences)
“La frontière est une ligne imaginaire dans la tête des guerriers”.
Les Arabes ont osé deux choses qu'aucune grande civilisation n'avait osé : nier le passé, un passé-ténèbres d'une part, et occulter le féminin d'autre part. Or le passé et le féminin sont les deux pôles qui permettent de réfléchir à cette source de toutes les terreurs : la différence.
Car comment distinguer le nouveau si l'ancien est interdit de "voir", si la Jahiliya (période pré-islamique) est trou noir, ténèbres existentielles ?
Et comment, dites-moi, distinguer le masculin, si le féminin est interdit de "voir", si la féminité est trou noir, béance-silence et visage-absence ?
"L'amour a pour motif une vision de beauté et de splendeur, choses également impérissables en ce monde et dans l’autre. » (Ad-Dalaymi, cité par l'auteure)