Citations de Fatou Diome (712)
J'ai été très ému, après avoir accompagné l'interview de Madame Fatou, sur TV5. Je vous assure que la famille à la appartient cette dame est bénie. Elle a une capacité intellectuelle incroyable. Et c'est ces genres des dirigeants que nous voulons en Afrique, pour nous conduire dans une autre direction pour une destinée meilleure que cette réalité que nous sommes entrain de vivre. Le malheur est devenu comme notre destinée à la quelle nous sommes résignés.
Écrivez-la, la littérature africaine de vos rêves, si la nôtre ne vous convient pas !
Contrairement aux mots, le silence ne se commercialise pas ; et, je ne connais rien de plus inviolable. […] Alors, me concernant, ce sera le verbe libre ou le silence.
Vivant, ce n’est pas votre créativité qui intéresse le jockey, mais ce qu’il peut en tirer pour vendre le maximum. Si vous êtes un pélican, alors que les manchots se vendent mieux, il vous brise les ailes sans états d’âme. Et si vous trouvez à redire, il vous rappelle que votre plume est à vous, mais que votre gamelle lui doit obéissance.
Vous leur rendez un manuscrit, ils s’intéressent d’abord au nombre de pages et dégainent une tronçonneuse. La maigreur étant à la mode, les jockeys des Lettres exigent une littérature aussi diététique qu’une soupe de poireaux : vite mitonnée, vite vendue, vite digérée, vite oubliée.
Que vend-on au public lorsqu’un auteur ne se reconnaît plus dans un livre, pourtant supposé être le sien ? Qui falsifie une signature sur un simple chèque de banque ou tout autre document administratif est réprimé par la loi pour escroquerie. Celui qui s’accorde l’immense licence de dénaturer le texte d’autrui pour l’adapter à son propre goût n’est-il pas, moralement et juridiquement, au moins aussi coupable ?
“ Rame, petit matelot, redresse-toi et rame ; l’action ne sauve pas toujours, mais l’inertie hâte le naufrage, même à terre ! ”
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“ La vie est cruelle, tout le monde le sait, alors, puisons dans la poésie un peu d’onguent pour l’âme.”
“Le sillage d’un rameur ne tient pas qu’aux vents, favorables ou non, il dépend aussi de son ardeur à la rame et de sa fidélité au cap. Oh, hisse !”
“Si vraiment la liberté d’expression vous tient à cœur, sachez que, sans ressources, aucune plume n’est libre. Si la nécessaire gamelle ne domestiquait pas, les chiens seraient encore en train de savourer la même liberté que les loups, qui, eux, chassent et s’assurent eux-mêmes leurs repas, seule raison qui leur garde une indomptable liberté.”
“Qu’importent les traces de pas sur le rivage, chaque livre est un navire en partance. Une vie intérieure, ça existe vraiment et, bien apprivoisée, elle vous apprend à vivre, à survivre à la comédie humaine qui, finalement, n’est faite que de petites tragédies.”
“Dans une République qui se respecte, n’est-il pas normal qu’un humain aime un humain et que ceux qui s’aiment s’épousent devant le maire ? Aimez-vous ! Aimons-nous Rassemblons !Ce si court séjour terrestre, n’est-ce pas terrible de se le gâcher à se jauger, se trier, se ségréguer ? Ne me souhaitez surtout pas en politique, car, je vous jure,
qu’avec mes sérieuses et prouvées compétences de femme de ménage, je vous mettrai de l’ordre jusque dans le grenier de Kafka !”
“L’égalité ne fait peur qu’à ceux qui tiennent à dominer les autres, c’est-à-dire, les retardataires.”
“La gloire du sang est la plus stupide qui soit ! et c’est une Niominka qui vous le dit et l’assume. Quel mérite y a-t-il à se prévaloir d’une gloire dont on n’a pas soi-même payé le prix ? Porter la dignité de ses aïeux, ce n’est pas se contenter de la revendiquer et de se mirer dans cette glace sans se voir tel que l’on est. Non, porter l’honneur de ses aïeux, c’est se montrer digne d’être rattaché à eux par son
propre mérite ; il s’agit donc de tenir sur ses jambes et puis tenter de gravir d’autres paliers, avec le flambeau qui les a rendus exemplaires.”
“Suffit, la danse, tous au boulot ! Nous danserons mieux, après avoir redressé le pays et l’Afrique entière ! Ce serait cela être vraiment dignes des héros dont nous nous
enorgueillissons. Eux ne dansaient pas en regardant leurs
enfants mourir en mer.”
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Daba se persuadait qu'il ne se passerait rien de plus qu'un partage d'amitié, mais chaque rencontre les poussait un peu plus au pied du volcan. Ils s'échauffaient délicieusement et se quittaient à temps, comme un enfant espiègle retire promptement sa main avant de se brûler à la flamme d'une bougie. Mais, chaque fois ils s'approchaient encore un peu plus du feu, ce qui mettait leur résistance à rude épreuve. [...] Et le Diable soufflait sur le brasier, liquéfiait leur sang, accélérait sa course, dilatait leurs veines, les emplissait de désir. Il fallait que la peau des amants brûle jusqu'à leur faire oublier l'emprise de la morale. A ce moment et seulement à ce moment-là, ils se consumeraient et réduiraient en cendres et leur frustration et le qu'en-dira-t-on.
Ce moment avait fini par arriver. Dans la torpeur tiède d'une après-midi, ils s'étaient réveillés, enlacés et silencieux, sur le lit défait du jeune homme. [...] Jamais la vie n'avait autant pulsé en eux. Ils étaient silencieux, parce qu'ils avaient sauté depuis le sommet de leur désir ; maintenant, ils tombaient dans la réalité, au ralenti. Que se passerait-il? Que feraient-ils? Il se passa ce qui devait se passer : ils s'étaient revus et avaient recommencé, encore et encore.
« Les amitiés d’enfance résistent parfois au temps,
Jamais à la distance. »
Les scènes de ménage sont des guerres sans vainqueur, elles laissent toujours derrière elles des cœurs également meurtris et pareillement assoiffés d'amour.
Écrire, c'est soustraire le monde aux ténèbres et le mener vers demain.
Concéder une action sous la pression des cyniques manipulateurs de la bienveillance dévoyée, ce n'est pas de l'altruisme, c'est de la servitude. L'humanisme est incompatible avec la tyrannie, même bien intentionnelle, la servilité contrevient donc à ses valeurs. Sincère et bien compris, l'humanisme c'est d'abord une éthique : considérant le respect de l'humain universel, on reconnaît aux autres la même inviolable souveraineté qu'à soi. Souscrire à ce principe, c'est l'applique, surtout se l'appliquer sans réserve.