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Critiques de Felicia Mihali (13)
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Une nuit d'amour à Iqaluit

J'ai commencé à lire avec curiosité, et …j'ai adoré d'un bout à l'autre ! J'ai aimé cette belle écriture qui parle d'un monde lointain qu'on découvre avec étonnement, loin de clichées. J'ai lu ses descriptions de la rude vie des Inuits en ayant l'impression de regarder par-dessus la clôture du voisin. J'ai bien aimé ses références historiques, avec une solide documentation. J'ai remarqué son art à construire les personnages, et à les dévoiler au compte-goutte. J'ai aimé leur profondeur, leur complexité et leur certaine marginalité. J'ai adoré sa façon de dérouler l'intrigue, à la manière presque d'un polar, en la distillant lentement dans un grand alambic, d'où elle sort goute à goute, parfumée et avec la puissance d'une eau de vie.
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Une nuit d'amour à Iqaluit

Bonjour,



J’ai décidé de lire Une nuit d’amour à Iqaluit de Felicia Mihali car le résumé présenté par les Éditions Hashtag m’a interpellée. «Afin de panser ses anciennes blessures, Irina déménage à Iqaluit, au Nunavut, où un poste d’enseignant est offert». Dès que j’ai lu cette phrase, j’ai su que je voulais plonger dans cette histoire. Pourquoi? Tout simplement parce que j’aime entendre parler du Nunavut. J’ai une amie et sa famille (son époux et ses deux filles) qui ont passé une année là-bas pour des recherches géologiques. Je trouve cette contrée fascinante pour différentes raisons (froid, neige, animaux sauvages, nuit/jour, etc.). Mais encore, comme je suis professeure, j’apprécie les romans mettant en scène des professeurs ou des enseignants. Alors, il me tardait de découvrir Irina et ses blessures. Il faut du courage pour aller faire face à ses fantômes au Nunavut!



Ce que raconte Une nuit d’amour à Iqaluit



Irina arrive à Iqaluit au Nunavut pour enseigner dans une école primaire francophone. Elle est blessée et elle a besoin de se reconstruire. Pour ce faire, elle choisit un ailleurs marqué par les froids extrêmes, les bourrasques de vent et les denrées rares. Dans le Nord, la nuit dure 8 mois et le soleil de minuit habite le territoire durant 4 mois. Irina découvre la vie dans le Nord. Elle côtoie des Innus bien sûr, mais aussi des chauffeurs de taxi immigrants, des collègues féminines, un agent de la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Réussira-t-elle à oublier le passé et à retrouver un peu de paix et d’amour dans ce paysage de froid, de neige et de glace?



Ce que j’en pense



J’ai apprécié ma lecture pour diverses raisons. D’une part, j’ai entendu Felicia Mihali raconter dans une entrevue au Cochaux Show qu’elle avait passé une année à Iqaluit. En ce sens, son livre témoigne de sa connaissance du territoire. Ses descriptions semblent réelles. Par exemple, le lecteur ressent le froid polaire. On frissonne avec Irina! Ainsi, après les fêtes, voici le climat dans lequel est plongée l’enseignante :



«À Iqaluit, les températures avaient chuté à moins cinquante. C’était quelque chose que je n’avais jamais imaginé. Les maisons étaient secouées par des vents violents, qui dévastaient les collines. Les gens ne pouvaient s’abriter nulle part contre les rafales d’air glacé. Le soleil dans le ciel était féroce, d’une lumière aveuglante. » (p. 170)



D’autre part, j’ai apprécié toutes les traductions en français des termes présentés en inuktitut. Par exemple, j’ai appris qu’Iqaluit voulait dire «endroit avec beaucoup de poissons». Je crois qu’en tant que Canadienne, j’ai un peu honte de connaître si peu le peuple inuit. Je ne suis jamais allée au Nunavut. Je ne connais pas le mode de vie là-bas. Je ne connais rien de l’inuktitut. Il y a beaucoup de solitude au Canada (les anglophones versus les francophones, les peuples des Premières Nations versus les francophones et les anglophones).Le territoire est immense et la solitude s’avère reine entre les peuples. Comme il est présenté dans le récit de Mihali, je vis avec les clichés tributaires du cinéma ou de la littérature. À cet égard, l’autrice offre à son lectorat un portrait réaliste de la vie à Iqaluit, comme la réalité migrante. Mihali relève :



«Les chauffeurs de taxi représentaient le nouveau visage d’Iqaluit. Le grand récit de la communauté ne se limitait plus aux igloos, aux baleiniers et aux chasseurs de phoque, elle incluait maintenant les histoires migrantes. » (p. 250)



Je n’ai jamais imaginé que les immigrants allaient s’installer au Nunavut, plus précisément à Iqaluit. En ce sens, je suis bien heureuse d’avoir lu ce roman, car j’en ai appris énormément sur mon pays.



Comme mentionné, je ne possède pas une grande connaissance de cette partie du Canada. Mais, Felicia Mihali sait parler d’Histoire, car elle s’est spécialisée en histoire et en littérature comparée à l’Université de Montréal. Je connaissais rien des échecs des voyages des explorateurs au fil du temps. Grâce à ma lecture, j’ai une meilleure connaissance des faits entourant le Nunavut. Par exemple, le chapitre 2 porte le nom de Explorateurs et légendes. Dans ce dernier, il est question de John Davis, William Baffin, John Franklin et de leurs périples.



Si vous voulez découvrir une partie de notre Histoire avec des personnages attachants, n’hésitez pas à lire ce récit de Felicia Mihali. C’est un livre pour prendre le large, un livre pour observer la force du vent, un livre pour survivre. Parfois, il faut prendre les bonnes décisions pour assurer sa survivance à l’image des ancêtres des Innus.



Je tiens à remercier les Éditions Hashtag pour l’envoi de ce bouquin en service de presse.



https://madamelit.ca/2021/04/18/madame-lit-une-nuit-damour-a-iqaluit/
Lien : https://madamelit.ca/2021/04..
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Une nuit d'amour à Iqaluit

Un roman réaliste qui puise dans le quotidien convenu d’Irina, le personnage principal autour duquel se trame toute l’histoire. Elle fuit sa propre vie banale de Montréal, vie devenue un peu moins commune depuis que le soldat Yannis Alexandridis, alors qu’il servait en Afghanistan, a fait d’elle une illusion et l’avait trainée dans une histoire d’amour virtuelle et à [grande] distance, dans "La Bien-aimée de Kandahar/The Darling of Kandahar" (livre sorti en 2016. À peine sortie de cette histoire irréelle, elle s’enfonce dans un autre malheur, bien réel cette fois-ci.

Pour s’affronter et se comprendre dans son rapport aux autres, dans son rapport à la vie, Irina décide de s’exiler près du Pôle Nord, à Iqaluit, dans la province de Nunavut, où elle accepte un poste d’enseignante pour une année scolaire.

Des fragments historiques liés à la découverte et au développement de ces territoires lointains parsèment le roman et enrichissent le lecteur. Nous apprenons des choses vouées à demeurer à jamais inconnues pour nous. Du passé au présent, l’histoire dans le Grand Nord enchaîne une vie très rude où le froid tue rapidement, le soleil se montre en triple sur le ciel et les ondes magnétiques polaires dérangent les esprits de ceux et celles qui s’y aventurent. Les hommes blancs tentent de s’adapter. Face à eux, des autochtones inuits s’efforcent de préserver leur savoir ancestral : tuer un ours polaire qui s’approche trop de la ville avant qu’il ne tue pas lui les habitants, chasser et manger le phoque ou du poisson cru, cueillir des baies encore gelées, etc. Tout cela en collectionnant des boutons – signe de la sophistication du monde civilisé. Nous plongeons dans cet univers authentique grâce à Felicia Mihali qui réussit à nous faire non seulement imaginer, mais sentir littéralement le Grand Froid de/dans l’humain.

En lisant ce livre, bien installée sous un doux soleil printanier, en sirotant mon thé fumant, je frissonnais souvent, j’avais presque envie de « me couvrir » quand je devais suivre Irina de son appartement à l’école où elle enseignait et où elle devait se rendre par des matins à moins 56 degrés, ou pire.

Un livre qui se lit très facilement, un récit qui nous « envoûte » jusqu’à la fin par son exotisme bigarré : des banquises à l’ananas, rien de mieux par ces temps de confinement que de voyager … Ailleurs.

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La bien-aimée de Kandahar

Amour et guerre. Des sujets tabous. L’histoire de la fondation de Montréal dans un intermezzo romanesque avec la guerre en Afghanistan. Un roman qui nous apprend à penser à la dimension humaine des conflits internationaux qu’on oublie souvent, confortablement installés devant la télévision.

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La bigame

Le commentaire de Lynda :

Une lecture très différente de ce que j’ai l’habitude de lire. Un roman qui même différent offre un intérêt face à la trame de cette histoire.

Bigame, le titre est très évident, 2 hommes, 2 amours. C’est ce que nous allons vivre avec cette femme.

Mais ce n’est pas que cela, c’est aussi, l’histoire d’une immigrante, dans un Montréal peuplé d’immigrants, de toute sorte.

Un choix déchirant entre le mari et l’amant, mais il y a également tout ce qui tourne autour, la communauté des immigrants, n’est pas nécessairement tendre. Le choix qu’elle devra faire en sera un qui pourrait impliquer des réactions assez fortes, surtout venant de la communauté.

Disons qu'en avançant dans la lecture, on apprend à connaître cette femme, ses traditions, les gens qui sont comme elle et qui pourtant la condamne.

La Bigame, c’est un cri du cœur pour ces femmes, pour ces personnes qui se retrouvent en plein déchirement non pas seulement pour leurs vies, mais aussi pour le déracinement.

Une lecture qui se fait rapidement, peu de pages, mais on embarque quand même assez bien et rapidement dans l’histoire.

L’auteure possède une belle plume, et j’ai quand même beaucoup aimé.
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Une nuit d'amour à Iqaluit

Dans Une nuit d’amour à Iqaluit, l’on retrouve le personnage d’Irina, une professeure de trente-quatre ans partie enseigner le français dans le grand nord, que Felicia Mihali avait d’abord développé dans un roman paru quatre ans plus tôt chez Linda Leith éditeur. Dans La bien-aimée de Kandahar, cette jeune femme d’origine roumaine avait vécu une curieuse d’histoire d’amour avec un soldat canadien déployé en Afghanistan. L’effet conjugué de la distance et des contraintes liées à la vie militaire rendait Irina d’autant plus désirable pour ce jeune soldat, si l’on tient compte du fait que sa « bien-aimée » est résolument demeurée hors de sa portée. À l’époque, ces circonstances avaient fait d’Irina une sorte d’icône que l’on adore à distance sans qu’on ne désire réellement la connaître, ce qui l’avait placée dans une position assez inconfortable, où ce qui donnait de la valeur à son existence ne dépendait pas d’elle-même, mais plutôt du regard extérieur que l’on posait sur la personne qu’elle était censée être.



Entre les deux romans, une décennie s’écoule pour ce personnage, qui porte désormais en elle une immense fatigue. Dans la scène d’ouverture d’Une nuit d’amour à Iqaluit, qui met bien le ton pour le reste de l’œuvre, Irina admet déjà être « trop vieille » à 34 ans pour dire oui à la vie, ce qui n’est pas sans rappeler la posture qu’adopte la narratrice d’Une deuxième chance pour Adam, un autre roman de Felicia Mihali a fait paraître aux éditions Hashtag, en 2018. Celui-ci mettait en scène une femme près de la retraite, dont le quotidien était formé d’une multitude de luttes minuscules visant à s’arroger un espace de liberté personnelle. Dans un monde où les femmes sont trop souvent emprisonnées dans le rôle de garde-malades, ou ce que la critique anglophone appelle le travail du care, ce travail ronge fréquemment les forces des personnages de Mihali. Ses narratrices finissent le plus souvent par prendre leur revanche sur les hommes de leur entourage en laissant constamment planer un doute sur leur engagement, et sur le degré auquel elles consentent à se rendre disponibles pour leurs partenaires.



Cette dynamique assez unique contribue à expliquer pourquoi les œuvres de Mihali qui mettent en scène des histoires d’amour ne le font jamais sur le ton du « chick lit », ou de la littérature à l’eau de rose.



Une nuit d’amour à Iqaluit n’échappe pas à la règle. Les relations qu’Irina entretient avec un policier de la communauté produisent effectivement une impression de malaise, qui ne fait que se renforcer à mesure que l’on progresse à travers la lecture. Depuis son arrivée dans le grand nord jusqu’à l’aube de son retour à Montréal, la narratrice ne cesse d’être courtisée par un homme dont elle rejette plusieurs fois les avances, sans parvenir à lui faire respecter sa décision de ne pas nouer une relation avec lui. Même si elle admet ressentir une certaine attirance envers ce policier, la curiosité d’Irina se voit sans cesse concurrencée par sa volonté très appuyer de conserver son indépendance.



Sans qu’elle ne l’explique clairement, la méfiance prononcée dont elle témoigne vis-à-vis de celui qui deviendra, malgré tout, son partenaire, trouve sans doute son origine dans un phénomène que l’on observe chez les autres personnages féminins de Mihali, qui sont presque toujours trop sollicitées par le travail du care pour conserver l’énergie dont elles auraient besoin pour prendre soin d’elles-mêmes.



Cet aspect de l’œuvre a particulièrement attiré mon intérêt, dans la mesure où il fait apparaître, de façon très subtile, les pratiques culturelles qui contribuent à expliquer pourquoi la parité hommes-femmes, loin d’être atteinte en 2021, a en réalité connu un recul important avec la crise sanitaire, laquelle a fait reporter davantage sur les femmes que sur les hommes le travail du care.



Ce roman poursuit également un travail de réflexion que Felicia Mihali avait déjà esquissé dans un roman qu’elle a fait paraître aux éditions Hashtag en 2019, Le tarot de Cheffersville, portant sur les rapports qui unissent les communautés autochtones situées au nord du Québec non seulement avec le reste de la province, mais aussi avec le reste du monde. L’année que l’autrice a passée comme enseignante dans le cercle arctique se ressent de manière très concrète dans son écriture, qui parvient à décrire avec une grande efficacité à quoi ressemble la vie dans ces régions dont on entend trop peu souvent parler dans les médias, et auxquelles les programmes scolaires ne nous introduisent que très superficiellement.



Les difficultés qu’éprouve la narratrice de s’habituer au froid polaire font, sans surprise, l’objet de nombreuses évocations, dans un roman où la célèbre rigueur de l’hiver canadien prend une toute autre signification que celle que l’on connaît dans le sud du Québec. Dans une région où l’éloignement des grands centres urbains est loin d’être le seul défi à surmonter si l’on veut survivre aux longs mois de gel, l’absence de lumière, l’isolement, le sentiment qu’il faut sans cesser lutter contre ses éléments pour assurer sa survie, s’avèrent être des aspects impossibles à oublier du quotidien :



« Les maisons semblaient trempées dans la créosote, figées comme les figurines dans une boule de cristal. Les gens vivaient dans un état de siège, guettés par un perpétuel danger. L’air mousseux, rempli de givre était devenu irrespirable, compact. Je n’avais jamais éprouvé ce sentiment que les gens pourraient mourir si facilement et si cruellement. Nous vivions dans une ville fantôme, sans humains en vue pour des heures et des heures. » (Mihali, Une nuit d’amour à Iqaluit, p. 189)



À travers les conversations presque toujours hostiles de ses protagonistes qui vivent la « nuit d’amour » que l’on retrouve dans le titre, Mihali n’hésite pas à aborder des sujets sensibles touchant à la difficulté d’entamer un dialogue interculturel efficace avec les communautés du grand nord, qui parviendrait à dépasser la sphère des stéréotypes. C’est ainsi qu’elle fait dire à l’amant d’Irina que les représentations culturelles qui portent presque exclusivement leur attention sur les violences que subissent les femmes autochtones peuvent elles-mêmes devenir problématiques, dans la mesure où elles contribuent à enfermer ces femmes dans une position de victimes, en niant leur capacité d’agir sur le monde et sur leur communauté :



« Beaucoup de femmes se sentent diminuées par la manière dont les gens les représentent ailleurs, les artistes, les fonctionnaires du gouvernement. On ne parle que des victimes, mais presque jamais de ces femmes fortes qui tiennent ensemble la famille. » (Mihali, Une nuit d’amour à Iqaluit, p. 85)



La chasse représente un autre sujet sensible que Mihali aborde avec tact, en soulevant avec humour les malentendus qui peuvent survenir entre ces communautés de l’Arctique et le reste de la population québécoise, dont les sensibilités environnementales se marient mal avec certaines de leurs pratiques culturelles. Le fait de « frapper les phoques sur la tête pour leur donner une mort rapide et sans agonie » (p. 247), fait ainsi l’objet d’une condamnation « unanime » de la part de gens qui entretiennent une vision sans doute un peu trop naïve des relations que les premiers peuples sont censés entretenir à l’égard de leur environnement naturel. Comme le rappelle la romancière, supposer que ces relations sont toujours idylliques, et qu’elles s’effectuent sans violence – voire sans ne saurait y exister aucun conflit entre les membres d’une même communauté autochtone –, cela revient trop souvent à reconduire les lieux communs que les auteurs occidentaux ont longtemps associés au mythe du « bon sauvage », qu’il faut résolument mettre de côté si l’on souhaite se familiariser davantage avec les populations qui habitent le grand nord.



Il ne reste qu’à souhaiter que, dans les prochaines années, ces problématiques continuent de faire l’objet de discussions, comme cela a été le cas après la sortie du documentaire très remarqué Je m’appelle humain, en novembre 2020, qui met en scène le parcours biographique de Joséphine Bacon.


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Le tarot de Cheffersville

Le commentaire de Martine :

Un grand roman, qui nous révèle la réalité de la vie, de ses amitiés qui s'installent dans des moments de la vie où nous sommes perdus.

Felicia Mihali, nous instaure dans une histoire qui est remplie de légendes, des mythes et d'histoires transmises de génération en génération. C'est dans ces rencontres faites tout au long du récit que l'environnement où se retrouve Augusta, prend tout son sens. Entre la taïga, la Tzigane, les prostitués, le Juif et la paysanne, qui seront des rencontres qui influenceront sa tranquillité et qu'il lui sera devenu impossible de s'investir, puisque chaque protagoniste vient bouleverser la paix.

Ce docu-roman est tellement bien présenté qu'il est d'une beauté saisissante, l'authenticité se ressent lors de la lecture puisque l'auteur n'hésite pas à mettre des notes de bas de page. Lors de ma lecture, je me retrouvais entre la tristesse et la joie, elle est venue me toucher par l'histoire, le style, la simplicité, les personnages, la sensibilité, c'est un talent exceptionnel pour une auteure de venir transmettre l'importance du mystère dans nos vies.
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La bien-aimée de Kandahar

Très consterné par la lecture de ce roman, présenté et titré comme une histoire d'amour. Je la cherche encore. Le livre s'apparente plus à un collage parfois chaotique d'opinions sur des sujets divers, sans trop de connections entre eux. Une écriture très sage, appliquée, au premier dégrée, qui offre une voix unique malgré deux interlocuteurs, un peu comme un marionnettiste conversant avec sa poupée.

Les observations sont rarement pertinentes, c'est souvent du déjà vu et entendu. Beaucoup de name-dropping, une intrigue inexistante, des personnages inaboutis. Dommage, j'aurais tant souhaité aimer ce livre.

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La bien-aimée de Kandahar

Le dernier roman de Felicia Mihali s’inspire d’un fait divers. En 2007, le magazine MacLean’s a fait apparaître sur sa page de couverture la photographie d’une étudiante. Cette parution a incité un sergent canadien à lui écrire depuis l’Afghanistan pour la complimenter sur sa beauté naturelle. Le magazine a par la suite servi de relais à une correspondance entre la jeune femme et le soldat, jusqu’à la mort de ce dernier survenue peu après lors d’une attaque à la bombe.



Le roman de Mihali, originellement paru en 2012 sous le titre The Darling of Kandahar, effectue une mise en récit de cette correspondance. Celle-ci est narrée du point de vue de l’étudiante dont la vie se réduit à peu de choses: le divorce de ses parents, deux relations sans amour, ainsi que le souvenir des pièces qu’elle montait à l’école avec sa meilleure amie Marika.



La simplicité du schéma actantiel tend à aplanir ces drames de la vie quotidienne tout en favorisant les analogies entre différentes périodes historiques dont les ressemblances sont loin d’être évidentes. Ainsi, sous l’écriture blanche d’une narratrice qui déplore que la journaliste qui lui donne une entrevue de cover girl ne l’interroge que sur ses goûts alimentaires, sa couleur préférée et les adjectifs qu’elle utiliserait pour décrire sa personnalité, la fondation de Ville-Marie devient un leitmotiv sur l’arrière-plan duquel se dessine la destinée tragique du soldat Yannis, à qui la narratrice Irina regrettera d’avoir posé tant de questions sur son quotidien en temps de guerre, sans même songer à lui demander ce qui l’a poussé à partir en Afghanistan.



On devinera que le thème principal exploré par Mihali porte sur l’incommunicabilité qui régit les relations interpersonnelles, davantage que sur les malentendus que favorisent les rencontres en ligne. Cela implique que le questionnement qui sous-tend ce roman est de nature identitaire, car, si c’est par hasard que l’étudiante qui a inspiré la Bien-aimée de Kandahar était, comme Mihali, d’origine roumaine, il n’est pas anodin que cette auteure en ait fait, à son instar, une spécialiste de la littérature postcoloniale.



Le récit permet de mettre en évidence le fait que ces difficultés à communiquer efficacement sa pensée proviennent d’une dichotomie entre un sentiment que l’on se forge de sa propre identité, laquelle relève le plus souvent de l’ordre de l’implicite, et l’image que l’on en projette. Et cependant, il serait vain de séparer tout à fait ces deux instances dans la mesure où l’image que l’on projette ne cesse de modifier notre vie intérieure, puisqu’un individu ne représente en fin de compte qu’un «amas de connexions avec [ses] semblables».



On comprendra alors la détresse qu’elle ressent face aux questions de la journaliste du magazine qui fera d’elle une cover girl. Plutôt que de lui demander d’expliquer ce que représentaient les Versets sataniques de Salman Rushdie pour le paradigme littéraire de la fin du 20e siècle, ou encore sur les fantasmes infantiles qui la poussaient à incarner le rôle de Jeanne Mance, tandis que Marika incarnait celui de Maisonneuve; celle-ci l’a contrainte à décrire son identité à partir de questions futiles auxquelles elle-même ne connaissait pas la réponse.

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La bien-aimée de Kandahar

Un roman à lire comme fête littéraire des rencontres qu’il permet !
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Dina

Chère lectrice, Cher lecteur,



J’ai reçu en service de presse Dina de Felicia Mihali. J’ai déjà lu de cette autrice Une nuit d’amour à Iqaluit et j’avais bien apprécié l’histoire. D’ailleurs, je tiens à remercier les Éditions Hashtag pour l’envoi de Dina en service de presse.



Que raconte Dina?



Dina est retrouvée morte. C’est une Roumaine bien ordinaire qui a été battue par son amie (la narratrice) dans son enfance. Elle a également été violentée par un douanier serbe, Dragan, qui en a fait sa maîtresse en l’obligeant à vivre avec lui. La narratrice raconte l’histoire de cette femme dont la destinée est marquée par la tragédie; elle aborde en même temps la condition féminine en Roumanie. Elle traite aussi de la chute du communisme et de la relation entre les Roumains et les Serbes. Il est question de l’effondrement d’un monde et cette tragédie a également un nom : Dina. Qui l’a tuée? Pourquoi? Pour qui? La narratrice appelle sa mère quotidiennement pour apprendre au compte-goutte ce qui est arrivé à sa meilleure amie. La narratrice est à Montréal, bien loin de son pays d’enfance, de ses racines. Elle plonge dans ses souvenirs pour essayer de percer le mystère de cette mort. Y arrivera-t-elle?



Ce que j’ai pensé de Dina?



Je ne connais presque rien de la vie en Roumanie. Je suis bien loin de ce que ce peuple a vécu, de son histoire, de ses valeurs, de ses croyances. Je ne savais pas que les Roumains avaient dû vivre sous la domination serbe. Le mot que je retiens de cette histoire s’avère domination. La domination d’un peuple sur un autre peuple, la domination masculine par le biais de la loi du père, la domination d’une enfant sur une autre enfant, la domination de la belle-famille sur une épouse, la domination d’un régime sur un autre. Comme la narratrice le mentionne à propos de la relation entre le violent Dragan et la douce Dina :



«Plus les deux vieillissaient ensemble, plus ils comprenaient que leurs vies n’avaient rien en commun et qu’ils ne pourraient jamais se réconcilier. Leur relation serait toujours antagoniste, une relation entre un grand pouvoir et une petite colonie, entre un vainqueur et un vaincu. Ils n’avaient qu’à vivre autant que possible sous les auspices de leur rencontre, causée par la guerre, par la chute du communisme, par cinquante années d’erreurs, de disette et d’humiliations. Chacun devait se résigner à sa portion de malheur. Ni le dominé ni le dominant ne pouvaient être heureux. Chacun tirait une faible revanche des tourments de l’autre, mais se réveillait chaque matin encore plus seul et plus misérable.» (p. 148)



Ce livre parle aussi d’amitié. L’amitié entre deux femmes qui ont grandi ensemble, mais qui ont suivi un parcours différent. L’une sera éduquée, l’autre deviendra coiffeuse. L’une quittera son pays pour aller travailler au Canada, l’autre devra traverser la frontière entre la Roumanie et la Serbie pour gagner sa vie. Lors d’une retrouvaille, la narratrice remarque que : «Nous avions été séparées trop longtemps pour déclarer que nous nous manquions ou que nous allions nous manquer». (p. 164) Mais, la narratrice voudra comprendre ce qui est arrivé à cette amie d’enfance, à cette femme marquée par la domination, par la vie.



J’ai été très bouleversée par ce récit. Je dois avouer que je lis très peu des thrillers. Mais là, j’ai été happée. Je voulais comprendre ce qui était arrivé à Dina. Je l’ai plainte dès le début.



Devez-vous lire ce bouquin? Oui, car c’est une ouverture sur un monde inconnu, peut-être, pour la lectrice ou pour le lecteur nord-américain. Cette histoire fait mal car elle parle de l’être humain, elle évoque des humiliés, des résistants.



Mais encore, si vous ne connaissez pas Felicia Mihali, voici la présentation que l’on retrouve sur le site de la maison d’édition Hashtag.



«Journaliste, romancière, et professeure, Felicia Mihali vit présentement à Montréal. Après des études en français, chinois et néerlandais, elle s’est spécialisée en littérature postcoloniale à l’Université de Montréal, où elle a également étudié l’histoire et la littérature anglaise. Depuis son premier roman, Le pays du fromage, paru en 2002, elle a écrit sept livres en français et deux en anglais. Présentement, Felicia partage son temps entre l’écriture dans les deux langues et l’enseignement de l’histoire.»



Que pensez-vous de Dina?



https://madamelit.ca/2021/09/06/madame-lit-dina-de-felicia-mihali/
Lien : https://madamelit.ca/2021/09..
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Le tarot de Cheffersville

Dans le subarctique canadien, Augusta arrive en avion pour être professeure de français dans la petite ville de Cheffersville. Rapidement, elle se trouve confrontée à des problématiques post-coloniales entre elle et ses petits élèves innus. Les difficultés s’enchaînent. Pendant ce temps dans la grande taïga, Tshakapesh, le grand ancêtre innu, ère en tombant sur différents personnages hauts en couleur. Cette année, il va faire la rencontre d’une vieille tzigane et découvrir son tarot divinatoire au cours de leurs pérégrinations.

J’ai beaucoup aimé ce docu-roman. Avant de stimuler mon âme de lectrice, il a stimulé mon âme de journaliste. Au cœur des problématiques post-coloniales entre Innus et Blancs, cet ouvrage est une source de questionnements passionnants.

Inscrit dans le présent, comment joindre les deux bouts lorsque l’on veut enseigner une culture si loin de celles de jeunes innus alors que la leur s’efface petit à petit ? Nous aussi, nous avons envie d’aider Augusta à briser le mur entre elle et ses élèves, nous cherchons des solutions avec elle face à ce passé dont les erreurs sont trop lourdes à gérer aujourd’hui, vaincre ce rapport de force.

L’auteure nous fait aussi comprendre l’envers du décor, les injustices qui se sont traînées trop longtemps dans les réserves. Alors comment faire confiance lorsque l’on a été opprimé des années durant par les Blancs ?

Ce genre d’ouvrage pourrait faire réfléchir des heures à travers sa narration amenée avec beaucoup de justesse. L’auteure nous immisce au cœur de plusieurs cultures que tout oppose. C’est un roman qui sublime la beauté de la diversité culturelle, la bienveillance, et l’idée selon laquelle la haine ne triomphe jamais. Impactant!
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Le tarot de Cheffersville

Comment penser le vivre ensemble et ne pas altérer son identité? Comment l’accorder face à la diversité inhérente à l’histoire de chaque personne ? Toute personne qui n’est pas originaire doit-elle subir les crimes de l’histoire?

Un pas essentiel, pour l’écrivaine Felicia Mihali, car elle a osé, à travers son docu-roman, toucher le point focal des difficultés permanentes dans les sociétés multiculturelles. En témoignent les récits véhiculés dans son ouvrage, à partir duquel, elle rejoint, de manière indirecte, l’histoire même du peuple canadien.

La première page évoque le peuple innu, puis le bilinguisme canadien ainsi que la question de la différence sexuelle. À partir de cette mise en route, on peut déjà avoir une idée de ce que sera le livre.

Le tarot de Cheffersville fait partie du cycle ouvert en 2007 par Felicia Mihali, avec Sweet, Sweet China. La question fondamentale est celle de la quête identitaire d’Augusta, personnage principal du roman. Par son caractère fouillé et fictif, ce docu-roman est, à mon sens, un ouvrage particulier issu d’une expérience de séjour dans le Grand Nord québécois.




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