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Menaud, maître-draveur de Félix-Antoine Savard
Les tentes avaient été dressées une quinzaine de jours auparavant par les draveurs du "temps de glace". On appelle ainsi, au pays du Québec, ceux qui, dès la première fonte des neiges vont ouvrir les chenaux des rivières et préparer la grande drave. C"est, de toutes, la corvée la plus dure et la plus hasardeuse. Les hommes ont à se battre contre le froid, la neige et l'eau. D'une étoile à l'autre, ils doivent dégager les billes encavées dans la glace, courir sur le bois en mouvement, s' agripper aux branches, aux rochers de bordure quand l'eau débâcle et qu'elle veut tout emporter comme une bête en furie. |
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Menaud, maître-draveur de Félix-Antoine Savard
___ L'avenir s'avance par des sentiers impénétrables, dit un Ancien. Mais, tu sais , maintenant . Délivre la liberté. ___ Où est -elle? dit Alexis. ___ En toi même . On commence à vaincre dès qu'on commence à vouloir. ____ Je souffre , et je veux, s'écria Alexis. ____Désormais, souviens-toi; et marche. Avant par tout ! |
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Menaud, maître-draveur de Félix-Antoine Savard
C’est la drave. Menaud, son fils et leurs compagnons font face à un embâcle. Soudain la rivière se met à frémir, à gronder, à se hérisser. La bête se dresse et à travers ce tumulte, Menaud entend un chant : « Nous sommes venus il y a trois cents ans et nous sommes restés ! » « Nous avons marqué un plan du continent nouveau, de Gaspé à Montréal, de Saint-Jean d’Iberville à l’Ungava, en disant : « Toutes les choses que nous avons apportées avec nous, notre culte, notre langue, nos vertus et jusqu’à nos faiblesses deviennent des choses sacrées, intangibles et qui devront demeurer jusqu’à la fin. » « Car nous sommes d’une race qui ne sait pas mourir ! » |
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Menaud, maître-draveur de Félix-Antoine Savard
Le passé? Ils accablent leurs morts de belles paroles pour n'avoir pas à les entendre.
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Menaud, maître-draveur de Félix-Antoine Savard
Et soudain... « Une clameur s’éleva ! Tous les hommes et toutes les gaffes se figèrent immobiles...ainsi les longues quenouilles sèches avant les frissons glacés de l’automne. Joson, sur la queue de l’embâcle, était emporté, là-bas... Il n’avait pu sauter à temps. Menaud se leva. Devant lui, hurlait la rivière en bête qui veut tuer. Mais il ne put qu’étreindre du regard l’enfant qui s’en allait, contre lequel tout se dressait haineusement, comme des loups quand ils cernent le chevreuil enneigé. Cela s’agrippait, plongeait, remontait dans le culbutis meurtrier... Puis tout disparut dans les gueules du torrent engloutisseur. Menaud fit quelques pas en arrière ; et, comme un boeuf qu’on assomme, s’écroula, le visage dans le noir des mousses froides. » |
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Menaud, maître-draveur de Félix-Antoine Savard
___L'avenir s'avance par des sentiers impénétrables,dit un ancien. Mais tu sais maintenant. Délivre la liberté . ___Où est -elle ? dit Alexis. ___En toi-même. On commence à vaincre dès qu'on commence à vouloir. ____Je souffre , et je veux, s'écria Alexis . _____Désormais , souviens-toi, et marche. Avant partout ! |
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Menaud, maître-draveur de Félix-Antoine Savard
Et l'on n'entendait plus que le frappement du ros qui tassait la tissure entre les fils de la chaîne. Un rythme la berçait de droite à gauche. De ses deux bras harmonieusement levés l'un après l'autre, elle semblait battre la mesure à quelque mystérieuse musique, cependant qu'à la trame de cette lourde étoffe grise, elle insérait toute la chaleur de son être pour son père, pour Joson, qu'elle protégerait ainsi contre le froid qui glace là-bas le coeur des hommes. Et c'était sa manière à elle de dire à chaque coup de marchette: « Une race qui ne sait pas mourir!» Ce qu'elle faisait là, sa mère et bien d'autres femmes l'avaient fait avant elle, entremêlant aux laines de subtils sentiments de force, de résistance, et des prières même. |
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Le barachois de Félix-Antoine Savard
À l'aigle souverain est réservé le privilège de rythmer le sublime dialogue de la terre et du ciel.
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Menaud, maître-draveur de Félix-Antoine Savard
Mais les paroles de Marie sonnaient encore, sonnaient autour de lui comme les grelots d'une carriole de noces: « Ce serait plaisant de vivre icitte... tranquille!» Avant de prendre la dépente de la côte, il s'arrêta pour regarder la lumière de la maison promise; mais une bourrasque venue de la montagne lui jeta au visage un air froid, comme un reproche. |
Qui sont les parents de Circé?