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Critiques de Fernanda Garcia Lao (11)
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La peau dure

Violeta est une comédienne en ex-devenir, refoulée des castings auxquelles on veut bien l’inviter, par pitié ou par dépit. Une vie pas folichonne, vendeuse le jour, et les rencontres théâtrales le soir ne sont guère plus engageantes, surtout avec la troupe d’amateurs avec qui elles trainent ses phrases et ses textes. D’ailleurs le roman s’en ressent, je pressens l’ennui et la vie de Violetta m’indiffère un peu. Sauf que… Oui, parce que dans tout roman il y a un sauf, comme dans une putain de vie. C’était avant cet accident banal de la vie. La main blessée, mais ce n’est rien à côté de son âme, déchet. Elle ira voir un médecin quand les Urgences seront moins remplis – de toute façon le casting d’Urgences en version argentine est déjà bouclé – ou quand elle aura le temps ou l’argent.



Je suis en Argentine, là-bas tout en bas, près d’Ushuaia, j’aime bien les rimes en ah, comme la pina colada qui ne se boit pas dans la pampa. Je me sers un diplomatico, dans mon rhum pas de coco, les rimes en oh j'aime aussi comme tes noix de coco. Donc imagine, et regarde cette mer déchainée d’un bleu et d’un noir qui se fracasse contre les côtes et le vent. Ce bleu, ce noir, c’est exactement la couleur de la main de Violeta. Silence, on tourne. Moteur, action. Coupez ! Oui, j’ai dit coupez. La main de Violeta. Une greffe de la main et Violetta entame une nouvelle vie, une seconde carrière.



Une main qu’elle ne semble plus contrôlé, le roman devient fougueux, intriguant. D’où vient cette main ? La main de Dieu aurait dit un certain Diego. De quelle femme morte provient-elle ? Violeta change presque de personnalité au contact de cette main. Ou est-ce la main qui a justement plus de personnalité que Violeta. Une nouvelle aura l’entoure – la main, et par conséquent Violeta qui ne fait que suivre la trajectoire de cette dernière. Elle devient belle, intéressante. Les hommes la regardent, l’invitent, les castings s’enchaînent, elle devient réussite. La main greffée a le pouvoir et elle le sait ! D’ailleurs Violeta la personnalise aisément comme une entité intruse de son corps mais lui semble reconnaissant de ce nouveau climat dans sa vie.



Fernanda Garcia Lao signe ici son troisième roman, aux belles éditions « La Dernière Goutte », un peu étrange des notes burlesques teintées d’humour et de cynisme. Elle s’interroge donc sur le pouvoir d’un greffon, sur sa force ou sa faiblesse sur la personnalité du greffé et s’amène à s’interroger sur son donneur, mort mais dans quelle circonstance. Une quête dans la quête de reconnaissance.
Lien : http://memoiresdebison.blogs..
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La parfaite autre chose

Fernanda Garcia Lao nous entraine dans une drôle d'odyssée, la vie chaotique d'une famille dans un village argentin, une famille qui a été fondée sur un malentendu et sur laquelle règnent un climat de névroses, de révoltes et de crimes, et une aspiration énigmatique symbolisée par "La parfaite autre chose". le roman est construit comme un puzzle. Les narrateurs changent à chaque chapitre et de nombreux évènements se télescopent. Tous ont leurs obsessions, leurs tourments. le style de Fernanda Garcia Lao est décapant, très libidineux aussi. Elle a le sens de la formule et de l'absurde.
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La peau dure

Violetta vit à Buenos Aires avec son fils, un adolescent. Elle répète l'une de ses pièces mais l'un des acteurs a tenté de se suicider. Elle se rend sans succès à un casting pour un rôle dans une publicité. Elle a tourné le dos à tous ses amis, s'enfonce dans la crise, boit du gin, du whisky, de la vodka... Et autour d'elle c'est également le chaos et très souvent le désespoir. Violetta survit difficilement grâce à son travail dans un petit magasin; mais un matin, en levant le store, elle se blesse à la main et la douleur enfle. Elle n'a pas payé les cotisations de sa mutuelle, n'a plus d'argent pour acheter des médicaments et refuse d'aller dans un hôpital public. Elle finit quand même par se rendre aux urgences où l'attente est ... interminable. Elle repart et la douleur persiste à tel point qu'elle perd connaissance et se retrouve dans un lit d'hôpital. Très vite une greffe de la main est inévitable. Mais quelle est cette nouvelle main qui semble agir avec autonomie, ayant gardé le caractère et la mémoire de sa donatrice, et modifier le cours de sa vie. Celle d'une jeune victime ou d'une criminelle ? Cette main l'emmène-t-elle sur des pistes, vers des personnes qu'elle a connues ? A moins que ce ne soit que les effets de l'extrême confusion dans laquelle vit Violetta. Un roman très réussi.
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La peau dure

Je découvre les éditions de "La Dernière Goutte" avec ce livre. Cette maison d'édition strasbourgeoises aime "ce qui claque, ce qui fuse, ce qui gifle et qui griffe et qui mord. Les contes cruels, les dialogues acides" ainsi que les images "irréelles, contrastées, vénéneuses et absurdes". En bref, des "textes aux aux univers forts, grotesques, bizarres ou sombres."



Alléchant n'est-ce pas ?



Quoi qu'il en soit, pari tenu ! "La Peau dure" mérite sans aucun doute ces lignes avantageuses. C'est un texte fort et étrange autour d'une main greffée à la suite d'un accident idiot. Une main qui bientôt semble dotée de sa propre personnalité, une main autonome que la narratrice nomme "Compatible".



L'auteur travaille un sentiment universel et reconnu (l'envie de connaître le donneur), mais l'inscrit dans une enquête criminelle (Compatible aurait été assassinée). C'est un texte fiévreux et noir, parfois désespéré. La main vient combler l'existence vide de Violeta, actrice dans l'impasse. Paradoxalement, c'est à travers ce corps étranger qu'elle parvient à s'accepter. La résolution de l'énigme (qui est Compatible ?) permet d'un coup l'acceptation de la greffe et la réconciliation de Violeta avec le monde.



Quant au style, il claque effectivement. Le langage est cru, parfois violent. Voilà qui donne très envie de découvrir le reste du catalogue, en tout cas.



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La faim de Maria Bernabe

Maria a toujours été une enfant obèse et malheureuse. Fille unique délaissée par ses parents et dans l'incapacité de se faire des amis, elle souffre terriblement de solitude. En proie à la rage, face à un monde où elle ne trouve pas sa place, elle décide de manger encore plus pour se faire exploser. Elle décide que son corps parlera pour elle, qu'il sera son discours. Néanmoins sa vie s'écoule de façon monotone et sans grand désordre jusqu'à l'arrivée de ses nouvelles voisines. Il s'agit d'une mère et de ses ravissantes jumelles. Maria va les observer, les épier et leur vouer aussitôt une haine féroce. Dés lors son univers commence à se fissurer. Maria devient violente, incohérente jusqu'à sombrer dans la folie.

J'ai lu avec plaisir trois quart du roman jusqu'à ce que Maria s'enfonce dans le délire schizophrénique le plus total . Là, ça m'a franchement barbée: impossible de démêler le vrai du faux et le récit, pour moi, a fini par perdre tout son intérêt . J'ai quand même terminé le livre car c'est bien écrit.
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La peau dure

D'un tempérament un peu original, c'est une artiste, un peu portée sur la boisson, Violetta mène une vie ordinaire jusqu'au jour où elle subit une greffe de la main. A la suite de cette intervention, elle ne souhaite pas bénéficier d'un suivi psychologique et le processus d'appropriation de sa nouvelle main ne se passe pas tout à fait normalement: Violetta fantasme et se met en tête que sa nouvelle main garde la mémoire de son ancienne propriétaire. Elle décide de se laisser guider par celle ci et bascule alors dans une espèce de délire. Elle se lance dans une quête absurde pour découvrir à qui appartenait cette main, la folie finit par pointer son vilain museau et ça tourne mal. Franchement ce roman ne m'a pas emballée: j'ai apprécié le début car si Violetta a la peau dure, Fernada Garcia Lao, elle, a la dent dure. Tous les proches de Violetta sont croqués avec un humour féroce: des amis de son fils aux bouffons de sa troupe de théâtre ( l'auteur est comédienne et dramaturge) en passant par sa patronne loufoque, tous passent à la moulinette et c'est vraiment réjouissant. Sinon je n'ai pas bien compris le sens profond de cette histoire, la métaphore pour moi est restée obscure. J'ai eu l'impression que ce roman est construit de la même façon que " La faim de Maria Bernabé ": au début tout va à peu prés puis ça dérape pour finir par sombrer dans la folie. C'est un peu décevant.
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La peau dure

Fernanda Garcia Lao signe avec "La peau dure" son troisième roman. Elle nous raconte dans un style toujours aussi décapant la vie de Violeta. Violeta est une femme à la beauté surprenante qui stagne dans sa vie. En effet son fils ne lui prête aucune attention, elle n'arrive pas à percer en tant qu'actrice et son boulot de vendeuse l'ennuis. Mais sa vie change du tout au tout lorsqu'elle se fait greffer une nouvelle main. Celle-ci semble doter d'une volonté propre et d'un passé tragique. Violeta décide de découvrir à qui cette main appartenait. S'engage alors une enquête plutôt surprenante.

Assurément le meilleur de ses trois romans. Une auteure qui sait nous captiver. Alors n'hésiter plus et plonger vous dans cette univers hors du commun.



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La faim de Maria Bernabe

Un texte à la première personne est toujours une confession.



Ainsi María va se raconter avec violence et sarcasme, avec douleur. L’adolescente se rend obèse. María se détruit en dévorant, en engloutissant, en mâchant car María a besoin d’amour mais personne ne lui en donne. La petite fille ne réussit pas à contenir ses appétits, la femme abime son être dont le volume n’est qu’excès. Elle se raconte, vue et ressentie de l’intérieur dans un langage fort et des mots durs. Son corps est le champ où se disputent les batailles de son identité, de ses désirs, de la reconnaissance qu’elle recherche désespérément. C'est tout le monde maudit qui rentre par cette bouche. Son corps supporte et reproduit les tragédies de sa vie.



Elle parle de sa famille et de ses relations toujours difficiles avec ses membres. Elle déshabille sans pitié, avec une ironie cruelle, les entrelacs de leur existence hypocrite, María méprise, María se tait, María dévore.

María vit pour se perdre, pour s’évader de son corps, pour s’en aller, pour se neutraliser, pour échapper à la souffrance et aux sentiments. Ce n’est pas le roman d’une grosse qui aime se bâfrer,elle n'a pas le plaisir de la nourriture mastiquée et avalée. Elle mange avec une compulsion angoissante, María mange pour mourir. Elle engloutit le combustible nécessaire pour atteindre l'éclatement qui la désagrègera en fragments dispersés. Une forme très éloquente de disparaître sans se rendre au silence, une déclaration de guerre et une volonté résolue de résistance à l'invisibilité.

Ce roman possède une violence sordide et très amusante en même temps, ce qui donne un mélange étrange.
Lien : http://www.canalblog.com/cf/..
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La faim de Maria Bernabe

Le préambule par lequel la narratrice nous alerte sur la relative fiabilité de ses souvenirs met en appétit, donnant le ton -ou devrais-je dire le goût ?- de ce récit singulier.



D'aussi loin qu'elle s'en souvienne, María Bernabé a toujours été grosse. Fille unique d'un riche couple d'argentins, elle a aussi toujours été seule. Son père, un coureur de jupons dont le travail nécessitait de nombreux déplacements, était constamment absent. La mère, dépressive, alcoolique, affichait envers elle au mieux une vague indifférence. A l'école, son obésité en faisait une exclue.



Réalisant rapidement que ses tentatives pour se lier de sympathie avec ses semblables étaient vouées à l'échec, elle opposa au rejet des autres un système de défense qui finit par devenir un mode d'existence. Détestable, aigrie, envieuse, elle porta dès son enfance, plombée d'une maturité intensément pessimiste et d'une insatiable faim comblant une immense détresse affective, un regard malveillant sur le monde.

"Je suis vraiment écœurante"

Lorsqu'une famille nord-américaine s'installa près de chez elle, composée d'une mère célibataire et de ses deux filles, jumelles à la blondeur charmeuse enchaînant les victoires dans les concours de beauté, elle focalisa sa haine, en même temps qu'une malsaine fascination, sur ces dernières.



A présent devenue adulte, María Bernabé se consacre à son ultime projet : se faire exploser. A cet effet, cloîtrée dans son appartement, elle ingurgite des quantités astronomiques de nourriture qu'elle se fait livrer, et reçoit chaque mois à date fixe la visite d'une femme dont nous ignorons l'identité, mais qu'elle semble connaître depuis longtemps.



Le roman alterne entre les étapes de ce suicide à petit feu, que l'on devine être un cri au monde, une façon de s'imposer pour exister, et la relation d'un passé au fil duquel, peu à peu, se dessinent les contours d'une folie dans laquelle nous basculons avec María.



Sa voix, déroulant le récit en une osmose de sarcasme, de burlesque et de désespoir, nous convie dans le labyrinthe d'une logique qui se fait de plus en plus macabre et fantaisiste. Son histoire est émaillée d'épisodes dont la dimension se fait parfois surréaliste, le lecteur s'interrogeant sur la véracité des événements alors décrits, comme issus d'un conte macabre. Ses proches, qu'elle y met en scène, semblent n'avoir pour but, par leur comportement pervers ou décalé, que de contribuer au caractère cauchemardesque du tableau.



La réalité, devenant de plus en plus fluctuante, semble peu à peu lui échapper...

"Ma vie n'existe que dans ma tête. Je ne suis pas ici. Je suis un être impossible dans une chambre agencée pour une farce, au jardin étonnamment irréel"

Ajoutés à l'originalité de son histoire et de son atmosphère, "La faim de María Bernabé" bénéficie d'une écriture énergique au phrasé justement rythmé qui lui confère intensité et éloquence, rendant la lecture fluide et prenante.



Une découverte étonnante d'un roman singulier et très réussi.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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La parfaite autre chose

Traduit par Isabelle Gugnon

Ce livre a été édité en Argentine en 2007 et traduit en français en 2012.

Cette jeune auteur, née en 1966 à Mendoza est aussi comédienne et dramaturge.

Elle nous livre un livre polyphonique et nous allons découvrir plusieurs personnages et chacun va nous raconter sa version de la vie de cette famille argentine.

En exergue du roman, l’auteur a placé une belle phrase de Georges Perec « en dépit des apparences, ce n’est pas un jeu solitaire : chaque geste que fait le poseur de puzzle, le faiseur de puzzle l’a fait avant lui ».

Celui-ci veut dire que chaque vie est liée à une autre et même si certains personnages revendiquent une solitude et une vie de solitaire, ils restent liés au passé ou au présent.

Nous nous y perdons quelquefois mais chaque personnage apporte sa pierre à l’histoire de cette famille. Nous parcourons le pays et chacun apporte sa vision de la vie. De beaux portraits de personnes peuplent ce roman. De belles pages décrivent aussi la nature ou la ville.

Bref une belle découverte.

J’ai beaucoup aimé aussi l’annonce qu’en fait l’auteur : « la parfaite autre chose » est une narration polyphonique avec des tendances à l’onanisme. Chaque personnage altère, complète ou contredit le reste du récit. Il y a surdose d’auto-indulgence. Lecteur, ne sois pas naïf »

Ce livre n’est d’ailleurs pas seulement une histoire familiale en Argentine, il décrit la vie et le ressenti de personnages, que ce soit des hommes ou des femmes. Et j’ai beaucoup aimé cette polyphonie qui nous permet de comprendre les relations de chacun, les ressentis de chacun vis-à-vis de l’autre.

Une découverte d’une auteure argentine.

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La peau dure

Un exercice de style, audacieux et curieux, qui interroge l’individu, ses pulsions et ses représentations. Chronique entière ici :
Lien : http://notesvagabondes.wordp..
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