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Citations de Fiodor Dostoïevski (3092)


Nous sommes tous, et très souvent, des demi-fous, avec seulement cette petite différence que les " malades " sont un peu plus fous que nous, parce que, là, il faut savoir distinguer la limite. Mais, c'est vrai, il n'y a presque pas d'hommes tout à fait équilibrés.

Troisième partie, Chapitre III.
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L'esprit pratique est une chose qui s'acquiert difficilement, et qui ne tombe pas comme ça du ciel. [...] Les idées sans doute courent les rues [...] et le désir du bien existe, encore qu'enfantin ; on peut même trouver de l'honnêteté, bien qu'il nous soit tombé ici une masse incroyable de gredins ; mais d'esprit pratique point ! L'esprit pratique a toujours du foin dans ses bottes.

Deuxième partie, Chapitre V.
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L’indigent, ce n’est pas à coups de bâton qu’on le chasse de toute société humaine, on se sert du balai pour l’humilier davantage et cela est juste, car il est prêt à s’outrager lui-même.
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L'homme le plus intelligent, d'après moi, c'est celui qui se traite d'imbécile au moins une fois par mois. Mais personne n'en est plus capable aujourd'hui. Autrefois, tout imbécile se rendait compte, une fois l'an au moins, qu'il était réellement un imbécile. À présent, c'est fini. Et l'on a tellement brouillé les cartes qu'il n'est plus possible de distinguer l'homme intelligent de l'imbécile. Ils l'ont fait exprès.
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Mais si je ne reconnais à personne le droit de me juger, je sais cependant que l'on me jugera, lorsque je ne serai plus un défenseur sourd et sans voix. Je ne veux pas partir sans laisser un mot en réponse - une parole libre et non contrainte - non pas pour me justifier, certes non ! Je n'ai de pardon à demander à personne, mais comme ça, parce que tel est mon bon plaisir.
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Non seulement je n'ai pas su devenir méchant, mais je n'ai rien su devenir du tout: ni méchant ni gentil, ni salaud, ni honnête - ni un héros ni un insecte. Maintenant que j'achève ma vie dans mon trou, je me moque de moi-même et je me console avec cette certitude aussi bilieuse qu'inutile: car quoi, un homme intelligent ne peut rien devenir - il n'y a que les imbéciles qui deviennent. Un homme intelligent du XIXe siècle se doit - se trouve dans l'obligation morale - d'être une créature essentiellement sans caractère ; un homme avec un caractère, un homme d'action, est une créature essentiellement limitée. C'est là une conviction vieille de quarante ans. Maintenant j'ai quarante ans - et quarante ans, c'est toute ma vie : la vieillesse la plus crasse. Vivre plus de quarante ans, c'est indécent, c'est vil, c'est immoral. Qui donc vit plus de quarante ans? Répondez, sincèrement, la main sur le coeur! Je vous le dis, moi : les imbéciles, et les canailles. Je leur dirai en face, à tous ces vieux, à tous ces nobles vieux, à ces vieillards aux cheveux blancs, parfumés de benjoin! Je le dirai à la face du monde! J'ai bien le droit de le dire, je vivrai au moins jusqu'à soixante ans. Je survivrai jusqu'à soixante-dix! Et jusqu'à quatre-vingts!... Ouf, laissez-moi souffler.

p13
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C'était une femme honnête, très loin d'être sotte (quoique absolument sans instruction). Eh bien, figurez-vous que cette femme, honnête et jalouse, décida, après nombre de scènes effroyables et de reproches, de s'abaisser jusqu'à une espèce de contrat avec moi, qu'elle a exécuté pendant toute la durée de notre union. Le fait est qu'elle était sensiblement plus âgée que moi, en outre elle gardait constamment dans la bouche une espèce de clou de girofle. J'ai eu assez de cochonnerie dans l'âme et en même temps de loyauté d'un certain genre pour lui déclarer franchement que je ne pourrais pas lui être absolument fidèle. Cet aveu l'a mise hors d'elle. [...] Après bien des larmes, s'établit entre nous un contrat verbal de ce genre : premièrement, je n'abandonnerai jamais Marthe Petrovna, et je resterai toujours son mari ; deuxièmement, je ne m'absenterai jamais sans sa permission ; troisièmement, je n'aurai jamais de maîtresse attitrée ; quatrièmement, en échange Marthe Petrovna me permet de porter mon choix de temps en temps sur ses femmes de chambre, mais toujours avec son consentement secret ; cinquièmement, Dieu me préserve d'aimer jamais une femme de notre condition ; sixièmement, si par hasard, ce dont Dieu me préserve, il me vient quelque passion grande et sérieuse, je dois m'en ouvrir à Marthe Petrovna. Quant à ce dernier point, Marthe Petrovna a toujours été assez tranquille ; c'était une femme intelligente, et par conséquent elle ne pouvait me considérer autrement que comme un débauché et un coureur, hors d'état d'aimer sérieusement.

Sixième Partie, Chapitre IV.
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Il sentit que quelqu'un s'était posté près de lui, à droite, côte à côte : il regarda, et il aperçut une femme, de haute taille, la tête couverte d'un fichu, avec un visage ovale, hâve et jaune, et des yeux enfoncés, rougeâtres. Elle le regardait en face, mais manifestement elle ne voyait rien et ne distinguait personne. Soudain elle s'accouda du bras droit contre le parapet, leva la jambe droite et la passa de l'autre côté, puis la gauche, et se jeta dans le canal. L'eau sale se creusa, engloutit un instant sa victime. Mais, une minute après, la noyée émergea, et on la vit doucement portée par le courant.

Deuxième partie, Chapitre VI.
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On aimerait mieux voir brûler les choses que de les laisser à un voleur.
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Il est certaines rencontres, même de gens absolument inconnus de nous, qui du premier coup d'œil éveillent notre intérêt, comme cela subitement, avant même qu'un mot ait été prononcé.

Première partie, Chapitre II.
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Peut-on aimer tous les hommes sans exception, tous ses semblables ? Voilà une question que je me suis souvent posée. Certainement non ; c'est même contre nature. L'amour de l'humanité est une abstraction à travers laquelle on n'aime guère que soi.
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L’homme est malheureux parce qu’il ne connaît pas son bonheur, uniquement pour cela. C’est tout, tout ! Celui qui saura qu’il est heureux le deviendra tout de suite, à l’instant même. [...] Tout est bien. J’ai découvert cela brusquement.
- Et si l’on meurt de faim, et si l’on viole une petite fille, — c’est bien aussi ?
- Oui. Tout est bien pour quiconque sait que tout est tel. Si les hommes savaient qu’ils sont heureux, ils le seraient, mais, tant qu’ils ne le sauront pas, ils seront malheureux. Voilà toute l’idée, il n’y en a pas d’autre !

Deuxième partie, chapitre premier - La nuit.
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En l’amenant dans ma maison, je voulais arriver à conquérir son entière estime, je voulais la voir s’incliner devant moi et me plaindre de mes souffrances. Je pensais que je valais cela. Ah ! Toujours mon orgueil ; toujours il me fallait tout ou rien, et c’est parce que je ne suis pas un admetteur de demi-bonheurs, c’est parce que je voulais tout, que j’ai été forcé d’agir ainsi. Je me disais ; « mais devine-moi donc et estime-moi ! » Car vous admettez que si je lui avais fourni des explications, si je les lui avais soufflées, si j’avais pris des détours, si je lui avais réclamé son estime, ç’aurait été comme lui demander l’aumône… Du reste… du reste, pourquoi revenir sur ces choses-là ?
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Fuir, se fuir lui-même, se cacher à lui-même. Oui, c’était bien cela. Disons même plus. Non seulement notre héros cherchait de toutes ses forces à se fuir lui-même mais encore il aurait donné cher pour pouvoir s’anéantir d’une façon définitive, pour être, sur le champ, réduit en cendres.
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- Chacun ne peut juger que par soi-même, dit-il en rougissant. La liberté sera entière quand il sera indifférent de vivre ou de ne pas vivre. Voilà le but de tout.
- Le but? Mais alors personne ne voudra peut-être vivre?
- Personne, prononça-t-il résolument.
- L'homme a peut de la mort parce qu'il aime la vie, voilà comment je comprend cela, dis-je, et c'est la nature qui le veut.
- C'est lâche et là est toute la duperie - ses yeux étincelèrent. La vie est souffrance, la vie est peur, et l'homme est malheureux. Aujourd'hui tout est souffrance et peur. Aujourd'hui l'homme aime la vie parce qu'il aime la souffrance et la peur. Et c'est ainsi que cela a été fait. La vie se donne aujourd'hui au prix de la souffrance et de la peur, et toute la duperie est là. Aujourd'hui l'homme n'est pas ce qu'il doit être. Il y aura un homme nouveau, heureux et fier. Celui à qui il sera indifférent de vivre ou de ne pas vivre, celui-là sera l'homme nouveau. Celui qui vaincra la souffrance et la peur, celui-là sera lui-même dieu. Et l'autre Dieu ne sera plus.
- Par conséquent, l'autre Dieu existe bien, selon vous?
- Il n'existe pas mais il existe. Dan sua pierre il n'y a pas de souffrance, mais c'est dans la peur de la pierre qu'est la souffrance. Dieu est la souffrance de la peur de la mort. Celui qui vaincra la souffrance et la peur, celui-là sera lui-même dieu. Il y aura alors une vie nouvelle, il y aura alors un homme nouveau, tout sera nouveau... [...]
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Vous n'avez pas de tendresse. Vous ne voyez que la seule vérité; donc vous êtes injuste.
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Allons, en quoi donc mon acte leur semble-t-il si monstrueux ? se disait-il. En ce qu'il est un crime ? Que signifie le mot crime ? J'ai la conscience tranquille. Évidemment, il a été commis une transgression ; évidemment, la lettre de la loi a été violée et le sang versé : bon ! pour la lettre de la loi, prenez ma tête... et que cela suffise ! Évidemment, dans ce cas, il est bon nombre de bienfaiteurs de l'humanité qui n'ont point hérité du pouvoir, mais s'en sont emparés, qui auraient dû être envoyés au supplice dès leurs premiers pas. Mais ces hommes-là ont été jusqu'au bout, et c'est pourquoi ils sont " justifiés " ; tandis que moi je n'ai pas été jusqu'au bout, et par conséquent je n'avais pas le droit de me permettre ce premier pas.
Voilà en quoi seulement il reconnaissait son crime : en ceci seulement qu'il n'avait pas été jusqu'au bout et qu'il avait avoué.

Épilogue, Chapitre II.
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- Pourtant, je t'ai raconté sincèrement ; j'ai dit la vérité !
- Mais quelle vérité est-ce là ! Ô Seigneur !
- Mais, Sonia, c'est un pou que j'ai tué, inutile, ignoble, nuisible.
- Un être humain, un pou !

Cinquième partie, Chapitre IV.
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- Si par exemple, on m'a dit jusqu'à ce jour : " Aime ton prochain ", et si je l'ai aimé en effet, qu'est-ce qui en est résulté ? ajouta Pierre Petrovitch avec une hâte peut-être excessive. Il en est résulté que j'ai déchiré en deux mon manteau, je l'ai partagé avec mon prochain, et nous sommes restés tous deux à moitié nus, selon le proverbe : " à courir deux lièvres, on n'en attrape aucun ". La science au contraire dit : avant tout autre, aime-toi toi-même, car tout dans ce monde repose sur l'intérêt personnel. Si tu t'aimes toi-même, tu feras tes affaires comme il convient, et tu garderas ton manteau entier. La vérité économique ajoute que, plus il y a dans une société d'affaires personnelles bien organisées et de " manteaux entiers ", si on peut dire, plus les fondements de cette société sont solides et plus les affaires communes, elles aussi, sont heureusement réglées. Par conséquent, en acquérant uniquement et exclusivement pour moi, du même coup j'acquiers pour tous et je fais en sorte que mon prochain obtienne un peu plus qu'un manteau déchiré, et cela non plus par diverses générosités privées et isolées, mais par suite du progrès général.

Deuxième partie, Chapitre V.
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- Il est des secondes, il en vient à la fois cinq ou six, et vous sentez soudain la présence de l'éternelle harmonie, absolument atteinte. Ce n'est pas une chose terrestre ; je ne veux pas dire qu'elle soit céleste, mais que l'homme sous sa forme terrestre ne peut le supporter. Il faut se transformer physiquement ou mourir. C'est un sentiment net et incontestable. Comme si brusquement vous sentiez la nature entière et que soudain vous disiez : oui, cela est vrai. [...] C'est... ce n'est pas de l'attendrissement mais seulement comme ça, de la joie. Vous ne pardonnez rien parce qu'il n'y a plus rien à pardonner. Non que vous aimiez, oh — c'est plus haut que l'amour ! Le plus terrible est que c'est si extraordinairement net et une telle joie. Si cela dure plus de cinq secondes, l'âme n'y résistera pas et devra disparaître. En ces cinq secondes, je vis toute une vie et pour elle je donnerais toute ma vie parce que cela en vaut la peine. Pour supporter dix secondes, il faut se transformer physiquement.

Troisième Partie, Chapitre V, 5.
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