J'ai découvert Flora Tristan à travers le roman de Mario Vargas Llosa "Le paradis un peu plus loin" qui raconte la vie de Flora Tristan et de Paul Gauguin, son petit-fils.
J'ai eu envie de connaître l'itinéraire de cette femme à travers ses pérégrinations au Pérou
Comme quoi, un livre en appelle un autre.
Le seul reproche que je peux faire à ce livre, c'est l'usage récurent de l'imparfait du subjonctif.
Mais c'était il y a longtemps !
Commenter  J’apprécie         70
Lu juste après "le paradis, un peu plus loin" de Mario Vargos Llosa. J'avais très envie de me plonger dans l'histoire de cette femme hors norme, Flora Tristan, grand-mère de Paul Gauguin qui dès le début du 19ième siècle prend sa vie en main, traverse l'océan et se pose en observatrice de ses contemporains. Militante, féministe, femme de lettre, socialiste Flora Tristan a un destin hors norme et inspirant.
Commenter  J’apprécie         51
Flora Tristan voyage en Angleterre et décrit ce pays à l'époque victorienne: les bas-fonds, l'extrême misère....un texte fort !
Commenter  J’apprécie         50
Remarquable livre de Flora Tristan, cette femme intrépide qui parcourt Londres, mène des enquêtes dans la ville monstre. Flora Tristan s'introduit dans le milieu de la prostitution londonienne, 'the finishes', les asiles de Londres, les prisons, le Parlement avec courage. Ce n'est pas, loin de là? une promenade que ferait simplement en dilettante un touriste français débarqué tout fraîchement dans cette capitale.
Flora Tristan parle des problèmes entre les classes, les prolétaires et les aristocrates comme la domination masculine. la question sociale, comme la question féminine...
Un live ancré dans la réalité d'une époque, un livre à lire absolument, à méditer...
Flora Tristan sera, pour ceux qui ne le savent pas, la grand-mère de Paul Gauguin, ...
Commenter  J’apprécie         40
Pérégrinations d’une Paria fait partie de ces livres inclassables : récit de voyage, chronique du Pérou, essai politique, mémoires autobiographiques… c’est tout cela mais c’est aussi une bombe littéraire, provocatrice, radicale qui créa un immense scandale de Paris jusqu’ à Lima. Ce n’est pas une exagération : le livre fut brûlé en place publique à Arequipa et valut à l’autrice une tentative d’assassinat par son mari.
Cet ouvrage incendiaire est signé Flora Tristan. Paru en 1838, il relate le téméraire voyage qu’elle fit au Pérou entre 1833 et 1834 sur les traces de son richissime oncle. L’écrivaine franco-péruvienne a alors 30 ans. Orpheline de père à 4 ans, mariée à 17 à un homme violent, mère de deux enfants, n’ayant reçu ni éducation ni fortune, Flora Tristan se débat à Paris pour vivre digne et libre. La condition des femmes est alors terrible : le code civil interdit le divorce ; l’homme a tous les droits sur sa femme et ses enfants ; Flora Tristan a quitté son époux depuis près de six ans mais reste prisonnière de ce mariage. De plus, les enfants “naturels” n’ont aucun droit. C’est le cas de Flora Tristan, qui porte le nom de son père, mais n’est pas considérée comme une enfant légitime, le mariage de ses parents n’ayant pas été célébré régulièrement. Elle est donc, infamie supplémentaire, une bâtarde.
C’est la raison pour laquelle elle s’affuble du surnom de Paria, à l’image des “intouchables” mis au ban de la société indienne. Mais Flora Tristan n’est pas de son époque et refuse son destin d’opprimée. Elle décide donc de partir au Pérou, laissant derrière-elle ses enfants, pour tenter d’obtenir une part de l’héritage paternel aux mains de son oncle, seul à même de lui offrir l’indépendance et la sécurité auxquelles elle aspire. Grâce à une aide octroyée par cet oncle, elle embarque sur un bateau à vapeur pour un périple de près de six mois qui la mènera jusqu’au Pérou.
Les Pérégrinations sont donc d’abord un récit de voyage: c’est même le tout premier rédigé par une femme, à une époque où il était rarissime sinon scandaleux pour une dame de voyager seule. Avec un style lyrique propre à l’époque romantique, elle nous narre son extraordinaire aventure : de Bordeaux, le navire fait escale au Cap vert, franchit le Cap Horn, s’arrête à Valparaiso au Chili pour accoster enfin à Islay au Pérou. De là, elle franchit le désert à cheval pour arriver enfin dans la cité d’Arequipa. La cité compte à l’époque environ 30.000 habitants et est composée de “prés un quart de blancs, un quart de nègres ou métis, et moitié d’Indiens.” Grâce à la parenté de son puissant oncle et la réputation des “parisiennes”, Flora Tristan est partout ou presque accueillie par l’aristocratie locale toute puissante qui tient les rênes de cette jeune et fantoche République péruvienne.
Chaque étape de son périple est l’occasion de savoureux portraits des personnalités qu’elle rencontre, pointant sans relâche leur médiocrité, leur compromission, leur cruauté parfois aussi. Les militaires, les religieux, les politiciens sont les premières victimes de ces descriptions acides. Il faut lire le portrait de Don José Sébastian de Goyenèche, évêque avare et corrompu volant aux pauvres leur aumône. Celui de ces généraux aussi lâches, arrivistes qu’incompétents, qu’elle dépeint lors de la prise d’Arequipa dont elle fut témoin. La charge est féroce et Flora Tristan ne prit même pas la peine de changer les patronymes de ces modèles, ce qui lui vaudra de compréhensibles inimités.
Son oncle Don Pio de Tristan bien sûr n’est pas épargné. Aussi riche que pingre, il lui offre toute son affection mais lui refuse l’héritage paternel qu’il s’est accaparé, ne lui concédant que le gite et le couvert. Certains hommes ont cependant la sympathie sinon l’amour de Flora Tristan, qui dissimule à tous sa condition de femme mariée qui jetterait sur elle un opprobre indélébile. On pense à son cousin Althaus, au militaire Escudero, et surtout à Chabrié, le capitaine du navire qui l’a prend sous sa protection durant la traversée et lui propose de l’épouser. Flora Tristan, refuse cependant à contrecœur cette proposition bien entendu impossible, étant déjà mariée et privée par la loi de la possibilité de divorcer.
La narratrice dresse également un panorama de la vie locale, souvent d’après “les opinions et les usages de [sa] patrie“, comme elle le reconnait elle même dans la préface. Cette future internationaliste est encore pétrie de préjugés et son jugement apparaît parfois sans nuance sinon péremptoire. Elle est cependant parfois aussi visionnaire. Elle visite les plantations de canne à sucre et dénonce avec la plus grande virulence l’esclavage encore en vigueur. Celle qui allait devenir une icône de la lutte ouvrière et du socialisme naissant, précédant même Marx dans son appel à l’union des travailleurs du monde entier, se rit de l’avarice des Crésus et s’insurge contre l’accaparation des richesses par les propriétaires terriens.
Mais c’est sans doute son combat “féministe” (le mot n’existe pas encore) qui la distingue le plus de ses contemporains. Suivant les traces de la révolutionnaire Olympe de Gouges, elle montre combien la femme pourtant “bien supérieure aux hommes” selon ses mots, est méprisée, bafouée, violentée. Ses plus beaux portraits leurs sont réservées, qu’elles soient puissantes ou victimes..
Flora Tristan nous parle de sa cousine Carmen “d’une laideur qui [allait] jusqu’à la difformité“, qui eut à subir des années durant sans pouvoir se plaindre toutes les tortures imaginables de la part de son mari et qui malgré tout le soigna comme la plus aimante des épouses pendant sa longue agonie. Elle nous fait pénétrer dans les couvents d’Arequipa, qui loin d’être des havres de sainteté, se révèlent être des lieux de péché et de luxe, de fanatisme et d’oppression où derrière l’apparente égalité de la soutane “règnent, dans toute leur puissance, les hiérarchies de la naissance, des titres, des couleurs de la peau et des fortunes”. Elle évoque sa rencontre avec l’intrépide et impitoyable Doña Pancha, l’épouse du Président Gamarra, au moment où elle est déchue de son pouvoir.
Flora Tristan conte avec envie les femmes de Lima vêtues de saya, voilées des pieds à la tête et qui peuvent nous dit Flora Tristan, circuler incognito- et donc aimer ! – en toute liberté. Flora Tristan nous parle de cette “indomptable négresse” condamnée à mort pour avoir fait mourir son enfant en le privant d’allaitement et dont le regard disait “J’ai laissé mourir mon enfant, parce que je savais qu’il ne serait pas libre comme toi ; je l’ai préféré mort qu’esclave. » Elle nous présente les ravanas, ces femmes indiennes qui font office de cantinière et bravent mille dangers pour nourrir, vêtir, laver et loger les soldats, les surpassant en courage.
Mais le plus beau portrait de femme des Pérégrinations, c’est bien sûr celui de Flora Tristan elle-même : catholique fervente bousculant les valeurs chrétiennes ; intellectuelle sans instruction ; socialiste aimant le luxe ; aspirant aux honneurs mais vent debout contre l’ordre social. Bref, une femme pleine de fougue et de contradictions, moins sympathique que fascinante: un véritable personnage de roman. Son compatriote d’Arequipa, le grand écrivain Mario Vargas Llosa ne s’y trompera pas puisqu’il lui consacrera un de ses livres (Le Paradis un peu plus loin). Cette quête du paradis terrestre, Flora Tristan bien sûr ne l’atteignit jamais. Mais elle en paya le prix: en représailles à la parution du livre, son oncle lui supprima la petite pension qu’il lui avait consenti ; son mari abusa par vengeance d’une de ses filles (sans être condamné pour cela), puis tenta de l’assassiner en lui perforant le poumon gauche d’un coup de pistolet. Ses pérégrinations prirent fin quelques années plus tard, alors qu’elle parcourait sans relache la France pour fédérer les Femmes et les ouvriers dans son grand projet d’Union Ouvrière. Elle mourut d’une fièvre typhoïde le 14 novembre 1844 à l’age de 41 ans.
Commenter  J’apprécie         30
Années 1830. Promenades dans Londres nous transporte dans les bas-fonds de Londres et dans les lieux de pouvoir, Les chambres du Parlement notamment. Flora Tristan, telle une journaliste, décrit le contraste saisissant entre les plus riches et les plus pauvres. Et dans cet entre-deux, les oeuvres chrétiennes, qui "essayent" de venir en aide aux populations miséreuses. Dans cet ouvrage, Flora Tristan exprime son horreur face à ce qu'elle voit. Avec humour, elle observe que les nobles préfèrent leurs chevaux à leurs concitoyens. Pour résumer, le développement industriel du Royaume Uni a fait basculer une société agraire et artisanale en une société industrielle déshumanisante : les pauvres des campagnes ont rejoint les villes pour trouver du travail, abrutissant et paupérisant principalement. Je suis impressionnée par Flora Tristan, par son engagement social, son courage pour dénoncer l'horreur, d'autant plus grand qu'à cette époque les femmes n'ont pas la parole. Un petit rappel sur les conditions de vie au XIXe siècle qui ne peut pas faire de mal...
Commenter  J’apprécie         10
Un livre féministe, c’est ainsi que l’on m’a vendu “Pérégrinations d’une paria” de Flora Tristan. J’ai décidé de le lire par curiosité et surtout pour découvrir le résultat de ce voyage périlleux à la recherche de reconnaissance et d’un héritage (c’est surtout cela qui m’a intéressé, je l’avoue).
J’ai beaucoup apprécié la première partie du livre, qui relate la traversée d’une durée de 6 mois à bord d’un bateau, avec des personnages divers et attachants (mention spéciale à ce dandy de M. David, ce perturbateur). J’avais l’impression d’être sur ce navire, avec M. Chabrié me donnant des ordres…
La deuxième partie était également intéressante, bien que décevante. Cependant, cette déception était évidente compte tenu des actions illogiques et trop honnêtes de Flora Tristan. Elle est une femme hypersensible (c'était pas à la mode à l'époque donc j'ai le droit) , qui semble désœuvrée mais qui possède une force de caractère hors norme et une admirable indépendance pour une femme, malgré les mœurs de l’époque. Je ne suis pas certain s’il y a une conscience “féministe” clairement établie, mais cela marque plutôt le début d’un questionnement sur les conditions de la femme et l’injustice en général, annonçant ainsi les prémices de plusieurs luttes.
Cependant, il ne faut pas ignorer certains passages nauséabonds qui, évidemment, doivent être contextualisés par rapport à l’époque, mais qui m’ont franchement dérangé. Pas de note du coup juste de la curiosité.
Commenter  J’apprécie         10