À travers le sport et les activités de plein air, mes parents, même s’ils durent s’en mordre les doigts plus tard, me donnent très tôt le goût de l’indépendance... En me donnant le goût du risque et des responsabilités, ils me coupent du milieu dans lequel j’évolue à l’école. Je deviens rapidement un « vilain petit canard » au milieu de ces petites poupées précieuses qui, à 10 ans, débarquent dans notre classe de sixième avec leur sac à main.
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Au coucher du soleil ,
le trimaran se balance au ponton du Moulin Blanc * ,
bercé par le staccato des drisses sur les mâts des voiliers amarrés .
*nom du port de plaisance de Brest
J’ai mené une existence bien remplie, un peu tumultueuse, c’est vrai. Aucun homme ne m’a comblée autant que l’océan ; c’est la mer qui me fait vibrer, l’océan m’emporte. La vie de couple ne m’a jamais fait rêver. J’aime trop ma liberté !
Cette planète qui compte plus de soixante-dix pour cent d'eau devrait s'appeler la planète-mer.
La solitude en mer n'est pas une solitude difficile à vivre, car c'est le marin qui abandonne le monde et non pas le contraire. Les gens souffrent de la solitude parce qu'en général ils ne l'ont pas choisi.
Les arrivées de course, c’est toujours la même chose dans ma tête. Ça fait des jours que je pense à ce moment mais maintenant qu’il est arrivé, c’est une déchirure. Ce devrait être un grand moment d’exaltation, des instants de joie immense. Ce sont en fait des minutes douloureuses, comme une nouvelle page qu’on vient de tourner définitivement. Ce n’est jamais simple à vivre, une histoire qui se termine.
A 19 ans,je prends conscience qu'en fait je ne connais rien à la vie et ne peux le supporter plus longtemps. Ma vie, c'est décidé, ne sera désormais faite que d'embruns et de vent.
"J'ai basculé en une fraction de seconde. Je suis dans l'eau. Il fait nuit noire. Je suis seule. Dans quelques instants, la mer, ma raison de vivre, va devenir mon tombeau".
Ce qui peut faire souffrir le plus de gens, c'est le manque d'amour. Je fais tout pour ne pas l'éprouver.
Comme toujours, je voulais être seule sur mon bateau.
Profiter de cette intimité avec les vagues et l'infini du cosmos.
La beauté de cette solitude ne peut être décrite que par ceux qui la vivent.
Beauté de ce décor sauvage;
beauté de la liberté goûtée ici sans entraves;
beauté de cet univers mystique et fascinant;
beauté de ces moments magiques où le temps n'existe plus et où les rêves peuvent devenir réalité.
Cette poésie de la nature et des éléments est devenue pour moi aussi envoûtante que les moments extrêmes que j'ai connus en course, lorsque le manque de sommeil nous plonge à la limite des hallucinations.
Ces moments troublants où tout flotte dans un halo, où le quotidien devient bizarre, ces instants où le monde bascule et change de tonalité.