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Critiques de Florence Dupont (14)
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L'érotisme masculin dans la Rome antique



Ce texte est relativement inachevé , cela se sent mais ce n'est pas un réel problème , encore que j'ose espérer que l'auteur nous aurais épargné certaines formulations et certaines lapalissades dignes d'un premier cycle , dans un travail plus achevé , ces lapalissades auraient peut-être disparues .

Alors , nous voilà avec des incantations dignes de la pensée magique et pas toujours très convaincantes , surtout qu'il y a souvent un ton manifestement colérique ....



Personnellement l'histoire faite par des sociologues m'a toujours inquiété , en effet je trouve que réfléchir sur des réalités historiques finalement très équivoques par nature , sans avoir une connaissance minimale et intimes , des contextes élargis ( du type aire culturelle appréhendées sur la longue durée et sur ce que empiriquement j'appelle : la « culture « des transitions , ( chronologiques et géographiques ) , de l'épigraphie , de la connaissance différentielle d'une ou de plusieurs langues anciennes , de la méthodologie du commentaire historique de texte qui est quand même assez spécifique , sans : « toussa , tout ça « , ce me semblait illusoire de bramer en amphi , : Moi je pense que les grecs étaient ou n'étaient pas ...

Je riais bien sous cape de leurs histoires , avec un grand H , biens ficelées , qui étaient souvent solubles dans le latin médiéval par exemple , si on grattait les racines des radis pour bien réussir la soupe ...



Par contre , je me suis rendu compte chez ces sociologues sorciers-historiens , que l'histoire devait désormais intensément mobiliser des outils en rapports habituellement avec la sociologie , l'ethnologie ... Cependant il était évident aussi , qu'il faudrait manier les concepts avec précautions car sinon c'était toute la connaissance historique qui menaçait de devenir l'objet d'un mirage anthropologique délirant et déconnecté des fondations sur lesquels repose traditionnellement , modestement et non sans raisons , la connaissance historique , à savoir : Les textes , qui sont comme vous le savez peut-être , en histoire , un concept large et opératoire , avant d'être simplement : Les sources , et un discours sur la réalité ...



Et voilà maintenant que les historiens picorent l'ethnologie ... Je vois déjà un beau plagiat de Molière à écrire . Il ne s'agit pas des précieuses ridicules ( quand même non ) , non je vois un truc à la Mamamouchi , ou encore comme ce splendide discours médical moliéresque tout à fait savoureux .

Les deux auteurs recommandent à Veyne et à Vernant d'apprendre le Latin ! et ils nous rappellent que Boswell est un auteur homosexuel , oui ! et alors ?

Boswell et Veyne sont des auteurs incontournables , auteurs de textes puissants …



Par exemple : Je lis dans cette monographie , que l'armée romaine était officiellement , viscéralement , opposée à toutes les époques aux rapports , disons approfondis entre soldats , les textes abondent et ils documentent la question en creux car il s'agit principalement de procédures judicaires entre hommes libres et aussi , de l'incontournable : Lex Scantina qui est un monument de légiste que je vous conseille d'approcher en anglais et surtout de garder à l'esprit que c'est un loi réactionnelle , où Rome se crispe alors qu'elle est devenue cosmopolite . Un contexte intéressant , et si on s'en tient à ce qui est autorisé et bien cela suffit pour réaliser que Rome était une autre planète ou les garçons ne naissaient pas exclusivement dans les choux où bien disons plutôt qu'un choux n'est pas toujours un choux ...



Concernant l'armée et le discours officiel sur l'armée , je ne dirais qu'une chose , j'ai eu le plaisir de passer une partie de mes vacances à Rome , à l'ombre des pins maritimes ...

Et je me suis fait dans le détail ( environ , trois longues journées ) les 250 mètres de la colonne Trajane , qui sont moulés et accessibles au grand public ( pas de descente en rappel donc ) .

Ce que je vous dirais c'est que l'empereur a souhaité présenter l'armée sous un jour très avenant et vraiment très sexy , je vous met ma main au feu , que c'est les plus beaux popotins en pantalons de l'antiquité classique ! Et y'en a , à perte de vue ....

Mais en plus votre serviteur est tombé en arrêt devant deux cartouches , de propagande impériale ( s'il vous plait ! ) où l'armée se réjouit devant l'empereur , alors pour fêter cela , dans un cartouche il y a un vilain soldat qui met la main sur le fondement de son camarade qui se laisse faire et sur le second cartouche , que ne vois je ! , deux soldats qui exultent de joie et qui du coup échangent : rien moins qu'un baiser pneumatique (au sens grec du terme , oubliez la mécanique et les pneus , il est question d'âme ! de Pneuma svp ! ) .



Pendant ces réjouissances je serais fort étonné , si quelques rondelles n'avaient sautés , dans ces journées de fêtes endiablées ! Avant de dire des bêtises il faut donc tourner sept fois sa langue dans sa bouche surtout en « pneumatique antique « .....



Si le sujet de la sexualité antique vous intéresse , souvenez-vous : » L'histoire c'est les textes « , faites en donc , collection car plus vous en aurez , plus vous serez libres dans cette pauvre époque que nous vivons actuellement , où les notes circonstanciées en vo et en bas de pages se perdent dans les limbes de l'espace-temps . Ainsi vous serrez mieux armés pour vous poser les bonnes questions , comme Boswell d'ailleurs qui maitrise d'une façon exceptionnelle et activement le latin et le grec ( sur quelques siècles ) et passivement plusieurs autres langues anciennes ( dont l'hébreu et l'araméen et .... ) ..



Contrairement à ce que qu'annonce le titre , ce livre ne parle pas d'érotisme romain , il parle la sexualité de la Rome antique en générale et il s'efforce à cette occasion de rendre à la Grèce ce qui revient à la Grèce.

Cette étude ferra partie de celle que l'on rééditera longtemps à cause du fond du texte , mais sinon , principalement à cause du nombre de citations que l'ouvrage contient , très peu de notes .. .

Beaucoup d'inepties contradictoires qui deviennent comiques , si on prend du recul et si on a un peu exploré les textes , comme les bibliographies sur cette question , on rigole et on se désole souvent ...



Avant , vous erriez sur le Capitole en clamant comme une âme en peine , Oyez , Les romains étaient bisexuels , après avoir lu ce texte vous entreverrez confusément que c'est un peu plus compliqué encore , ce livre vous aura probablement au moins , servi à « réaliser « que nos amis de la ville aux sept collines étaient des : Martiens qui naissaient dans de drôles de choux …



Puis pour conclure , soulignons que cet ouvrage continue à faire rouler des poncifs sur certains personnages tel que sur césar , au mépris des textes , mais bon dieu , mais que fait la police !

L'Auteur souligne que en France nous n'avons pas eu les » gender studies « , et bien je dirais que oui et que : effectivement cela se voit ... ! oui pas doute et cela manque ...



Mais nous , nous avons : la poule au pot , le champagne et la baguette et on en est très fier , non sans raisons....

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Lettres à Shakespeare

Qui êtes-vous Monsieur William Shakespeare ?

Sur la très belle couverture rouge électrique de cet essai édité en l'honneur du 450ème anniversaire de votre naissance, votre portrait est celui d'une "star", visage indéchiffrable caché par des lunettes. Voyez-vous nos rêves à travers les siècles ?



Lettres à Shakespeare est une très belle entreprise collégiale d'intellectuels réunie par D. Goy-Blanquet pour clamer leur affection et leur reconnaissance professionnelle à ce grand auteur classique. La formule inédite et très accessible réside dans des lettres contemporaines écrites par 16 auteurs, tous passionnés. Nul doute, l'oeuvre de William Shakespeare inspirée par l'Histoire de l'Angleterre et ses jeux de pouvoirs est encore bien vivante de nos jours. Dans la création littéraire (l'Oulipo) et l'expression théâtrale. Et au plus intime de nos expériences humaines quand résonnent en nous les émotions, les perceptions et les idées d'un texte.

Je me suis attachée au mystère qui entoure la personnalité de ce grand homme, "Un et Multiple", à la fois tous ses personnages et aucun.

Je me suis attardée sur les passages soulignant son écriture singulière, faisant souvent appel à l'inconscient, empirique et improvisée. (Hamlet).

Un jeu constant des contraires, des métamorphoses, des passages de haut en bas d'une noble pensée à l'action la plus vile.

Je me suis laissée guidée avec plaisir dans le "théâtre du Globe" à Londres où le décor minimaliste est uniquement rempli par la parole, le son de la voix, le langage métaphorique et, ... le silence, moteur essentiel.

Une poésie musicale de langue anglaise qui pour certains ne peut être traduite sans la dénaturer comme le célèbre "We few, we happy few, we band of brothers.."(Henry V)" repris tel que par Churchill en 1940.

J'ai admiré le fait que le travail de Shakespeare formaient les futurs juristes où les "Inns of Courts" puisaient matière à des cas d'espèce souvent très proches de la réalité.

En France, je me suis attardée sur l'adaptation très libre de Shakespeare par le regretté Patrice Chéreau qui en 1970 avait emprunté les arts contemporains du cirque et du music hall.

De même, la mise en scène spectaculaire de Ariane Mnouchkine de "Richard II" par le jeu du kabuki (masques, maquillages) au Théâtre du Soleil, dix ans plus tard.



Je ne peux terminer mon texte sans citer la très belle trouvaille poétique de Prospero (Les sonnets, la tempête) "Our little life is rounded with a sleep".



Un très grand merci aux éditions Thierry Marchaisse, partenaires de la célébration "Shakespeare 450" et aux auteurs de cet essai très formateur.



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La Vie quotidienne du citoyen romain sous l..

Le citoyen romain est soldat, électeur, propriétaire terrien, maître de maison et d’esclaves, père de famille, prêtre et banqueteur.

Rome est le centre de son monde. Il y vit les combats de la politique au jour le jour, et les effusions des grandes fêtes collectives.

Il vit dans et par le jugement social de ses pairs (contrairement à un système individualiste).

Florence Dupont nous propose un voyage dans le temps qui nous éclaire sur le citoyen romain et nous interroge sur le citoyen que nous sommes.

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L'érotisme masculin dans la Rome antique

La Grèce antique inspire et pose des difficultés à la Rome antique. le pater y est le symbole de la dignité du citoyen et rappelle la capacité, par l'incarnation d'une certaine forme d'indépendance de l'autorité, à organiser et administrer (la famille, la cité). Que faire alors de ces récits grecs où le jeune homme est mis au service du plaisir d'un plus ancien comme une manière de le dévoyer par avance et donc de lui retirer sa capacité à s'élever à la dignité de Pater ? Comme dans les palestres et les gymnases grecs où s'exhibent sans retenue et comme s'ils étaient des objets la nudité de jeunes gens que l'on entend pourtant par leurs exercices former à devenir des Pater ? On décrète donc à Rome que les relations d'éraste à éromène ne seront socialement tolérée que si l'éromène ne vise en rien à accéder à la romanitas : s'il est esclave. Et le vocabulaire grec est mis aux archives.



On n'aurait donc été choqué à Rome de ce que les récits grecs rapportent des relations sociales qu'en ce que le rapport au plaisir singulariserait un.e qui donne et un.e qui prend. Et celui qui donne n'étant pas celui qui prend, il se prive de sa dignité pour la donner à celui qui prend. Cette situation est infamante. Il faut donc lire les épisodes des bucoliques que comme des transitions de genres littéraires grecs vers les formes culturelles romaines et non au premier degré à la manière de relations directes de situations sociales vécues : Virgile entend honorer la Grèce et insère dans ses textes les topoï et les formes littéraires grecques, tout en les adaptant au genre romain qu'il invente : l'oeuvre est avant tout littéraire et, à l'époque, les lecteurs érudits ne s'y seraient pas trompés.



La sexualité est donc plutôt débridée et les catégories nées au XIXème siècle n'y existent pas (homo, hétéro, bi, etc). Ce qui existe, c'est le désir et l'érotisme, qui s'exerce en présence des corps et que la convenance amène à modérer. L'insulte et l'infamie ne vient pas des comportements - sauf s'ils ont lieu entre citoyens romains, prétendus pater - mais des abus - quels que soient le sexe des intervenants : ce n'est pas abandonner sa qualité de pater ou sa prétention à y accéder que de satisfaire son désir, mais ce le devient que de se présenter publiquement avec une capacité intellectuelle mise sous dépendance de son désir charnel. le libidineux (et sans doute aussi la nymphomane) est moqué car il n'a plus la dignité que confère la maîtrise de soi exprimée par la modération et la continence. de même, il ne convient que le désir pour un corps ne s'exprime que pour une personne jeune, qui donne du moins l'apparence de l'innocence, susceptible de justifier un désir "pur" - tandis que la personne âgée qui s'arrange pour faire disparaître les effets de l'âge (fards, épilation, etc) est doublement subversive : elle échappe à la dignité qu'elle se doit à elle-même de cesser de jouer au "puer", forme romanisée et socialement acceptable à Rome de l'éromène grec – sous réserve, en plus, d'être esclave – et à celle de modérer ses penchants. le vocabulaire de ces types de personnages, socialement tolérés ou au contraire des insultes formulées envers ceux qui ne le sont pas, forme tout un lexique.



On comprend que ce système social ne tient que parce que l'on décrète par avance qu'une catégorie d'individus en est exclue - les esclaves : on ne tient que le pater peut ne faire que « prendre » que parce que l'on crée une catégorie d'individus qui ne peuvent que « donner ». Sans quoi, la notion de pater ne tiendrait pas. Dès lors, la notion de pater ne tient que par exclusion du cercle étroit de la société de ces relations dont on décrète par avance qu'elles organisent la perte de dignité : les relations ont toujours lieu, mais, culturellement, elles n'impliquent pas la société des êtres libres. En démocratie, une telle pensée pose problème…



Il est dommage que les relations hommes-femmes soient presque totalement absentes de l'ouvrage. Il est seulement vite indiqué que le mariage n'a de toute façon que l'utilité matérielle de transmettre des héritages en rassemblant des richesses. La fidélité n'a aucune existence. Et les femmes n'ayant pas vocation à devenir des pater puisque la dignité leur en est par principe refusée, leur rôle dans la relation charnelle, limitée à la procréation, relativement à l'érotisme, n'a aucune importance. L'élévation des femmes au rang de Pater pose en effet un problème de logique : la relation charnelle ayant lieu à deux, il y en aurait un qui prend et un qui donne - or le pater ne pouvant garder sa dignité que s'il prend, pas de bol, l'autre ne peut que donner - et donc, se voir priver de la jouissance de droits civiques... On comprend à demi-mot, mais il aurait été intéressant qu'on s'y appesantît, que les femmes sont tout aussi libres de recourir au "service" des esclaves, des deux sexes – et qu'il leur est tout aussi infamant d'entretenir des relations unisexes, abusives, hors mariage, entre adultes. Mais pas un chapitre n'y étant consacré, on ignore comment est "érotisé" pour une mater romaine le corps masculin de l'esclave - et même si la notion est si importante dans ce cadre.



De nombreux chapitres portent ensuite sur les exemples qui peuvent se présenter d'incontinence et de sa réception sociale, ce qui passe par l'insulte. Là aussi, le vocabulaire est fourni, et "conventionnalisé".



*****



Du coup on en vient à la société contemporaine. Comment concilier la démocratie (l'esclavagisme existait certes à Athènes, mais les relations unisexes (du moins masculines) étaient institutionnalisées au sein de la société des hommes libres) et le pater (dignité incorruptible de celui qui prend, indignité principielle de celui qui donne) ? Et où ranger la féminité ? la fidélité ? le mariage et la procréation ?



Il semblerait que notre époque mélange tout et, dans sa tentative de concilier des traditions diverses, ne parvienne pas à faire coïncider ses aspirations sociales et les comportements culturels. Car à l'interdit grec qu'un adulte joue à l'éphèbe auquel s'est ajouté l'interdit romain que les relations amoureuses unisexes aient lieu au sein de la société libre s'est ajouté l'interdit religieux que ces relations unisexes aient lieu par principe ; et que les relations amoureuses, uni- ou intersexes, aient lieu hors mariage... Mais la société chrétienne n'était pas non plus spécialement démocratique... Alors ?...



L'essai nous donne quelques éléments de compréhension - peut-être de solution... Et résonne particulièrement aujourd'hui : ce serait la notion de plaisir qui serait au centre de tout : donner serait honteux, tandis que prendre édifierait. de là les scandales contemporains, les frustrations, les bottom power, le féminisme viril et l'investissement du concept de "masculinité toxique » : il s'agirait de nos jours de savoir qui prend à qui pour savoir qui est victime de qui et donc qui doit se plaindre de qui... Où l'on saisit que cette conception très inégalitaire, anti-psychanalytique et passablement fantasmée d'êtres ravisseurs et de créatures ravies ne peut en effet que produire des catastrophes… parce qu'elle est complétement en désaccord avec ce que la psychologie, la sociologie, et tous les mots en -gie ont apporté à la culture depuis qu'ils existent.



Si l'on reprend depuis le début, il convient alors de rétablir les axes de la légalité selon ceux de la culture et d'établir ceux de la culture selon la réalité des besoins et des expériences vécues, individuellement et socialement. Ces dernières menant à ce qu'une personne donne autant qu'elle reçoit (principe d'égalité), de la manière qui convient aux parties prenantes (principe de liberté, qui implique que la liberté puisse s'exercer et soit reconnue, ce qui impose la majorité si un.e adulte est partie prenante et la pleine possession des moyens intellectuels si un.e interventant.e en est doué.e (et un encadrement légal sinon)). Reste ensuite la question de la fidélité - qui semble se rapporter à la question patrimoniale (en cas de naissances) et à un accord inter-individuel (y a-t-il blessure narcissique au sein de notre couple si je, si tu ?).



La dignité du pater se résorberait alors dans une dignité de "responsabilité" - qui est celle de l'adulte "citoyen", quel que soit son genre - et l'interdit (culturel plus que légal) se limiter à la modération des pratiques et des comportements - Où la suspicion de manque d'autonomie intellectuelle par la publicité de comportements outranciers des Romains semblerait donc toujours valable ?...



Reste la procréation et la gestion patrimoniale... le mariage et la fidélité seraient-ils garants de la lisibilité de la loyauté des relations au sein du couple ?... Mais la notion patrimoniale est-elle nécessairement une question socialement partagée et ne serait-elle pas plutôt une question individuelle ("je ne transmettrai Jamais mes biens à Tes enfants !" versus "notre société prône le partage et le bien commun, mon patrimoine est finalement peu de choses en regard de la valeur des biens communs, si bien qu'ils peuvent bien être partagés, surtout que je ne veux pas que mes biens obèrent la liberté des enfants de se constituer eux-mêmes un environnement de vie qui leur soit propre…") ? La multiplicité des contrats (pacs, mariage, et peut-être d'autres sont-ils à prévoir : multipacs (plusieurs adultes vivent sous le même toit sous le régime de la communauté) ? multimariage (je ne précise pas...)) seraient-ils une réponse "démocratique" (intersexe, égalitaire, libertaire, solidaire) à la question de la libido ?



Reste une question qui revient à chaque fois qu'il est question de multiplicité : comment et de quelle manière organiser malgré tout l'univocité de la culture si tant de modes de vie sont tolérés au sein de la société ? Et n'y a-t-il pas un risque de dislocation du sens même de "société" ? Dès lors, comment le maintenir ?...

Ah, ça...

Bon, pour répondre, on pourrait dire que l'éducation n'a pas à se priver de la manière dont l'enfant devient adulte : dont l'enfant acquiert la liberté de penser et la responsabilité. Il suffit alors que les systèmes éducatifs présentent d'abord aux enfants les principes les plus limitatifs (les plus contraints) : ceux qui ne sont attaquables ni du point de vue culturel (je ne choque personne), ni du point de vue social (la transmission est assurée), ni, évidemment, du pont de vue légal (disons, de la légalité contemporaine à la transmission éducative) (je n'enfreins pas la loi) : ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants… Sans trop insister naturellement, puisque le reste de l'éducation n'aura pour visée que d'ouvrir ce schéma initial à des modes de vie beaucoup plus libres, et se rapportant à la responsabilité individuelle plutôt qu'à l'obéissance (à des conventions, des principes, et même - à la loi, puisque c'est le principe démocratique que la culture ait la capacité à la faire évoluer...) quand l'âge de raison donnera la possibilité aux « citoyen.ne.s en devenir » de remarquer que « dans la vraie vie », ça ne se passe pas comme ça (le « j'ai remarqué que le père noël du supermarché avait la peau foncée alors que celui de la maison ressemble beaucoup à papa »… devient « le prince et la princesse se marièrent pour la vie et eurent beaucoup d'enfants, d'accord, mais Lucie et Patricia ne sont pas mariées et Paul et François n'ont pas d'enfants et papa et maman ont divorcé, je ne comprends pas : on m'aura menti ?... »).



Maintenant, à la réflexion, il est vrai, il reste une question : que faire si, après que les comportements se sont exprimés l'un.e ou l'autre, finalement, prétend qu'il y a eu forçage de la libre volonté ? que la liberté n'a pas été exprimée et que l'un.e a été victime de l'autre qui a pris ce que l'un.e, en fait, a donné, mais ne voulait pas donner ?... Faudrait-il faire signer des contrats « avant-acte » ? Oui, mais alors on en revient à refuser les relations avant d'avoir signé le contrat, ce qui a déjà été fait et se nomme... les fiançailles et le mariage… et la société religieuse... Où la notion de démocratie, de responsabilité et d'infamie ne semblent aucunement tenir ni dans la loi ni dans la tradition mais bien plutôt dans la culture… on y revient... CQFD… 😊

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La Voix Actee: Pour une Nouvelle Ethnopoétique

Défi non fiction 2024



Cet ouvrage est un recueil d'articles colorés et illustrés d'exemples, du monde entier (ex. le Marcanda au Niger, une cérémonie qui implique de la polygamie) et de plusieurs époques (ex. le péan et le dithyrambe en Grèce antique, la Chine ancienne). Les littératures orales, y compris en Chine, réputée civilisation de l'écrit, et leur inscription dans un contexte d'écoute, notamment chez les spectateurs, et avec la question du genre littéraire (par exemple ; un genre littéraire ambigu entre le comique et le tragique va susciter des réactions contradictoires), et la littérature rencontre la musique et les conditions matérielles d'existence (ex. Culture Peule, qui du fait de son nomadisme est davantage fondée sur l'oral que sur l'artisanat). J'ai trouvé les chapitres, lus dans le désordre, passionnants : c'est de la recherche mi littéraire mi ethnologique, donc forcément des choses très pointues. Pointues mais pas du tout dans les nuées : les textes et contextes sont analysés, et de nombreux exemples sont donnés. Des sentiments humains, tels le deuil (chez des gens du voyage) sont exploités. Donc si vous craignez le blabla abstrait comme on en trouve souvent dans ces domaines, n'ayez crainte, il y en a un peu mais il est largement pallié par les exemples concrets : une femme Tsigane en deuil demandant à la morte d'avoir pitié d'elle (donc renversement), un bouvier Peul appelant son bœuf "cfa", monnaie africaine, pour montrer qu'il vaut cher, une ancienne coépouse au Niger insultant rituellement, comme catharsis, une épouse plus récente...



A vrai dire, je l'avais mobilisé en sociolinguistique avant ma réorientation, mais l'ai lu pour une toute autre raison . Car au risque de parler un peu de moi, j'ai traversé une période où je voulais me réorienter vers un métier "utile" et plus terre à terre, alors que je me destinais à une recherche très théorique. A cette occasion, j'ai déclaré ne "plus vouloir être spectateur du monde". Mais au fait, ai-je demandé, qu'est ce qu'un spectateur ? C'est là qu'un jeune enseignant chercheur en littérature m'a parlé de ce livre, et j'ai suivi son conseil. Je ne regrette absolument pas, même si pour ne rien vous cacher je n'ai peut être pas tout lu (je lis dans le désordre, et pas très rigoureusement), car cela reste complexe.



Même si le titre fait peur (oula ! C'est quoi ces mots barbares ?) , je ne veux pas vous dissuader : je vous invite à surmonter vos a priori et vos défiances, à regarder le sommaire et à lire le chapitre qui vous attire le plus, juste un chapitre, et vous aurez déjà appris beaucoup, car ils sont tous très riches.

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Homère et Dallas : Introduction à une critique ..

J'ai adoré cette lecture, on renverse de vieux dogmes universitaires et on en apprend énormément non seulement sur la civilisation de la Grèce antique mais également sur la nôtre. L'écriture est fine, juste, pleine de second degré. Le genre de lecture où j'ai l'impression de ressortir avec un +8 en sagesse ^^
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Lettres à Shakespeare

Le lecteur de Shakespeare n’est pas tenu à un sérieux académique, cette œuvre nous enseigne bien au contraire les vertus de la digression, elle relance notre curiosité pour les voies d’un savoir non tracé, sans oublier le rire de Falstaff, les incessantes trouvailles d’une énonciation étincelante, et toujours le jeu.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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L'Antiquité, territoire des écarts - Entretiens..

Peut-être parfois un peu abusif, dans le genre seule contre tous. Cependant la réflexion de Florence Dupont vaut franchement le détour et même plutôt le plus grand des respects. La notion de territoire des écarts est féconde. Un grand vent de fraîcheur souffle de l'Antiquité.
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Rome, la ville sans origine : L'Enéide : un g..

Le naufrage d'une idéologue ! Je dois dire que ce livre m'a paru, à première vue, intéressant en abordant le thème des origines de nos racines latines. Puis en avançant dans la lecture, je me suis dit, c'est quoi ce mélange de genre ? On dirait une idéologie pour déshumaniser l'Italie et sa culture ainsi que ses origines ! Au profit de quoi ? Un mélange d'inepties, de thèses sorti de, je ne sais où ; et qui sont justes fausses ! Ce qui est aisément démontré si on cherche un peu sur Google les preuves archéologique et historique. Non, ce texte est juste un éloge de la bâtardise en somme !

L'auteure, Florence Dupont Énée le Troyen, n'aurait pas, contrairement à ce que raconte Virgile dans l'Énéide, fondé la ville.Déjà c'est une stupidité, et une femme cultivée aurait déjà compris que dans les textes anciens, Énée avait aidé à fonder Alba Longa, dont les habitants ont ensuite aidé à fonder Rome, il était ainsi devenu le titulaire fondateur de la ville éternelle ! Personne n'a dit qu'il avait fondé Rome ! Elle enfonce des portes ouvertes ! Ensuite, que Romulus, donc le fondateur selon la tradition séculaire, n'aurait pas tracé de sillon le long du Tibre après avoir tué Remus : au contraire, la ville primitive aurait été une monarchie composée de villages d'origine étrusque !! Là encore une vaste ineptie ! Puisque les étrusques se situaient à plusieurs centaines de kilomètres de l'emplacement de la future ville de Rome !! Elle nous dit que ce sont des légendes, Oui, certes, encore faudrait-il les citer correctement ! Et combien de légendes ont déjà été vérifié par la suite : comme le cas de la ville de Troie, justement, patrie d'origine d'Énée qui a été retrouvé par l'archéologue Heinrich Schliemann! D'ailleurs, En latin, Legenda veut dire " ce qui doit être lu ". Une légende est ainsi une version officielle des choses de l'époque, une histoire mythifiée, et ce, d'une manière totalement assumée. En parallèle, elle a été aidée par un coauteur qui lui aussi s'embrouille, et avec lui le lecteur sur la thèse fondamentale du livre, à savoir prouver à tout prix que le monde entier n'a pas d'origine ! Mais celui-ci Patrick Boucheron pourtant bien identifié la valeur symbolique de la légende, puisqu'il fait d'Énée le symbole d'une ville dans laquelle tout le monde vient d'ailleurs. Énée, le migrant primordial. Pourtant, il y en a eu d'autres, Jésus etc, je dirais etc, donc là-dessus non plus ce n'est pas convaincant du tout.

L'identité gréco-latine nous apprend Florence Dupont, qui poursuit son raisonnement, n'est pas complètement occidentale : Rome s'étant en effet étendue sur toute la Méditerranée et sa culture a servi de base à d'autres civilisations, non occidentales, qui, elles, ne s'en sont pas servies comme "nous l'avons fait", à savoir " à des fins idéologiques ". Ensuite, nous assène l'auteure ; que c'est pour cela que la civilisation romaine n'est pas strictement occidentale !

Analysons cela de plus près : c'est un argument, d'une stupidité insondable, surtout venant d'une auteure qui est chercheuse en plus. Car cela revient à dire que quand on met des KFC dans le désert de l'Arabie saoudite par exemple, on Américaniserai la nation arabe cité ! C'est tout l'inverse qui s'est passé pour l'Empire romain ! Rome était une machine à romaniser, et ce, sur tous les territoires conquis ! C'est une évidence historique madame, ne vous en déplaise ! La légion romaine rendait ses soldats, quelle que soit leur origine, plus romains après leur naturalisation en leur attribuant des pronoms romanisés. Et des empereurs venus de la légion, militaires d'élite de l'empire finissant, comme Septime Sévère, étaient tout sauf latins. Rome débarquait avec sa culture, sa mythologie, ses lois, ses moeurs, son commerce. C'était une culture venue du Latium, qui trouve sa source dans la région du Lazio actuel. Et qui éclaira sur les peuples conquis, comme les Gaulois, qui deviendront des Gallo-Romains, un exemple connus de nous tous !

Rome était soi-disant "un agglomérat de villages étrusques", nous affirme encore Florence Dupont. Rien ne le prouve. Mais il est vrai que les Romains monarchistes en devenirs, depuis la fin de la monarchie des Tarquins, se sont construit par une guerre contre les Étrusques. Dont ils allaient par la suite englober tout le territoire ! D'où l'impossibilité d'avoir déjà des "villages étrusques" à la place de Rome : cela n'a aucun sens ! On ne conquiert pas ce qu'on a déjà ! Cela me fait bondir ce genre de non-sens ! elle ne se relit pas ??? Florence Dupont Passons au prochain terme qui pose un problème : les Romains se sont inspirés de la culture grecque " pour mieux s'en différencier ". Ce n'est pas faux, mais incorrect dans la terminologie ! On pourrait davantage dire qu'ils ont adapté la mythologie grecque et la culture hellénique à leur propre cadre de vie de l'empire. Ce qui se faisait aussi par le recrutement, par les grandes familles patriciennes, d'esclaves cultivés d'origine grec. Les "Graeculi", ayant ainsi pour but de s'approprier le raffinement culturel et le savoir grecs, non de s'en différencier ! Mis à part pour l'architecture qui évoluera au fil des siècles vers un style "romanisé".

Pour en finir sur cette " identité romaine " qu'elle conteste tant. Je dirai que quand Rome commença d'être " trop ouverte et trop permissive dans la discipline et l'identité", pour le simplifier, que les problèmes qui allaient contribuer à sa chute ont commencé. C'est au moment des régularisations massives de l'édit de l'empereur Caracalla, en l'an 212, que son prestige fut entamé et décrut en grade successif. Si tous les habitants de l'Empire pouvaient devenir dorénavant automatiquement citoyens romains, la citoyenneté romaine n'avait plus rien de spécial ni d'enviable ! C'est également à ce moment crucial que Rome délégua la garde de sa frontière à des gardes issus de tribus barbares, pour qui la ville éternelle ne représentait qu'une lointaine citée abstraite. Avec qui ils n'avait pas de rapports idéologique ou affectif commun, préparant ainsi l'écroulement de 476 !

Être un romain, c'est s'appuyer sur des mythes communs, un langage commun et une racine commune pour que, d'où que l'on vienne, on défende la ville sacrée et les moeurs des anciens, celles du"mos majorum sanctus". C'est être assimilationniste. Mais dans le sens romain !

(Ma cousine est professeur d'histoire à Rome donc je sais de quoi je parle.)



Si l'auteure, de choc, passe très rapidement sur la question de la Grèce, c'est qu'elle est aussi mal à l'aise avec ce sujet qu'avec l'identité romaine, pourtant le thème principal du livre ! Et elle sait qu'elle ne pourra pas faire de la Grèce, même en tordant son cou très fort L'Histoire, une terre d'accueil des migrants divers ! Chaque cité-État, la "Polis" combat les autres, mais il y a une solidarité du monde grec dans sa cohésion identitaire, Car il y a le monde hellénique et, au-delà, on trouve les " barbares ", c'est-à-dire ceux dont la langue est incompréhensible. Ainsi, ceux qui ne sont pas de sang athénien, spartiate ou corinthien ne peuvent participer à la vie politique de leurs cités respectives. le fait d'être un individu qui a "changé de maison et de terre" se traduit, dans l'Athènes classique, par le mot " métèque ", dont on n'a pas besoin de citer le sens. Et Aristote, au livre V de la Politique, ne va pas non plus dans le sens de l'inclusion de tous, et nous pouvons y lire : " Une cité ne naît pas de n'importe quelle foule. C'est pourquoi les États qui ont admis des étrangers comme cofondateurs, ou ensuite comme colons, ont, pour la plupart, connu des séditions et des conflits" !

Les Grecs anciens sont donc, par nature, des essentialistes de la tradition de la fondation de l'identité ancrée dans le sol du natif. Leur culture et leur panthéon, s'ils ont en effet été conservés par la suite par d'autres civilisations (et encore : relire Aristote ), n'ont pas été réinterprétés et n'ont pas été à la base de l'instruction des enfants pendant des siècles, ailleurs qu'en Occident, car nous sommes tous, les héritiers de la culture latine. Même le français à des racines latines, c'est un fait indéniable !



Alors, non, Florence et Patrick, vos assertions ne sont pas acceptables en l'état de vos formulations erronées. On appelle ça de nos jours, le "déconstructivisme" Et c'est un jeu dangereux, car ceux qui n'ont plus de raines ni d'identité sont des âmes errantes qui peuvent facilement tomber dans le fanatisme de n'importe quel dictateur. C'est ce à quoi vous ouvrez les portes ! La France, comme l'Europe, ne vous en déplaise encore madame, est de religion pagano-chrétienne, de culture gréco-latine, par toutes les essences de son être ! Noms de lieux, monuments, traditions, langue, livres, représentations picturales, compositions musicales, les sculptures et l'histoire, dont vous ne saurez faire une abstraction dévoyée !



PS ; petite pépite de découverte archéologique récente sur le fondateur de la ville :



https://www.geo.fr/histoire/archeologie-le-tombeau-de-romulus-decouvert-a-rome-199985
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Histoire littéraire de Rome

Florence Dupont critique la conception romantique de la « littérature » et resitue les lettres latines dans leur véritable contexte culturel.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Rome, la ville sans origine : L'Enéide : un g..

Prometteur mais décevant:

1) en positif, la thèse que Rome n'a pas été "fondée" et que la citoyenneté romaine n'est pas "ethnique": ouverte, elle est le moteur à la fois de la construction de Rome par agglomération et de son expansion.

2) en négatif, les acrobaties visant à établir l'Enéide comme une "poétique de l'origo" pour le compte d'Auguste exprimant la "vérité" de Rome : cette reconstruction paradigmatique ressemble à un exercice de linguistique structurale



La démarche anthropologique revendiquée par l'auteur est tout à fait stimulante mais des ponts avec la démarche historique auraient été nécessaires : notre "modèle" grec de la cité suppose un quelconque discours des origines, mais si la ville de Rome à la forme d'une cité, Rome en tant que processus est une espèce de confédération asymétrique agitée de conflits entre niveaux. N'oublions pas la "guerre sociale" du 1er siècle BC: la citoyenneté n'est pas ouverte par définition, ce sont les non citoyens qui l'ouvrent. Et plus elle s'ouvre, moins elle a de portée (cf le fameux édit de Caracalla de 212).
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Les monstres de Sénèque

Florence Dupont analyse dans cet ouvrage le théâtre de Sénèque en gardant à l’esprit les spécificités du théâtre à Rome. Elle propose également une lecture originale de ses pièces, mettant en évidence certaines caractéristiques de l’écriture dramatique de Sénèque. J'ai beaucoup apprécié Les Monstres de Sénèque car Florence Dupont propose une progression intéressante, en opérant souvent des retours enrichissants sur des éléments qu'elle nous apportait déjà quelques pages plus tôt ou en début d'ouvrage. Cela nous permet de bien comprendre ses propos et de rendre, d'après moi, la lecture plus agréable. D'ailleurs celle-ci m'a paru très rapide, Florence Dupont a une expression claire et simple. Les exemples et les illustrations ne manquent pas non plus ! J'ai pu aussi mettre le doigt sur des traits caractéristiques de l'écriture de Sénèque comme l'importance du ventre, le traitement du corps et les sacrifices. Parfois les interprétations peuvent nous dépasser de par leur originalité, mais on s'y retrouve et j'ai trouvé quand même intéressant de sortir des sentiers battus. Bref, très bonne lecture.



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Rome, la ville sans origine : L'Enéide : un g..

Critique de Aliocha Wald Lasowski pour le Magazine Littéraire



Alors que, parfait exemple du théâtre tragique latin, Agamemnon de Sénèque le Jeune, la pièce qu’elle a traduite, se joue jusqu’au 23 juillet à la Comédie-Française, Florence Dupont se penche ici sur un autre de nos «classiques», le poète Virgile. Au point de départ, un étonnement. Pourquoi si peu de commentateurs s’interrogent-ils sur le fait que l’Énéide, ce grand poème national de l’idéal romain, est le récit de la fondation non pas de Rome par Romulus, mais de Lavinium par Énée ? Dénonçant «l’aveuglement» de l’historien Fustel de Coulanges, qui affirme comme une évidence qu’Énée est le fondateur de Rome, Florence Dupont souligne que, depuis les interprètes romantiques exaltant le Volksgeist du peuple italien jusqu’aux anthropologues lancés sur la piste folklorique ou ethnologique, tous sont pris dans les préjugés esthétiques, philosophiques, historiques ou religieux. On pose donc la question : à quelles conditions ce texte devient-il intelligible pour nous aujourd’hui ? Le projet de Florence Dupont n’est pas de retrouver la vérité de l’Énéide comme texte ni son statut ontologique, mais de chercher dans quel type d’énonciation, selon quelle pragmatique, faire fonctionner l’ Énéide comme énoncé, comme trace d’une pratique particulière d’écriture et de lecture à reconstituer. C’est le moyen de vérifier si ce fonctionnement particulier a un rapport avec le décalage entre fondation et origo .

Et donc, si l’ Énéide n’est pas le récit de fondation de Rome, qu’est-ce que cette oeuvre, ce remake latin d’une Odyssée suivie d’une Iliade ? Non pas une épopée nationale, affirme Florence Dupont, mais un poème du métissage et de la dénégation des origines. Fuyant Troie par la mer, Énée arrive en Italie, mais n’acquiert pas une identité nouvelle. Grec oriental par son père, Énée l’Arcadien, l’immigré, bascule d’une origine à une autre, à l’image de Rome, « cité incomplète », précise l’auteur, ville qui n’est que mélange et diversité. Il en est de cette poétique identitaire (qui mêle Troyens, Romains et Grecs) comme de la langue du poème, où le latin sans cesse s’approche et s’écarte du grec, comme des épisodes du récit qui s’approchent et s’écartent des péripéties homériques et de la Rome contemporaine d’Auguste. Le temps du texte est instable, glissant d’une référence à l’autre. Il n’y a pas une histoire d’Énée en Italie, qui se construirait comme une réalité autonome, historique et cohérente, avec son temps propre, conclut Florence Dupont. Dans l’histoire littéraire, le discours poétique de Virgile produit, à l’image d’Énée lui-même, des réalités verbales mouvantes, discontinues et instables. Visant à faire une anthropologie de l’imaginaire romain, Florence Dupont souligne la radicale altérité du monde antique, et lui donne paradoxalement une étonnante actualité.
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Rome, la ville sans origine : L'Enéide : un g..

Après La Princesse de Clèves, voici donc une autre lecture à suggérer aux hommes qui nous gouvernent et font commerce des peurs identitaires.
Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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