Parce que chacun des poèmes qui le composent est un acte d'écriture singulier et irréversible, le présent recueil - représentatif de la maturation intellectuelle et de l'évolution de la technique poétique de l'auteure - nous donne à penser non seulement sur la littérature orientale et la littérature en général, sur l'essence même de la poésie, mais surtout sur la condition humaine. Au faîte de sa maturité poétique, Forough Farrokhzad décède subitement à l'âge de 33 ans. Son projet de libération de la femme par l'art et par la littérature a concrétisé un renouveau du lien très fort entre écriture et liberté.
Je plante mes mains dans le jardin
Et je sais, je sais, je sais, je vais verdir
Et dans mes paumes violacées d'encre
Les hirondelles vont venir pondre
J'accroche deux boucles de cerises rouges à mes oreilles
Je colle des pétales de dahlia sur mes ongles
Il existe une rue
Où des garçons les cheveux en bataille
Le cou mince et les jambes maigres
Étaient amoureux de moi
Et pensent encore aux sourires innocents d'une feuille
Qu'une nuit le vent a emporté
Il existe une rue que mon cœur a volé
Aux quartiers de mon enfance
Forme en voyage sur la ligne du temps
Avec une forme féconder la ligne sèche du temps
La forme d'une image en conscience
Qui revient de la fête du miroir
Et c'est comme ça
Que quelqu'un meurt
Et quelqu'un reste
Aucun pêcheur ne trouvera de perle dans un pauvre ruisseau
Coulant au creux d'un fossé
Moi
Je connais une petite fée triste
Qui habite un océan
Et qui souffle son cœur dans une flûte en roseau
Si doucement, doucement
Une petite fée triste
qui la nuit meurt d'un baiser
Et d'un baiser au matin renaîtra
Extrait de Seule la voix demeure, © Coédition L'Oreille du loup, Universitad Autonoma de Sinaloa, 2011
Merci à Mathias Enard et son beau livre Boussole qui m'a offert, entre beaucoup d'autres, la joie de découvrir Forough Farrokhzad
La nuit glissait derrière les carreaux
Et absorbait de sa langue froide
Le restant du jour évanoui
Je viens d’où ?
Je viens d’où pour être si embaumée
du parfum de la nuit ?
La terre de sa tombe est encore fraîche
Je parle de ces deux mains jeunes et vertes...
Que tu étais tendre, ô ami, unique ami
Que tu étais tendre quand tu mentais
Que tu étais tendre quand tu fermais
les paupières des miroirs
quand tu coupais les lustres des branches argentées
quand tu m’emmenais dans les ténèbres cruelles
vers les pâturages de l’amour
jusqu’à l’effluve chancelante
qui suivait l’incendie de la soif
et qui s’apaisait sur la pelouse du sommeil. p 33
Merci à Mathias Enard et son beau livre Boussole qui m'a offert, entre beaucoup d'autres, la joie de découvrir Forough Farrokhzad
Comment s’appelle la mère de Tristane et Laetitia ?