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Forough Farrokhzad
Je plante mes mains dans le jardin
Et je sais, je sais, je sais, je vais verdir Et dans mes paumes violacées d'encre Les hirondelles vont venir pondre J'accroche deux boucles de cerises rouges à mes oreilles Je colle des pétales de dahlia sur mes ongles Il existe une rue Où des garçons les cheveux en bataille Le cou mince et les jambes maigres Étaient amoureux de moi Et pensent encore aux sourires innocents d'une feuille Qu'une nuit le vent a emporté Il existe une rue que mon cœur a volé Aux quartiers de mon enfance Forme en voyage sur la ligne du temps Avec une forme féconder la ligne sèche du temps La forme d'une image en conscience Qui revient de la fête du miroir Et c'est comme ça Que quelqu'un meurt Et quelqu'un reste Aucun pêcheur ne trouvera de perle dans un pauvre ruisseau Coulant au creux d'un fossé Moi Je connais une petite fée triste Qui habite un océan Et qui souffle son cœur dans une flûte en roseau Si doucement, doucement Une petite fée triste qui la nuit meurt d'un baiser Et d'un baiser au matin renaîtra Extrait de Seule la voix demeure, © Coédition L'Oreille du loup, Universitad Autonoma de Sinaloa, 2011 Merci à Mathias Enard et son beau livre Boussole qui m'a offert, entre beaucoup d'autres, la joie de découvrir Forough Farrokhzad + Lire la suite |