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Citations de Forrest Gander (10)


Il fut aspiré complètement dans sa course et n'eut plus conscience de penser à quoi que ce soit jusqu'à ce que sa montre sonne et qu'il mesure son temps. Autrement dit, il était sa course. Son corps séquestrait son esprit. [..]
Il n'avait aucun souvenir des chansons entendues au-delà du troisième kilomètre. Pendant l'essentiel de cette phase, il avait existé dans un pur présent.
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Il était tellement absorbé par ses lèvres - leur extrémité vermillon, le sillon vertical marqué de sa lèvre supérieure l'hypnotisaient entièrement - qu'elle dut lui poser deux fois la question. Avec son assurance détendue, sa façon de parler à bout portant - de donner son avis sincère sans se préoccuper de ce qu'on pouvait souhaiter entendre - jointe à son allure sensuelle et son visage animé - l'ouverture de sa bouche quand elle riait, ces lèvres, doux Jésus -, elle déclencha un sérieux détour de son attention.
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Ils pensaient chacun aux sons et aux vies des gens qui avaient vécu ici jadis. Hoa n'avait aucune peine à les imaginer : les rues bruyantes d'hommes en chapeau s'ignorant ou se saluant, leur voix basse résonnant sur ces mêmes murs d'adobe ou absorbée par eux. Une bibliothèque d'ondes sonores irrécupérables. En tant que céramiste, elle aimait cela. L'idée que des traces infinitésimales de vies humaines soient prises dans la pierre et l'argile.
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Les chauves-souris continuaient leur essor, masse énorme qui s'éloignait puis ressurgissait comme une trombe de fumée réabsorbée par la flamme. Pendant un instant interminable, il resta paralysé par le vacarme, tandis que l'épais lasso hypnotique, tourbillonnant dans la pénombre, se dénouait dans l'obscurité. Le temps que le tapage se réduise à des couinements perceptibles, la nuit répondait avec son orchestre électronique d'insectes, d'oiseaux de nuit et de crapauds.
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J’étais prêt à tout pour qu’il me remarque, pour qu’il me prenne en amitié. Mais je n’avais rien à offrir à un être comme lui. Mon adoration était sans valeur. Il avait éveillé en moi quelque chose d’essentiel, un bouleversement radical. La faculté d’imaginer une autre manière d’être au monde. Il était résolu et posé avec aisance dans son propre corps. Dès qu’on le regardait, avec sa démarche déliée, on pensait sexe. Son torse chevauchait ses hanches comme un serpent ses anneaux. Peut-être n’avait-il même pas pleinement conscience de l’effet qu’il produisait sur moi. Mais ce qu’il m’insufflait entre autres c’était l’horrible certitude que jamais je ne pourrais être la seule personne que maintenant je voulais devenir.
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Je ne l'ai jamais entendu lire un seul texte de son cru, mais il lui arrivait parfois de citer un poème, de lui ou d'un autre, au cours d'une conversation. Cela paraît bizarre, narcissique ou prétentieux ou chiqué mais face à nous dans le box du Gibus il était capable de faufiler sans suture des vers du poème au flot de la conversation. Son visage était lesté d'une telle beauté mélancolique qu'il lui donnait l'air plus âgé et plus convaincant que nous tous. Sa gravitas nous aspirait en lui comme un siphon. Il pouvait river les yeux sur vous et vous entraîner vers un royaume inconnu où vos habitudes de pensée avaient tendance à se mettre en veille. On aurait dit qu'il arrivait d'un lieu où l'enthousiasme n'était pas jugé inversement proportionnel à l'intelligence et où on trouvait normal de mêler dans la même phrase Cocteau et les barbues de rivière. Aucun de nous n'avait une telle envergure, aucun n'avait lu autant que lui. La noirceur opalescente de ses yeux était magnétique.
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S'approcher de l'autre et du monde avec toute la vulnérabilité qu'on est capable d'endurer. S'ouvrir au dehors. De tout notre esprit, notre corps et notre imagination, toujours s'ouvrir.
*
C'est comme je disais. En poète. En ami.
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Chacun protégeant la vulnérabilité de l'autre par son silence, chacun portant le garçon par-devers soi, de sorte qu'ils le portaient ensemble. Leur fils n'était pas simplement partagé. Il se multipliait entre eux.
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Une légère brise lui caressa les joues, et il se sentit presque bien, avec le panorama étalé au loin devant lui. Un goût d'illimité. Et soudain ce qu'il ressentait s'aiguisa en crainte grotesque. Pas un signe d'humanité en vue. [...] Devant lui, la piste disparaissait en s'enroulant derrière une petite butte. Ce n'était pas du tout une brise qu'il sentait, se dit-il. C'était l'aspiration du vide. Les poils fins humides de ses avant-bras se hérissèrent au garde-à-vous.
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Il aimait insérer des silences entre les choses remarquables qu'il disait, de l'absence entre ses gestes extravagants. Avec le recul, j'imagine qu'il s'entraînait à sa propre mort. Et quant il s'est introduit dans mon appartement cette nuit-là et m'a tendu un poème, il s'assurait du rôle que je devais y jouer.
J'ai pensé alors : il m'aime. C'est ça que ça veut dire. C'est pour ça qu'il est venu exprès jusqu'ici m'apporter ce papier où il a écrit un poème et me dire qu'il ne pouvait pas rester. J'ai pensé : il y a entre nous une intimité incomparable. Il a écrit quelque chose pour moi.
Le poème s'intitulait « Enclos ».
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