Fouad El-Etr

Quelle chance d’avoir découvert, grâce aux conseils d’un libraire attentif et avisé, un recueil de la maison d’édition La Délirante, entièrement dédiée à la poésie depuis une cinquantaine d’années - « Arraché à la nuit » de Fouad El-Etr, fondateur et homme-orchestre de cette maison d’édition indépendante.



Trente et un poèmes errant entre rêve et réalité, jouissance et douleur, plénitude et manque, à l’image de l’amour même.

Quatre dessins originaux de Gérard Barthélémy, belles silhouettes de femmes évanescentes accompagnant les textes.

Le tout édité sur du papier Ingres d’Arches à l’épaisseur cossue, à l’irrégularité et au toucher granuleux qui évoquent l’impression d’art artisanale.

Un bel objet qui invite à la découverte, au toucher respectueux.



Un premier poème entrouvre la porte d’un univers intime et chaudement sensuel, le suivant convie au voyage, à l’évasion sur une marée haute, puis dans une chapelle de Toscane ou au creux d’un lit.



Les mots-sensualité sobrement font naitre des images, des sons, des émotions

« Ta volupté est l’arbre où je me pends »

« Entre un sein et l’autre un secret vibre »

« Ton corps emporte les lignes de ma main »



Les mots-songes invitent au voyage immobile inlassablement recommencé

« Je sens bouger en moi ton image liquide »

« Elle m’éparpille avec son rire »

« J’engage ma vie à chaque étreinte »



Raffinement de l’ouvrage et des textes…que demander de plus au coeur de l’été…

D'une beauté envoûtante et confondante, ce livre semble être un long poème en prose. Fouad EL-Etr revient sur ses souvenirs et sur sa jeunesse, sur la naissance de son amour pour les mots qu'il manie mieux que personne dans cette flânerie forestière. Le lecteur se perd parfois dans ces pages boisées et doit accepter de s'égarer entre les arbres, sous la pluie, sans toujours parvenir à distinguer les silhouettes mouvantes, les identités changeantes qui jalonnent les chapitres (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/05/25/en-memoire-dune-saison-de-pluie-fouad-el-etr/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..

J'ai découvert Foua El-Tr, il y a cinq ans au Marché de la Poésie. J'ai feuilleté chacun des titres qu'il a écrit... et je les ai tous achetés, parfois même en deux exemplaires pour les offrir. Classique mais originale, sensuelle et lumineuse, sa poésie rappelle celle de Georges Schehadé, celle de René Char ou bien encore celle du Cantique des Cantiques. Édité à l'ancienne sur un superbe papier.

Voilà un drôle de livre, en effet, qui déjoue les programmes de composition et se fiche des leçons d’écriture que l’on dispense dans les ateliers : son établi est plutôt celui de la poésie, comme peut également en témoigner son découpage en vingt-quatre chants (on ose à peine dire « chapitres »).
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..