AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Frances Hardinge (150)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La voix des ombres

Parfois , en lecture, j' essaie de sortir de ma zone de confort , de découvrir de nouveaux genres, d' être surprise... Parfois , ça marche, et parfois pas !

Pourtant tout avait superbement commencé avec une jolie couverture d'une grande élégance ( typographie vert brillant et tranche du livre verte également).

Un plaisir des yeux.

Dés les premières lignes, on rentre dans un univers unique, une écriture qui claque, poëtique , presque onirique . Frances Hardinge a un style très personnel qui peut envoûter le lecteur.

Mais l'histoire qui s'adresse à un lectorat adolescent, est sombre, âpre et j'ai du mal, je ne m'y sens pas bien. cela met du temps à s'installer...

Dans une Angleterre du XVII e siècle, une gamine sent qu'elle n'est pas normale, des fantômes essaient de prendre possession de son corps.

Alors qu'elle habite chez une tante , dans une position précaire avec sa mère, cette dernière décède la laissant orpheline et sans appui, mais elle sera recueillie comme domestique par la famille de son père. Dans quel but ?

Les débuts sont extrêmement violents pour un jeune public (et pour moi aussi ...): la mère ( pour l'endurcir ), l'enferme dans un caveau au cimetière certaines nuits... / Un domestique veut faire rôtir sa tête pour éliminer la folie qui est en elle , d'après lui......

Oups ! La coupe est pleine.

♫Et ça continue , encore et encore, c'est que le début d'accord , d'accord... ♫

Un roman pour les courageux qui ne craignent ni le sombre, ni le glaçant , servi par une très belle plume.

Des fois un livre ne rencontre pas une lectrice , cela ne remet en aucune façon , en cause, la qualité du travail de l'auteur, ce n'est juste pas ma tasse de thé ... Mauvaise pioche ..



Challenge Mauvais genres
Commenter  J’apprécie          480
L'île aux mensonges

Avant de débuter cette critique, je souhaite remercier les éditions Gallimard - On lit plus fort pour leur confiance et l'envoi de ce roman avant sa publication. Dès la lecture de la quatrième de couverture, j'ai été conquise par l'intrigue.



On plonge dans l'Angleterre victorienne ou Faith et sa famille sont contraint de s'exiler sur une île inhospitalière. C'est la jeune fille qui nous raconte son histoire et l'on découvre très vite que bien qu'une enfant, c'est une jeune fille très mature qui sait se débrouiller. Elle glane par-ci par-la des éléments et comprend que sa famille cache bien des secrets.

«"Oh, mais c'est impossible, se dit Faith. Je ne dois pas céder à cette chose !"

Faith l'appelait toujours en elle-même "cette chose". En lui donnant un autre nom, elle aurait craint de lui conférer une emprise encore plus forte. Elle avait conscience qu'il s'agissait d'une véritable manie, à laquelle elle décidait sans cesse de renoncer - sans jamais y parvenir. Cette chose était aux antipodes de la Faith que le monde connaissait. Faith, l'enfant sage, un vrai roc. Tellement terne, fiable et digne de confiance.

Le plus difficile, c'était de résister aux occasions inattendues. Une enveloppe laissée sans surveillance, d'où dépassait la lettre immaculée, tentatrice. Une porte non fermée à clé. Une conversation oublieuse des éventuelles oreilles indiscrètes.

Faith avait comme une faim en elle, alors que les filles ne devaient pas avoir faim. Elles étaient censées grignoter avec modération lors des repas, et leur esprit aussi était censé se contenter d'un régime frugal. Quelques mornes leçons données par des institutrices fatiguées, quelques promenades ennuyeuses, des distractions d'écervelées. Mais pour Faith, cela ne suffisait pas. Le savoir - n'importe quel savoir - l'attirait irrésistiblement. Et elle trouvait un plaisir aussi délicieux qu'empoisonné à le dérober à l'insu de tous.»



Et puis, le père de Faith meurt, tout le monde pense au suicide mais Faith, en est convaincu, l'homme a été assassiné. Elle va donc mener l'enquête pour découvrir le ou les meurtriers.

J'ai beaucoup apprécié le mélange des genres : il s'agit d'un thriller ou l'ambiance est sombre avec une petite pointe de fantastique. Il plaira, sans aucun doute, aux ados comme a leur parents.



Faith est un personnage attachant, qui évolue dans une société pleine de contradictions et qui évolue a vitesse grand V :

«Faith était la fille d'un naturaliste et savait ce que le médecin voulait dire. Le monde avait bel et bien changé. Son passé avait changé - et tout le reste avec lui. Autrefois, tout le monde connaissait l'histoire de la Terre : elle avait était créée en une semaine, et l'homme avait été chargé de la gouverner. Et l'histoire du monde ne pouvait évidement pas remonter à plus de quelques millénaires...

Puis des scientifiques avaient découvert combien de temps il fallait à la roche pour se plier comme une pâte feuilletée. Ils avaient trouvé des fossiles, et d’étranges crânes d'hommes difformes, au front fuyant. Après quoi, alors que Faith avait cinq ans, un livre sur l’évolution appelé De l'origine des espèces avait paru et ébranlé le monde, qui avait été secoué comme un bateau touchant le fond.

Et le passé inconnu avait commencé à s’étendre. Des dizaines de milliers, des centaines de milliers voir des millions d'années...

Et plus les temps obscurs s’étendaient, plus la glorieuse humanité rétrécissait. L'homme n'avait pas été présent dès le début, et la création ne lui avait pas été offerte. Non, il n'était qu'un tard-venu, dont les ancêtres s’étaient péniblement arrachés à la boue pour se traîner sur la terre.

La bible ne mentait pas. Tout scientifique honnête et pieux le savait. Mais les roches, les fossiles et les ossements ne mentaient pas non plus, et on avait de plus en plus l'impression qu'il ne racontaient pas la même histoire.»



C'est un excellent roman, plein de suspense qui mérite amplement le prix Costa qu'il a reçu en 2015. Je ne peux que vous le recommander d'autant qu'il devrait sortir dans les jours à venir.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
Commenter  J’apprécie          320
L'île aux mensonges

L'enthousiasme de ma libraire pour ce livre m'a incitée à l'acheter. Quelle bonne idée! Voilà un roman passionnant et de grande qualité. Classé jeunesse, à partir de 12 ans, il peut en remontrer à bon nombre d'auteurs catégorie "adultes" qui n'arriveraient pas à ses chevilles.

Frances Hardinge a en effet travaillé son histoire et les contextes dans lesquelles elle se déroule avec une minutie et une grande rigueur.



L'héroïne, Faith, est une jeune fille de 14 ans, en 1860, fille d'un pasteur anglican et naturaliste renommé. Suite à des accusations de tromperie et de falsification de fossiles, lui et sa famille sont obligés de quitter le Kent et une position aisée et reconnue pour échapper au scandale. Direction l'île de Vane, où un chantier de fouilles s'est ouvert et où les nouvelles infamantes sur le pasteur ne sont pas encore arrivées.

Faith, son petit frère de six ans Howard, sa mère la sémillante Myrtle et l'oncle Miles, le frère de cette dernière, se retrouvent donc dans un presbytère isolé, loin de leurs habitudes, et une épée de Damoclès au-dessus de la tête.



Voilà pour le point de départ. J'en viens à Faith elle-même. Frances Hardinge a créé un personnage tout à la fois fascinant, sympathique et très complexe. La jeune fille est bien sûr élevée selon les codes victoriens concernant l'éducation des filles. Sa mère en est un parfait exemple. Mais voilà, Faith est dotée d'une grande intelligence doublée d'une soif inextinguible d'apprendre. Son modèle est son père, naturaliste renommé qui a parcouru nombre de colonies britanniques à la recherche de spécimens exceptionnels. Elle donnerait tout pour être reconnue par cet homme froid, sévère et aux jugements peu amènes sur la gente féminine.

Ne pouvant librement suivre ses envies, Faith construit sa propre éducation scientifique seule, sachant ce que la société pense d'une femme aux prétentions intellectuelles.

Quand le sort de son père est mis en question peu de temps après leur arrivée sur l'île, elle met tout son dévouement filiale à prouver l'innocence du pasteur.



Avec le personnage de Faith et celui de sa mère, Frances Hardinge dresse un portrait saisissant de la condition féminine à l'époque victorienne. La femme se doit d'être pure, humble, et surtout obéissante. Elle peut être spirituelle, mais surtout pas intelligente. D'ailleurs, selon le médecin de l'île, il est reconnu par la science que le crâne plus petit chez la femme que chez l'homme ne permet pas à un quelconque intellect de se développer. D'où la supériorité de l'homme et son droit à commander et à être obéi du sexe faible.



L'univers féminin est donc remisé dans l'ombre et dans l'ambivalence. Lors de ces semaines sur l'île, Faith va apprendre avec une douloureuse acuité les limites et les conditions de vie d'une femme de son temps. Habituée à passer pour une jeune fille obéissante, timide et terne, elle va se servir des préjugés pour agir à sa guise.



Frances Hardinge signe un roman à la trame palpitante, riche en rebondissements mais également en réflexions sur les préjugés, les us et coutumes victoriens. De plus, sur la petite île de Vane, la communauté restreinte forme un personnage à part entière, au-delà de chaque individualité, mue par les rumeurs, la prévention envers ces étrangers à l'île et les superstitions. Qu'il est dur d'en souffrir mais comme il peut être aisé et jouissif de les utiliser... Faith le découvre et utilise ses capacités pour en jouer.



J'ai hâte de lire d'autres œuvres de Frances Hardinge et d'y retrouver, outre une passionnante histoire, un style d'une grande qualité.
Commenter  J’apprécie          220
L'île aux mensonges

Faith est la fille aînée d'un scientifique célèbre pour ses découvertes qui confirment l'idée de la main de Dieu sur la nature.



Mais aujourd'hui, il s'enfuit avec sa famille entière, sur une île sous prétexte de réaliser des fouilles autour de grottes sous-marines, en réalité, pour fuir des accusations de mensonge et de faux documents.



La jeune fille est tout d'abord mortifiée par cette nouvelle situation. Elle qui désirait plus que tout devenir elle-même un scientifique, se voit transformée en simple de nounou de son petit frère.



La mort soudaine et étrange de son père bien-aimé va la pousser à enquêter afin de découvir le coupable et la vérité...



Un roman qui met en fiction l'opposition entre les darwinistes qui défendent le théorie de l'évolution et les croyants qui prônent le caractère immuable des êtres.



On se surprend à admirer la ténacité et le courage de Faith qui va devoir ruser et enfreindre toutes les règles de la société pour approcher de la connaissance, quitte à s'y brûler.



Le livre mêle la question de la condition féminine judicieusement à la science et propose un roman noir et dense qui marquera le lecteur.



A découvrir !
Lien : http://www.nouveautes-jeunes..
Commenter  J’apprécie          223
Le chant du coucou

Présenté en début d'année par les éditions L'Atalante comme leur plus gros coup de coeur de l'année, « Le chant du coucou » est le sixième roman de Frances Hardinge, auteur anglaise jusqu'à présent surtout connue pour ses ouvrages destinés à la jeunesse. Quant est-il avec ce nouveau roman à la couverture et au résumé assez énigmatiques ? Premier constat : si la protagoniste de ce one-shot est certes une enfant, le ton et les thématiques traitées par l'auteur ne laissent aucun doute quant au fait qu'elle s'adresse avant tout à un public adulte. le lecteur fait connaissance dès la première page avec une toute jeune fille nommée Triss, que ses parents voient revenir un soir complètement trempée (et du toute évidence traumatisée) après sa chute accidentelle dans la rivière du coin surnommée la Sinistre. le père comme la mère se plient aussitôt en quatre pour prendre soin de leur fille à la santé déjà fragile, mais sa soeur de huit ans, la petite Pen, réagit au retour de son aînée avec une étrange hostilité : « Elle fait semblant. Vous voyez pas ? Tout est faux ! Personne remarque la différence ? » Si Triss ne comprend pas le comportement de plus en plus terrifié de sa soeur, elle ne peut nier que tout lui semble différent depuis sa presque noyade. Il y a d'abord ses souvenirs qui lui jouent des tours : elle sait bien qui elle est et ce qu'elle a vécu auparavant, mais a en revanche totalement occulté les événements qui l'ont conduite dans l'eau. Il y a ensuite ces fringales incontrôlables qui la prennent d'un seul coup et lui font engloutir des montagnes de nourritures sans pourtant jamais lui faire prendre un gramme. Et puis il y a cette petite voix moqueuse qu'elle entend dans sa tête et qui décompte chaque matin les jours, à la manière d'une bombe à retardement.



Le terme n'est, il me semble, jamais employé dans le roman mais vient immédiatement à la bouche du lecteur, et ce des les premières pages : Frances Hardinge nous raconte une histoire de changelin, ces leurres laissés par les fées à la place d'un véritable enfant humain. Il s'agit là d'une légende qu'on trouve essentiellement dans les folklores scandinave, irlandais ou encore écossais, et dont on retrouve ici la plupart des caractéristiques, que ce soit en ce qui concerne la véritable nature du leurre, la cause de la substitution, ou encore les manières de les confondre et de s'en débarrasser. L'auteur s'est de toute évidence bien documentée sur le sujet qu'elle se réapproprie ici avec talent en réutilisant certes tous les éléments clés du mythe, tout en parvenant à se détacher du matériaux d'origine pour donner vie à une histoire complètement originale. le choix de situer l'action en Angleterre juste après la fin de la Première Guerre mondiale est notamment très judicieux et permet de renforcer l'étrangeté de la situation, la légende du changelin se rattachant davantage dans l'imaginaire collectif à un décor médiéval. Or c'est justement ce décalage, ce sentiment que quelque chose cloche sans qu'on puisse vraiment mettre le doigt dessus, qui fait toute la force de ce roman. Dès les premières pages, le lecteur se trouve ainsi totalement captivé par le mystère qui entoure le retour de la petite Triss et par les anomalies qui se multiplient autour d'elle. Frances Hardinge parvient à créer une atmosphère pesante qui, s'en aller jusqu'à tomber dans le récit purement horrifique, provoque à plusieurs reprises le malaise chez le lecteur, sensible non seulement aux bizarreries qui entourent la vie de cette famille mais aussi à la panique montante de l'héroïne qui ne comprend pas ce qu'il lui arrive.



Et en terme de bizarreries, on peut dire que l'auteur a fait preuve d'une sacrée imagination ! Si l'auteur réutilise pour cela un certain nombre de créatures issues d'un bestiaire empruntant à nouveau au folklore scandinave ou irlandais, ce sont ses propres inventions qui marquent surtout l'esprit du lecteur. le détournement réalisé ici des innovations technologiques en vogue au début du XXe siècle est notamment très ingénieux, qu'il s'agisse du téléphone, des moyens de transports, ou encore du cinéma, dont le décor donne lieu à une scène inoubliable. L'auteur tisse également une véritable aura de mystère autour de la famille de Triss, gangrenée par les non-dits et les secrets que chacun de ses membres gardent jalousement, tout en prenant bien garde à présenter au monde l'image d'une famille parfaite en tout point. Si l'atmosphère est incontestablement le plus gros points fort du roman, le second tient à ses personnages qui, bien qu'âgés d'une dizaine d'années seulement, font preuve d'une maturité et d'une lucidité à même de parler à un lectorat adulte. On se prend vite d'affection pour la petite Triss, dont on comprend la détresse tout en ne pouvant s'empêcher de redouter la véritable nature. Pen, sa petite soeur, est quant à elle un sacré phénomène qu'il est impossible de ne pas trouver sympathique, de même que Violet, la belle-fille écartée à la mort du fils aîné et qui se distingue par un caractère rebelle et une volonté d'émancipation très mal vue à l'époque. Les autres adultes du roman sont pour leur part tous beaucoup moins forts et entiers que leurs versions miniatures : tous cachent quelque chose, une faiblesse ou une douleur qui pourrit leur quotidien et les empêche de faire le bon choix.



C'est enchantée que je ressors de cette réécriture du mythe du changelin, transporté ici par l'auteur dans un contexte post Première Guerre mondiale. Frances Hardinge parvient à créer pour l'occasion une véritable atmosphère d'étrangeté, alimentée notamment par la confrontation entre un folklore plus volontiers médiéval et un décor moderne dont elle s'amuse à exploiter les innovations. L'auteur tisse aussi et surtout un très beau portrait de la relation que peuvent entretenir deux soeurs, relation dont elle parvient à saisir toute la complexité et la tendresse sans jamais tomber dans le mièvre ou le convenu. Une vraie réussite !
Lien : https://lebibliocosme.fr/201..
Commenter  J’apprécie          180
La lumière des profondeurs

Voici mon retour de lecture sur La lumière des profondeurs de Frances Hardinge.

"On raconte que les eaux de l'archipel des Myriades étaient jadis la demeure des dieux. C'est la pure vérité."

Depuis leur enfance à l'orphelinat, Hark et Jerk se serrent les coudes et vivotent de petites arnaques tout en rêvant des trésors que recèle l'Abysse. Mais un royaume hanté de cauchemars s’étend sous la mer proprement dite et tout vestige du passé n'est pas forcément bon à remonter à la surface.

Les deux amis vont l'apprendre à leurs dépens… et à ceux de l'humanité tout entière.

La lumière des profondeurs est un roman fantastique dont la couverture m'a tout de suite attirée. Elle est magnifique, d'un joli bleu, et avec des nombreux animaux aquatiques.

Le monde crée par l'autrice est très original. L'univers découvert ici n'est pas sans faire penser à Jules Verne et son vingt mille lieux sous les mers.

Nous sommes dans l'archipel des Myriades avec deux orphelins Hark et Jerk,

Ces deux jeunes gens sont très proches l'un de l'autre, complices y compris dans des arnaques.

Mais Hark va se retrouver de son coté, quand l'une de leurs affaires a mal tournée.

L'autrice a crée ici un personnage sourd, qui est très important et apporte un réel plus. Je n'en dirais pas plus mais c'est une très bonne idée, ça apporte de la profondeur à l'histoire.

Nous ne sommes pas du tout au Pays des bisounours, le monde crée par l'autrice est assez dur. Je me suis d'ailleurs demandée à plusieurs reprises à quelle sauce Hark allait être mangé !

Car.. ici, tous les coups sont permis.. ou presque ! L'esclavage est d'actualité, la vente d'êtres humains, mais aussi le pillage et la vente de reliques des dieux.

L'histoire est bien ficelée, il y a énormément de rebondissements.

J'ai beaucoup aimé découvrir la légende des dieux, les explications données sur leur nature. Là encore c'est original et bien trouvé.

La lumière des profondeurs est un bon roman pour ados que je vous invite à découvrir et note quatre étoiles :)

Commenter  J’apprécie          151
L'île aux mensonges

Plusieurs raisons m'ont donné envie de lire cette histoire : un titre énigmatique et accrocheur, des avis très positifs, et le prix Costa reçu en 2015, l'un des plus prestigieux prix littéraires d'Angleterre, prix qui récompensait pour la seconde fois seulement un roman jeunesse, après la magnifique trilogie de Philippe Pullman « A la croisée des mondes ».

*

Avec ce roman jeunesse donc, nous nous plongeons dans l'atmosphère du XIXème siècle, à l'époque victorienne. C'est un monde où les progrès de la science et en particulier les origines de l'Homme et les théories sur l'évolution se heurtent aux croyances religieuses.

Un autre intérêt : Frances Hardinge décrit aussi particulièrement bien la place de la femme dans la société. Elle n'est pas l'égale de l'homme et ne peut se mêler à leur monde machiste et rétrograde. Elle ne peut non plus accéder aux connaissances scientifiques. Et que dire des adolescentes !

*

Faith Sunderly, adolescente de 14 ans, est la fille d'un pasteur, célèbre naturaliste, accusé d'avoir trompé la communauté scientifique et obligé de s'exiler avec sa famille sur une petite île. Mais dès leur arrivée, de nouvelles rumeurs vont stigmatiser la famille Sunderly et en faire des parias.

*

L'héroïne de ce roman est donc Faith, elle est intelligente et de nature curieuse et entreprenante. Même si la curiosité est un vilain défaut, Faith ne supporte pas d'être maintenue dans l'ignorance et elle ne peut s'empêcher de fureter et espionner pour apprendre les secrets des uns et des autres.

« Le savoir – n'importe quel savoir- l'attirait irrésistiblement. Et elle trouvait un plaisir aussi délicieux qu'empoisonné à le dérober à l'insu de tous. »

Le fait que son père soit un célèbre naturaliste n'est sûrement pas étranger à la passion de Faith pour les sciences. Mais celui-ci est austère, glacial et trouve scandaleux qu'elle veuille s'élever au-dessus de sa condition de femme. Elle essaie donc de rester discrète pour mieux tromper son monde.

*

Lorsque son père sera retrouvé mort, sa curiosité, ces talents de menteuse, ses connaissances et ses capacités de déduction, vont entraîner Faith dans une spirale menaçante, pleine d'intrigues et de rebondissements, où il est difficile de faire confiance et de démêler le vrai du faux.

La romancière joue sur les moeurs de l'époque, sur des personnages complexes qui se dévoilent peu, et sur un monde superstitieux, sournois, hypocrite et intrigant, pour nous induire en erreur et nous manipuler.

*

Une histoire originale faite de secrets et de vengeance sous un fond de fantastique, une écriture fluide et agréable à lire, une intrigue captivante puisque le suspense reste présent jusqu'au dénouement. Les thèmes abordés par Frances Hardinge sont intéressants.

Mon seul regret est la couverture. Elle est certes belle, mais je la trouve un peu trop enfantine à mon goût. C'est dommage car les adultes peuvent être influencés et hésités à lire ce roman qui est agréable à lire. Je pense tout de même que ce roman est plutôt destiné à un public adolescent ou jeune adulte.



Commenter  J’apprécie          140
La voix des ombres

Coup de coeur. Tout bonnement un plaisir de lecture. Les rennes du récit sont tenus de mains de maîtresse. J'ai tout bonnement plongé dans ce 17 e siècle fantastique britannique. Il est là question de mémoire familiale, de transbordements de fantômes, d'héritage en quelque sorte, mais également de servitude et de liberté. C'est profond. Voilà une littérature jeunesse qui ne peut laisser indifférent.e.s, les nouveaux ancien.ne.s que nous sommes.

Qui et que recèlent les âmes ?...A vous de le découvrir.



Astrid Shriqui Garain



Commenter  J’apprécie          130
L'île aux mensonges

L'île aux mensonges était un emprunt "Coup de tête". J'errais dans les rayons de la biblio à Paris et la tranche du livre m'a intriguée. Le résumé m'a par la suite convaincue : une jeune fille durant l'époque victorienne passionnée par les sciences mais dont les conditions de son époque la font se taire et ruminer son amour pour l'inconnu et le mystère ? Ca ne pouvait que me plaire une petite révolte féministe au 19ème siècle ! J'ouvre et feuillette les premières pages pour découvrir Faith qui est, comme je l'avais imaginée, farouche, intelligente mais aussi aimante. Elle est l'exact contraire de sa mère qui joue de ses charmes pour ses besoins matériels.



On débute sur une ambiance très mystérieuse et policière (oui, la biblio annonçait ce roman comme une enquête) entourée de secrets de famille... et ça se lit bien ! Avoir un prix n'est pas permis à tous les romans, surtout le Costa. L'époque victorienne est vraiment bien retranscrite : on est complètement immergé dans cette société religieuse anti-suicide, rumeurs de village, regards et rejets des autres. J'ai bien aimé cette découverte palpitante qui m'aura pris un bon mois de lecture mais qui en valait la peine.
Commenter  J’apprécie          130
Le chant du coucou

Un livre que j'étais impatiente de lire !

Lorsque Triss se réveille, ses parents lui apprennent qu'elle a échappée à une noyade et s'en est sortie miraculeusement. Tout semble aller pour le mieux. Sauf que... Elle a des trous noirs, elle a un appétit insatiable, elle retrouve des brindilles derrière elle, et sa petite sœur a peur d'elle. Peu à peu, Triss se compte que quelque chose est à l'œuvre. Mais a-t-elle le courage d'aller voir dans les profondeurs de son être ?

Il y a vraiment tout ici pour me plaire : Le chant du coucou se déroule cinq ans après la fin de la Première Guerre Mondiale, au sein d'une famille apparemement bien sous tout rapport, mais qui cache quelques petits secrets. Le père de famille a fait fortune suite à ses travaux architecturaux, sa femme tient la maison et leur rang social. Pour ce qui est des enfants : leur fils aîné, Sebastian, est mort à la guerre. Ce qui conduit les parents à sur-protéger leurs deux filles, Triss (11 ans) et Pen (9 ans). Il y a donc une famille, qui apparaît comme étant de plus en plus complexe au fur et à mesure que l'intrigue avance, avec l'apparition de plus en plus marquée du fantastique et de l'horreur. Si je devais le mettre dans une case, ce serait dans la section « conte horrifique », je pense, et j'ai pensé à plusieurs reprises à l'univers de Neil Gaiman, rapprochant plusieurs fois Le chant du coucou à L'Étrange Vie de Nobody Owens ou à Neverwhere. Pile-poil les univers que j'adore ! On retrouve un peu le London Below de Neil Gaiman avec cette plongée dans un monde que les humains ordinaires ne peuvent pas percevoir, ces « poches » fantastiques dans notre monde... Le chant du coucou introduit donc tout un univers qui cohabite avec le nôtre, avec ses créatures et leurs propres cultures, que ce soit les Adjacents, l'Architecte, le Petit Peuple dans son ensemble, apportant une dose de mythologie très fournie, dense et magnifiquement décrite. On entre dans un univers à la fois familier mais malgré tout très différent, très dangereux, avec ses codes propres.



(Voir mon avis complet sur mon blog.)
Lien : https://chezlechatducheshire..
Commenter  J’apprécie          130
L'île aux mensonges

En 2015, ce roman est le 2eme de littérature jeunesse à obtenir le prix Costa : l’équivalent du Goncourt en Angleterre. Frances HARDINGE succède donc à PULLMAN et sa Croisée des Mondes. En voilà un défi à relever. Et c’est fait avec brio ! Le scénario est mené à la perfection avec intelligence et finesse. Même Patrick NESS dit qu’il est « brillant, sombre, haletant et tellement original ». C’est le résumé parfait selon moi.

Dans l’Angleterre victorienne, les femmes sont encore moins écoutées qu’auparavant. Ce qui déprime considérablement Faith qui est passionnée par les sciences grâce à son père. Reconnu dans le monde scientifique, il est connu s’opposer à Darwin et sa théorie de l’évolution des espèces grâce à la découverte de fossiles de Nephilim. Cependant, un scandale couvrant ses découvertes éclate et il est contraint de s’exiler sur une île avec sa famille. Mais cela ne stoppe pas ses recherches. Non, ce qui les stoppe, c’est sa mort. Et si Faith est persuadée qu’il a été tué, ce n’est pas le cas du village. Ecoutera-t-on la voix d’une femme dans cette Angleterre conservatrice ?

Il y a une densité incroyable de recherches faites qui en font une œuvre véritablement littéraire. Tout d’abord le cadre historique qui est véritablement travaillé pour faire une peinture sociale d’une grande authenticité. Il s’agit d’un roman féministe : l’intrigue dénonce le peu de place faite aux femmes qui sont condamnées à rester dans l’ombre au XIXe siècle. Nous avons ici une dénonciation à la Jane AUSTEN. Mais, nous n’avons pas une cruche pour autant qui se contente de regarder le monde scientifique évoluer : Faith sait être intrépide et audacieuse pour que sa soif de connaissance se libère du corset social. De plus, les inspirations littéraires sont nombreuses : Les Dix Petits Nègres pour le thriller psychologique victorien sur une île nappée de brume et de mystère. La plume de HARDINGE sait nous mettre sous tension pour que l’on accroche à son œuvre. Mais on retrouve aussi beaucoup de mythologie : Cassandre que l’on n’écoute pas, Antigone pour le combat que mène Faith afin que son père ait une sépulture décente. Et enfin, nous avons une dernière référence à la tragédie Hamlet dans la vengeance envers le meurtrier, la folie qui la gagne et les mensonges qu’elle répand tout en recherchant la vérité. Cette dernière référence induit du suspens dans cette partie de Cluedo à laquelle se greffe le secret de l’arbre. Car non seulement HARDINGE sait s’inspirer avec brio des grands classiques, mais en plus elle sait y ajouter un fantastique fascinant et troublant avec un concept magique original. Nous avons donc une richesse des thèmes très appréciable et rare en littérature jeunesse : la connaissance, la foi et le doute sont interrogés. Il est intéressant de voir comment l’auteure montre la découverte de la science face aux certitudes théologiques et le refus des théories de Darwin. Mais HARDINGE nous parle aussi de la loyauté familiale, de la place des femmes dans la société et leurs manigances pour être considérées. Voici donc un livre au style travaillé pour peindre des aventures historiques et fantasy qui plairont aux adolescents comme aux adultes. En voilà un qui mérite son prix !

EXTRAIT : http://lecturesdunenuit.blogspot.fr/2017/06/lile-aux-mensonges.html
Lien : http://lecturesdunenuit.blog..
Commenter  J’apprécie          122
L'île aux mensonges

Faith Sunderly, fille de pasteur anglican à la fois naturaliste renommé, vit dans l'Angleterre victorienne de 1869. Le début de l'histoire emmène la jeune fille de quatorze ans, plutôt mature pour son âge, son jeune frère et ses parents sur une île au large des côtes anglaises. Son père est accusé d'avoir trompé la communauté scientifique, l'exil est la meilleure solution pour se faire oublier...

J'ai abandonné cette lecture, triste, sombre, avec des longueurs abyssales. Une héroïne que j'ai trouvée intelligente mais sans vraiment de charisme, bref, j'en étais à la page 100 et rien ne se passait, sinon des événements sans grande importance, juste des mises en bouche, tout était suspicion sans aucun déclenchement d'histoire. La mère de Faith est tellement égocentrique que cela en est totalement ridicule, le père est bizarre, incohérent et mal embouché, le petit frère pas très dégourdi, et cette pauvre fille que tout le monde s'ingénie à tourmenter n'attire que la pitié du lecteur. Abandon, malgré les qualités rédactionnelles de la plume de l'autrice.
Lien : https://lecturesdartlubie.bl..
Commenter  J’apprécie          110
L'île aux mensonges

Lecture géniale, qui n'est pas uniquement destinée à un public jeunesse... L'histoire est bien amenée et très prenante. De plus, l'héroïne se montre plutôt aventureuse pour l'époque et mène l'enquête avec ténacité.
Commenter  J’apprécie          110
Le chant du coucou

Le chant du coucou est une revisite du mythe du changeling, ce leurre déposé par le petit peuple à la place d’un bébé humain.



La grande force de ce coucou-là est multiple :

- le mélange folklore celtique et réalité. Le roman se déroule après la 1e guerre mondiale et est rempli de détails dans sa représentation. Ce décor n'est pas juste un papier-peint pour faire beau et remplir les trous, il prend corps avec l'histoire racontée. En sa représentation fidèle crée un contraste saisissant avec une intrigue fantastique, magique, un peu surréaliste.

- Un mélange de tons, de genres et d’ambiance : on est tantôt sur de l’horrifique, tantôt sur du comique grâce à une imagination de l’autrice débridée, tantôt encore dans du surréalisme, teinté de fantastique.

On est de ce fait surpris à chaque phrase, ne sachant jamais à quoi s’attendre. L'autrice déjoue nos attentes, par le biais d'une imagination complètement débridée et qui amène des scènes assez cocasses, farfelues, devant lesquelles on ne sait pas trop réagir : on rit ou on s'insurge ?





Le chant du coucou est un roman bourré de trouvailles géniales, de scènes dingues, mais surtout un roman psychologique.

- On explore la psyché d’un personnage qui se (re)/(dé)construit : c’est le roman d’une métamorphose touchante qui s’opère, avec mélancolie et amertume. J'ai aimé cette thématique du double, du miroir, du doppelgänger, qui amène un personnage sur le chemin de la quête de sa nature, de son identité.

Le roman explore donc la thématique du double : double négatif mais aussi positif avec une belle sororité qui se construit également.



Vous l’aurez compris, Le chant du coucou est un roman complexe, un peu barré. A lire si vous n’avez pas peur des fringales de Triss, de manger des poupées et d’être découpé en deux par des ciseaux vengeurs.

Je regrette juste une seconde partie moins intense et un final trop positif - mon cynisme n’a pas été totalement satisfait.

Mais à part ces petits détails, une très bonne lecture déroutante, originale et immersive dans le comique-horrifique-surréaliste-fantastique.
Lien : https://zoeprendlaplume.fr/f..
Commenter  J’apprécie          100
L'île aux mensonges

L'Île aux mensonges est un roman jeunesse lauréat du prix Costa du meilleur livre de l'année, un régal à lire !



Préparez-vous pour une belle et grande aventure littéraire avec une héroïne inoubliable et de nombreuses péripéties! Dès le départ j'ai adoré le personnage principal, Faith, du fait de sa grande maturité, de sa volonté et de son courage et ce d'autant plus qu'elle évolue tout le long de l'histoire afin de gagner en confiance. Son évolution est d'ailleurs très marquante du fait du cadre spatio-temporel et des mœurs de l'époque (1860).



J'ai aimé la tournure de l'intrigue qui instaurait une enquête passionnante proche du policier et où Faith va devoir se démener pour découvrir la vérité. Le lecteur va se régaler notamment du fait de cette investigation qui va toucher au monde scientifique et mettre en questionnement l'évolution des espèces. C'est dès lors un angle d'attaque très original pour ce genre littéraire et j'ai d'autant plus aimé ma lecture.



En plus des personnages fascinants, d'une histoire addictive, il faut ajouter une écriture très fluide et efficiente portée par l'excellente traduction de Philippe Giraudon. Je me suis donc régalée à cette lecture et ce d'autant plus que Frances Hardinge apporte véritablement sa pierre à l'édifice de la littérature jeunesse/YA avec un talent rare !



En définitive, je vous conseille ce roman unique en son genre !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
Commenter  J’apprécie          100
La lumière des profondeurs

Frances Hardinge a toujours le pouvoir de m'embarquer dans ses histoires. J'ai garder un excellent souvenir du Chant du Coucou. Elle a un don exceptionnel pour inventer des univers basé sur le folklore où les mythes, et elle utilise les ressources à sa portée pour élaborer des ambiances uniques. Je crois que je n'ai jamais lu quelque chose de semblable (mais je ne suis pas non plus une immense lectrice de fantasy ou de young adult). Ici l'univers est totalement different. On est au bord de la mer, au milieu des îles, dans un récit qui évoque des dieux marins qui fascinent les hommes depuis toujours, des trésors cachés, des épaves....



Si le roman démarre lentement, c'est parce que l'intrigue prend le temps de s'étoffer. Rien ne se précipite, on sent l'auteur qui installe progressivement les choses. On fait connaissance avec Hark et tous les personnages secondaires et l'entrée en matière est plutôt réussie. Ça nous permet de nous attacher, de prendre le temps d'explorer les lieux, de comprendre les heros. J'aime beaucoup la manière dont l'auteur traite du handicap à travers les habitants des îles frappés de surdité. Et j'aime encore plus que cette fabuleuse aventure permette d'aborder toutes sortes de thématiques intéressantes comme l'emprise de Jerk sur Hark et la manipulation dont ce dernier fait l'objet sous couvert d'amitié.



L'histoire est baignée d'éléments steampunk et de références à Jules Verne tout du long et on ne s'ennuie pas, tout est parfaitement maîtrisé même si la seconde partie est plus riche en péripéties. Ne cherchez pas, vous ne trouverez pas de romance dans ce livre et ça fait du bien ! Enfin, un roman qui assume sa part de fantasy et d'aventure sans chercher à proposer autre chose.



Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'auteur a longuement bâti son univers en puisant dans ses propres références, en inventant des dialectes, des pays, des castes et des enjeux passionnants à suivre. Ce qui émerge principalement, c'est l'idée générale d'un récit merveilleux et dur fait de magie, de science, d'explorations et de légendes qui prouve que l'originalité existe encore en littérature et que certains maîtrisent toujours l'art de conter de fabuleuses histoires.



Un dernier mot pour le fun : allez jeter un oeil sur les couvertures de son éditeur anglais, vous n'en reviendrez pas...
Commenter  J’apprécie          90
La voix des ombres

Que devenons-nous quand nous mourrons ? Et bien, nous rendons l'âme.

C'est toute l'histoire de ce livre dont l'action se situe dans l'Angleterre du 17ème siècle et dans lequel une jeune fille par le biais d'un pouvoir fantastique, celui de contenir les fantômes des mourants -des gens littéralement en train de mourir-, va découvrir ses origines et choisir sa destinée.

Ce qui m'a plu : la méchanceté des méchants. Il n'y a pas plus grande cruauté que de voler l'éternité des gens, non ?
Commenter  J’apprécie          80
Le chant du coucou

J'ai fait une première erreur en pensant que ce récit était destiné à la jeunesse. Et j'ai cru ensuite que j'aurais à faire à une histoire un peu gore, un peu creepy, bien grinçante. En fait, le chant du coucou s'adresse résolument aux adultes que nous sommes, et reprend avec finesse et surtout avec beaucoup d'originalité le bestiaire féerique qui parlera aux amateurs de folklore celtique. Il replace avec brio certains de ces éléments à l'époque moderne, il redessine leurs particularités. Mais surtout, c'est un récit incroyablement riche et dense, avec des détails imprévisibles, un style soigné, une intrigue qui fait preuve d'ingéniosité et nous transporte d'un point à un autre avec énormément d'habilité.



L'histoire se situe peu de temps après la fin de la première guerre mondiale. Un jour, Triss tombe à l'eau, manquant se noyer... Lorsqu'elle revient, elle est différente. Quelque chose s'est produit, mais quoi ? De souvenirs confus en fringales incontrôlables, de changements physiques effrayants en hallucinations perturbantes, Triss croit peu à peu devenir folle. Et si c'était autre chose ? Et si elle n'était pas malade ? Triss va commencer à ressembler ses souvenirs et à chercher les causes de son accident. Elle va alors tout doucement lever le voile sur des choses étranges, des choses qui entourent le monde des vivants, mais demeurent cachées à leurs yeux. Et ce n'est pas la haine de sa petite soeur Pen qui risque de changer quoi que ce soit à sa solitude ou à son sentiment d'inconfort.



Que s'est-il passé au Sinistre ? Qui est l'Architecte ? Que cachent les attentions de M. Grace ? D'où proviennent les mystérieuses lettres qui s'accumulent dans la chambre de son défunt frère ?



Autant de pistes à découvrir, de mystères à révéler, qui sont liés les uns aux autres, chaque élément s'imbriquant à la perfection pour offrir un récit glaçant à l'atmosphère résolument oppressante.



Ce qui m'a frappée, c'est la finesse et l'originalité avec lesquelles le récit de Triss est mené. On passe de l'inquiétude au malaise sans jamais tomber véritablement dans l'horreur absolue, l'auteur préférant suggérer et faire marcher l'imagination du lecteur. Elle effleure au passage des thématiques importantes telles que le deuil, la vie après la guerre, l'émancipation féminine, l'arrivée du jazz dans une société encore très peu libérée...



La force de cette histoire, ce sont ses personnages incroyablement maîtrisés malgré leur jeune âge. J'ai beaucoup apprécié la manière dont la relation des deux soeurs est décrite : ce mélange de haine, de jalousie et de rivalité plus ou moins créé par le comportement extrême des parents. Il y a beaucoup de réalisme dans ces sentiments qui sonnent toujours justes.



L'autre point fort du récit, c'est la bizarrerie omniprésente. Dans la seconde partie du roman, les événements se succèdent sans temps mort et mènent lentement à un dénouement spectaculaire. Je salue au passage le talent de Frances Hardinges qui a choisi d'exploiter les outils de l'époque et d'utiliser les technologies du début du siècle à des fins malfaisantes. J'ai trouvé ça brillant.



C'est une réussite qui remet habilement au goût du jour les légendes anciennes et l'existence du Petit Peuple. Si vous aimez les univers féeriques ténébreux qui se rapportent à la terre, les créatures étranges, les atmosphères pesantes et sombres, les mystères et les récits énigmatiques, vous allez vous régaler.
Commenter  J’apprécie          60
Le chant du coucou

C'est un joli roman, avec son atmosphère inquiétante, dérangeante, et pourtant curieusement féerique. Parce que c'est bien d'un conte de fées dont il s'agit, même si elles ne sont jamais nommées comme telles. Il y a un côté « folklore à l'ancienne » dans cette histoire de changelin qui m'a bien plu à la fois modernisé, mais qui garde un charme désuet dans cette Angleterre des années 20 éclairée au gaz, qui se relève de la dernière guerre et qui découvre le jazz.





L'écriture est vraiment belle, elle m'a accroché dès que j'ai feuilleté le roman en librairie, et c'est ce qui a achevé de me décider à me le procurer, même si le thème et la couverture me faisaient déjà de l'oeil. Poétique et assez onirique avec ses métaphores biscornues, elle n'en reste pas moins fluide et accessible.



J'ai eu un peu de mal à m'attacher aux personnages au début, et ça créait une sorte de distance émotionnelle qui me donnait l'impression de ne pas apprécier le roman autant qu'il le fallait, même si ça restait agréable à lire. Et puis petit à petit, ils ont commencé à se dévoiler dans toute leur (in)humanité, leurs différentes facettes, leurs échecs... Et là, j'ai vraiment accroché. Les liens entre les protagonistes (surtout les deux soeurs) deviennent vite la part la plus importante de l'intrigue, personne n'est tout noir ou tout blanc, chacun se révèle finalement aussi changeant que les Adjacents. Violet, les parents Crescent, Monsieur Grace ou même l'Architecte et son peuple, tout le monde a droit a un développement digne de ce nom.

La relation entre Triss et Pen est vraiment touchante de justesse, c'est un duo qui évolue énormément, même si elles paraissent souvent un peu trop matures pour leur âge. J'ai eu une préférence pour Pen (qui m'a parfois un peu fait penser à Lyra d'Alcdm), qui de sale môme insolente se révèle vite déterminée et sensible.



Ce n'est pas un coup de coeur et je ne sais pas si cette lecture laissera un souvenir impérissable ou si elle se changera en réminiscence fugace, mais je l'ai vraiment appréciée sur le moment.
Lien : https://minetsbooks.wixsite...
Commenter  J’apprécie          60
L'île aux mensonges

J'avais déjà lu la voix des ombres de Frances Hardinge et j'avais adoré sa plume sombre, poignante et captivante.

Je dois dire que j'ai absolument retrouvé le même engouement pour l'île aux mensonges !



Cette histoire se déroule en 1860.

Nous y suivons donc Faith Sunderly, fille d'un pasteur et naturaliste émérite soupçonné d'avoir trompé la communauté scientifique et religieuse.

Il se cache avec ses deux enfants, sa femme et son beau-frère sur une île où leur secret saurait être préservait. Mais la vérité va les rattraper, un accident dramatique va survenir et Faith va devoir rétablir l'honneur familiale. Mais également porter le poids d'un mensonge qui pourrait s'avérer dangereux ...



La plume est comme d'habitude absolument incroyable de sa richesse et de son empreinte sur le récit.

Cette autrice arrivera toujours à me transporter et j'ai hâte de lire d'autres de ses romans !



L'intrigue est particulièrement bien amenée, j'ai adoré les personnages qui dépeignent parfaitement le contexte historique. Je pense qu'il est bon de se pencher sur les figures féminines du récit.

Faith est un personnage tout en nuances, représentant une jeune fille qui se renferme sur elle-même et tente de passer inaperçue. Elle ne tardera pas à tirer profit de ce trait de caractère et à révéler sa véritable nature pour rétablir la vérité.

Tout est cohérent ; son lien avec son père, l'image que lui renvoie sa mère et l'effet que lui fait cette société patriarcale.



La mère a été un des personnages que j'ai le plus aimé. ce rôle de femme mariée, exécrable au possible et prête à tout pour son honneur et celui des sien était particulièrement bien écrit et rien ne semblait surjoué.

Son rôle servait l'histoire d'une façon très subtile que j'ai adoré découvrir.

Je n'avais jamais vu ça !



Le cadre posé par l'autrice est vraiment très intéressant : une île inquiétante qui va être le théâtre d'un drame. c'est un petit microcosme où tout circule très vite et on remarque par le biais de la population le pouvoir des mensonges et la terreur collective qu'il peut engendrer.

Et puis il y a tout une ambiance avec ce château mystérieux dans lequel les Sunderly habitent, cette île brumeuse et ses mystères.



J'étais satisfaite en refermant ce livre, satisfaite de cette fin audacieuse et de ce dénouement finement amené.



Je le conseille vraiment car le contexte historique notamment avec le rôle de la religion et de la science est vraiment bien dépeint.









Commenter  J’apprécie          50




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Frances Hardinge (522)Voir plus

Quiz Voir plus

La riviere a l'envers Tomek

Quel est le métier de Tomek?

Epicier
Boulanger
Charcutier
Agriculteur

10 questions
699 lecteurs ont répondu
Thème : La Rivière à l'envers, tome 1 : Tomek de Jean-Claude MourlevatCréer un quiz sur cet auteur

{* *}