Lorsqu’on tombe amoureux l’autre apparaît toujours plein d’une vie débordante. Il est en effet l’incarnation de la vie dans l’instant de sa création, dans son élan, la voie vers ce que l’on n’a jamais été et que l’on désire être. L’aimé est donc toujours une force vitale libre, imprévisible, polymorphe. Il est comme un superbe animal sauvage, extraordinairement beau et extraordinairement vivant. Un animal dont la nature n’est pas d’être docile mais rebelle, n’est pas d’être faible, mais fort.
une courte séparation suffit à nous prouver, une fois encore, que l’être aimé porte en lui quelque chose d’incomparable, quelque chose dont nous avons toujours ressenti le manque et qui s’est révélé à travers lui, et que, sans lui, nous ne pourrions jamais plus retrouver. Il nous arrive souvent de pouvoir en identifier un détail : les mains, le galbe d’un sein, un pli du corps, la voix, n’importe quoi qui représente, qui symbolise sa diversité et son unicité. C’est le « signe », le « charisme ». L’éros, la sexualité extraordinaire, est monogame.
Quand on tombe amoureux, on continue longtemps à se répéter à soi-même qu'on ne l'est pas. Passé le moment au cours duquel l'évènement extraordinaire s'est révélé, on retombe dans le quotidien et l'on croit qu'il s'est agi de quelque chose d’éphémère. Mais à notre grand étonnement, cet évènement surgit à nouveau dans notre esprit, créé un désir, un tourment qui ne s'apaise que lorsque nous entendons une certaine voix ou revoyons une certaine personne.
Certains hommes, par exemple, sont attirés par des femmes vives, entreprenantes, brillantes, actives, puis ils découvrent qu’elles les étourdissent, les dominent. D’autres tombent amoureux de femmes maternelles, pleines de sollicitude, qui prennent soin d’eux comme d’un enfant. Ensuite, ils se sentent contrôlés comme des bambins.
Ceux qui s’aiment passent des heures entières à se raconter leur vie dans
le détail, ils veulent que l’autre partage la totalité de leur être et donc de leur passé. Et l’amant, charmé, écoute ce récit, éprouve parfois un sentiment de jalousie à l’égard de ceux qui ont connu, avant lui, sa bien-aimée, parce qu’il lui semble avoir perdu des instants précieux de bonheur.
La calomnie, la diatribe, la diffamation, le lynchage moral ont toujours été les instruments de la conquête du pouvoir.
Nous nous imaginons que l'univers, les étoiles, les planètes, les plantes, les insectes, les cailloux, les couleurs, les formes, les triangles et les lois physiques continueraient à exister en l'absence des hommes, sans quiconque pour les voir, les penser, les nommer.
Dans l'état amoureux, nous nous sentons habités par la force extraordinaire qui anime l'univers et tout nous semble beau comme au premier jour de la création.
Nous pouvons devenir amoureux à l’improviste, en quelques jours, voire en quelques heures, de quelqu’un que nous n’avions jamais vu avant. C’est à ce phénomène qu’on donne le nom de coup de foudre. Le véritable amour se fraie progressivement son chemin au milieu des incertitudes, de la jalousie, surmontant les situations triangulaires. Même chez l’individu le plus las, l’amour est comme un réveil. Le monde se révèle stupéfiant. Celui qui connaît cet état n’arrive plus à vivre dans la grisaille inerte du passé. Celui qui est épris désire aimer, même s’il souffre, même s’il se tourmente. La vie sans amour lui paraît aride, morte, insupportable. L’être que nous aimons n’est pas seulement plus beau et plus désirable que les autres. Il est la porte, l’unique porte pour pénétrer dans ce monde nouveau, pour avoir accès à cette vie plus intense.
Il n’existe pas de passion amoureuse sans la transgression d’un interdit.