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Citations de Francine Christophe (27)


Qu’est-ce qu’un déporté, qu’est-ce qu’un survivant au moment du retour ? Un être plus tout à fait humain, pas encore animal. Parce que là où il est passé, le déporté n’a pu rester l’individu qu’il était, ni devenir le complet animal qu’on voulait faire de lui. Ce qu’il a vu, vécu, supporté, ressenti, est difficile à décrire. Je l’ai déjà dit, il faudrait inventer un vocabulaire inédit, forger des expressions qui n’ont pas d’équivalents chez les vivants. Aucun mot d’Homme n’arrive à réellement décrire ces situations ; le camp, c’est un autre continent de la souffrance. Contrainte de composer avec le langage dont j’ai hérité en partage à ma naissance - car on peut travailler les mots jusqu’à l’épuisement, jamais on ne pourra aller au-delà d’eux
(p 97)
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Pourtant, j’ai chanté. Une petite fille de neuf ans a chanté dans les camps. Parce que l’art est le meilleur antidote au malheur, et la voix le plus vieil instrument de musique à disposition des hommes.
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On dit que le temps guérit toutes les blessures, qu’un jour ou l’autre, on finit par oublier. Ce n’est pas vrai, certaines plaies ne cicatrisent jamais. Je suis et resterai marquée à jamais par ce que j’ai vécu. Rien ne pourra panser le passé qui fut le mien.
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LA VIE
     
Madame, avez-vous de la haine ?
Je ne pardonne pas c’est tout
Et je le crie à perdre haleine
Pour qu’on le sache de partout.
     
S’ils avaient dit pardon, Madame
Est-ce que dans le fond de votre âme
Vous n’auriez pas changé d’avis ?
Jamais !
Ils ont assassiné la Vie.
     
Madame, avez-vous de l’amour
Pour nous ?
J’en ai un peu plus chaque jour.
Enfants quand je vous vois chanter
Enfants nés de la Liberté.
     
Madame, pourquoi nous aimez-vous tant ?
Parce qu’en vous je vois la gloire
Vous redonner sens à l’espoir
Et au miracle de la Vie
     
La Vie !
     
2012
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Je vous demande pardon, à vous qui êtes restés là-bas. Je vous demande pardon, car je ne vaux pas mieux que vous. Mon oeil n'est pas plus vif, bien au contraire : je sais qu'on a tué des artistes et de merveilleux ouvriers. Mes pensées ne sont pas plus profondes, bien au contraire. Je sais qu'on a tué des sages.
Alors, pourquoi ? Chaque jour qui passe m'entend reposer la question : pourquoi moi ? On me répond qu'il fallait des témoins. C'est vrai, il en fallait, mais pourquoi moi ? Puisque je suis là, je témoigne, je ne cesserai jamais de demander pardon aux autres qui auraient aussi bien témoigné que moi, et qui ne sont pas rentrés de là-bas.
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Hitler n'a pas inventé l'antisémitisme, il lui a donné sa forme la plus monstrueuse.
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NOUS SOMMES TOUS DES PENDUS DONT LA CORDE A CASSÉ.

Le contact avec les allemand s'est révélé pénible.Pas avec les jeunes .Mais des qu'un Germain a 《 l'âge 》,tout en moi se recroqueville.Malgre moi ,je l'imagine en uniforme,je le vois agir,ordonner,cogner,crier.
La langue,également,me donne un certain malaise.Le plus beau lied,le plus beau poème ne sont qu'aboiements à mes oreilles.
Je ne ressens pas de haine envers l'Allemagne,sinon,je ne vaudrais pas mieux que mes bourreaux.
Au fond,c'est peut-être ça e tre juif: posséder une communauté de souffrance et pratiquer le refus de la haine.(Page 208).
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Deux femmes assises attendent au centre de la baraque.La vieille et la jeune. La mère et la fille .On dirait qu'elles vont mourir,là, devant nous.
On les a extirpé de leur galetas et traînées devant nous toutes pour les empêcher de mourir.
DE MOURIR DE CRASSE
Car c'est vrai ,elles ont l'oeil vague, et elles sont mangées par les poux.
De loin,en tendant les bras,sur la pointe des pieds,le corps tendu,on les dénude et on les lave,et on leur donne des habits collectés parmi nous toutes.Puis on leur rase la tête, mais ça se révèle impossible.Leur crâne disparaît sous une croûte épaisse de cheveux pourris,de crasse et de larves de poux.On gratte ,on cisaille, pour en enlever le maximum.
Hé oui,elles avaient dételé,les pauvres,elles avaient cédé,capitulé,abandonné,lâché,abdiqué,renoncé.
Il faut vouloir survivre ,et ce n'est pas donné à tout le monde.
J'assiste au sauvetage,en bon public,fascinée par l'excellent spectacle,et puis je regarde en coin,Maman que je battrais, le matin avec sa maudite toilette du corps ....pour l'esprit
( Finalement ,la fille s'en sortira.La mère qui n'avait pas quarante ans ,meurt épuisée peu de temps après.)
La neige partout,la neige épaisse,la neige blanche qui étouffe les cris ,les pleurs ,la vie.
Creuser des chemins dans la neige.Soulever des jambes lourdes d'oedèmes dans la neige.Tomber dans la neige .
Qui m'aurait fait croire que je ne pourrais n'avoir ni envie de batailles de boules de neige,ni de bonhomme de neige ?.( Page 120/ 121).
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Dernièrement, à l'arrêt de l'autobus, mes jambes rougies par le froid, me rendaient le stationnement difficile. (...). Alors, timidement, pour la première fois, l'attente se prolongeant, j'ai sorti ma carte de priorité.
- Mais qu'est ce qu'elle a, celle-là à son âge !
- Excusez-moi, je suis une ancienne déportée.
- Déportée ! Avec cette mine...
- Si t'es r'venue,c'était pas si terrible !
-Des blaques, des blagues, elle avait pas l'âge d'y aller.
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Je sors de la barque avec Rose-Marie et son fils Michel, et de l'autre côté du barbelé, juste là, quatre morts tout nus, allongés par terre, le crâne appuyé contre le mur, attendant leur transfert au four.

Rose-Marie a un drôle de réflexe. Elle attrape Michel et le retourne. Moi, je les regarde, étonnée. Bah, il a trois ans, Michel. Il faut bien qu'il s'habitue.
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"Je dédie ce petit livre à tous les enfants martyrs,
aussi à ceux que j'ai connus,
et qui ont tant souffert,
À tous ces enfants qu'on a tués,
et qu'on a fait souffrir avant,
À tous ces enfants que des monstres ont assassinés.
En espérant que le monde qui vient comprendra
et respectera les enfants.
De toutes mes forces, je le souhaite."
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Mon bébé a bougé pendant des mois, et puis, ça y est, il est là. Tout de blanc vêtu, il dort. Comme il paraît paisible. Malgré sa croûte au crâne, cette peau griffée par les forceps, il repose, calme.

Comprends-tu, petit, que tu est l'enfant de la victoire ?
Comprends-tu, petit, que c'est cela qu'ils ne voulaient pas ?
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« Rapportons-la, Francine, elle pourra toujours servir. » En effet, elle a servi. De retour à la baraque, Maman a pris une planche de châlit et l'a posée dessus. Le soir même, toutes les temmes du camp de l'Etoile étaient au courant. Chacune leur tour, elles sont venues s'asseoir sur la chaise. Il fallait voir la joie qu'il y avait dans leurs yeux. C'était formidable de s'asseoir. Un miracle. Quand on est dans un monde où l'on ne s'assoit jamais soit on se couche, soit on se lève pour l'appel - notre chaise incarnait un fragment de la vie d'avant. Un petit moment de bonheur et d'humanité retrouvé.
Édition Grasset, page 67
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Avant de commencer, une dame que je n'avais jamais vue s'est levée et a demandé la parole : "Je viens spécialement de Marseille. Je suis psychiatre. J'ai quelque chose à vous donner Francine." Elle s'est approchée, ses yeux brillaient, elle a mis la main dans sa poche pour en sortir un morceau de chocolat qu'elle m'a tendu. Sa voix vibrait d'émotion quand elle m'a dit : "Je suis le bébé". (page 67)
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Mes petites amies,et mes deux intimes, Christine Moreau et Suzanne Benneteau,je vous retrouve,et vous me souriez simplement,sans m'embarrasser de ces absurdes questions.Mais moi,je vous souris mal.Vos histoires de petites filles m'ennuient.Nous ne nous comprenons plus.Nous ne pouvons plus bavarder,car nos bavardages ne coïncident plus.
Lorsque vous perdez un membre de votre famille,votre tristesse me fait hausser les épaules. Allons ,comment peut-on on pleurer un mort!.
Vous me semblez bébés, bèbêtes.Vos jeux ne m'amusent pas,vos plaisanteries me fatiguent, vos rires m'énervent,vos secrets m'exaspèrent.Je n'arrive pas à vous suivre,nos pensées ne vont plus ensemble,parallèles.
Non,je ne suis plus de votre monde ,je suis d'un monde à part,je suis du monde des camps.( Page 201/202).
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Un enfant joue, peu importe où il se trouve.
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Nos gardiens vivent pourtant à deux pas de nous, avec leur famille, [... ]. Que se passe-t-il dans leur tête, le soir, alors qu'ils ont tant frappé et qu'ils retrouvent leur foyer?
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Aujourd’hui, nous sommes les citoyens d’un pays libre. Mais nous ne nous en rendons plus compte, parce que nous sommes habitués à cette Liberté. Elle est devenue une seconde nature : on vit, respire, pense, discute, critique, joue, on s’aime même, grâce à elle et à travers elle. Ce n’est que lorsqu’on a perdu la liberté qu’on peut comprendre sa valeur.
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« Nous avions vécu l'autre côté de la mort, nous, nous le savions. Mais impossible à dire aux autres, l'époque n'était pas prête à nous entendre. »
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Ah! Cette étoile, Maman, comme je voudrais pouvoir l'arracher. Je ne veux pas qu'on m'observe comme ça. Je veux m'en aller. Pourquoi de fusils ? Je ne suis pas un animal.
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