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Citation de Carosand


Puis elle m'a dit, en me regardant dans les yeux, qu'elle voulait mon roman, qu'elle voulait l'acheter, et bien sûr j'ai souri et lui ai répondu qu'à moins que mon éditeur le refuse, il serait en librairie dans quelques mois.
- Non, je le veux pour moi, pour moi seule. Je veux vous l'acheter. Comme un tableau.
- Vous en feriez quoi, de ce roman ?
- Rien. Rien de particulier. Le lire, le regarder, le prendre en main.
- Attendez qu'i soit publié. Vous pourrez le lire, le toucher, dormir dessus.
- Ce n'est pas la même chose. Je le veux comme je voudrais un tableau. L'original, pas autre chose. Vous ne comprenez pas ?

Cette femme ? Rien, je ne savais rien d'elle. Parlait-elle sérieusement ? Je le croyais. Mais pourquoi cette démarche ? Si j'étais peintre... Vendre une toile, c'est normal, c'est la règle du jeu. Mais un peintre vendrait-il sans sourciller l'ensemble des toiles d'une période de sa vie ? Mon roman, c'était cela : toutes les images d'un temps, d'un moment à nul autre pareil, d'un moment long, fait de silences et de vides, mais saturé aussi de mots et d'émotions.
Et c'était aussi, c'était surtout les plans, comme toujours, des jours à venir, plans imprécis et certainement difficiles à interpréter - mais il ne s'agissait pas tant de les interpréter que de les vivre, comme on vit dans la journée, le plus souvent sans en prendre conscience, les rêves des nuits passées.

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