Je ne suis pas un grand lecteur de poésie. Bien que j’y trouve de la beauté intrinsèque, les poèmes me sont souvent obscurs et leur signification m’échappe sans explication de texte. À moins qu’ils me paraissent désuets ou simplistes. Néanmoins, parfois, je me laisse tenter. Ayant quelques intérêts en la personnalité de Francis Lalanne, rêveur idéaliste et chantre moderne, j’ai décidé de découvrir ses textes à l’occasion du Salon du livre de Paris où j’avais le plaisir de partager (avec de nombreux autres) le stand des éditions du Grimoire.
Ses sonnets faits d’Amour sont à la portée du commun des mortels. Compréhensibles et élégants, ils nous plongent dans les expériences de Francis Lalanne. L’Amour s’y déploie en une dichotomie, à la fois vénérée pour sa puissance et sa beauté, mais aussi dénoncée pour sa fin qui, selon l’auteur, semble inévitable. Tout couple s’effrite et le sentiment amoureux avec lui… Avant un autre potentiel, car l’Amour est un sentiment intemporel et renouvelé.
F. Lalanne décrit de la naissance à la mort d’une relation, sans oublier certains textes où il s’attarde sans pudeur à la relation sexuelle, à la fois expression de l’Amour et acte physique. Je dois avouer que certains rares passages un peu crus ont quelque peu froissé ma relative pudeur, et ce surtout par le contraste qu’ils imposaient au reste des textes qui se concentrent sur le sentiment.
En tant qu’auteur, j’ai particulièrement aimé la partie intitulée « Staggione II » qui parle de l’écriture, mais aussi du fait de devoir se vendre. Des textes épris de réalisme, mais aussi d’humour et de cynisme. Un message sur le droit d’auteur.
Le Sonettino 24 « l’art de la poésie est une langue morte… » est très perspicace. Peu après, les comparaisons du livre à la nourriture sont poussées un peu plus loin qu’à l’ordinaire avec ce besoin de l’auteur de se sustenter, lui aussi.
Le Sonettino 38 résume bien sa (ma) pensée : « Ce qui sort de mon crâne ou de mon cœur est gratuit ; (…) Ce qui vaut de l’argent, c’est l’objet qui l’imprime… ».
Le fait que l’auteur nous indique la date d’écriture de ses sonnets permet de constater que la reconstruction de son recueil n’est que rarement chronologique, même si parfois une idée en entraîne une autre ou un sonnet implique une suite.
Ajoutons que quelques dessins (aquarelles ?) de Francis Lalanne viennent agrémenter le recueil. Simples parcelles de corps et plus souvent de visages, comme un regard sur les mots et l’Amour.
Quant à la petite erreur de pagination (volontaire ?) de la page 73 à 84, nous obligeant à inverser notre position, nous n’y ferons pas cas d’opposition.
Pour les amoureux des mots et les amoureux tout simplement.
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