Citations de Francis de Croisset (14)
On ne sait jamais pourquoi on tombe amoureux de quelqu'un : c'est même à cela qu'on reconnaît qu'on aime.
La lecture est le voyage pour lequel tu n'as pas besoin de prendre un train.
La principale rue de Kapurthala traverse la petite ville qu'elle découpe comme un gâteau rose. C'est par cette voie étroite que va passer, se rendant au Durbar, le cortège.
Le peuple entier est sur les toits.
Les éléphants sur lesquels prendront place le Maharajah, le prince héritier et les princes sont transformés en salons. Des parasols d'or servent de plafond.
Dans la cour d'honneur du palais rose, les notables des villes et villages dont le Maharajah est suzerain attendent, assis sur leurs jambes repliées. Ils ont mis leurs habits de fête. Leurs habits de fête sont en or.
Face au trône d'or, une terrasse du vieux palais est affectée aux invités. Un velum bleu et or l'ombrage.
Tout cela flamboie. Il y a trop d'or, j'aurais dû emporter mes lunettes......
(extrait de "Nous avons fait un beau voyage", deuxième roman du recueil paru aux éditions "Le livre moderne illustré" en 1928)
"On ne sait jamais pourquoi on tombe amoureux de quelqu'un : c'est même à cela qu'on reconnaît qu'on aime."
Port-Saïd - A huit heures du matin, nous sommes à quai.
Une petite ville de pacotille, des cafés à inscriptions arabes et françaises, un dédale de rues sordides qui se jettent comme des ruisseaux dans un boulevard trop neuf, bordé d'arbres maigres, et dont chaque bâtiment est une agence de voyage.
Partout des boutiques de tapis, de burnous, d'écharpes et, à chaque pas, des marchands de cigarettes. Toutes ces échoppes ne se réveillent qu'à l'arrivée des bateaux.
Entre deux escales, Port-Saïd compte ses sous et s'endort....
(extrait de "La féérie cinghalaise", premier roman du recueil paru aux éditions "Le livre moderne illustré" en 1928)
Un hall de style anglo-normand.
Au premier plan, à gauche, grande cheminée entourée d'une banquette en cuir.
En pan coupé, porte donnant sur le laboratoire et dont l'aspect doit être étrange.
Au fond, porte donnant sur l'antichambre.
Au fond, à droite, en pan légèrement incliné, deux marches conduisent à une double porte vitrée donnant accès sur le perron fermé par une balustrade.
Adroite, au second plan, l'amorce d'un escalier qui conduit aux appartements.
Au premier plan, une porte.
Au milieu, un bureau de chêne foncé ; devant le bureau, un grand canapé de cuir ou en tapisserie, chaises de vieux chêne....
Les femmes préfèrent aux jeunes gens riches qui leur envoient de magnifiques présents, les jeunes gens pauvres qui ne leur adressent que des souvenirs. Plus une femme est contente d'un cadeau, moins elle est heureuse. Et, certes, Miss Underfield doit tenir à Jerriman, mais ce soir elle aimera Hollicott.
Il y a quelques années, parcourant l'Insulinde et me trouvant à Rahajang, j'avais visité le petit "zoo" situé en dehors de la ville, au bord de la base maritime britannique, face aux farouches collines de l'Udaigor.
A la vérité, c'est moins un parc zoologique qu'un marché aux bêtes ...
Sous les ventilateurs du salon, déjà plein de courants d'air, une vieille dame australienne, vêtue d,un sac à bonbons, casse des rag-times sur un piano qu'elle parvient à rendre mécanique.
« Jean.- Ma femme me trompe.
Maud, riant malgré elle.- Votre femme ! Ah ! mon pauvre ami. Ce n’est pas possible. Comment, vous aussi… je vous demande pardon, c’est plus fort que moi, je ris… mais c’est nerveux… Je vous plains beaucoup. Il faut venir nous voir plus souvent. Nous vous consolerons. [...] »
- Quel serin que ton mari.
Je te demande un peu si au lieu de te télégraphier :
"Arriverai démobilisé semaine prochaine"
Il n'aurait pas dû te préciser le jour et l'heure ! ...
Mr Paul Reboux remarque, dans "l'Intransigeant", que les aventures de Chérubin, au cours de ces trois actes, intéressent comme une suite de gravures que le doigt tournerait sans en manquer une :
"Chérubin mélancolique ; Chérubin courageux ; Chérubin amoureux de l'amour plus que des amoureuses ; Chérubin infidèle ; Chérubin provoqué ; Chérubin soigné par sa belle marraine et par la baronne ; Chérubin, enfin, dans les bras de la Cloé, - tels pourraient être les titres des estampes que Francis de Croisset, ingénieux enlumineur, embellit de couleurs charmantes.
Ces études avaient été conçues sous forme de conférences. J'en ai à peine changé le style et la manière, me bornant à supprimer ce qui ne me paraissait pas essentiel.
Elles sont l'expérience amusée d'un quart de siècle d'art dramatique, mais aussi le fruit amer de vingt années d'observation quotidienne. C'est pourquoi elles paraissent parfois graves, presque un peu douloureuses, en dépit du ton souriant.
Contrairement à certains moralistes, dont les théories prophétisent, j'ai vécu ce livre avant de l'écrire, et peut-être est-ce là sa meilleure qualité.
(avant-propos de l'auteur extrait du volume paru aux éditions "Bernard Grasset" en 1934)
Un coin de parc brillamment illuminé. Au loin, la perspective d'un étang et d'un château éclairé.
A gauche, premier plan, une tonnelle et des sièges rustiques.
A droite, un banc de pierre.
C'est une nuit de fête. Musique par bouffées.
Scène première
Le vicomte, l'abbé
Le vicomte.-
- Hé ! l'abbé, laissez moi.
L'abbé.-
- Quoi, ces brillants jardins,
Ces femmes et ces fleurs et ces parfums mondains,
Le son des violons sous le ciel améthyste,
Tout cela vous déplaît ?
Le vicomte.-
- Il me plaît d'être triste.....
(lever de rideau de la pièce extraite de "La petite Illustration" n° 92 du 6 juin 1908)