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3.8/5 (sur 26 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Tours , le 22/05/1880
Mort(e) à : Saint-Quay-Portrieux , le 01/08/1959
Biographie :

Francis de Miomandre, pseudonyme de François Félicien Durand est un écrivain français.
Poète, essayiste, chroniqueur, romancier, critique, «découvreur» de talent, dandy, il est l'auteur d'une œuvre très abondante. On lui doit aussi de nombreuses traductions de l'espagnol (Unamuno, Calderón, Cervantes, Asturias, Lydia Cabrera) et du portugais (Machado de Assis).
Il obtint le prix Goncourt en 1908
Il fut une véritable personnalité du monde des Lettres et si l’on en croit les nombreux hommages qui lui furent rendus notamment après sa mort, un homme délicieux et rayonnant.
Remy de Gourmont fut son ami, Antonin Artaud, un fervent admirateur. On lui doit la révélation de Claudel, de Suarès, de Gide de Valéry, de Giraudoux, et même de Proust. Mais on ne s’en est guère souvenu jusqu’ici, non plus qu’il défendait du bec et des ongles l’oeuvre de Remy de Gourmont… qui le déclare à l’occasion son “seul lecteur.
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Source : vieuxpapiers.blogspot.com/2010/.../voyages-dun-sedentaire-francis-de.ht...
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Bibliographie de Francis de Miomandre   (54)Voir plus

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Francis de Miomandre
Mais, hélas ! “vivre avilit “, avait dit son maître Hermogène, dont le monocle semblait un lac, ou un cristal de gel, chargé de cacher à tous les regards la mélancolie désespérée de ses yeux. Vivre avilit, parce que cela réduit chaque jour les possibilités d’évasion, et il vient un moment où le prisonnier du plus heureux destin, s’étant vu fermer l’une après l’autre toutes les issues, piétine sur place dans un petit cercle dérisoire…

(Rencontre dans la nuit).
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Au temps de mon enfance, les voyages ne présentaient aucune des facilités qui leur sont offertes aujourd'hui, où n'importe qui peut faire le tour du monde pour quelques billets. Ne voyageaient alors que ceux qui se sentaient appelés ailleurs par une force irrésistible.
On avait beau les retenir dans leur patrie, dans leur famille, par le moyen de toutes les séductions possibles, un matin, sans crier gare, ils bouclaient leur valises et filaient par une porte dérobée. On avait plus de leurs nouvelles avant quatre ou cinq mois, par quelque lettre timbrée de Port-Saïd ou de Rio de Janeiro.
Ai-je besoin de dire qu'ils jouissaient dans leur famille d'une réputation très mauvaise ?
On n'y pouvait, en effet, attribuer qu'à un dérangement d'esprit tout à fait anormal, cette manie si bizarre et si inconfortable.
Ai-je besoin de dire que, dans ces mêmes familles, les enfants les adoraient ?
Ils représentaient, à leurs yeux, tout ce qu'il y a d'attachant, de doucement coupable, de mystérieux dans l'aventure.
Dans ma famille, c'est mon oncle qui s'était chargé de ce rôle ingrat et magnifique.
Je ne puis guère donner l'idée de l'admiration qu'il m'inspirait. Elle était immense. Pensez que, pour moi, le fait d'aller jusqu'au fond du jardin représentait une sorte d'expédition, et que cet homme surprenant avait traversé la mer rouge et qu'il se promenait en Syrie comme dans les allées d'un parc public.
Il y avait là un tel contraste, que je n'étais pas loin de considérer mon parent comme un être à part, d'une espèce radicalement différente de celles des voisins et des amis, ces pauvres sédentaires affairés et bavards.
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Tout arbre chez nous se tient debout comme un homme, mais immobile; enfonçant ses racines dans la terre, il demeure les bras étendus. Ici, le sacré banyan ne s'exhausse point unique : des fils en pendent par où il retourne chercher le sein lie la terre, semblable à un temple qui s'engendre lui-même. Mais c'est du cocotier seulement que je veux parler.
Il n'a point de branches; au sommet de sa tige, il érige une touffe de palmes. La palme est l'insigne du triomphe, elle qui, aérienne, amplification de la cime, s'élançant, s'élargissant dans la lumière où elle joue, succombe au poids de sa liberté Par le jour chaud et le long midi, le cocotier ouvre, écarte ses palmes dans une extase heureuse, et au point où elles se séparent et divergent, comme des crânes d'enfants s'appliquent les têtes grosses et vertes des cocos. C'est ainsi que le cocotier fait le geste de montrer son cœur. Car les palmes inférieures, tandis qu'il s'ouvre jusqu'au fond, se tiennent affaissées et pendantes, et celles du milieu s'écartent de chaque côté tant qu'elles peuvent, et celles du haut, relevées comme quelqu'un qui ne sait que faire de ses mains ou comme un homme qui montre qu'il s'est rendu, font lentement un signe. La hampe n'est point faite d'un bois inflexible, mais annelée, et, comme une herbe, souple et longue, elle est docile au rêve de la terre, soit qu'elle se porte vers le soleil, soit que, sur les fleuves rapides et terreux, ou au-dessus de la mer et du ciel, elle incline sa touffe énorme.
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(descente sur la côte d'azur, pour faire profiter du soleil à Séti, leur caméléon).

Ma femme partit la première, en l'emmenant, avec sa provision alimentaire. Je les rejoignis pour les fêtes de Pâques.
A l'hôtel où ils étaient descendus, inutile de dire que je trouvais tout le monde en révolution.
Le personnel, lui, était très convenable. Je dois, au reste, reconnaître que, d'une façon générale, les gens du peuple ou, pour employer une expression que je préfère cent fois, les simples, se sont toujours montrés à l'égard de Séti, plein de compréhension et d'amitié.
C'est que le vilain sentiment de la séparativité, ne commence à se manifester qu'aux échelons inférieurs de la bourgeoisie.
Un petit bourgeois se croit par définition quelque chose d'absolument à part dans l'immense hiérarchie de la nature ; et non seulement il ne comprend rien aux caméléons, mais encore, on le scandaliserait d'une manière irrémédiable si l'on tentait de lui faire comprendre que ce saurien a tout autant de droit que lui à l'estime et au respect, sinon d'avantage : puisque après tout, lui, le pseudo-humain, mène une existence idiote, faite d'envie sociale et de faux-semblants, alors que le caméléon ne fait pas un geste qui ne soit en harmonie avec l'ordre sacré du Cosmos.
Chaque fois qu'un petit bourgeois s'est trouvé en présence de Séti, il n'a jamais manqué de s'écrier : "Quelle Horreur !", tant cette sorte d'êtres est incapable de s'élever jusqu'à l'élémentaire notion qu'il puisse exister d'autres formes que la sienne. Réflexe de défense, qui n'est que très rarement celui du peuple, toujours naïf, toujours prêt à manifester sa bonne volonté, peuple qui est en définitive, le public premier des contes et des légendes.
A l'hôtel donc, Séti ne comptait que des amis parmi les serveurs, le portier, les femmes de chambre, et surtout le garçon d'ascenseur, qui le prenait pour un crocodile et s'informait de sa santé avec sollicitude.
Par contre, certains clients..... mais ne parlons pas de ces snobs.
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Jacques entraina sa compagne un peu plus loin ,dans une encoignure formée par le retrait d'une maison,et ,ce passant le long d'elle avec une sorte de frénésie , la caressa d'une caresse sans main,où le corps seul,tendu contre le corps aimé,vibrait du bonheur joyeux de tous ses atomes:des joues en feux brulant les joues de pourpre aux jambes devinant les jambes à travers les étoffes ,de la poitrine battante repoussée par les seins offert aux pointes des genoux magnétisant les genoux.Étreinte hiératique,longue,muette,forcenée!
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J'ai dit qu'en son état habituel, il était vert, d'un beau vert précieux de minéral. Mais quand rien ne le troublait, quand, absolument rassuré, il se laissait aller au simple bonheur de vivre : soit après un excellent déjeuner, soit quand il s'apprêtait à s'endormir dans le creux de notre main, alors nous assistions à un spectacle vraiment merveilleux : il changeait de couleur pour rien, pour le plaisir. On voyait passer sur toute la surface de ses flancs, comme des reflets légers venus de je ne sais quel couchant invisible, des tonalités absolument indescriptibles, qui changeaient sous nos yeux, certes avec lenteur mais cependant de façon insaisissable. C'est de lui, vraiment de lui, du jeu mystérieux de ses couches d'iridocytes que venaient ces nuées, ces nuances ; elles affleuraient à la surface grenue de son petit corps ; elles le vêtaient d'une robe bariolée, ravissante. (p. 53)
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Enfin, le chauffage central, entre les mains de la concierge, devenait une arme terrible, avec laquelle elle terrorisait l'immeuble : car elle pouvait à son gré, par de simples tours de clefs au calorifère, envoyer à qui elle voulait le froid de la Sibérie ou les fumées mortelles de l'asphyxie.
Le ténor du sixième, étouffé par ces vapeurs délétères, avait perdu sa place à l'Opéra et était devenu un simple chanteur des cours.
Seul, le poète, dans sa mansarde glacée, bravait toutes les menaces, grâce à sa santé robuste et à sa magnifique indifférence.
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Il eut pour la première fois l'obscure intuition que l 'amour lorsqu'il n 'est pas là,sous la main,fait perdre aux petites choses de la vie le pauvre charme qu'elles ont pour qui ne rêvent pas mieux.
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L'œuvre d'André Suarès est déjà considérable. Elle comprend : Le Livre de l'Émeraude, impressions et rêveries d'un voyageur sur la terre de Cornouailles ; Airs, un recueil de poèmes unissant résotérisme de la pensée à la musicale liberté d'un rythme personnel; quatre études aiguës et profondes, puissamment originales, sur Wagner, Tolstoï, Ibsen, Pascal (vous voyez où sont choisis les maîtres); La Tragédie d'Elecktre et Oreste, noble et féroce comme l'antique ; Sur la mort de mon frère, inépuisable litanie de tendresse et de désespérance; Lord Spleen en Cornouailles, qui parut naguère à la Renaissance latine et dont quelques éléments servirent à l'élaboration de Voici l'Homme, le dernier venu, livre touffu, énorme, génial, sorte de Somme de la pensée et de la douleur modernes, et enfin le plus parfait et le plus émouvant, sinon le plus grand de ses chefs-d'œuvre : Images de la Grandeur.
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J'avais lu, je ne sais où, que les caméléons peuvent nager. Je voulus vérifier si le fait était exact. Il est exact. Mais je vous supplie, lecteur, de ne jamais renouveler cette expérience. Une fois suffit. Séti, introduit (oh ! combien délicatement !) dans l'eau du lac, manifesta aussitôt un déplaisir, que dis-je, une peur intense. Mais il tint bon. Il se gonfla à bloc, pour mieux flotter et faisant force de rames avec ses petites pattes, entreprit de rallier au plus vite le rivage. [...]
Aucun animal n'est aussi émotif que le caméléon. Un rien le bouleverse, et je vis bien non seulement que ce bain forcé n'était pas de son goût, mais encore, qu'il lui avait donné une angoisse terrible. (p. 124)
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