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Citations de François Beaune (135)


Je crois que si l’on veut qu’une personne nous reste antipathique, il nous faut absolument refuser de la connaître.

Milena Agus
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[ parents dans l'hôtellerie ]
[19]74, construction, c'est parti, mais pour avoir des aides, il fallait faire du deux étoiles, donc minimum vingt chambres. (...)
Les débuts, il faut dire, ont été difficiles. Surtout les quinze premières années. Moi je comprends pas ce qui arrive, pourtant c'est pas si compliqué, en gros il y a plus de ronds, c'est la dèche complète, mon père passe son temps à aller voir les tontons les tantines, récupérer du pognon avant effondrement, à hue à dia.
Il fallait voir l'ambiance. Gagner sa vie, chez nous, c'était pas mettre de l'argent de côté. Gagner sa vie, c'était subvenir aux besoins de ta famille, te payer ta bouffe, dormir. J'ai jamais connu mes parents parler d'enrichissement. Le bénéfice, c'était pour que l'affaire vive. Ce qui comptait, c'était d'avoir un instrument de travail, pour continuer de bosser. C'était pas des traders.
(p. 25)
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J'avais une prof de maths, j'étais son désespoir. J'avais 1,5 de moyenne ! Mais sur le bulletin, que j'ai gardé précieusement, elle marquait "Malgré ses difficultés, Omar est toujours présent." Et c'est vrai que j'ai jamais loupé un cours, je passais ma vie au fond de sa classe.
"Omar, elle me disait, tu veux pas apprendre les maths, hein ?" Je lui répondais "Madame, 1+1 ça fait 2, mais 1A + 2B je suis perdu, il faut pas mélanger les chiffres et les lettres !"
Il y avait du respect entre nous. Elle allait au CDI, et elle m'amenait des magazines, 'Le nouvel Obs', 'L'Evénement du Jeudi'. A chaque cours, pour que je m'ennuie moins. C'est avec ces magazines, sans le savoir, que j'ai commencé à forger ma conscience politique.
(p. 14)
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Ce livre est un poème épique, l'épopée ordinaire des méditerranéens.
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On est une famille chrétienne du sud [du Liban]. Je vais t'avouer il y a des fois des musulmans qui m'attirent mais ils sont trop différents de nous. Pour élever les enfants surtout, c'est un problème. Même si le type il prétend avoir l'esprit large, qu'il a passé trente ans en France, quand il retourne au Liban, il redevient musulman.
(p. 73)
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[ Liban mi-2016 ]
Je découvre aussi que le pays (...) n'a pas de président depuis deux ans. Le Premier ministre, Tamman Salam, gère les affaires courantes, avec difficulté d'ailleurs, incapable de régler des problèmes de base comme le traitement des déchets, l'approvisionnement en électricité (chacun a un générateur en plus, pour s'alimenter, pendant les coupures), en eau potable, sans parler de la santé et de l'éducation publiques.
Mais le problème ce n'est pas l'Etat, m'explique Walid, enfin c'est son absence. L'appartenance confessionnelle passe avant, au Liban. Tu peux être aussi corrompu que tu veux, tu seras toujours soutenu au final par ta confession, afin qu'elle ne soit pas affaiblie par rapport aux autres.
(p. 15)
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Justine a eu son bac à dix-sept ans, elle était en avance. Les jumeaux eux ont pris leur temps. Je dirais qu'elle est plus subtile peut-être. Nos gars (...) c'est plus les Vendéens de base, qui parlent fort, un peu graveleux aussi, je sais pas de qui ils tiennent. Des fois je leur dis, arrêtez, vous êtes lourds, bande de fils d'imbécile ! Les jumeaux, je veux bien que ce soit une intelligence pour deux, maximum. Mais eux, parfois, on croirait des triplés.
(p. 157)
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Après quelques verres, l’ambiance est aux confidences. Stéphanie nous raconte ces jeunes qu’elle suit au quartier des Rosiers, les familles aussi, pour lesquelles elle s’échine à faire mettre tous les papiers à jour. Puis elle parle de moi, de ce métier d’écrivain et de cette manie que j’ai de collecter des histoires, de fouiner un peu partout. En fait si j’ai bien compris, toi tu fais le lien, c’est ça ? Tu fais remonter l’info aux Parisiens pour que les mecs qui nous dirigent comprennent mieux qui on est ? Comme un passeur qui relie les deux mondes, en vrai c’est pas un peu ça ton taf ?
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Un jour, on apprend que NTM va être programmé sur le quartier ! C'était la pelouse du Mâconnais, l'été 92. Premier sentiment, ah ouais, terrible ! Ceux qu'on écoute toutes la journée, dans les montées, les caves, sur notre Ghetto-Blaster, vont venir chez nous en concert !
Et puis, tout de suite, on a déchanté. En fait, à l'époque, les sorties sur le quartier, même si t'avais un certain âge, genre seize dix-sept ans comme nous, tu les faisais avec tes parents ou tu les faisais pas. C'était obligé des sorties familiales. Et NTM, 'J'ai le toucher', et cetera, c'était pas trop famille.
La période était plus rigide qu'aujourd'hui, il fallait pas dire un mot de travers. Déjà 'ta gueule' on pouvait pas, alors NTM, c'était un autre niveau ! Je me souviens la scène avec ma mère qui est là : mes enfants, j'ai vu qu'il y avait un concert samedi, ça vous dit ? Et moi et mes frères, non, non, on a des devoirs, c'est pas possible. En plus il est pas trop bien ce groupe, on peut pas vous expliquer, mais c'est pas trop notre style. Et elle : mais ce serait l'occasion de faire une sortie, en plus il paraît que c'est de la musique de jeunes ! Et mon père : vous ferez ce que votre mère vous dit !
(p. 129)
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Je crois qu'on a été l'un des tout premiers couples interculturels de Chambéry à se marier officiellement. (...)
Au bout de cinq ans de vie commune, comme avec Marie on est pas religieux, on a décidé d'un mariage civil, sans église ni mosquée. Plein de potes à nous étaient là, et bien sûr tous les anciens, des deux côtés, avec leurs amis. J'ai dit aux jeunes de s'asseoir vite, hommes et femmes ensemble. Comme ça les anciens pourraient rien dire.
Ça s'est bien passé. Les potes servaient du rouge, mais dans des brocs en métal. Les anciens faisaient comme s'ils voyaient pas.
(p. 178)
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(...) nous les filles de Chambéry, on était à Sainte-Geneviève, et les garçons à Saint-François. Boris Vian venait de publier 'J'irai cracher sur vos tombes' [1946], qui avait été interdit, mais un de mes camarades en avait une copie, qu'il m'a prêtée.
Je l'ai lu et je l'ai mis dans mon sac, pour lui rendre. Manque de bol, fouille des sacs. Mes parents convoqués, les bonnes soeurs en ont fait tout un plat. Ma mère, du fond de sa Maurienne, comprenait pas. Mais comment c'est possible que tu fasses ça ? Qu'est-ce qui te passe par la tête, ma fille ?
Après, chaque jour, elle me demandait si j'avais pas encore fait de bêtise. Mais moi c'était mon plaisir la lecture. A table avec mes parents, on avait pas le droit de parler, c'était comme ça. Alors moi, j'avais toujours un livre sur les genoux, je mangeais en lisant.
(p. 10)
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Pascal Picq, paléoanthropologue, a lui plus récemment montré que l'homme est 'le premier grand singe migrateur'. Un singe qui arrête de se réfugier dans les arbres et se met en marche, comme notre nouveau président français.
(p. 25-26)
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Paysan, il faut être juste, c'est dur comme métier, et surtout c'est piégeux. Quand t'as acheté un gros tracteur, pour rembourser, il faut droguer la terre. Et un jour, tu meurs d'un carcinome du poumon, tu sais jamais pourquoi. Tu crèves là près de ton champ, dans le fossé d'irrigation, auprès des pesticides. Tu meurs et tes céréales, ton lait, continuent de se promener par le monde, en poudre ou en farine. Tu meurs à cinquante ans, et ensuite on te brûle. Horrible, ça, pour un paysan. Mais maintenant c'est la mode. On te brûle comme une vache folle, et on t'explique, à ton dernier 20 heures, que ton âme en fumée bousille la couche d'ozone.
(p. 183-184)
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Dans l'ensemble, je travaillais avec de braves gaillards [à Fleury Michon]. (...)
C'était sexuel à l'abattoir, et pas qu'en mots. Il faut dire avec toute cette viande. Pourtant en Vendée, sur le sujet, on était pas le département le plus ouvert au monde. Pour dire, 'Basic Instinct', tu l'as vu ce film j'imagine. Eh ben il a été interdit par ici, aux Herbiers. Début 90. Claude Sérillon, qui est du coin, avait eu la mairesse au téléphone, dans son journal de 13 heures. Je sais même pas si cette gourde avait osé voir le film. Moi je dis, il vaut mieux pas parler de ce qu'on sait pas. Comme nommer un rentier ministre du Travail. Ou mettre aux affaires étrangères un Breton.
(p. 75)
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Et puis à dix-huit ans, comme toi, l'Armée. Mais en moins violent. Vous avez de ces dictateurs chez vous. Surtout en Érythrée, vous êtes tombés sur une des stars mondiales. Nous les nôtres se sont calmés à domicile, ils ont fini par comprendre que c'était plus malin de faire la guerre chez les autres. Et pour ça, il faut avoir les moyens. Ton dictateur, s'il avait les sous, il aurait des amis qui lui diraient tout ça.
(p. 48)
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Nous, les enfants de la rue du Bertillet, on côtoyait pas les enfants de la rue du Pré-de-l'Âne. Alors qu'une seule rue nous séparait. On allait à l'école des Combes, et eux à l'école du Pré-de-l'Âne. Quand on les voyait arriver, on leur criait, oh les ânes ! Oh les ânes ! Et eux, en retour, ils nous criaient, oh les cons ! Oh les cons !
Quand on croisait les enfants de l'école du Mollard, on crachait. Il y avait aussi l'école de la Pommeraie, mais comme c'était des pommes, c'était nettement moins drôle.
(p. 68)
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L'île d'Yeu, c'est le baromètre du monde. Ici, il y a d'étrangers, mais c'est pas un problème. La peur elle prend pas le bateau. Elle arrive comme partout, par la télévision. Et avec dix ans d'avance.
( p 66 )
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Encore aujourd'hui, ma mère n'est pas voilée. Elle est très religieuse, mais de façon moderne. Elle me dit, je sais que tu n'es pas religieux, mais je sais qu'un jour tu découvriras la grandeur de ta religion. Moi je lui dis, je connais très bien ma religion, c'est justement pour ça que je n'en veux pas.
Plus jeune elle était plus ouverte, plus acceptante des autres, mais ce n'est pas juste l'âge, et pas que ma mère, tout le nord du Liban s'est fermé, maintenant l'alcool est interdit à la maison. Quand elle préparait des gâteaux, elle mettait de la liqueur dedans, aujourd'hui c'est fini.
(p. 139)
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Quand on a de la famille dans le dos, on se sent indomptable. Quand la famille est loin, que la guerre a tout fait éclater, alors on se retrouve sans défense, à la merci du monde. Voilà une blague que les gens s'échangent aujourd'hui [2016] à Beyrouth :
« Deux Syriens sont venus se réfugier dans la capitale, et mendient pour survivre, mais l'un des deux n'arrive pas à ramener d'argent, tandis que l'autre s'est acheté une maison et commence à se faire une fortune.
Comment tu fais ? lui demande le premier.
C'est simple, je vais à Achrafieh, dans le quartier chrétien, je m'installe place Sassine et je mets une pancarte devant moi : 'Il me manque 10 000 livres pour retourner en Syrie.' »
(p. 46)
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Son seul pays étranger, c'est la frontière espagnole et alentour. Il va jamais plus loin. Trois kilomètres au-delà, pas possible, pas question. Mais c'est quelqu'un de très bien. S'il croise un 85, il klaxonne.
(p. 126)
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