Citations de François Caradec (45)
Il est intéressant d'aller de temps en temps habiter chez les autres: on y trouve toujours des livres qu'on n'a pas lus
Qui vole un oeuf n'a pas très faim !
Bien sûr, les cercueils ne sont pas taillés sur mesure ; mais les morts s'adaptent à tout.
Son ouïe était devenue si fine qu'il distinguait, rien qu'au bruit, la chute d'un kilo de plume de celle d'un kilo de plomb.
Rrose Sélavy recommande à Charlotte Corday de ne pas jeter Marat avec l'eau du bain.
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-Caisse tue vieux, aile halle doigt d'allée houx est l'voeu, sept flammes.
Ça, c'est Maurice, on comprend pas toujours bien ce qu'il dit, il a un défaut de la langue, mais on s'habitue à en entendre la moitié, ça ne mérite jamais beaucoup plus. On a l'indic qu'on peut. Avec sa gueule rose et molle et ses yeux globuleux, chochotte, va, il a toujours l'air d'attendre quelqu'un, le Maurice. On l'a surnommé Pénélopette. Il paraît qu'il parle comme ça depuis qu'il est passé à Fresnes. À force de lui cogner la tête sur le sol en ciment, ils ont dû déranger les pépins dans la courge.
Rrose Sélavy se demande ce que sont devenus les couples de vers à bois dans l'arche de Noë.
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Ce que ceux- ci ne savent pas, c'est qu'un flic n'a pas besoin d'en savoir beaucoup pour en savoir assez.
À Milly-la-forêt, on l'appelle Monsieur Jean. Le jour à peine levé, il ouvre sa fenêtre pour entendre le chant du coq. Puis il se recouche, heureux d'avoir été cité par la nature.
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[Je n'ai pas compris tout de suite, et vous? Je cache un indice en commentaire]
Rrose Sélavy pose une compote de pommes sur la table : si c'est un Cézanne, il est trop cuit.
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Rrose Sélavy pense que si Je est un autre, ils pourraient faire une partie de ping-pong.
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«N'y a plus de pastis.
- N'y a plus de pastis ?
- Non. Les livreurs sont en grève.
- En grève ? ... Qu'est-ce qu'on va boire, alors ?
- T'as qu'à boire l'eau du pastis : c'est gratuit !
- Ca va pas ? Tu me vois boire six verres d'eau à l'apéritif ?»
est-ce ta minette qui sort de l’estaminet?
Alors, vrai, vous trouvez qu'je m'goure ?
Et puis après ? J'ai une chouette moure,
la bouche plus p'tite que les calots,
L'esgourde gironde comme une Ostende
Aussi j'm'ai dit : Vivons d'not' viande !
J'aim' mieux êt'dos
D'ailleurs, c'est pas rien que d'ma faute.
J'ai voulu masser comme un aut'e;
j'ai eu des jours pas rigolos;
Mais ça m'rend malade quand que j'chine.
J'ai une arête en place d'échine.
J'aim' mieux êt'dos.
Franchement, quoi foute ! De l'épic'rie ?
Débiter d'la morue pourrie,
Aussi pourrie qu'les aristos ?
Là, sans blague, c'est-y dans le commerce
De l'hareng saur qu'un maquereau perce ?
J'aim' mieux êt'dos
P'têt' quen maquillant dans la banque...?
Avec d'la galette à la manque,
On fait suer l'pognon des gosos.
Bon p'tit truc ! J'y dirais bien tope !
Mais bath ! L'mien est encore plus prop'e.
J'aime mieux êt'dos
J'ai pensé, pour me tier d'penines,
A m'faire frère des écoles chrétiennes.
Ah ! ouiche ! Et l'taf des tribunaux ?
Puis, j'suis pas pour les pantes en robe.
Avoir l'air d'un mâle, v'là c'que j'gobe.
J'aim' mieux êt'dos
J'ai bien quèqu'part un camerluche.
Qu'est dab dans la magistrat'muche.
Son jaspin esbloue les badauds.
Il veut m'insinuer dans la rousse.
Pourquoi pas m'faire bouffer d'la mousse ?
J'aim' mieux êt'dos
Finalement sur tout ça j'me mouche
L'turbin, c'est bon pour qui qu'est mouche.
A moi, il fait nib dans mes blots.
Avec une frime comme j'en ai une,
Un mariol sait trouver d'la thune
J'aim' mieux êt'dos
C'est la raison pourquoi qu'je m'goure.
Mon gniassse est bath : j'ai un chouette moure,
La bouche plus p'tite que les calots,
L'esgourde gironde comme une Ostende
Aussi, j'mai dit : Vivons d'not' viande!
J'aim' mieux êt'dos
Au pied du temple, chiffonniers de l'Histoire, glaneurs du passé, nous avons cherché nos histoires ; en bons "paysans de Paris", nous avons fouillé l'humus frais, au gré de nos manies ou de nos goûts.
Nous avons réuni nos trouvailles et nous en avons fait, nous aussi, ce livre ...
- Qu'est-ce que c'est encore, grommelle le bistrot.
- Une lettre du fils Margaut. Il m'écrit à moi, vu qu'il sait pas où est sa mère à lui. Il est en Uruguay.
- Ya pas qu'au Portugal qu'on est gai.
- Je vois pas le rapport avec ma lettre.
- Justement, y-en a pas.
- Tu vas me laisser causer?
- Vas-y, tite mère.
- J'aime pas que c'grand con i m'appelle "tite mère".
- Madame Cédès, alors. On t'écoute.
La tendresse d'un chien est faite de spontanéité, de naïveté, droite et directe : un chien ne ment jamais. Cette honnêteté scrupuleuse échappe à ceux qui craignent les chiens, parce que ce sont eux qui leur font peur en retirant la main.
"Paris est une sorte de puits perdu", écrivait Victor Hugo.
"L'Histoire de Paris a des couches d'alluvions, des alvéoles de syringe, des spirales de labyrinthe.
Disséquer cette ruine à fond semble impossible.
Une cave nettoyée met à jour une cave obstruée.
Sous le rez-de-chaussée, il y a une crypte, plus bas que la crypte une caverne, plus avant que la caverne un sépulcre, au dessous du sépulcre le gouffre.
Le gouffre, c'est l'inconnu celtique".
Aller en vagabond du côté de ce gouffre.
Découvrir, au revers des lieux familiers, les "draperies noires et blanches" de l'étonnement.
Dire l'insolite, le saugrenu, d'un très long, très surprenant rêve collectif.
Telles sont les intentions de ce guide, tel est le but qu'il propose à ses lecteurs : descendre, pour le plaisir, l'escalier sans fin de tous les "Paris" ...
Mon chien vit dans l'instant. Je vis dans la durée.
Nous sommes séparés par le temps même que nous vivons ensemble.
Tous les chiens savent où il y a de l'eau. Ce sixième sens est parfois si développé qu'il trahit une hantise. Ainsi, mon chien n'est jamais entré dans une salle de bain par méprise ; seulement par force. Il flaire la présence d'un robinet à dix mètres ! Et le mot bain est le seul phonème qu'il redoute, au point que le pain est devenu suspect.