François Cavanna

Et si ce même Dieu punit d’une éternité de tourments effroyables cette créature coupable seulement de ne pouvoir faire abstraction de cette raison – que lui-même lui a donnée – pour croire aveuglément, alors un tel Dieu est un névrosé narcissique, un pervers, un fou sadique. Plus abruptement dit : un salaud.
On n’a aucune garantie en face d’un salaud. Même si l’on consacre sa vie à la prière, à l’ascèse, à la charité, à la sainteté, un dieu salaud n’en aura que plus de plaisir à vous envoyer souffrir éternellement (dans le super-Auschwitz éternel disait le Canard Enchaîné).Or tel est le dieu qu’on nous donne à adorer, quel que soit le dogme : un tyran exigeant et borné, fait à l’image d’un homme pas très futé, mesquin et salaud.
Un salaud est capable de tout. Il n’y a pas d’autre terme à l’alternative : ou pas de dieu ou un dieu salaud.
J’ai choisi : pas de dieu.
Et si, pour improbable que soit la chose, Dieu existe quand même, ce Dieu infiniment bon infiniment intelligent qu’on nous présente, alors il ne peut pas m’en vouloir de ne pas croire en lui, puisqu’il fait tout pour cela.

Je joue gagnant à tous les coups. Le fameux pari de Pascal fonctionne à rebrousse-poil.