En ce temps là le Monde était tête en bas et les arbres marchaient en se servant de leurs branches comme de jambes, car ils étaient libres de leurs mouvement. La base de leur tronc baignait dans les feuillages qui leur faisaient comme une robe et au sommet, leurs racines touchaient le ciel.
Ensuite cela parle de leurs racines qui n'étaient pas terreuses comme tu les vois aujourd'hui. Au contraire elles resplendissaient- d'éclat et de couleurs ! Elles poussaient incrustées naturellement de cristaux rares et précieux tandis que leurs feuilles les nourrissaient en aspirant les nutriments de la terre. Le dessin de ces racines aériennes était aussi subtil et lumineux qu'un vitrail. Les plus fines paraissaient tissées dans la soie, des motifs délicats et somptueux les ornaient dans une variation de formes infinie. C'était un enchantement pour les yeux de toutes les créatures vivantes ... Et surtout ces coiffes merveilleuses captaient les rayons du soleil et la clarté du jour pour les refléter encore embellies. A chaque mouvement des arbres c'était une explosion de couleurs vivantes qui se combinaient pour créer des arcs-en-ciel ; on dit même que les arbres communiquaient entre eux par la lumière....
Ses yeux mettent quelques instants à s'habituer au torrent de lumière naturelle qui se déverse du plafond. C'est alors qu'il remarque les dimensions colossales de la bibliothèque. Devant eux des rayonnages de la taille de la grand-rue de Mirado s'étendent sur plus de trois cent mètres, installés parallèlement les uns par rapport aux autres, séparés par des allées d'une bonne dizaine de mètre de large. Chaque rayonnage monte à plus de soixante mètres de haut avec des escaliers en colimaçons menant à trois paliers superposés . La clarté de la pièce permet de discerner les milliers de volumes soigneusement rangés, de taille et d'épaisseurs différentes, dans les rayons.
En levant la tête, le garçon peut admirer la verrière courbe à quatre-vingt mètres de hauteur qui donne à la bibliothèque toute sa luminosité. Sa structure est constituée de cercles de métal concentriques du même vert que celui de la façade de Citadell, culminant en une imposante clé de voûte ; le tout soutenu par de solides poutres perpendiculaires rayonnant au soleil.
En parcourant l'allée centrale du regard il comprend que les rayonnages sont organisés en ensembles placés perpendiculairement les uns par rapport aux autres