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Citations de François Gorin (29)


Brel aimait les mots, plus encore sans doute que les personnages et les sentiments que ces mots portaient. Il les aimait comme des choses menacées de disparaître. Il les aimait tant qu’il brûlait une énergie folle à les faire sonner, puis à les incarner. Il les aimait tant qu’il en inventait d’autres – « décroisser (la lune) », « se racrapoter ». Il aimait les verbes, au point d’avoir adopté pour manie d’écriturela transmutation d'un adjectif ou d’un substantif en verbe (« je me suis déjumenté », « tu frères encore », « il fleuve des ivresses »…). Il aimait le verbe comme il aimait l’action. Il actionnait le verbe, c’était sa vie, et c’est dans les chansons qu’il le faisait le mieux.
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1992 a été pour Scott Walker une date charnière. Le trésor caché devenant disponible, on a vu des acheteurs curieux se manifester en nombre et des disciples apparaître. On a lu des articles, entendu des musiciens témoigner leur admiration. Ce nouveau partage était un heureux déchirement. L’obsession walkérienne restait, à ce point de l’histoire, une affaire d’initiés. On n’était pas prêt du dénouement.

Paris, Porte de Champerret, 1991, p. 93
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Dans ces îles où la solitude est totale, j'ai trouvé une sorte de paix.
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Le cinéma en est un, bien qu’il ne nourrisse pas pour lui une passion débordante. Brel, amateur à l’occasion de Charlot ou de von Stroheim, est un spectateur impatient, qui s’ennuie facilement. « Tourner m’amuse davantage que de voir des films, dira-t-il un jour. D’ailleurs, je m’endors toujours dans une salle. »
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Lui qui détestait qu'on le compare à Tom Jones est à présent bradé dans la catégorie Demis Roussos. On solde les restes d'un chanteur de charme un peu moins complaisant que les autres. En 1969, sa grande année, celle aussi du début de la fin, il pouvait déclarer : "Les Walker sont morts et enterrés, et c'est pour le mieux". Cinq ans après, dans une sorte de brouillard éthylique, il y a de la reformation dans l'air chez les Brothers de la lose.

2005, p. 108-109
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David Bowie a confié un jour à propos de Scott : «  I have no idea what he's singing about. I never bothered to find out and I'm not really interested. » Moi non plus David, je n'en ai aucune idée. (p. 19)
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C’est qu'être belge est compliqué, surtout quand on avoue des origines flamandes et qu’on chante en français ; surtout quand on concentre un rejet de la « belgitude » sur ce versant flamand, flamingant même (c’est-à-dire revendiquant jusqu’à l’extrême l'identité locale
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Peu estimée par son auteur, cette supplique est aujourd’hui sa chanson sans doute la plus connue, la plus reprise en tout cas. S’identifiant sans fausse pudeur à ses paroles, Brel se livre ici en amant trahi, délaissé, qui implore le retour, et quasiment la pitié de sa bien-aimée qu’on devine cruelle, mais dont il n’est pas question, sinon sous forme abstraite. « Ne me quitte pas » est typiquement la chanson citée en exemple par les allergiques à Brel, à ses excès de pathos, et le « clip » télévisé n’y change rien, qui montre un Brel en gros plan, suant un chagrin qu'on sait néanmoins joué.
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Un bon mot, ça ne mange pas de pain.
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J'ai tendance à penser que les moments qui restent le plus solidement ancrés dans la mémoire sont ceux de l'humiliation : tout s'écroulant autour, nous victimes abaissées; autant de joies se perdent dans le halo brumeux du souvenir euphorique, autant ces moments-là qui nous réduisent à rien ( ou trop à nous, seulement )cuisent encore malgré nous, même sous une peau durcie.
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Scott est déjà une île. Une principauté à part.

Après 1990, après la pluie, p. 70
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Mon travail fait, j’ai juste envie d’ajouter quelques lignes à une nécro pondue dans l’urgence et l’hébétude, en essayant d’élargir le cercle à tous ceux que cette simple question risque, pourquoi pas, d’intriguer : comment un chanteur exceptionnellement doué peut-il être obsédé à ce point par l’idée de ne pas en être un ? Question subsidiaire : comment ce chanteur-là a-t-il pu m’obséder au point de me faire passer des centaines d’heure en compagnie de ses disques, puis beaucoup d’autres encore à essayer de mettre en forme une passion dont le partage même semble être voué à la loi du secret ?

Lundi 25 mars 2019, matin, p. 13-14
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Au magazine Fab 208 (ex-Fabulous), qui l'interroge sur son ambition, fin 1966, il répond : « devenir un être humain ».

Londres, un des derniers soirs de 1965, p. 61
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Ferber n'était pas, à l'évidence un fan de rock comme les autres. Il écoutait certainement du classique, et du jazz à tous les coups. Il avait eu sa période gothique, n'en n'était peut-être pas tout à fait sorti, mais campait sur la branche intello du genre, c'est-à-dire qu'il préférait Bauhaus et Dead Can Dance aux espèces banales de corbeau hirsute. Ce qui n'était pas sans rapport avec Scott Walker.

Paris, une fin d'après-midi, vers 1987, p. 48
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La chambre pourrait être l'ombre du jardin. On le rapporte chez soi, et soudain, c'est un secret qui s'exhale comme le parfum d'une fleur. On a découvert le plus beau disque du monde. Et puis, il se referme, se garde du passant qui court sans s'arrêter pour rattraper le temps, et c'est lui qui est flou. Ainsi l'autre jardin revient nous surprendre, comme un jour en pleine nuit. Il est là, inchangé. On est en plein été, mais l'oeil penché voit des feuilles qui se décomposent avant la saison. Le silence est si complet qu'il devient musique : un bruit de branche, le chant d'un oiseau inconnu ; on se relève et c'est alors qu'il y a quelqu'un
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Le public des concerts apprécie de voir des filles sur les scenes du Rock - C'est qu'il y en a peu en général dans la salle. " A poil ! éructe alors le crétin de service, comme il s'en trouve pour gueuler " Rock n' Roll" .
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La meme année 81 , quatre garçons étranges, en gants noirs, redingotes, chemises "psychédéliques" ou lavallières, balancent sur le meme disque un joyeux pot-pourri : surf des Beach Boys joué dur et folk-rock de garage comme si on n'y était.. les Barracudas sont de sérieux parodistes. "je voudrais que l'on soit à nouveau en 65 " . S'ils ne croient pas ce qu'ils disent, ils font bien semblants. (...) Il ya chez eux la rage de venir trop tard, mêlée à la joie de tout refaire à sa guise. c'est neuf et cela fait vieux, c'est mort et cela revit, c'est fier et pathétique dans le meme mouvement - pour nous comme pour eux. Chacun fait ce qu'il peut pour être à la fois hors de son temps et dedans. .
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En lisant sur le rock , on cherche à lire sur soi : à connaitre son gout non encore formulé, et dont des éléments se reflètent, épars, parmi ceux qui écrivent. ils sont alors des guides, ceux d'une maison vivante et non pas d'un musée.
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On n'habite pas une discotheque comme une maison. On ne la construit pas , on la fait pousser. Ne croit-elle pas comme l'arbre ? Une branche bien taillée donne des feuilles, des fleurs ou des fruits, une autre s'atrophie, meurt sans soin ; le vent agite celle-ci, l'orage arrache celle-là ; l'une tend vers le soleil, à l'autre sied mieux l'ombre.
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Dans le souvenir de ceux qui l'ont connu, adoré, haï, chéri, honni, aimé, accepté pour ce qu’il était – avec ses limites et son fier idéal si souvent porté en sautoir –, un homme.
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