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Critiques de François-Henri Désérable (597)
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Mon maître et mon vainqueur

Novice sur ce site, j'ai commencé par m'attaquer à la critique élogieuse des chefs-d'oeuvres de mon panthéon personnel pour rétablir une sorte de justice littéraire et offrir à mes livres fétiches les étoiles d'or qu'ils méritent.



J'arrête un instant cette course aux classiques pour tresser ses lauriers à la rentrée littéraire 2021, et en particulier au roman qui devrait en recueillir toutes les louanges.



Rares sont les oeuvres qui parviennent à allier maestria du style et de la narration ; rares les histoires d'amour drôles sans mièvrerie ; rares les romans légers mais puissants.

J'ai souvent eu l'impression ces dernières années qu'à une bonne histoire il fallait sacrifier une belle plume : on remerciera Désérable de ne pas nous faire choisir entre une évasion romanesque et une leçon de style. En un mot ? Un moment de littérature.
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Mon maître et mon vainqueur

En 2017, François-Henri Désérable publie « Un certain M. Pikielny » et fait la démonstration brillante de ses compétences en matière d'interprétation fictionnelle de la réalité.

A travers l'improbable personnage de M. Pikielny, ce roman jubilatoire nous éclaire autrement la vie de Romain Gary et tout un pan de l'histoire européenne ; en subsidiaire, il nous dévoile un procédé précieux et attachant : le regard en biais. Parce que F.-H. Désérable a l'intelligence de faire adopter à son narrateur une posture qui lui permet d'effleurer gracieusement les choses et les réalités, qui n'exclut ni la tendresse, ni la rêvasserie, ni l'approche tâtonnante face à son sujet, une approche soucieuse des vérités possibles autant que des faits historiquement avérés. Cela compose un livre auquel on pardonne facilement les petites maladresses, et dont on garde surtout le plaisir de lecture.

Ce plaisir de lecture – un peu coupable aujourd'hui, il faut l'avouer (l'actualité façonne et conditionne indubitablement notre réception, je le crains) – se retrouve dans « Mon maître et mon vainqueur », que François-Henri Désérable vient de sortir (aujourd'hui !) et que j'ai pu lire en avance : pour ce petit privilège estival je remercie Babelio et les Éditions Gallimard.



Qu'est-ce que c'est la passion amoureuse ? La folie des sens, l'incontinence des coeurs, la fusion des corps ? M. Désérable semble s'être posé cette question et avoir relevé le défi d'y répondre en bon élève.

Il en résulte un livre facétieux, sympa, spirituel : une Francesca da Rimini et un Paolo Malatesta de nos jours s'amourachent sur les pages des livres rares de la BNF : « Elle n'était pas du tout son genre ; il n'avait jamais été le sien. Ils n'avaient rien pour se plaire ; ils se plurent pourtant, s'aimèrent, souffriront de s'être aimés, se désaimèrent, souffriront de s'être désaimés, se retrouvèrent et se quittèrent pour de bon » (p. 28).

Savoureux, piquant, drôle, invraisemblable et banal à la fois, ludique, voire divertissant (car l'actualité façonne et conditionne indubitablement notre réception...), le plus récent livre de FHD est riche de qualités et de jeux : jeux de miroirs, jeux de mots, jeux herméneutiques, jeux intertextuels, jeux amoureux etc...

Jusqu'à ce qu'il risque de devenir, somme toute faite, un simple jeu de société. Un jeu mondain. Parce que le coeur n'y est pas : ni chez l'auteur, ni chez le lecteur. Ce dernier admire la maîtrise stylistique et savoure les références (quel beau titre, par ailleurs...!), mais constate, avec une certaine amertume, qu'il survole de loin l'histoire, sans attache(s), ni empathie.



« Mon maître et mon vainqueur » aurait fait un carton il y a 40 ans, et M. Désérable aurait pu s'expliquer joliment chez M. Pivot. Mais aujourd'hui...



François-Henri Désérable aurait peut-être eu l'envie secrète de parler de soi entre les lignes, à travers le portrait impitoyable d'un écrivain-« écrevisse » : « sa prose était vieillotte, académique, poussiéreuse, ça ne se lisait qu'à grands coups de plumeau ; c'était scolaire, appliqué comme les coloriages d'un enfant qui veille à ne jamais dépasser, en tirant la langue ; on avait envie de lui distribuer de bons points. Et puis tout cela manquait de coeur, or le bon romancier doit avoir à l'égard de ses personnages le coeur tendre et l'oeil dur ; Adrien avait le coeur sec et leur faisait les yeux doux. Je lui avais conseillé, en déployant des trésors de délicatesse, d'attendre quelques années, de travailler, puis de revenir avec un autre roman » (p. 172).



Qu'on me pardonne ce petit détournement malicieux : quand on aime, on devient exigeant : c'est pas mal, mais M. Désérable peut sans doute mieux faire.

J'attends son prochain livre. De tout mon coeur, « mon maître et mon vainqueur » dans toute lecture.
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Mon maître et mon vainqueur

C'est avec délectation que j'ai lu les premiers romans de F.H.Désérable et j'attendais celui ci avec impatience: Grâce aux Edts Gallimard et Babelio, c'est chose faite et je les en remercie vivement.

Tout commence dans le bureau d'un juge(amateur de poésie)et précité par T. Viel d'ailleurs.

Le titre est emprunté à Verlaine en souvenir du "pauvre Lélian". Dans ce bureau, le narrateur, en tant que témoin et ami , raconte l'histoire d'un amour fou, celui de son ami Vasco, conservateur à la BnFpour une belle Tina, déjà mère de jumeaux et qui doit se marier prochainement , avec le père de ceux ci.

Le dénommé Vasco, après amour, désamour, re-amour finit à Sainte Anne, après avoir acheté aux enchères accidentellement, il n'a pas un sou, ( 434 500) le pistolet que Verlaine avait utilisé pour tirer sur Rimbaud en 1873; A la suite de cette bévue, Vasco a essayé de se suicider " sans zèle excessif". chez lui on a trouvé un cahier où est racontée en poèmes cette histoire d'amour.

Après avoir lu ces poèmes commentés par le narrateur le juge lui dit: Vous devriez en faire un roman ... chose faite donc et avec brio, virtuosité et érudition.

Apte à la poésie, voilà une nouvelle facette de cet auteur. Peut-être, peut-être que s'il devait y avoir un bémol, serait en cause et encore , une facilité à glisser vers le burlesque, mais si F.H.Désérable se prenait trop au sérieux, il perdrait cette petite flamme qui fait sa singularité.

J'oubliais: Par amour toujours , Vasco et son ami narrateur-écrivain vont jusqu'à dérober le coeur De Voltaire sur le site Richelieu de la BnF pour l'offrir à TIna...

Un tourbillon que ce roman .

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Mon maître et mon vainqueur

François-Henri Désérable à l’art et la manière d’écrire des romans en partant d’un fait réel et de broder autour.



Dans mon maître et mon vainqueur, le thème récurant est l’amour et le désamour. En lisant ce récit, je me suis souvent posé la question : est-ce le procès de l’amour qui y est fait ou son éloge ?



Au fil du livre, l’amour prend différentes forme, l’amour fusionnel, l’amour passionnel, maternel et de raison. Parfois, l’amour donne du plaisir, parfois, il fait mal, mais il est toujours vrai.



Au fil des pages, on s’attache au personnage, à leur histoire. Vasco, qui au départ, me paraissait être un gros dur, se fait tendre et écrit des poèmes à sa bien-aimée. Tina l’animal sauvage tombe amoureuse et doit faire un choix. Et au milieu, nous, pauvre lecteur, suivons les épopées de ces deux indécrottables amoureux. Nous sommes les témoins de leurs frasques racontées par le narrateur.



Ce nouveau roman de François-Henri Désérable est un véritable coup de cœur. J’ai pu échanger avec lui et j’ai tenté de trouver le réel de l’imaginaire et clairement, je n’y suis pas arrivé.
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Mon maître et mon vainqueur

« Savoir qu'on n'a plus rien à espérer n'empêche pas de continuer à attendre » « a aussi écrit Proust » dit le narrateur du livre « Mon Maître et Mon Vainqueur » de François-René Désérable.



Et ce vers de Verlaine « Mon Maître et Mon Vainqueur » accompagne notre lecture.

Une lecture délicate, légère, fleurant la poésie, personnage à part entière du récit.



Celui de l'amour fou, l'amour passion de Vasco et Tina.

Celui de la déchirure de la rupture.

Deux hommes, une femme.

La raison, la passion.

Jusqu'à la déraison.

Jusqu'à l'ultime possible.

Jusqu'à l'impossible…



Un juge compulse le cahier de Vasco, essaye de décoder les poèmes écrits et de comprendre ou pas l'état de l'homme en souffrance.

Le narrateur raconte sereinement, presqu'à mots feutrés, l'histoire de son ami, les actes, les lieux (une description de la BNF, des hôtels littéraires qui font rêver, des anecdotes (Hugo et son « Demain dès l'aube »…) les chemins aux noms édifiants pour les soins en psychiatrie à Sainte-Anne, etc…) et l'histoire est belle, tendre, triste comme un ciel gris où « les merveilleux nuages »…



Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, Aragon, Stendhal, Apollinaire … bercent l'histoire de leurs élans, de la beauté de leurs mots.

Ah! Cette phrase de Verlaine après la mort de Rimbaud : « Son souvenir est un soleil qui flambe en moi et ne veut pas s'éteindre ».



L'amour « par-dessus le toit berce sa palme » et demeure en sa puissance absolue telle que l'a vécue Vasco.



Un livre riche de références littéraires, un livre tout en sensibilité et tact, un livre que l'on repose et qui résonne.



Grand Prix de l'Académie française 2021

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Un certain M. Piekielny

Qui est donc M. Piekielny ?

Vous ne le saurez peut-être pas en lisant l'excellente enquête de François-Henri Désérable. En revanche, vous découvrirez une approche très personnelle de Romain Gary, sa vie, son oeuvre. C'est inattendu tant on a déjà disserté sur le sujet et surtout c'est passionnant, quelques pages m'ont suffi pour être embarquée dans l'aventure.

Les hypothèses sur l'identité de Piekielny se succèdent, ouvrant des brèches dans l'histoire même de Gary, questionnant ses écrits et ses dires. La recherche est solide, le ton enjoué, le propos tour à tour drôle et sérieux.



Suis-je tout à fait objective ?

Probablement pas puisque je suis une fan de Gary depuis longtemps, j'avoue.

Mais au jeu des hypothèses, j'en avancerais bien deux :

-soit vous connaissez déjà « Romain Gary, sa vie, son oeuvre », et vous risquez d'adorer cette enquête originale qui donne un sacré coup de neuf au genre biographique ;

-soit vous n'avez jamais entendu parler du seul détenteur de deux prix Goncourt, ou vous le connaissez mal, et je veux bien parier que la curiosité va vous pousser à découvrir au moins La promesse de l'aube.



Et ça, c'est brillant M. Désirable !

Pardon, Désérable. Faut dire qu'à force d'utiliser des pseudos, de brouiller les pistes, on s'y perd. Et puis, vous finissez par vous rendre désirable aussi, avec votre style rapide, vos apartés, votre ton enlevé, votre humour, sans oublier vos séquences émotion personnelles. Par moments, tiens…on dirait du Gary.

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Mon maître et mon vainqueur

Un grand merci aux éditions Gallimard et à Babelio pour l'envoi de ce livre en avant-première dans le cadre d'une Masse Critique privilégiée.

J'avais découvert le jeune auteur François-Henri Désérable grâce à Un certain M. Piekelny, roman intriguant et avec un style d'écriture original.

C'est donc avec enthousiasme que j'ai commencé à lire Mon maître et mon vainqueur.

Et la 4ème de couverture, promesse de poésie, LE mot qui m'a définitivement convaincue.



L'auteur signe un roman entre polar, roman d'amour,

Cahier de poésie, le tout en humour.



Le procès de l'ami du narrateur, Vasco le malheureux,

Mais pas de Gama, bien qu'explorateur des sentiments amoureux,

Follement épris de Tina, passionnée de poésie, bientôt mariée à Edgar,

Un triangle des Bermudes dans lequel de nombreux cœurs vont chavirer et sombrer dans le brouillard,

Jusqu'à un point de non retour ?

Seules les lignes de Désérable nous diront si l'amour triomphe toujours.



Le juge chargé de l'affaire interroge le narrateur,

Tel est le point de vue choisi par l'auteur,

Originalité là encore indéniable,

Le lecteur se croit juge, de par sa position similaire, mais sera-t-il équitable ?

Au fur et à mesure de la narration, des digressions, de l'histoire qui nous est contée,

Le lecteur jugera-t-il Vasco coupable ou sera-t-il innocenté ?



Procès d'un homme, d'un acte, ou procès de l'amour avec une grande Arme ?

Éloge de la passion amoureuse, éloge de la poésie, ou de ce que ces deux passions dévorantes peuvent créer comme immense vacarme ?

Une chose est sûre, ce roman est une ode poétique, un exode tragico-comique,

Une fable poétique autour d'un plan machiavélique et d'une Tina, femme - involontairement - fatale (é)prise entre deux hommes à l'attitude antagonique.

Le cœur ou la raison ? Choix cornélien fatidique.



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Mon maître et mon vainqueur

Coup de coeur pour l’écriture, le rythme exalté qui aiguisera vos sens et la belle poésie française qu’utilise l’auteur !



"Mon maître et mon vainqueur" est le titre d'un carnet rempli de rimes, haïkus et alexandrins écrits au stylo par un certain Vasco. Or, ce carnet est actuellement entre les mains d'un juge d'instruction, accompagné d'un revolver. Convoqué dans le bureau du juge car son ami est inculpé, le narrateur doit dépeindre l’histoire passionnelle qui a unie ses meilleurs amis, Vasco et Tina et manifestement conduit au drame.



Histoire d’amour déchainée, coup de foudre, adultère et humour sont au rendez-vous.
Lien : https://www.tabous.org/post/..
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Mon maître et mon vainqueur

Un pur bonheur, ce roman.

Cela m’enchante qu’en cette rentrée, les auteurs osent s’attaquer au sujet le plus risqué de la littérature : l’amour passionnel.

C’était quand la dernière fois que vous avez eu du mal à lâcher un livre, pensé que l’auteur avait tout compris de la vie et que son texte était d’une grande justesse ? Si la réponse à cette question est : « il y a longtemps », lisez le roman de François-Henri Désérable.

La poésie est y omniprésente, ce n’est pas étonnant. Comme l’amour, elle obéit à ses propres lois et permet d’échapper à la brutalité du réel (p23-24, p50).

L’amour, Désérable le contemple avec indulgence, tendresse et un brin de malice. Dans la peau du narrateur, ami intime du couple, il semble dire : ils étaient fous d’amour, et alors ? Qui n’a pas rêvé d’être emporté par cette folie et d’en ignorer l’inéluctable issue ?

Pour le reste, tout est ciselé. La première phrase : « j’ai su que cette histoire allait trop loin quand je suis entré dans une armurerie » ; l’acuité avec laquelle les personnages sont dépeints (ex : p32) ; l’intensité des scènes de sexe, jamais scabreuses (p54 ; ah la baise oxymorique p102 !) ; l’humour, (« rien (…) n’est jamais vain ni dérisoire, et même Sisyphe en roulant sa pierre gardait la forme ») ; les considérations sur l’amour (« quand le désir s’émousse au sein du couple, il faudrait pouvoir sous-traiter ») ; la jalousie (p126) ; jusqu’aux clins d’œil à Tanguy Viel (p139) ou à Stendhal (p169) .

Je parie que François-Henri Désérable est un ami du dessinateur Voutch.

Bilan : 🌹🌹🌹

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Tu montreras ma tête au peuple

Ce livre est un coup de coeur. Vraiment. Et pourtant, paradoxalement, je ne le noterais que 4/5.

La raison pour laquelle je lui ai, à contre-coeur, enlevé une étoile est la suivante :

Dans la plupart des dix chapitres, dédiés chacun à un éminent personnage de la Révolution Française, l'auteur ne nous dévoile leur identité, dans le meilleur des cas qu'à la moitié du chapitre, si ce n'est à la fin, voire pas du tout comme dans celui consacré à Lavoisier qu'il nomme jusqu'au bout "Le plus grand esprit français du siècle dernier".

Alors, je veux bien admettre que, pour lui, c'était d'une évidence telle qu'il eût été superflu de les nommer précisément, mais, pour moi qui connaissait naturellement tous ces personnages mais pas suffisamment pour les identifier sur la base de quelques indices, j'avoue que tenter à chaque fois de savoir de qui pouvait-il bien parler, a désagréablement entravé la fluidité de ma lecture. D'autant que lors de cette dernière, je n'avais ni encyclopédie ni Internet à portée de main.

Et c'est bien dommage car sans cette perpétuelle question qui envahissait ma petite tête, j'aurais pu apprécier pleinement ses récits pour le moins passionnants.



Il n'empêche... j'ai vraiment aimé ce livre. Et, maintenant que j'en ai identifié tous les personnages, j'envisage de le relire pour le savourer sans retenue.



Ces hommes et ces femmes illustres m'éblouissent tant ! J'ai adoré lire toutes ces petites anecdotes qui en disent si long sur ce qu'ils et elles étaient. Tant de force, de dignité, de classe, les animaient jusqu'à l'ultime instant de leur vie pour trouver le mot juste, la phrase géniale, l'attitude, le geste d'une élégance rare... là où, moi, misérable Iboo sans ambition, je n'aurais eu plus de contenance qu'un vieux chiffon informe.



Bon... allez ! Je lui mets quand même 5/5. J'ai trop aimé ce bouquin !

Mais tu m'as quand même bien perturbée, François-Henri, avec tes préliminaires énigmatiques pour m'amener là ou tu voulais. Là où, toi, tu savais.

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Un certain M. Piekielny

J'ai rencontré François-Henri Désérable à une soirée à la Maison de la poésie à Paris.

Son langage m'a enivré de suite, fasciné quand il a récité des pages entières d'un livre.

Mon intérêt s'est encore accru quand j'ai découvert sa passion pour Romain Gary et son livre La promesse de l'aube.

J'ai beaucoup aimé cette enquête qu'il a mené marchant réellement dans les rues de Vilnius pour découvrir l'histoire et l'identité de ce fascinant M Piekielny , ce modeste homme qui souhaitait seulement que Romain Gary puisse un jour dans sa grandeur acquise évoquer "son petit nom" un peu comme un talisman.

Le livre est émaillé de belles photos en noir et blanc, sépia, de Romain Gary, celle très émouvante avec son regard perçant et si humain sur le plateau d'Apostrophes

Bref, je ne saurai que recommander ce livre à tous ceux qui portent dans un coin de leur cœur le destin tragique et fabuleux de Romain Gary.
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Mon maître et mon vainqueur

"À quel moment peut-on déclarer qu’une vie est compliquée – après tout l’adjectif connaît tellement d’abus d’usage qu’on pourrait se prétendre en droit de poser la question ?

Probablement à partir du moment où on est sommé de bien vouloir l’expliquer, la raconter, procéder à la narration de l’enchaînement des événements qui la constitue. Plus encore sans doute lorsque pareilles explications doivent se faire à l’exigence d’un juge d’instruction, dans son cabinet, en présence d’un greffier qui, nécessairement, note tout puisqu’on ne saurait trouver aucune autre justification à semblable présence.

Et forcément, tout s’enchaînant, tout se relie, finit par procéder d’une logique, quand il ne s’agit pas d’une intention, à ce que tout finisse mal ou, dans tous les cas, dans les clous qu’on n’avait pas souhaités et ce alors même que, d’intention, il est possible qu’on n’en ait eu aucune, au moins quant à la chute.

Plus compliqué encore est de témoigner de cette chute, devant un juge d’instruction, pléonastiquement flanqué d’un greffier, quand l’histoire la précédant est celle d’un autre, dont on fut témoin, sans doute, mais témoin privilégié ; l’ami intime en somme, celui qui connaît, devine, pressent, s’inquiète. Sûrement pas le témoin oculaire de base qui cause de ce qui lui est passé sous les yeux sans ne se préoccuper ni des pourquoi ni des comment et qui réinvente, un peu, compose, suppose, cherche à se placer à la hauteur de sa fonction. (...) "

Christian Vigne pour Double Marge (extrait)
Lien : https://doublemarge.com/mon-..
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Mon maître et mon vainqueur

Par son troisième roman, Mon maître et mon vainqueur, François Henri Désérable prouve sa capacité incontestable de sublimer la fragile condition humaine en la greffant sur cette volonté « d’échapper au réel, le piètre réel que désavoue la fiction de l’ivresse » qu’il va emprunter à Tina, son héroïne. Son livre est en effet ce mélange d’enivrement amoureux et de rêverie poétique, le tout raconté dans le cadre surprenant d’un compte-rendu formulé par le narrateur devant un juge d’instruction.



Lire l'entretien complet ici :
Lien : https://lettrescapitales.com..
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Un certain M. Piekielny

Tous ceux qui ont lu « la promesse de l’aube » de Romain Gary se souviennent peut-être du passage où ce personnage, monsieur Piekielny, fait son apparition et demande au jeune Roman qu’il n’oublie jamais de signaler à ces interlocuteurs qu’au n°16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait un certain M. Piekielny. Chose que le jeune Roman et plus tard le célèbre Romain n’oubliera jamais de faire.



Mais qui est ce monsieur Piekielny ? Bien peu de choses à son propos figurent dans le livre. Intrigué par ce personnage, François-Henri Désérable commence alors une enquête. Une enquête où se mêlent autobiographie, biographie de Gary, découverte de la Lituanie et de Vilnius en particulier, lectures diverses, choses rêvées et vérités. Un roman sensible qui retrace l’histoire des Juifs lituaniens, un roman émouvant qui replace l’homme, un homme simple au coeur de la vie et de la mémoire de chacun. Un roman qui essaie de croiser le fil qui relie réalité et littérature. Un bel écheveau aussi de pensées et d’humour que la lectrice que je suis a pris un immense plaisir à découvrir.



Et qui sait, peut-être qu’un jour un autre écrivain partira à la découverte d’un certain monsieur Dziegiel...
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Tu montreras ma tête au peuple

Point commun entre Charlotte Corday, Danton, Marie-Antoinette, André Chénier ou encore Lavoisier?

Ok gagné : tous raccourcis par Louisette. Ont tous perdus en dix secondes environ vingt centimètres (à quelque chose près, on va pas chipoter pour trois cheveux qui dépassent).



1793-94 fut la belle époque pour la bascule à Charlot. Du guillotiné en veux-tu en voilà. Et vas-y que je te remplis le panier de la ménagère de ces têtes tranchées à coups de Gillette affûté. La perfection au masculin. Avec un Charles-Henri Sanson, bourreau officiel, élu employé de l'année, top expert en rapetissage de la personne.



Le temps d'une deux-centaines de pages François-Henri Désérable recolle donc les morceaux pour ressusciter quelques illustres condamnés. Seuls l'intéressent les derniers instants de ces hommes et femmes entrés dans L Histoire par des portes plus ou moins grandes. Tous condamnés à poser la tête sur le billot. Dès lors, tous redevenus ordinaires, simples mortels et humains.

La geôle d'attente accueille les confidences, tandis qu'en route vers l'échafaud, chacun reverra ses priorités : trouver le bon mot à glisser à l'oreille de Sanson avant de tirer sa révérence (ce qui inspirera le fameux titre à l'arrière-fillote Véro) ; maintenir cette tête provisoirement en place, relevée, fière et digne ; finir un dernier chapitre avant l'extinction des feux ; ou mouiller le pantalon et envoyer dame dignité ad patres avant l'heure. Gloire, peur, bravoure ou lâcheté se bousculent devant la machine à raccourcir.



Et ô subtilité quand tu nous tiens : lecture sans prise de tête.

Car sans longueur grâce à une structure bien pensée : une succession d'une dizaine de récits courts et indépendants. Chacun dans un style différent (journal, témoignage, lettre, souvenir, etc) et par le biais ou de l'intéressé, ou d'un témoin des dernières heures, ou d'un proche. Le tout dans un rythme vivant (le comble), soutenu par des anecdotes historiques qui, comme toujours, ravissent bibi. Et un bibi ravi, ça vaut le détour. Mis au secret de certaines révélations, réelles ou imaginaires bibi s'en fiche car bibi se réjouit, bibi savoure et bibi ne boude pas son plaisir.



Première tentative littéraire pour FHD plutôt concluante. L'auteur ne manque ni d'empathie ni d'humanité. Cocasse parfois, intime souvent, habile toujours.

S'en sort haut la main. Et.. la tête haute. Bibi en redemande.
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Le 1 en Livre : Romain Gary, le visionnaire

La route devant soi!
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L'usure d'un monde : Une traversée de l'Iran

Sans doute fallait-il une bonne dose de déraison pour, en dépit des avertissements, s'aventurer en Iran fin 2022, alors que le pays, en pleine implosion après la mort en détention de Mahsa Amini, faisait face à la féroce répression du régime islamique. Mais François-Henri Désérable désirait depuis longtemps marcher sur les traces de son modèle Nicolas Bouvier, l'écrivain-voyageur dont le livre L'usage du monde, devenu la référence de la littérature de voyage, relate le périple en Fiat Topolino, dans les années cinquante, de Belgrade à Kaboul en passant par l'Iran. Alors, une pandémie de Covid et l'obtention d'un visa plus tard, rien ou presque n'aurait pu retenir notre homme de s‘élancer enfin, à son tour, dans sa traversée de l'Iran.





Pendant cinq semaines donc – une de moins que prévu puisque, arrêté après quarante jours par les Gardiens de la révolution et sommé de quitter illico le territoire, il doit obtempérer pour éviter le pire –, son road trip en bus et en auto-stop lui fait parcourir la majeure partie du pays, du Kurdistan au Baloutchistan, à la frontière pakistanaise. Son but en voyage n'étant « pas tant [de] s'émerveiller d'autres lieux », mais d'« en revenir avec des yeux différents », c'est de rencontres qu'il emplit son carnet de route, formant peu à peu, au travers d'une ample galerie de personnages, le portrait d'un pays arrivé au point de non retour où la colère l'emporte sur la peur. du nord au sud, d'est en ouest, alors que la répression contre les manifestations se déchaîne et que les milices du régime sont partout à exercer leur surveillance de tous les instants, l'auteur ne croise, à une exception près, que des habitants aspirant à la chute de l'ayatollah Ali Khamenei et de son gouvernement exécré. Aucune trace d'antiaméricanisme, pas de place démesurée accordée à la religion, mais un monde assoiffé de libertés, usé par une économie à bout de souffle, une inflation galopante et une monnaie en perdition. Et toujours et partout, le jour ou la nuit, d'une terrasse d'immeuble ou d'une voiture dans la rue, malgré la peur et le danger, le même cri repris en écho : « Marg bar dictator ! – « Mort au dictateur ! »





« le problème, je vais vous dire, c'est que vous avez d'un côté un peuple déterminé à chasser du pouvoir un régime corrompu, et de l'autre un régime corrompu déterminé à s'y maintenir. Et les hommes qui composent ce régime ne reculeront devant rien, croyez-moi. Mais nous non plus. Et le bruit de leurs balles aura bien du mal à recouvrir celui de nos voix. » Et l'interlocuteur rencontré au hasard d'enchaîner sur le terrifiant décompte des morts, avant de conclure par ce slogan répété partout dans le pays : « derrière chaque personne qui meurt battent mille autres coeurs. » Témoin de tous ces petits actes de résistance anonyme qui, comme les ruisseaux font les grandes rivières, contribuent, chacun à leur façon, à ce qui apparaît désormais comme une inéluctable révolution, François-Henri Désérable s'interroge sur les notions, au plus près de l'ordinaire, de courage et de peur. Empli de mélancolie par la certitude de n'être pas près de retourner de sitôt en Iran, conscient qu'il ne saura jamais ce que deviendront tous ces gens croisés l'espace d'une conversation, il quitte ce pays en train de secouer quarante-trois ans de terreur avec le sentiment d'avoir traversé les dernières heures d'un monde usé de toute part. Un monde qui, en tous les cas, n'a plus grand-chose à voir avec celui qu'a pu connaître Nicolas Bouvier, il y a seulement soixante-dix ans. On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve… Puisse un prochain voyageur, dans un Iran qui aura réussi son renouveau, bientôt s'en réjouir !


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Mon maître et mon vainqueur

François-Henri Désérable est un personnage hors pair, je l'ai rencontré à la maison de la poésie à Paris, il y a un peu plus de deux ans.

Cet homme m'a fasciné par sa verve et sa faconde sans compter une grande sympathie qui se dégage de lui.

Après cette rencontre, je me suis jeté sur son livre : un certain monsieur Piekelny qui naturellement avait tout pour me plaire puisqu'il se référait à un personnage de: La promesse de l'aube.

Et, j'ai été totalement séduite par ce livre.

C'est avec un grand bonheur que je le suis une fois encore, aujourd'hui avec : Mon maître et mon vainqueur.

Alors, que d'autres auraient séché à nous transmettre et décrire une folie amoureuse.

François-Henri Désérable excelle, c'est avec brio et des mots choisis, empreints de poésie et non dénué d'humour qu'il nous raconte l'amour de son ami Vasco pour la belle Tina.

Tina qui s'appelle d'ailleurs Albertine, petit clin d'œil à l'univers proustien dont plusieurs références émaillent d'ailleurs le roman.

Tout part d'un cahier Claire fontaine, où Vasco a consigné sous forme de poèmes l'histoire de son amour.

Le narrateur, se retrouve avec un juge, lui-même touché par la poésie a essayé d'analyser ces poèmes pour comprendre le passage à l' acte de Vasco, car l'affaire a mal tourné. Tina avait déjà un futur mari.

J'ai beaucoup aimé aussi sur cette histoire d'amour, la surimpression de l'histoire de Verlaine et Rimbaud. Tout cela est très habile et passionnant.



J'attends avec impatience le prochain roman de ce cher François-Henri Désérable.
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Évariste

Évariste Galois, le mathématicien qui a défini les ''conditions de résolubilité des équations par radicaux'' et ouvert la porte aux mathématiques modernes...Voilà un sujet probablement intéressant pour un adepte des formules algébriques ou autres théorèmes ésotériques. Mais j'avoue avoir eu quelques doutes, moi qui ne connaît même plus mes tables de multiplications. Pourtant, la courte vie d'Évariste mérite un détour entre les pages de la biographie romancée que lui consacre le jeune François-Henri DÉSÉRABLE. D'ailleurs, il avoue d'emblée ne rien comprendre aux théories du mathématicien. C'est donc à l'homme qu'il s'intéresse, celui à qui il n'a fallu que vingt petites années pour connaître le militantisme politique, deux échecs cuisants à polytechnique, deux passages en prison, de solides amitiés, deux amours - les mathématiques et la mystérieuse Stéphanie D – et une mort en duel, au petit matin. Il n'en fallait pas plus pour en faire un héros flamboyant et romantique, un génie incompris, presque un martyr.

Dans un contexte historique exaltant (les trois Glorieuses, la Monarchie de Juillet), s'appuyant sur la faible documentation existante, François-Henri DÉSÉRABLE se révèle par son style à la fois efficace et plein de verve. Il n'hésite pas à s'adresser à son lecteur, ou plutôt sa lectrice qu'il appelle ''Mademoiselle'', qu'il vouvoie et qu'il invite à s'immiscer avec lui dans l'intimité d'Évariste. Il n'hésite pas à se perdre dans des détours, à convoquer les célébrités de l'époque, à se moquer de Dieu, à écorcher ceux qui n'ont pas reconnu le talent de son protégé. Car, il a beau manier l'humour et le sarcasme à merveille, il ne peut pas cacher son attachement au jeune prodige des mathématiques, se laissant aller à un certain lyrisme pour évoquer son amour malheureux et sa mort si cruelle, si injuste.

DÉSÉRABLE ne prétend pas lever tous les mystères qui entourent la vie et l'oeuvre d'Évariste Galois mais il a visiblement pris du plaisir à lui broder un scénario romanesque, à remplir les trous pour offrir à son personnage un peu de chaleur et de bonheur. Ce faisant, il me l'a rendu proche et surtout m'a permis de découvrir le destin tragique de ce jeune homme qui n'aura pas eu le temps d'accomplir tout ce qu'il portait en lui. Alors non, je n'en sais pas plus sur les conditions de résolubilité des équations par radicaux, mais j'ai rencontré un génie et j'ai partagé ses vingt ans d'existence et c'est là le plus important ! Une très belle réussite par un écrivain des plus talentueux.
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Mon maître et mon vainqueur

A la frontière entre le réel à la fiction (frontière qu'il s'amuse à flouter pile à la fin, histoire de laisser malicieusement les lecteurices dans le doute) F.-H. Désérable témoigne, dans Mon Maître et mon Vainqueur, de l'amour dans tous ses sens. L'amour et la passion entre deux personnes, amis du narrateur, mais aussi l'amour des mots et des livres, par le biais du métier de Vasco qui nous fait découvrir quelques secrets de la BnF et du travail de gardien du patrimoine ainsi que par la passion de Tina pour la poésie et le théâtre. Au-delà de tout cet amour plane l'amitié bienveillante du narrateur (l'auteur?) qui n'aura de cesse de sauv(egard)er ces amants jusque devant la justice. On vibre, on espère et on s'amuse en même temps que ces héros malgré eux d'un amour trop tardif.

Si l'écriture peut paraître très littéraire de prime abord, le texte se lit facilement et est ponctué de poésie sous diverses formes et de références littéraires intéressantes. Bref, je suis conquise par ce roman, Mon Maître et mon Vainqueur est l'un de mes coups de coeur de cette rentrée littéraire 2021!
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