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Critiques de François Jacob (13)
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La Statue intérieure

Je m'adresse de nouveau à vous avec ce riche trophée ramassé dans le kiosque à livres aux Serres d'Auteuil (Paris 16), encore ! J'avoue que le tableau de Jean Dubuffet sur la 1ère de couverture y était pour quelque chose et puis, évidemment, ce titre de maître, duquel se dégage une telle force.

Durant toute mon enfance, je suppliais qu’on me conte une histoire vraie et non une fable. Ce n’est pas donc étonnant que je lis maintenant des biographies ! Dès le premier chapitre, je suis tombée amoureuse de la courageuse personnalité de François Jacob, de son génie de chercheur, très travailleur, de son style d'écriture émouvant, de la nudité tendre de ses souvenirs, enfin de son beau sourire inimitable qui enferme tout, la séduction, l'intelligence supérieure, une légère ironie.

Pour un brillant scientifique, il a un incroyable sens de la formule. Il marque, fait rire, touche. Il sait concentrer de manière fulgurante un fond qui, sans cela, aurait été confus pour un non-biologiste.

François Jacob connaît des réveils par une inspiration osée, un échantillon à vérifier, qui le poussent à courir au laboratoire à la première heure, mais aussi ces réveils en sursaut avec, devant les yeux, les visions déchirantes des blessures et de la mort des amis qu'il a côtoyées trop souvent; car ses études en médecine ont été brutalement interrompues par la guerre. Ses moments ponctuent la biographie de façon bouleversante.

François Jacob et ses collègues éminents, comme André Lwoff, Élie Wollman, Jacques Monod, mettent à l'épreuve toutes leurs hypothèses … jusqu'aux scenarios érotiques entre les bactéries (le nom d'expérience spaghettis donné par Jacques Monod à ses manipulations au mixeur !)

L'auteur parle de ses collaborateurs avec chaleur et sincérité dignes d'admiration. Il évoque leurs complicités et divergences, leurs discussions passionnantes et vitales devant le tableau noir, en train de dessiner des schémas prometteurs. Mais il raconte également ses amitiés diverses et multiples qui ont façonné son caractère (d'où le titre de l'ouvrage !). Il dépeint avec un véritable enchantement sa rencontre radieuse avec Lise (sa future épouse la pianiste Lysiane Bloch qui lui offre « un merveilleux quatuor » de 4 enfants : Pierre, qui devient philosophe, les jumeaux Laurent et Odile, fondatrice des éditions Odile Jacob, et Henri).

En dernier, pour personnaliser cette lecture, je ne vais pas vous cacher une communauté d'esprit que j'ai entrevue sur les pages de ce livre entre François Jacob et feu mon cher papa, un scientifique au tempérament de littéraire, espiègle, beau, éternellement jeune…

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La Logique du vivant

Je ne peux pas mieux parler de ce livre que Michel Foucault, qui dit, deux points, ouvrez les guillemets : « Le livre de François Jacob est la plus remarquable histoire de la biologie qui ait jamais été écrite. Elle invite aussi à un grand ré-apprentissage de la pensée. »

Oui, le travail réalisé par François Jacob est considérable, puisqu'il retrace toute l'histoire de la biologie, des idées et des théories que les hommes ont élaborées dans leur petite tête pour comprendre le monde vivant. Je ne voudrais pas faire mon Fabrice Luchini, mais enfin quand même ! On ne peut pas être avare d'éloges devant ce livre monstrueux, oui j'ai bien dit « monstrueux » : monstrueux d'intelligence et d'érudition. Vous y êtes là ? Hein ? Vous sentez le souffle de la science passer dans vos cheveux de lecteurs ébouriffés et avides ? Avides de compréhension, de savoir, d'humanités ? Et bien c'est tout cela à la fois qui transpire du livre de François Jacob, je vous le garantie. Oh, non, inutile de m'en demander plus, je ne vous en dirais rien d'autre que cela : c'est notre histoire, qu'il raconte le François, l'histoire de la matière qui s'organise, toute seule comme une grande, de molécules en gènes, de cellules en organes, d'organismes qui se mettent à penser et même à s'intégrer en société, société des hommes qui parfois fout la nausée, mais ça c'est moi qui le dit... Le Jacob, il se contente d'inventer la notion « d'intégron », oui, vas-y, c'est pas mal, ça « l'intégron », François, pourquoi pas ? Il y aurait beaucoup à philosopher sur ce qu'il raconte là, mon Jacob, mais on a pas le temps, personne quasiment n'a pris le temps, on zappe, on passe au suivant, et on rate quelque chose sans doute. Oui, la philosophie tirée des sciences, c'est plus à la mode, c'est ringard, François, mais ton livre, lui, il est là. Il attend.
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Le jeu des possibles. Essai sur la diversit..

Ce petit essai de vulgarisation scientifique date de 1979, mais le propos est intemporel, puisqu'il s'agit d'une réflexion philosophique sur le statut de la science et plus particulièrement de la connaissance en sciences naturelles, « d'un dialogue entre le possible et le réel », comme le dit l'auteur. (Bien sûr, son propos entre dans le cadre des connaissances de l'époque, mais il faut dire que François Jacob est plutôt clairvoyant sur ce qu'apporteront les découvertes ultérieurs – notamment, il pointe du doigt la biologie du développement, qui apportera effectivement beaucoup...)

En biologie, la théorie de l'évolution tient une place à part dans le domaine des sciences, puisqu'il s'agit d'une science historique, qui ne prédit pas ce qui va se passer, ni ne produit aucun résultat, mais tente d'expliquer ce qui est (en l'occurrence, un organisme vivant ou qui le fût, avec une structure et une histoire).

En ce sens, elle donne une explication du monde à la fois complexe et simple, bien que l'écueil soit de trop la simplifier, à la fois précise et incertaine, à la fois sur le possible et le réel... toutes choses paradoxales. Et puis, le hasard y tient une grande place, mais un hasard là-aussi paradoxal, puisque contraint. «  En matière d'organismes, tout n'est pas possible », dit Jacob.

Cette explication du monde est donc pleine d'incertitudes et c'est pourquoi il lui arrive d'être rattachée au domaine du mythe plutôt qu'à celui de la science (prêtant ainsi le flanc aux attaques des religieux, des créationnistes encore aujourd'hui).

Pour François Jacob, la victoire du hasard et de la sélection naturelle sur la création divine est justement consacrée par l'imperfection des organismes vivants. Dans un monde parfait, crée par un dieu, nous aurions des cheveux verts à la chlorophylle, afin de tirer du rayonnement solaire une autre source d'énergie, au lieu de passer notre temps à chercher bêtement de la nourriture.

La deuxième partie du livre est donc consacrée à ce qu'est le vivant : bien plus un bricolage à partir de matériaux hérités du passé, qu'une réalisation optimale réalisée par un ingénieur ou un architecte divin. Et cela, que ce soit au niveau moléculaire, au niveau cellulaire, ou au niveau de l'organisme.

La troisième partie est encore une réflexion, autour de la sexualité comme source de diversité, autour des horloges biologiques et de la perception du temps, autour des représentations du monde transmises par les organes des sens et réalisées par le cerveau, images du monde qui se projettent chez l'homme dans la culture, qui est, elle aussi, à la fois universelle et diverse...

A noter que, par petites touches, au détour d'un paragraphe, François Jacob remet les idées en place, en réponse à quelques âneries servies comme arguments par son co-récipiendaire du prix Nobel de Médecine en 1965, Jacques Monod, dans son très mauvais livre qu'est « Le hasard et la nécessité »...
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La Statue intérieure

J'ai arrêté ma lecture à la moitié sans avoir trouvé ça inintéressant par ailleurs.

L'auteur y raconte ses souvenirs d'enfant et de jeunesse. La montée de l'antisémitisme et l'Occupation allemande, ses études de médecine, son engagement dans l'armée pour la France libre et son expérience de médecin en Afrique du Nord pendant la seconde guerre mondiale.
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La Statue intérieure

Une autobiographie... Et quelle vie !

J'ai vraiment apprécié de découvrir le milieu de la recherche, je me suis laissée emporter par la passion de l'auteur...

Un beau livre... Une belle surprise...
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La Statue intérieure

François Jacob de l’Académie française et de l’Académie des sciences nous retrace sa jeunesse jusqu'à sa carrière de scientifique prix Nobel de médecine. Un livre sincère, personnel et accessible.
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Le jeu des possibles. Essai sur la diversit..

Je l'ai lu 2 fois d'une traite il y a fort longtemps et j'espère pouvoir en faire une présentation plus convenable dans un futur proche...

En lisant un livre de François Jacob même une personne non scientifique comme moi a le sentiment d'être intiée aux mystères de la création...

J'ai relu récemment quelques pages de ce livre, petit par le format, grand par le sujet et les idées. Ce qui me frappe en tout premier lieu, c'est la pointe d'humour qui s'en dégage, ce n'est pas si courant pour un essai !
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La souris, la mouche et l'homme

Au fil des pages, François Jacob, prix nobel de médecine, raconte combien il a fallu de patience à l'homme pour aller chercher derrière l'univers visible des propriétés communes, combien il lui a fallu d'imagination pour débusquer dans l'immense variété des êtres vivants les molécules et les gènes qui les constituent.

L'auteur insiste sur l'imbrication croissante de la recherche scientifique, de la technologie (qui sert cette recherche et en récolte les fruits), et de la médecine (où tout le monde peut entrer en contact avec cette technologie de pointe), soulignant les différents rôles auquels le politique, le scientifique et le simple citoyen peuvent prétendre. Dans une période où les plumes se déchaînent pour nous prévenir des risques que nous encourons face aux nouvelles possibilités technologiques de la médecine, un regard qui se veut rassurant et éveillé. François Jacob nous offre ici un stimulant intellectuel à travers lequel transparaît son humanisme, lucide et généreux.



Très intéressant et met à la portée de tous la science
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Le Jeu des possibles:Essai sur la diversité d..

Un bon livre, à la fois très accessible et intéressant dans ses réflexions. Il présente la différence entre mythe et science et fait un point sur l'expulsion de la finalité dans les sciences du vivant. A lire aussi pour ses réflexions sur la perception et la notion de "réalité biologique", sur le "bricolage" de l'évolution, ou sur l'inscription biologique de la temporalité.
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La Statue intérieure

Appartenant à une famille juive, François Jacob avait entrepris des études de médecine et se destinait à la chirurgie lorsque la guerre survint. Passé en Angleterre, il s'engage dans la brigade du Général Leclerc et est grièvement blessé en Normandie. Obligé de renoncer à devenir chirurgien, il se tourne vers la biologie et contribue, avec Jacques Monod, aux progrès de la génétique française. Ouvrage d'une écriture toute classique et d'une grande élévation de pensée.
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La Logique du vivant

Récemment, mon ami Daniel Calin me donna à lire un de ses textes dans lequel il évoque le biologiste François Jacob et « l’impressionnante conclusion de son grand ouvrage », La Logique du vivant (Gallimard, 1970). Peu fier de n’avoir jamais lu ce livre, je m’empressai de me le procurer. Les vingt-six pages de la conclusion intitulée L’intégron furent une surprise : je découvris une démarche comparable à ma théorie de l’extensio.



Enfin ! Je dois dire que, jugeant très simple le principe fondateur de l’extensio qui affirme que l’évolution va dans le sens de l’élargissement du champ relationnel, je cherchais, en vain depuis de nombreuses années, quel scientifique pouvait l’avoir déjà formulé(1). Or, non seulement François Jacob, dans sa conclusion, insiste sur ce point, mais également, il décrit cet « accroissement » de la relation avec le milieu chez les humains de la même façon que la théorie de l’extensio, c’est-à-dire par le système nerveux et en gigogne. Selon le célèbre biologiste, cette relation s’accroît avec la communication entre les organismes, puis chez les humains, avec la survenue du langage, et enfin de l’écriture.



D’emblée, le refus de séparer l’individuel du collectif est affirmé : « Décrire un système vivant, c’est se référer aussi bien à la logique de son organisation qu’à celle de son évolution. » (p. 321) Et de proposer le concept d’intégron : « Chacune de ces unités constituées par l’intégration de sous-unités peut être désignée par le terme général d’intégron. Un intégron se forme par l’assemblage d’intégrons de niveau inférieur ; il participe à la construction d’un intégron de niveau supérieur. » (p. 323)



L’auteur constate que : « Ce qui caractérise peut-être au plus près l’évolution, c’est la tendance à l’assouplissement dans l’exécution du programme génétique ; c’est son « ouverture » dans un sens qui permet à l’organisme d’accroître toujours plus ses relations avec son milieu et d’étendre ainsi son rayon d’action. » (p. 329) De sorte que : « Les « succès » de l’évolution aboutissent à accroître corrélativement la capacité de percevoir et celle de réagir. » (idem)



Cet accroissement est rendu possible par une complexification d’un intégron à l’autre : « Or l’évolution se traduit d’abord par un accroissement de complexité. Une bactérie représente la traduction d’une séquence nucléique longue d’environ un millimètre et constituée d’environ vingt millions de signes. L’homme procède d’une autre séquence nucléique, longue de près de deux mètres et contenant plusieurs milliards de signes. » (p. 332) « Ce qui entraîne cette augmentation de programme, c’est la tendance à accroître les interactions de l’organisme et de son milieu par quoi se caractérise l’évolution. » (p. 333)
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La statue intérieure

François Jacob de l’Académie française et de l’Académie des sciences nous retrace sa jeunesse jusqu'à sa carrière de scientifique prix Nobel de médecine. Un livre sincère, personnel et accessible. Il a également écrit des essais devenus à mon avis des "classiques" comme le "jeu des possibles"
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La Statue intérieure

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