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Citation de Charybde2


À 10 h 22, Secondi passa le coup de fil qu’il avait prévu pour la fin de journée. Il négocia cinq minutes et laissa son numéro à un homme qui avait ramené son accent de sa Sicile natale. L’homme dit que son patron rappellerait.
Secondi fila en direction du quartier Gerland. Il passa le reste de sa matinée à chercher une prostituée qui se prénommait Fatou Diene. D’après le dossier qu’un lieutenant des RG lui avait refilé contre un bâton, elle était sénégalaise, camée, séropositive et avait déjà fait deux tentatives de suicide. Dans le dossier de demande d’asile déposé à la préfecture du Rhône en décembre 1983 par l’avocat d’une association, elle prétendait alors avoir vingt et un ans. Elle certifiait qu’il lui était impossible de rentrer à Dakar. Son père était un voyageur de commerce blanc qui vendait des manuels scolaires pour un grand groupe français dans toute l’Afrique occidentale. Il avait cogné sa mère et l’avait laissée pour morte dans leur piaule de Grand Yoff.
Elle affirmait que sa mère était une prostituée, que son père passait trois fois par an, pour la baiser et la frapper. Elle affirmait que son père l’avait violée à neuf reprises, la première fois lorsqu’elle avait treize ans. Elle affirmait qu’elle était Sérère. Elle affirmait qu’elle avait placé sa mère en sécurité chez les carmélites de Sébikotane et que si elle retournait à Dakar, le Blanc la tuerait. Elle affirmait que son père était alcoolique, violent et qu’il connaissait Abdou Diouf. Elle affirmait qu’il avait ses entrées à l’ambassade de France et que les autorités françaises le considéraient comme un promoteur de la francophonie.
La préfecture avait refusé sa demande d’asile. Elle se prostituait depuis son arrivée en France pour subvenir aux besoins de son petit frère qu’elle avait embarqué dans ses bagages. Elle n’avait aucun document pour prouver qu’elle était en danger dans son pays et que son pays ne pouvait assurer sa protection. Elle n’avait toujours pas de papiers. Son frère suivait des cours de licence en fac de droit sans être inscrit. Son visa étudiant était arrivé à expiration en juin et la préfecture le menaçait d’expulsion. À l’université Lumière Lyon 2, un maître de conférence en droit administratif l’avait pris sous son aile.
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