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Citation de enkidu_


Ce siècle m'assomme. Je veux bien qu'il invente de belles machines, et que ce soit même là sa noblesse, ce par quoi il marquera probablement dans l'histoire, mais de là à être coiffé de ces avions... Les ingénieurs m'ennuient, qui nourrissent mon œil, excitent peu mes songes et ne m'aident pas à vivre. Je n'appelle pas mieux vivre aller à New York en six heures au lieu de laisser la vieille mer nous secouer les intestins. La sorte de vivacité qui m'intéresse se trouve ailleurs. Morand, homme rapide s'il en fut, et passionné de « moderne », a décrit sombrement la fin de l'homme pressé : cardiaque, terrorisé. Les ivresses de ce temps débouchent sur l'inutilité de tout.

Réhabilitons Duhamel. Il écrivit naguère sur les jouets de notre temps, dont il voyait la fièvre monter, des vérités vieillottes et qui firent ricaner. C'étaient des vérités : on les déteste. Les villes, le cinoche, la bagnole, les médicaments omnibus, tout à la portée de tous et nulle part à la portée de partout : c'est l'enfer. On a pardonné à Valéry de l'avoir remarqué à cause du style noble. Nos malheurs quotidiens ne se déroulent pourtant pas sous le signe des grands genres. La migraine, la tête vidée, les lieux et les personnes interchangeables, notre mort elle-même, autant de sujets de comédie. On voit ce qui rend les Duhamel irrécupérables : ils ne veulent pas sauver le silence pour rêver, mais pour dormir.
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