L’art de vivre, à la cour ou chez les plus riches, est d’un épicurisme qui rendrait fous bien des puritains d’aujourd’hui. La plupart des califes boivent de l’alcool, parfois immodérément, ce qui ne les empêche pas d’être de pieux pratiquants qui font comme il convient leurs prières et le pèlerinage. Au dire de tous les amoureux de la langue, le plus grand des poètes arabes est Abu Nuwas. Contemporain de Haroun al-Rachid, il est l’éternel compagnon de débauche de son fils Amin, qui le protège. Ses vers chantent le vin et l’amour des éphèbes avec une audace qui lui vaudrait aujourd’hui, dans bien des endroits, les foudres de la censure.