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Critiques de François Sarindar (28)
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Charles V le Sage : Dauphin, duc et régent

Il y a plusieurs vies dans la courte vie de Charles V le Sage (1338-1380), qui devait devenir roi de France en 1364 et ne régner que seize ans mais qui est crédité d'un résultat considéré comme miraculeux : le fait d'avoir recouvré la pleine souveraineté sur des territoires perdus après la défaite et la capture de son père, Jean II le Bon, à Poitiers-Nouaillé-Maupertuis en 1356, bataille au terme de laquelle le Prince Noir, fils du roi d'Angleterre avait remporté la victoire.

S'il m'est permis, je montrerai dans un second volume que les choses ne sont pas aussi simples et aussi positives que l'on a bien voulu nous le dire depuis des siècles à propos des résultats obtenus par Charles V le Sage au cours de son règne.

Mais ici, J'ai voulu surtout m'attacher à ce qui s'est passé entre le retour de Charles à Paris après la déconfiture de Poitiers où il dut assumer, alors qu'il n'y était pas préparé, à dix-huit ans, la charge du pouvoir, aidé par les conseillers de son père et par les siens, en tant que duc de Normandie et premier Dauphin de l'Histoire de France, et la mort en 1358 du Prévôt des marchands de Paris, Étienne Marcel, qui devait jouer un rôle capital durant ces deux années.

J'en termine avec une légende concernant Étienne Marcel, qui ne fut pas, au départ, l'homme de main du roi de Navarre, dit Charles le Mauvais, arrière-petit-fils de Philippe IV le Bel, tenté de se mettre dans le jeu devant l'affaiblissement des Valois, Jean le Bon étant prisonnier à Bordeaux puis en Angleterre, et son fils Charles ne jouant plus ou moins qu'un rôle de représentation en l'absence du roi malchanceux. Non, Étienne Marcel ne fut pas ce "traître" et ce serviteur du roi de Navarre trop souvent décrit dans maints ouvrages. Il était prévôt des marchands de Paris et assistait aux délibérations des États de langue d'oïl, convoqués par Jean le Bon pour pouvoir lever l'impôt exceptionnel qui aurait dû lui permettre de battre les Anglais à Poitiers grâce à la levée d'une armée de trente mille hommes. Après la déculottée de Poitiers, Jean le Bon n'avait plus besoin de la réunion des États, car celle-ci signifiant la continuation des hostilités avec l'Angleterre, il lui était au contraire nécessaire de faire la paix avec Edward III, pour pouvoir payer la rançon qui lui permettrait de retrouver la liberté, quitte à amputer le royaume de France de toute sa partie sud-ouest, convoitée par les Anglais depuis que Philippe Auguste et ses successeurs avaient privé les Plantagenêts de plusieurs de ces possessions continentales. Mais refusant cette politique du roi Jean, qui cédait aux Anglais trop de territoires, les États de langue d'oïl continuèrent de se réunir sous l'autorité d'un Dauphin, notre Charles, que l'on surveillait étroitement. Il s'agissait donc pour Étienne Marcel de jouer cette carte, de tenir sous sa main le jeune duc de Normandie, qu'il ne voulait absolument pas écarter du pouvoir au profit du roi de Navarre, et dont il s'agissait au contraire d'obtenir qu'il continuât de convoquer les États afin que ceux-ci pussent tenter d'assainir les finances du royaume, d'établir une monnaie stable et de ne plus d'évaluer cet argent au seul avantage du roi par le biais du monnayage, de lever l'impôt dont le seul emploi devait être la défense du royaume face aux incursions et ambitions anglaises. Cela irritait Jean le Bon et mettait mal à l'aise le Dauphin Charles, qui n'était pas forcément opposé à tout le programme de réforme des États mais qui n'avait qu'une envie, celle d'échapper à ceux qui le contraignaient malgré lui à parapher des décisions qui ne lui agréaient pas totalement à l'aide du sceau du Châtelet - sceau du Prévôt royal qui se substituait ainsi au grand sceau du roi dont on ne pouvait faire usage puisque Jean II le Bon, enfermé dans une autre logique, refusait de jouer le jeu.



Mais quel était le projet réel d'Étienne Marcel et sur quels moyens comptait-ils s'appuyer pour le réaliser ? C'est ici que les historiens se contredisent et n'arrivent pas à donner une idée cohérente de l'action du Prévôt des marchands. En fait, conscient des forces en présence, celui-ci ne pouvait qu'essayer d'unir des contraires difficilement conciliables mais prêts à s'entendre dans le contexte où se trouvait le royaume du fait que Jean le Bon était le prisonnier des Anglais, situation inédite. C'est donc à la signature d'un programme commun avec la bourgeoisie que Marcel conviait l'aile réformatrice de l'aristocratie et du clergé, à travers les États, et d'ailleurs le Conseil réuni autour du Dauphin vit plus de ces nobles et de ces clercs à l'esprit plus ouvert intégrer ses rangs que des représentants de la bourgeoisie, tard entrés dans ce gouvernement. Mais le Prévôt des marchands ne réussit pas à transformer durablement l'essai, et bientôt la noblesse, peu tentée de donner trop de place à la bourgeoisie, fit faux bond et regimba, surtout quand le Prévôt ordonna le 22 février 1358 l'élimination physique sous les yeux du Dauphin, de deux des conseillers militaires - et politiques - de ce dernier, les maréchaux de Champagne et de Normandie, soupçonnés d'armer l'esprit du jeune homme contre Étienne Marcel et contre les États et de faire le jeu de Jean le Bon.

Prétextant la nécessité de ressouder les liens avec des représentants de la noblesse qui devaient se réunir hors de Paris, le Dauphin sortit de la capitale, sans doute avec l'accord d'un Prévôt des marchands peu méfiant, et sitôt dehors, jetant le masque, Charles se mua en organisateur de la résistance à Étienne Marcel, soudain ramené au seul soutien de ses fidèles et trahi par des bourgeois dont certains ne voulaient pas se mettre à dos le Dauphin. Et l'on devine le dénouement de l'histoire, alors que tardivement Étienne Marcel n'eut plus d'autre ressource, en dernière extrémité que de tenter de se tourner vers le roi de Navarre qui lui proposa de s'aider du concours de ses troupes anglo-navarraises pour conserver ses acquis à Paris, faisant faire au Prévôt des marchands un reniement de ses principes, lui qui s'était fait fort d'incarner la lutte contre les Anglais et qui se trouvait à présent obligé de s'appuyer sur des mercenaires anglais, c'est-à-dire sur ses ennemis pour se maintenir au "pouvoir", alors qu'il n'était jamais intervenu au Conseil, sauf subrepticement, une seule fois.

Il n'est pas inintéressant, en ce moment, alors que le pouvoir présidentiel et le programme politique d'Emmanuel Macron ont été contestés par une large majorité de Français, de relire les événements qui ont conduit il y a bien longtemps à la politique de réforme puis à la révolte d'Étienne Marcel, même si les enjeux ne sont pas les mêmes. Toutefois, on notera que, dans les deux cas, il est question de la politique fiscale du roi, d'un côté, et du pouvoir macronien en 2018-2019.





Cependant, je ne me suis pas arrêté à ce seul aspect et l'on trouvera dans ce livre des réflexions sur l'éveil de l'intérêt prononcé pour les livres et le savoir, en tout domaine, que manifesta plus tard le prince devenu roi, et je montre qu'il fut aidé par des parents aux goûts déjà affirmés en ce domaine, notamment grâce au mouvement favorisé alors par eux de la traduction d'ouvrages latins en français, ce qui m'amène à démontrer que les choses commencèrent à se mettre en place dans son esprit plus tôt que ne l'ont dit mes devanciers.

Je peins également le tableau des premiers affrontements qui marquèrent les débuts de la guerre de Cent Ans entre royaumes de France et d'Angleterre (on trouvera dans mon livre les descriptions des batailles de L'Écluse, de Crécy et de Poitiers-Nouaillé-Maupertuis), ainsi que le récit des événements liés à la grande révolte des Jacques - les paysans d'Ile-de-France et de Picardie en 1358 - doublée d'une action militaire des milices parisiennes pour tenter d'empêcher le blocus de Paris par les forces féodales ralliées au Dauphin après sa sortie de la capitale.

Partant de la naissance de Charles en 1338, je suis donc parvenu à écrire la moitié de la biographie de Charles V le Sage et je vais probablement m'atteler à la rédaction d'un travail complémentaire sur la seconde partie de cette vie, où il sera question du règne et de la manière de reconsidérer à présent ce dernier, à la lumière de ce qui le précède, de ce qui l'accompagne et de ce qui le suit.



François Sarindar, auteur de Charles V le Sage - Dauphin, duc et régent (1338-1358), publié le 2 mai 2019.
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Charles V le Sage ou les limites d'un grand..

Chers amis, sur ce livre que je connais forcément puisque je l'ai écrit, une fois n'est pas coutume, je n'en dirai pas trop : je vais laisser les historiens médiévistes dire ce qu'ils en pensent, et les revues historiques faire le travail de présentation et de promotion. Il m'aura fallu quatre ans pour le rédiger. Je trouve très naturel, cette fois, de laisser les autres parler de cet ouvrage, le plus long de ceux que j'ai écrits. Et le plus important à mes yeux. Il y en eut trois autres avant celui-là : T.E. Lawrence m'occupa longtemps (une trentaine d'années, mais c'était, pour commencer, évoquer un aventurier et un écrivain) ; Jeanne la Pucelle, ce n'était pas étonnant, cela me permettait de me faire connaître comme quelqu'un qui a vraiment son époque d'élection dans le Moyen Âge tardif ; Charles V comme premier Dauphin de l'histoire de France, duc de Normandie puis lieutenant au nom de son père et enfin régent, ce n'était pour moi qu'écrire l'avant-introduction de Charles V le Sage ou les limites d'un grand règne, où se concentre toute ma réflexion sur ce souverain et ce qu'il a pu faire : lui qui n'était pas un guerrier comme beaucoup de ses prédecesseurs sur le trône, mais un lettré et un homme très prudent quant à la manière de lutter contre des ennemis redoutables et qui préférait grignoter les positions tenues par ces derniers que leur opposer ses armées dans des batailles rangées toujours trop risquées, a tout de même réussi, grâce à son connétable du Guesclin et à son propre frère le duc d'Anjou à effacer la honte de la défaite cinglante et de la capture de son père Jean II le Bon par les Anglais à Poitiers et celle du désastreux traité de Brétigny et à récupérer le tiers du royaume qui avait alors été perdu par les Valois. Je ne m'auto-critiquerai pas, cette fois, pour laisser les historiens apprécier le regard que je porte sur ce roi, un roi que l'on aurait tout aussi bien pu surnommer le Grand. Alors, à tous ceux qui me liront, je souhaite une très bonne lecture. Puissent-ils y trouver quelques réponses aux questions que l'on peut se poser à propos de ce roi pas comme les autres et dont le règne dura juste seize ans.

Vous comprendrez, chers amis et chers lecteurs que je veuille laisser à d'autres le soin d'évaluer la qualité de ce travail. J'ai voulu que le dossier de Charles V le Sage soit revu de fond en comble et que soit enfin dit que son règne, pour réparateur qu'il ait été, fut bien trop bref pour empêcher que la guerre franco-anglaise commencée en 1337-1340 ne durât pas au moins jusqu'en 1453.

Je ne me suis pas livré à un exercice uchronique pour savoir quels miracles politiques et militaires Charles V aurait pu accomplir s'il avait vécu plus longtemps (1338-1380, soit quarante-deux ans et règne de 1364 à 1380) : j'ai juste constaté que malgré toutes les précautions qu'il a prises en vue de sa succession, la fragilité de son oeuvre est apparue post mortem avec les divisions entre ses frères et ses anciens conseillers, les Marmousets. Contre cela, il n'a rien pu faire et les Anglais ont largement profité de ces déchirements pour revenir en force en 1415. du coup, une guerre qui aurait pu ne durer que cinquante ans en a duré plus de cent.



François Sarindar, auteur de Charles V le Sage, Dauphin, duc et régent (2019) et de Charles V ou les limites d'un grand règne (2023).
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Lawrence d'Arabie : Thomas Edward, cet inco..

Comme le dit la quatrième de couverture, nous avons plus ou moins entendu parler de ce personnage. S'y intéresser est autre chose et j'avoue que je ne l'aurais pas fait si je n'avais pas connu l'auteur de cet ouvrage. Bien sûr, on connaît le militaire, celui qui fut agent de liaison et qui participa à la prise de Damas. On retient de lui le costume qu'il portait, à la manière des bédouins. Que dire de plus ? Finalement, on ne connaît pas grand chose...



François Sarindar s'attache ici à la psychologie du personnage. Il sonde Thomas Edward, essaie de faire des rapprochements entre son vécu et sa personnalité. Car on peut dire que celui qui était surnommé "Ned" par sa famille n'a pas vraiment eu de chance ! Fruit d'un amour défendu entre son père et la gouvernante de ses enfants légitimes, il pâtira, comme toute la fratrie (5 enfants), de ce manque de reconnaissance administrative. Car Thomas Chapman ne pourra jamais obtenir le divorce de sa première femme, celle-ci le refusant pour des motifs religieux. Ceci pourrait expliquer sa tendance à changer de nom. Sa mère, Sarah Junner Lawrence était elle-même une fille illégitime. Est-ce pour cela que, fervente religieuse, elle n'accepta pas la situation dans laquelle elle se trouvait et pratiqua sur elle et sur ses enfants la flagellation ? Ned en restera marqué, on peut le concevoir aisément. Cela va forger, sans nul doute, sa personnalité... quelque peu inquiétante lorsqu'on y réfléchit !



Quel travail ! On sent à quel point l'auteur a mis ici toute sa passion pour nous faire découvrir le personnage ! J'ai vraiment pris plaisir à le lire. Pourtant ce n'était pas gagné car le bonhomme, je le disais au début, ne m'intéressait que peu. Mais le fait justement que l'on s'intéresse ici à l'homme et pas seulement au militaire, que l'on décrive sa famille et les relations complexes notamment avec sa mère permettent de mieux le comprendre. Ajoutons à ceci - cerise sur le gâteau - que le style est fluide, très agréable. Ce livre qui apporte un autre angle, un autre point de vue sur le personnage. Je suis certaine qu'il est une référence pour quiconque s'intéresse à Lawrence d'Arabie. Chapeau bas !
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Jeanne d'Arc : Une mission inachevée

Voilà une vraie biographie détaillée de Jeanne d'Arc qui porte en son titre l'inachèvement de sa mission puisqu'elle n'est pas parvenue elle-même à bouter les anglais hors de France, tout en ayant accompli l'essentiel avec la libération d'Orléans et le sacre de Charles VII.



Pour chaque étape de la vie de la Pucelle, François Sarindar s'attache à la vérité historique, évitant donc le piège où sont allés d'autres en dénaturant la vie d'une héroïne nationale, aussi bien à propos de sa naissance que de sa mission.



Ainsi, il analyse les différentes théories, au début du livre celle des "Bâtardisants" qui la voyaient comme une enfant naturelle de Louis d'Orléans et d'Isabeau de Bavière et, plus loin dans son ouvrage, celle des "Survivistes" alléguant qu'elle aurait échappé au bûcher.



Il présente de manière argumentée des détails pouvant paraître anodins pour le lecteur, mais importants pour l'historien, comme le moment de son départ de Domrémy et celui où elle a rencontré le dauphin à Chinon.



De même, l'action militaire de la Pucelle est étayée pour chaque opération de faits non contestables mettant une nouvelle fois à mal les narrations enjolivées ou les supputations devenues réalités dans l'esprit d'autres.



Cette approche de la réalité historique nécessite donc d'aller dans le détail, mais, ce qui pourrait paraître lassant pour ceux qui se contentent d'à peu près, devient richesse pour ceux qui veulent ancrer dans leur mémoire des faits pouvant être tenus pour certains.



François Sarindar décortique également la relation de Jeanne avec Charles VII tout en reconnaissant à ce dernier les qualités politiques acquises au fil du temps qui lui ont permis, par la voie politique, de parvenir peu à peu à achever la mission de la Pucelle en obtenant le départ définitif des anglais du royaume de France.



Le livre comporte de nombreuses citations des paroles de la Pucelle, que ce soit au cours de sa mission ou bien durant son procès. Il démontre hélas comment elle a pu être trompée par ses juges, sans doute du fait de son inexpérience en rhétorique, ne pouvant malheureusement pas persuader des gens qui avaient déjà décidé de la condamner.



Jeanne d'Arc est certainement la plus grande héroïne dramatique française et le livre de François Sarindar reconnaît parfaitement son rôle avec ses talents, ses convictions, ses erreurs, sa grandeur.
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Jeanne d'Arc : Une mission inachevée

J'avais découvert la plume de François Sarindar avec son premier opus, Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu. N'étant pas du tout calée sur le sujet, j'étais ressortie de ma lecture satisfaite, en ayant le sentiment d'avoir appris quelque chose. Car l'auteur ne s'était pas intéressé qu'au militaire. Il avait également pris en compte l'homme.



J'ai retrouvé ici ce même plaisir et cette fluidité dans l'écriture. On sent bien que cet historien a non seulement dû compiler des tonnes et des tonnes de documents, de sources etc. pour mener à bien son livre mais qu'il est, comme Jeanne, investi d'une mission. Il ne va pas bouter les anglais hors de France mais il va mettre à la porte tous les poncifs que l'on a pu lire jusqu'à présent. Et c'est justement ce que j'apprécie chez lui. Il n'apporte pas sur le marché un énième bouquin résumant tous les autres. Il va au-delà de cela et offre sa vision, son étude de ce personnage. Il replace cette grande figure dans son contexte, l'enlève de son piédestal, véritable carcan historique, pour que le lecteur puisse découvrir son humanité. Exit la petite bergère, exit les images d’Épinal. Place à l'Histoire, au rôle qu'a voulu jouer la jeune fille et à celui qu'on a voulu lui donner. Car là est tout le problème : on a toujours une fâcheuse tendance à embellir le passé. Je prends au hasard quelques questions que se posent les Historiens : Jeanne était-elle réellement à la tête de troupes ? Je vous laisse le découvrir. En tous les cas, l'auteur réhabilite également ceux qui l'accompagnaient ou avec qui elle devait composer. Qui pourrait donner, à l'heure actuelle, des noms de capitaines ou d'hommes d'armes ? La focalisation sur la fameuse Pucelle a pu faire du tort à la mémoire de ces hommes dont le rôle fut tout aussi important. Jeanne a-t-elle été trahie par Charles VII ? Vous saurez tout ceci en lisant cet excellent ouvrage.



Je ne sais plus que dire... ce qui m'arrive souvent lorsque je suis enthousiasmée par un livre. Achetez-le, vous verrez à quel point il se lit bien, qu'on soit profane ou érudit. J'ai appris énormément de choses. Un dernier mot : un grand, très grand merci à François Sarindar-Fontaine pour nous faire partager ses recherches, ses analyses et, surtout, sa passion.
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Charles V le Sage : Dauphin, duc et régent

Charles V fait donc partie des Valois. Il est le fils de Jean II le Bon et de Bonne de Luxembourg. François Sarindar nous relate ici les vingt premières années de son existence. Le reste fera – nous l’espérons – l’objet d’un autre tome. Et l’on peut dire que ces premières décennies sont déjà riches ! Comme à son habitude, l’auteur met l’Histoire à notre portée et nous intéresse grâce à sa plume inimitable. Il donne son avis non sans argumenter ce qui montre qu’il lui tient à coeur de nous faire découvrir ses personnages historiques. Si j’ose l’expression, « il écrit avec ses tripes ». Nous découvrons ainsi les dessous, les coulisses presque, de ces hommes encensés, souvent, par les Chroniqueurs et les Historiens et nous en apprenons beaucoup sur cette période.



Je ne cacherai pas que mes périodes de prédilection sont antérieures puisque je m’intéresse surtout au Haut Moyen Âge et à une partie du Moyen Âge central. J’ai donc lu avec un œil presque neuf cet essai sur Charles V le sage, que je connaissais, certes, mais pas suffisamment dans les détails. Et comme à son habitude, François Sarindar a réussi à m’embarquer dans une Histoire sur laquelle je ne me serais pas forcément attardée. J’y ai pris grand plaisir et cela m’a donné envie d’aller faire un peu plus de recherches non pas sur Charles V puisque l’auteur nous offre ici ses travaux mais sur son père, Jean II le Bon dont l’attribut, comme il nous est rappelé, signifie la vaillance et non la bonté. En effet, j’ai découvert un être assez machiavélique, faisant tout pour placer son « favori », Charles de La Cerda.



Un grand merci, François, pour ces heures de lecture ô combien instructives ! Et tout ceci me fait penser qu’il faut, en parallèle du deuxième tome de Frénégonde, que j’attaque mes recherches sur l’Abbé Suger et Louis VI le Gros…
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Jeanne d'Arc : Une mission inachevée

En finir avec plusieurs légendes en s'appuyant sur les textes et les faits, tel était l'objet de ce livre. Des dizaines de biographies de Jeanne présentaient Charles VII comme un roi sans personnalité, influençable, entouré de favoris, qui abusaient de son manque de caractère pour influer sur le cours des événements dans le sens qu'ils voulaient lui donner. Charles VII, d'après les biographes de la Pucelle, ne serait devenu ce qu'il devait être et n'aurait exercé son "métier" de roi qu'après avoir fait sa mue en prenant maîtresse en la personne d'Agnès Sorel. Jeanne, capturée par les Bourguignons en 1430, livrée aux Anglais puis suppliciée sur un bûcher à Rouen en mai 1431, aurait donc été la victime d'un souverain médiocre, qui aurait manqué de reconnaissance envers cette jeune femme qui avait pourtant stoppé l'avance anglaise en rendant impossible la prise d'Orléans en mai 1429 et à qui Charles devait la couronne, déposée sur sa tête le 17 juillet 1429.

Tout ceci est le résultat d'une courte vision de l'Histoire.

Rétablissons les faits simplement :

- en 1420, Charles VI et Isabeau de Bavière écartent de la succession dynastique française leur fils, le futur Charles VII, et lui préfèrent le vainqueur de la bataille d'Azincourt (livrée le 25 octobre 1415), le roi d'Angleterre, Henry V de Lancastre, qu'ils marient à leur fille, Catherine de France ;

- le futur Charles VII en conçoit des doutes sur sa naissance légitime, car le bruit courait qu'Isabeau avait des amants, notamment Louis d'Orléans assassiné en 1407, le pauvre mari de la reine, Charles VI, étant devenu fou et ayant été écarté de sa couche ; la duchesse d'Anjou, Yolande d'Aragon, avait pris le jeune Dauphin, futur Charles VII, sous sa protection et avait fait de lui son gendre en lui donnant comme épouse Marie d'Anjou ; en octobre 1428, les doutes taraudèrent encore un peu plus l'esprit du jeune Charles car les Anglais vinrent mettre le siège devant Orléans ; si la ville tombait, le verrou de la Loire sautait et c'en aurait été fini de l'existence du royaume de Bourges, car les villes et forteresses de Loches et de Chinon, où Charles résidait très souvent auraient été directement menacées ; désespéré, Charles entra en prière dans son oratoire et demanda un signe au ciel pour écarter de lui cette menace ; il confia sans doute ses craintes à son confesseur, Gérard Machet ; comme on ne savait plus quoi faire, on accepta de faire venir à Chinon une jeune habitante du Barrois mouvant, Jeanne la Pucelle, qui affirmait pouvoir aider le roi si on la plaçait à côté des troupes de ce dernier ; je suis pour ma part persuadé que c'est Gérard Machet qui a mis la jeune fille dans la confidence de l'oraison faite par Charles VII à la Toussaint 1428, et ceci expliquerait le rayonnement du roi à l'issue de son entretien avec la Pucelle ;

- dans ce livre, que j'ai écrit de 2010 à 2014, j'ai voulu mettre en évidence un point qui explique le différend entre le roi et Jeanne : celle-ci avait vu son village natal, Domremy, saccagé et incendié par les troupes bourguignonnes d'Antoine de Vergy, capitaine de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, et elle n'avait donc que griefs à l'égard des Bourguignons ; Charles VII, au contraire, voulait faire oublier l'épisode dramatique de l'assassinat du père de Philippe le Bon, Jean Sans Peur, duc Bourgogne, sur le pont de Montereau, en 1419, meurtre que l'on pouvait lui imputer ; il n'avait donc en tête que de faire la paix avec le fils de Jean Sans Peur, Philippe le Bon, de détacher celui-ci de son alliance avec les Anglais, de mettre fin à la désastreuse querelle des Armagnacs et des Bourguignons qui permettait aux Anglais de "diviser pour régner" en France ; Charles VII avait raison : couronné et oint en juillet 1429 dans la cathédrale de Reims grâce à Jeanne, il perdit tous ses doutes, et mit en route son projet de réconciliation avec Philippe le Bon ; Jeanne ne comprit rien à ces affaires et continua sa lutte contre les Bourguignons devant Paris en septembre 1429, et ce fut l'échec, puis devant Compiègne en 1430, et ce fut la capture ; mais Charles VII ne perdit pas de vue son objectif, et, quatre ans après la mort de Jeanne, il obtint de Philippe le Bon la signature d'un vrai traité de paix connu sous le nom de traité d'Arras (1435) ; cela permit aux partisans du roi et aux Bourguignons de réunir leurs forces et de chasser les Anglais de Paris en 1436 ; la politique de retour aux bonnes relations franco-bourguignonnes était donc bien la bonne méthode pour chasser les Anglais du sol de France, et ce fut la condition de la reconquête ; Charles VII était donc un grand roi, et, à l'époque, il n'avait pas encore fait d'Agnès Sorel sa conseillère sur l'oreiller.

Voilà qui remet les pendules à l'heure et qui montre que Jeanne, emportée dans son élan, a surtout été victime de la fougue de sa jeunesse, et que c'est ainsi que s'explique sa capture et son martyre, et non à la suite d'une trahison.

Les faits parlent, cela n'enlève rien à la valeur de Jeanne mais cela valide aussi ce que je regarde comme l'intelligence politique de Charles VII.



François Sarindar (François Sarindar-Fontaine), auteur de : Jeanne d'Arc, une mission inachevée (2015), et de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)
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Lawrence d'Arabie : Thomas Edward, cet inco..

Il n’est pas ici l’intention d’encenser ni de démystifier le personnage et c’est tant mieux car à l’appui de différentes sources nous pouvons approfondir et scruter l’être en profondeur à travers l’historicité des événements. Féru d’histoire et passionné par la construction médiévale, tout comme notre auteur du reste, le jeune Lawrence marche très tôt vers son destin qui le conduit aux pieds d’illustres édifices, les châteaux féodaux de France puis très vite vers les contrées d’Orient au contact desquelles, plus tard il écrira :

« Tous les hommes rêvent, mais pas pareillement. Ceux qui rêvent la nuit dans les recoins poussiéreux de leur esprit s’éveillent au jour pour découvrir que ce n’était que vanité ; mais les rêveurs de jour sont des hommes dangereux, car ils peuvent jouer leur rêve les yeux ouverts et le rendre possible. C’est ce que j’ai fait. J’ai voulu créer une nation nouvelle, faire revenir au monde une influence perdue, donner à vingt millions de Sémites les fondations sur lesquelles bâtir ; de leurs pensées nationales, un château de rêve. Un but si élevé en appelait à la noblesse intrinsèque de leur esprit, et leur fit prendre une part généreuse aux événements ; mais quand nous gagnâmes, on m’accusa d’avoir compromis les dividendes du pétrole anglais en Mésopotamie et ruiné la politique coloniale française dans le Levant. Oserai-je dire que je l’espère ? » p. 111.

Est-ce naïveté que de vouloir conserver l’image de Lawrence d’Arabie telle que parue dans le film de David Lean sous les traits de Peter O’Toole ou le fait que nous nous devons d’observer les faits en veillant à les bien replacer dans le contexte d’époque. Quand à l’être, je ne doute pas qu’il fut gagné à la cause des arabes et je ne vois pas comment il aurait pu en être autrement. Par ailleurs, si moult questionnements persistent, n’est-il pas vrai que paradoxalement, c’est quand l’homme ne croit plus à rien qu’il a le plus de force pour entreprendre. Et si la suprématie avait été donnée pour unifier l’Arabie toute entière peut-être aurions-nous là encore une autre perspective...

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Lawrence d'Arabie : Thomas Edward, cet inco..

Thomas Edward Lawrence, Alias Lawrence d'Arabie, personnage romanesque s'il en est, impose à celui qui le suit, de franchir les frontières du rêve, de l'imaginaire et de la mesure, de se tenir bien au-delà, acceptant de facto qu'un homme puisse développer avec autant d'esprit, de fulgurance, de volonté, de risques et de passion ou de désespoir son désir de pousser toujours plus loin les limites de ses possibilités qu'elles soient intellectuelles, émotionnelles, instinctives ou manuelles.





L'écrivain historien François Sarindar, ami très actif et attentif sur Babelio, nous propose de le suivre en France, en Angleterre au Moyen-Orient. Il est un véritable guide, sachant doser d'une manière claire et très accessible certains rappels historiques qu'il couple avec de nombreuses connaissances géopolitiques. Il met en relief les points stratégiques et l'évolution de la situation notamment en Moyen-Orient.





Je ne connaissais Lawrence que par les bribes d'informations glanées ici ou là. Cette rencontre m'a étonnée. Non ce mot n'est pas assez fort. Elle m'a subjuguée. Elle m'a transportée. Ces heures n'ont pas été de tout repos, loin s'en faut. Ce voyage que ce soit dans l'espace, dans le temps ou dans les petits recoins insoupçonnés de la psychologie a mobilisé mon énergie, mon attention et ma réflexion. François si vous me lisez, vous l'aurez compris : j'ai beaucoup aimé Lawrence sous votre plume, ses audaces, ses faiblesses, son courage, ses incohérences, ses défaites et ses victoires, sa fierté et son humilité, son émotivité et son indifférence, mais surtout sa capacité à explorer tout ce qui se présentait à lui pour en créer une histoire digne des contes les plus fantastiques et originaux.





Je n'ai pas l'intention de raconter ce livre. François Sarindar l'a fait mieux que quiconque et résumer un tel parcours, serait terriblement réducteur. Je me demande vraiment quels sont les passages de sa vie essentiels et/ou déterminants : Son enfance tellement singulière tant par sa filiation que par la manière dont elle s'est déroulée ? Sa jeunesse, tout absorbée par sa passion pour l'histoire médiévale et l'archéologie, son amour des livres « grand amateur de littérature française et d'oeuvres de nos penseurs » ?

L'étincelle, que dis-je, la foudre qui le propulse en Orient et fait de lui un explorateur, un géographe, un naturaliste, un cartographe, un sportif endurant, un ingénieur,, un politique, un prince. le prince du désert qui parlait, outre sa langue maternelle l'anglais, le français et le dialecte syrien ?

Sa sexualité qui est abordée sans artifice par l'auteur du livre s'appuyant sur des documents précis fruits de témoignages ou d'écrits de Lawrence lui-même ? . .

Ou ses talents d'écrivain qui fait des « sept piliers de la sagesse » un livre « classé parmi les chefs d'oeuvres de la littérature du xxème siècle » ?.





Je propose quelques mots picorés ça et là dans l' ouvrage de François Sarindar, les sortant de leur contexte, juste pour mettre en appétit le lecteur potentiel qui ne manquera pas d'aller plus loin dans cette belle découverte :

« Aussi devons-nous prendre Lawrence tel qu'il était à ce moment-là et non pas comme on nous le présente dans nombre de biographies où l'on a tendance à juger l'homme d'après les événements qui allaient survenir de 1918 à 1922 » (page 110)

« Lawrence a voulu masquer son insatisfaction derrière un écran d'autodérision » p 158.

« le roi était nu. Et Lawrence n'avait rien pu faire pour empêcher de perdre sa couronne » p 208 .

« (Lloyd George : Selon moi le Colonel Lawrence est l'une des personnalités les plus remarquables et les plus romantiques des temps modernes ».(p209)

« « Sykes était venu s'entretenir avec Fayçal ….puis avec le Chérif Hussein……Sykes détruisit ainsi une partie du rêve qui animait Lawrence……Cette absence de sens moral suscitait d'autant plus l'indignation (des fonctionnaires britanniques envoyés en Arabie) qu'ils redoutaient de passer pour des hypocrites et des menteurs auprès des Arabes……..Lawrence et ses compagnons éprouvèrent ce dégoût. »(p149)





Quel angle choisir ?

Parler de son rôle actif pendant la guerre au Moyen-Orient l'espoir qu'il fondait à aider la Syrie (constituée de l'actuel Liban, de la Syrie, de la Palestine et de la Transjordanie lors de la révolte arabe) ou évoquer la promesse qu'il a faite à Fayçal roi de Syrie dont il était conseiller, la main sur le coeur, d'oeuvrer pour un affranchissement de cette région menacée par les turcs alors qu'il connaissait les accords secrets Sykes-Picot négociés entre la France et le Royaume-Uni et prévoyant un découpage du Proche-Orient. La France recevant mandat du Liban et de la Syrie tandis que la Grande Bretagne celui de la Mésopotamie, de la Transjordanie et de la Palestine ?.

(« j'affirmai donc à mes compagnons de lutte que l'Angleterre respectait la lettre et l'esprit de ses promesses. Rassurés là-dessus, ils se battirent vaillamment. Pour moi, loin d'être fier de ce que nous faisions ensemble, je ne cessai de remâcher une amère honte » extrait des 7 piliers de la sagesse page 152



Parler de son humanisme lui qui a rencontré les personnes les plus en vue dans le monde des arts, de la culture et de la politique, lui qui a cotoyé les plus humbles avec le même intérêt, la même attention, la même amitié ?



Faut-il mettre mon grain de sel et souligner ses contradictions lorsqu'il veut s'affranchir d'une mère trop pesante tout en continuant pendant des années de lui écrire et lui rendre compte de ses faits et gestes ?

du sentiment d'ambiguïté qui m'assaille parfois ne sachant pas comment définir ses actions, ses manières et passant d'une admiration profonde à une défiance déterminée, une incompréhension, un flou dérangeant entourant ses desseins ?

Son désir à peine voilé parfois de fuir lui le frondeur, le guerrier, l'aventurier ?

Ses mensonges ayant pour but de le faire paraître plus grand qu'il n'est ? Ou peut-être d'un orgueil déplacé qui pourrait être le pilier de sa politique personnelle du tout ou rien.



Même si, dans l'épaisseur des pages de ce livre je parle de nos petits différends, je l'admire Lawrence. Je lui demande de m'honorer de son amitié et de son soutien et je le remercie de notre intimité de ces derniers jours.



Tout comme Lawrence qui a mes yeux était adepte du tout ou rien que je viens d'évoquer, je conseille au lecteur potentiel de tout lire ou de ne rien lire. On ne peut demander à quelqu'un d'apprécier un tableau à partir d'une esquisse !



Dans cette biographie soignée et très documentée, de François Sarindar à laquelle Claudia son épouse a participé, j'ai trouvé un écho des sentiments qu'inspirait Lawrence à ses contemporains. Il a mis en relief le comportement d'un homme que la nature avait doté de grands talents ainsi qu'un témoignage sur la diversité de ses projets. Cela m'a permis d'évaluer l'influence de ce dernier sur l'échiquier international mettant en évidence une région du monde encore d'actualité aujourd'hui.



Lawrence fût doté d'un grand pouvoir de raisonnement qui, joint à l'intelligence, à la faculté de mener sa vie comme il l'entendait, ne l'a pas empêché d'emporter avec lui les explications les plus rationnelles concernant certains de ses actes ou quelques-uns de ses comportements. . François a proposé son interprétation étayée, un travail que je salue.



J'adresse toutes mes excuses aux lecteurs pour la longueur de ce billet. Il est d'autant plus long que la vie de Lawrence fût courte. C'est un paradoxe. Cependant ma tête est encore pleine de cette rencontre. Je n'ai pas su trier, je suis encore sous l'emprise de Lawrence. de cet homme sans nul doute charismatique et influent. Puisse-t-il m'habiter encore longtemps ! Je souhaite vivement que cette épopée orientale ne glisse pas de mes doigts comme les grains de sable du désert. J'aimerais me souvenir de tout........ou de rien ce qui m'étonnerait vraiment.



Ce billet est long certes mais c'est aussi une lettre a un ami.

Merci Claudia. Merci Lawrence. Merci François.

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Jeanne d'Arc : Une mission inachevée

Nous sommes en 1429 et la guerre de Cent ans oppose le futur Charles VII installé à Bourges et l'Angleterre. Une guerre civile fait rage en France opposant quant à elle les Bourguignons pro-anglais et les Armagnacs fidèles au roi Charles.



C'est dans ce contexte que Fançois Sarindar, avec le talent que l'on connait, nous permet de savoir qui était vraiment Jeanne d'arc complètement dévouée à "son gentil dauphin" « en la débarrassant de tous les mythes et de toutes les fabrications idéologiques qui ont trop souvent accompagné les nombreux récits qui ont été faits de sa vie. »



« Que de choses on a fait dire à Jeanne, que de causes on a voulu lui faire épouser et que de fois on l'a embrigadée abusivement dans des camps où elle ne se serait peut-être pas compromise si elle avait été là pour faire connaître son opinion."

. (A ce propos il est amusant de constater qu'elle (Jeanne d'Arc) a été instrumentalisée par l'extrême gauche en 1830, En 1880 elle trônait chez les républicains modérés, en 1940 son image était reprise par le gouvernement de Pétain, ensuite elle a rejoint De Gaulle puis l'extrême droite depuis 1980 mais ceci est une autre histoire sortie du contexte de l'ouvrage en question !)



L'auteur nous offre un récit limpide et très instructif, fruit d'un travail intense sans aucun doute, de recherches nombreuses et inédites, de réflexions fournies tout cela couronné par une mise en forme des plus agréables. Quand il n'est pas sûr il écrit « probablement » et quand il est convaincu il tord le cou à nombre d'idées reçues et d'erreurs historiques en démontrant ses conclusions. Une enquête précise, une épopée chevaleresque c'est le moins que l'on puisse dire ! Une aventure incroyable c'est certain. Et si nos manuels scolaires avaient été parsemés de poudre de perlin-pinpin, trouvant ses sources tantôt dans la légende, tantôt dans les passages d'Histoire un peu édulcorés qu'il était de bon ton d'écrire, une sérieuse mise au point a été faite par l'auteur.



Jeanne d'arc ne manquait pas de tempérament. Volontaire, intuitive, courageuse et même téméraire, tenace, audacieuse ce n'était pas les joutes oratoires qui la rendait influente mais sa capacité presque virile à passer à l'action et à invectiver l'ennemi avec des mots brefs qui claquent : des ordres, de véritables mises en demeure. Et en matière d'action elle n'y allait pas de main morte cette très jeune femme . « Il n'était pas du goût de la pucelle de renâcler devant l'obstacle ».



« Roi d'Angleterre….je suis chef de guerre, et en quelque lieu que j'atteindrai vos gens en France, je les ferai aller, qu'ils le veuillent ou non et s'ils ne veulent obéir, je les ferai tous occire. Je suis envoyée par Dieu, corps pour corps, pour vous bouter hors de toute France. Et s'ils veulent obéir, je les prendrais à merci. ».





Nous sommes bien loin de l'image que Voltaire avait d'elle : « Non une inspirée, mais une idiote hardie qui se croyait une inspirée. » Un destin fourni pour une idiote!



Alors ce livre ? Quel intérêt en particulier ? Et bien celui de suivre Jeanne, sa véritable origine familiale, ses desseins, ses ambitions, ses projets, sa motivation exactement comme j'ai suivi il y a quelques semaines Lawrence d'Arabie. Voyager au plus près du corps et de l'esprit. S'approcher courageusement de ce volcan en éruption. Faire plus ample connaissance avec Charles VII décrit maintes fois comme « le petit roi de Bourges » qui lui aussi est loin d'être l'homme lâche présenté dans mes leçons de classe primaire mais « prudent et rusé », "diplomate". de constater qu'il n'a pas été toujours d'accord avec Jeanne loin s'en faut ! Qu'il « n'a pas manqué de courage et d'audace mais qu'il ne veut plus se laisser dicter sa conduite…… », cet ouvrage m'a permis aussi de mieux comprendre les manigances de l'évêque de Beauvais, Pierre Cauchon, qui, en mauvaise posture vis-à-vis de son diocèse, n'hésite pas à "tricoter" un plan assez diabolique.



Jeanne, son procès, sa mort tragique, sa canonisation, François Sarindar nous invite au premier rang, non pour savourer l'horreur, non pour se vautrer dans des bains de sang, mais pour constater combien L Histoire est riche de ses actes, de ses symboles, de ses victoires, de ses défaites, de ses contradictions.



Jeanne d'Arc, une héroïne populaire, qui « n'avait peur de rien, sauf des trahisons. ». Cet ouvrage nous rassure pleinement. Elle n'a pas été trahie.







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Lawrence d'Arabie : Thomas Edward, cet inco..

Après l'hommage vibrant de Jolap , j'ai bousculé mes plans de lecture et je viens de refermer à regret cette oeuvre magistrale !



Mais , l'excellence des critiques parues me semble à elle-seule suffisante pour honorer cet ouvrage.

Tout est dit et magnifiquement exprimé !

Je serai donc brève mais sincère .



Lawrence d'Arabie , jusqu'à cette lecture , avait pour moi les traits de Peter O'Toole . Le film était ma seule référence à Thomas Edward et il ne m'a jamais donné envie de le connaître davantage.

Et là, j'ai vraiment eu le sentiment que plus j'avançais dans la lecture , plus le personnage du film me paraissait bien falot en comparaison de celui que présente François Sarindar.



Alors, non seulement cette biographie passionnante est agréable à lire mais elle offre surtout une véritable immersion dans un puits de lumières !

Un tel partage d'érudition pour qui aime les belles lettres , l'histoire, l'aventure , la psychologie ...est un moment de pur bonheur !



Chapeau Monsieur Sarindar !

...et merci :-)
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Jeanne d'Arc : Une mission inachevée

Jeanne La Pucelle (elle tient à ce surnom ) fut plus vive et plus intelligente que Wonderwoman, car elle sauva la France en 1429. Sans elle, je pense que vu le manque de confiance en lui du "gentil dauphin" Charles, nous serions Anglais.

.

François Sarindar, tu es un e-ami, donc je ne vais pas "t'assassiner" dans cette critique, surtout que je suis incapable d'écrire comme toi. Cependant, au début, j'ai eu du mal à rentrer dans l'Histoire à cause des assez nombreuses digressions / parenthèses sur les "bâtardisants", digressions qui coupent "l'élan historique" passionnant par ailleurs. Peut-être eût-il été judicieux de faire des reports en fin de livre à chaque théorie bâtardisante ?

.

Ceci-ci dit, François, tu as une très belle plume, très érudite, et tu nous tiens en haleine pendant tout le livre. Raconter la Grande Histoire de cette façon, chapeau !

On sent la difficulté qu'a Jeanne à monter son projet, alors que les Français sont en train de se faire bouffer par les Anglo-Bourguignons.

Le livre montre bien les rapports compliqués entre Jeanne et Charles, le caractère entier, bouillant de Jeanne, les jalousies des vassaux, l'utilisation de la Pucelle, le machiste de l'époque et la "méfiance de classe sociale", etc...

.

Vous vous doutez que la partie "voix" m'a particulièrement intéressé. A la lumière de ce livre, je pense effectivement que Saint-Michel a parlé à Jeanne, et l'a tannée jusqu'à ce qu'elle se bouge pour remplir cette mission compliquée. Une fois qu'elle a commencé à prendre les choses en mains, il lui a énoncé les quatre buts (prédictions ) à accomplir en mars 1429, il l'a aidé à accomplir les deux premières en lui envoyant plein de messages, et en parlant, je crois, par sa bouche lors des actions décisives. Mais Saint Michel savait qu'il fallait aller vite, et que Jeanne, comme Jésus, serait sacrifiée. Effectivement, quand elle est arrêtée à Compiègne, victime de sa bravoure, c'est "une mission inachevée". Cependant, je pense que son maître-esprit, Saint-Michel, considère qu'elle a achevé son travail : elle a boosté Charles, et lui a redonné confiance. Une fois sacré à Reims, d'après les esprits, au roi de mener sa politique comme il l'entend. Les voix ne parlent plus à Jeanne, l'abandonnent. D'ailleurs, avec de la diplomatie, plus de temps, mais moins de morts, le roi a réussi à achever les dernières prédictions. : )

.

Quant aux Bourguignons, en 1429 / 1430, ce n'était pas encore l'heure de les soumettre. Après les puissants Ducs Jean Sans Peur et Philippe le Bon, il y eût Charles le Téméraire qui se prit pour un roi, et voulu tellement raccorder les deux parties de son "royaume", Belgique-Hollande actuelles et Bourgogne, qu'il attaqua Beauvais, hardiment défendue par Jeanne Hachette en 1472, une autre héroïne, et qu'il mourut devant Nancy, en voulant conquérir la Lorraine pour raccorder la "haute Bourgogne" à la "basse Bourgogne", mais c'est une autre histoire : )
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Jeanne d'Arc : Une mission inachevée

J'avais lu, il y a quelque temps déjà, Jeanne d'Arc et le mythe du sauveur de Edouard Balladur. Un ouvrage beaucoup plus condensé, il est vrai, mais qui portait un regard sur le fait qu'on ait perdu pratiquement toutes nos guerres, quel qu'en soit le porteur d'émulation. Bien-sûr nous avons ici une thématique beaucoup plus développée et qui ne manque pas de nous mettre en lumière, l'image de la pureté par exemple. Ça voulait dire quelque chose en 1429, une jeune vierge se désignant comme un émissaire de Dieu et qui prônait sinon la paix, la victoire aux côtés de Charles VII ; le timide tout d'abord, puis dans un temps plus long, le victorieux. Mission inachevée donc ? Peut-être ! Mais en partie accomplie, tout de même. Après tout, sans pour autant se l'arracher, ni la brandir à toutes les sauces et comme certains de carrément se l'approprier, nous pourrions considérer qu'elle est intouchable et qu'elle fait partie du patrimoine. En tout cas c'est ainsi qu'on nous l'a présentée la première fois, dans nos bons livres d'histoire. À quoi bon alors ? Mais alors quoi ? Il n'est pas question ici de la poser plus ici que là, mais d'entendre toutes les voix, celles qui résonnent aujourd'hui, au clairon de notre contemporanéité où l'on retrouve, des Sceptiques, des Bâtardisants et mêmes des Survivistes. Mais, dans un camp comme dans l'autre, le mieux est encore d'entrer dans le vif du sujet et là, je dois dire que François Sarindar ne nous facilite pas la tâche, nous laissant maîtres et ne balisant les pistes que pour nous en présenter tous les possibles, sans jamais pencher plus d'un côté que de l'autre si ce n'est celui plus avéré, des vérités historiques.

Donc, une belle chevauchée.
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Lawrence d'Arabie : Thomas Edward, cet inco..

J'avais 16 ans lorsque j'ai vu pour la première fois l'épopée de "Lawrence d'Arabie" au cinéma. J'en ai été tellement ébloui que pendant toute une semaine, j'ai multiplié mes démarches diplomatiques auprès de ma mère (ranger ma chambre, faire la vaisselle...), pour y retourner le dimanche suivant. J'ignore si c'était une question de couleurs: celle du sable du désert d'Arabie, la tunique blanche et les yeux bleus-bleus irlandais de Péter O'Toole, qui incarnait Lawrence à l'écran ? La performance de cet acteur de "King Lear" de Shakespeare m'a, en tout cas, totalement séduit. J'e n'étais, d'ailleurs, pas le seul, puisque, à part l'oscar du meilleur acteur, Péter O'Toole (1932-2013) a recueilli pleins de prix.

Il y a bien entendu la belle histoire de ce personnage : intrigue, mystère, courage, rêve et déception... dans un cadre de dépaysement superlatif.



Mais qui était au juste l'énigmatique Thomas Edward Lawrence (1888-1935) ? Outre voyageur infatigable, explorateur, aventurier, archéologue, officier, espion, diplomate et écrivain ? Au cinéma il a été supplanté par l'acteur et même en lisant des livres de lui et sur lui, il faut que j'admette que la vraie personnalité de ce personnage m'a toujours échappé. C'est le très grand mérite de François Sarindar, sur la base d'une recherche exemplaire, d'avoir réussi à cerner ce mythique et légendaire Lawrence mieux que quiconque. Quand bien même qu'il a (trop) modestement intitulé son oeuvre "Lawrence d'Arabie : Thomas Edward, cet inconnu". Avec l'accent sur le dernier mot. J'en conviens qu'il reste de cet homme, 83 ans après sa mort, à l'âge de 46 ans, des questions non élucidées, mais honnêtement François Sarindar, beaucoup, beaucoup moins qu'avant, grâce à votre effort.



Avant même de lire le premier mot de cette biographie de Lawrence d'Arabie, je suis allé jeter un coup d'oeil sur les sources, les notes et la bibliographie de cet ouvrage et j'ai été stupéfié par la grande solidité du travail de son auteur. Je n'avance pas cet argument bêtement parce qu'il se trouve que François Sarindar et moi-même sommes amis sur Babelio. L'auteur, a beau remercier gentiment son épouse pour son aide - ce qui est très sympa de sa part - n'empêche que l'ampleur de son travail est carrément impressionnante. Pour un amateur d'histoire qui n'est pas un historien diplômé, le résultat est à tout point de vue remarquable. Par acquit de conscience, j'ai vérifié son oeuvre avec la biographie de Phillip Knightley et Colin Simpson "Les vies secrètes de Lawrence d'Arabie" et bien que le premier cité soit aussi l'auteur d'une biographie du super espion Kim Philby, et qu'il avait ses entrées dans les arcanes du pouvoir à Londres, Sarindar gagne la comparaison haut la main. Il est vrai que le duo Knightley-Simpson ne disposaient, en 1969, pas d'autant de sources que François.une quarante d'années plus tard. N'empêche qu'il sortirait victorieux s'il s'agissait d'une véritable compétition !



C'est un peu regrettable que je ne sois pas un très grand fan de l'héroïne française (nationale) et que je ne lirai probablement pas votre autre oeuvre historique "Jeanne d'Arc : Une mission inachevée" , pour vérifier si vous avez fait preuve de la même rigueur historique et psychologique. Les chroniques sur Babelio m'assurent cependant que je n'ai point de soucis à me faire de ce côté-là.



Ce qui m'embête légèrement pour rédiger un billet de ce livre c'est l'excellente chronique de LydiaB du 02/12/2014, que je vous recommande de consulter, car Lydia Bonnaventure a parfaitement bien réussi à mettre en exergue l'essentiel de l'oeuvre de François Sarindar. En plus, nous partageons la même admiration pour son auteur.



Après le film de David Lean, j'ai d'abord lu l'ouvrage de Jacques Benoist-Méchin "Lawrence d'Arabie ou le rêve fracassé", qui est d'une lecture agréable - comme la plupart de ses livres - mais peut-être pas très original et ensuite le livre précité du duo Knightley et Collins. De Richard Aldington j'ai lu "Lawrence l'imposteur" qui m'a déplu et d''Alistair MacLean "All about Lawrence of Arabia", qui m'a bien amusé.



De Lawrence lui-même, j'ai approfondi son "Guérilla dans le désert" et j'ai eu la chance inouïe de tomber en 1976, lors d'une foire aux livres à Canterbury, sur une première édition de son chef-d'oeuvre "Les Sept Piliers de la Sagesse : Un triomphe" de 1926. Cet opus autobiographique occupe, comme "collectible", évidemment une place de choix dans ma bibliothèque !



Je termine mon billet en copiant les derniers mots de Lydia : "Chapeau bas !"



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Jeanne d'Arc : Une mission inachevée

La guerre de Cent ans fait rage. Le roi anglais Henri V se prévalant de la folie de Charles VI de Valois, renforce son alliance avec les Bourguignons et se fait sacrer roi de France.



Dans le petit village de Domrémy, une jeune paysanne très pieuse entend des voix célestes l'enjoignant de libérer le pays du joug anglais et de faire couronner Charles VII. La suite est connue : à 17 ans, voilà Jeanne fougueuse et sans détours qui harangue le Dauphin pour libérer Orléans, ce qui sera fait le 8 mai 1429, puis, ce sera le couronnement à Reims le 17 juillet, quelques mois plus tard l'échec de la libération de Paris et enfin, l'arrestation de Jeanne lors du siège de Compiègne, son procès et sa condamnation au bûcher à Rouen le 30 mai 1431.



Le livre de François Sarindar n'est pas un roman, c'est un livre d'histoire qui, a priori, pourrait sembler rébarbatif, bourré de dates, de faits d'armes, de traités de paix et de trahisons répétées. Il y a de cela, bien sûr, mais les détails, tout ce questionnement à propos de la légitimité de Jeanne, de ses rencontres avec Charles VII, de son éviction systématique des réunions militaires, de ses rapports avec les chefs de guerre, de son appréhension du rejet, de sa participation active à la tête des troupes, tous ces détails longuement examinés et minutieusement décrits par l'auteur sont des bonbons que j'ai savourés avec gourmandise.



Ce livre est l'oeuvre d'un chercheur sérieux et passionné qui sait communiquer sa passion car il connaît l'Histoire sur le bout des doigts. Il a dû en consacrer des mois et des années peut-être à collationner, vérifier, croiser l'impressionnante littérature qui existe sur La Pucelle pour fignoler une telle biographie.



Beaucoup de points d'interrogation subsistent et ils sont abordés avec honnêteté et simplicité. L'auteur n'est ni un adorateur de Jeanne ni un contempteur de Charles VII. Jeanne est-elle une véritable héroïne ou une simple mascotte ? Charles VII s'est-il servi d'elle jusqu'à son sacre ou avait-il une réelle estime pour la jeune fille ? Quelle est la part du roi dans l'arrestation et la vente de Jeanne aux Anglais ? Qu'a-t-il fait pour la remercier de ses actes de bravoure ?



Bouter les Godons hors de France était le but commun de Jeanne et de Charles VII mais leurs opinions divergeaient grandement pour le réaliser. La patience et la diplomatie étaient les armes du roi, l'impétuosité et le courage étaient celles de Jeanne.



Des notes explicatives complètent ce texte pointu et brillant et une bibliographie par thèmes est proposée. Des chroniqueurs aux minutes du procès de Jeanne, de ses contemporains à ses lieux de détention, des ouvrages polémiques aux scénarios de cinéma, de la littérature hagiographique aux pièces de théâtre, ces deux années qui ont fait de Jeanne une héroïne nationale n'ont pas cessé d'aviver l'intérêt des historiens et des amateurs d'histoire.



Le livre de François Sarindar est tellement enrichissant qu'il mérite d'être lu et relu.



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Charles V le Sage ou les limites d'un grand..

Il s’agit ici du deuxième volume sur Charles V le sage. J’avais déjà fait une chronique sur le premier tome, que vous pouvez retrouver ici.



Lire un livre de François Sarindar-Fontaine est toujours une garantie de sérieux. Sa finesse d’analyse, sa rigueur, et son écriture, toujours très agréable, font que l’on tourne les pages de ce livre, ô combien instructif, sans s’en rendre compte. Comme je le disais lors de mon billet sur le premier volume, je ne connaissais ce roi que de nom. Depuis, en ayant lu une partie de sa vie, de 1338 à 1358, j’en ai appris beaucoup et je suis allée me renseigner. Mais rien ne vaut les talents d’un historien à la plume alerte pour en apprendre plus ! Nous suivons ainsi Charles V dans sa transition de régent à roi. Puis dans son désir de reconquête des territoires perdus. Enfin, nous en apprenons énormément sur son côté politique.



L’auteur ne se cache pas de nous donner sa propre vision qui ne va pas forcément renforcer celle d’autres historiens. Mais à partir du moment où celle-ci, et c’est bien le cas ici, est argumentée et étayée d’éléments probants, cela ne peut que nous amener à réfléchir. L’Histoire est en éternel défrichage et j’aime lorsque ceux qui essaient d’en sortir la substantifique moelle font preuve de témérité afin de faire avancer les travaux et les images, pour ne pas dire certains clichés, que nous pouvons avoir de personnages célèbres.



Toutes mes félicitations à François Sarindar-Fontaine ! Je me suis enrichie, une fois de plus, grâce à ses recherches, et j’ai vraiment pris du plaisir à cette lecture qui n’est en rien fastidieuse. Je salue ce travail qui lui a pris un certain nombre d’années et qui voit enfin le jour grâce à son obstination. Lorsque l’on sait que son intérêt pour Charles V vient de son enfance, cela force l’admiration. Un grand merci, très cher François, pour tout cela !
Lien : https://promenadesculturelle..
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Lawrence d'Arabie : Thomas Edward, cet inco..

Je viens de terminer le fameux Lawrence d'Arabie, Thomas Edward, cet inconnu, écrit par François Sarindar, dans la collection Comprendre le Moyen-Orient, publié chez L'Harmattan. L'auteur est également un des biographes de Jeanne d'Arc.



Si l'auteur n'est pas historien, il n'en a pas moins adopter toute la rigueur nécessaire à la rédaction d'une biographie, extrêmement documentée, et dans laquelle il présente et interroge ou réinterroge de nombreuses sources de façon remarquable et très pertinente.



Cette biographie consciencieusement préparée, et durant de nombreuses années, met en lumière les aspects les plus mystérieux de Lawrence d'Arabie.

Francois Sarindar a su éviter tous les écueils qui rendent certaines biographies confuses, et bien souvent plus proches des points de vue personnels de l'auteur que de la réalité vécue du personnage présenté.



C'est donc toute la complexité du « «personnage » Lawrence d'Arabie, et ses multiples facettes, qui ressortent dans cette biographie passionnante, écrite dans un style clair, et surtout, ancrée dans un contexte historique essentiel pour mieux comprendre les problèmes actuels du Moyen Orient.
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Jeanne d'Arc : Une mission inachevée

Après Lawrence d'Arabie qui fut une agréable surprise pour moi, c'est avec grand plaisir que je retrouve l'auteur François Sarindar dans un autre thème historique: celui de Jeanne d'Arc. J'ai un peu étudié ce personnage, surtout à l'école primaire et vu quelques films à son sujet ( j'éviterai d'évoquer celui de Luc Besson...)



La pucelle d'Orléans, autrement dit celle qui a "bouté les anglais hors de France" était une personnalité entière, complexe et sans doute trop innocente pour une période politique gangrenée par la guerre de Cent Ans et les luttes intestines entre Armagnacs et Bourguignons. Sans retracer toute l'histoire de ce protagoniste de sa naissance à sa mort au bucher de Rouen, je serais tentée de dire que Jeanne a vraiment cru aux voies divines qui lui parlaient, peut-être trop et que sa foi profonde l'a sans doute perdue, ignorant également qu'elle arrivait au bon moment pour notre bon roi Charles le septième, fils du dément Charles VI. Elle était jeune et innocente,ne connaissant rien du monde des hommes ni de la politique, motivée et très empressée par ses projets. Sans doute une erreur de jeunesse mais qui fera son courage.

Encore une fois, l'ouvrage de l'auteur fourmille d'informations bien argumentées et pertinentes! Merci François pour ce beau livre!
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Lawrence d'Arabie : Thomas Edward, cet inco..

Certaines destinées sont marquées, dès le départ, par le poids des fautes parentales. C’est ce que François Sarindar distille tout au long de sa très complète biographie de Lawrence d’Arabie. Certes, l’histoire par elle-même de cet individu hors du commun suffirait à combler un lecteur attiré par des personnalités fortes et contrastées : Thomas Edward a fait de sa vie une succession d’épisodes dont chacun mérite une étude approfondie, avec ses exploits et ses interrogations, même en tenant à l’écart sa fameuse légende. Le tour de force de François Sarindar, c’est de parvenir à nous compter dans le détail ces différentes périodes, avec une remarquable précision d’historien, tout en tenant un fil conducteur lié à l’enfance de Thomas, qui lui fait suivre une logique implacable et rend ses brusques changements de cap parfaitement compréhensibles. Ainsi, une partie du voile est levée sur les profondes aspirations de l’individu, puisées dans la richesse et l’ardeur de son caractère, mais aussi dans cette sourde névrose qui le minait pour avoir endossé la culpabilité de ses parents et supporté l’influence dominatrice de sa mère. J’ai adoré dans l’histoire de cet homme le reflet d’une époque où la culture ressemblait à la découverte du monde, le Thomas Edward passionné d’archéologie et d’architecture médiévale, avec la fougue de sa jeunesse, m’a gagné à sa cause. J’ai suivi ensuite ses périples en me disant que, décidemment, les enjeux de la politique du Moyen-Orient se sont toujours avérés très compliqués mais la sincérité avec laquelle Lawrence d’Arabie a adhéré à la cause des Arabes ne peut être mise en doute. Puis, cette gloire, à la fois recherchée et rejetée pour une vie presque anonyme. Cet homme, jusqu’au bout, n’a pu que composer avec son lourd héritage moral et sa richesse intérieure. Je disais, le reflet d’une époque, qui imposait aussi la dure loi de l’oppression religieuse renforcée par l’opprobre sociale, faisant de Thomas Edward un mutilé affectif. Quel est le sens de la fascination qu’a pu exercer Lawrence d’Arabie sur l’auteur de cet ouvrage, l’amenant, de son propre aveu, à un «accompagnement de trente ans » ? A toi de répondre, François, mais c’est pour le plus grand bonheur de nous autres, lecteurs, car le résultat offre une étude aussi exhaustive qu’agréable à lire. Avec, en bonus : des annexes également captivantes : sur la polémique du mystère de sa mort, sur le manuel d’architecture militaire des croisés qu’a laissé Lawrence, et sur ce que le cinéma a fait du personnage. L’ensemble complété d’une bibliographie si riche que chaque ouvrage s’honore d’un résumé et d’une critique. Si toutes les biographies étaient réalisées avec autant de passion et de rigueur mêlées, je crois que j’en lirais beaucoup plus !
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Charles V le Sage : Dauphin, duc et régent

Lorsqu'on entreprend de lire un ouvrage de François Sarindar, on est assuré de s'immerger dans un sujet traité avec une grande rigueur et de façon exhaustive. Rien de fastidieux pourtant car la plume aisée de l'auteur donne vie à ce qu'il nous apprend, mettant en scène beaucoup d'anecdotes. Dans ces chroniques, il n'oublie jamais de s'interroger sur la psychologie des personnages, ce qui nous permet de les considérer avec plus d'humanité que de simples figures historiques.

Ainsi en est-il pour son Charles V le Sage, dans la première partie d'une biographie qui retrace la jeunesse du roi : Dauphin, duc et Régent.

François Sarindar nous montre comment se forge une destinée de roi, pour un adolescent naturellement porté sur le rire et les jeux, amené à devenir responsable du royaume de France pendant l'absence de son père, Jean II le Bon, prisonnier des anglais.

Bien sûr, il y a la guerre : cette longue et éprouvante Guerre de Cent ans. Que d'intrigues ! Un véritable imbroglio entre les royaumes et seigneuries en conflit que l'auteur nous démêle pour parvenir à évaluer la situation. Surtout, il y a ce duel que le dauphin devra mener contre Etienne Marcel, le prévôt des marchands. Un duel presque à trois, puisque Charles le Mauvais n'est jamais loin pour faire pencher la balance d'un côté comme de l'autre. L'auteur sait suggérer comment les manigances, les actes spontanés ou non, et, peut-être, le hasard, entrainent les individus dans des situations qui les dépassent parfois eux-mêmes. Déjà, Charles, doit faire preuve de ruse et d'adresse pour s'en sortir. Il reste qu'il est passionnant de suivre le parcours de telles personnalités qui ont marqué de façon indélébile la société française. Intéressant également de réaliser comment la classe bourgeoise tentait déjà d'affirmer son importance en flattant ou en contrant la noblesse, pas encore prête à se substituer à elle mais bien à s'assurer des privilèges.

Nous quittons donc le jeune prince après ses premières armes en politique, qui ne sont pas des moindres ! Nous attendons donc ce qui va le faire vraiment roi et nul doute que François Sarindar nous peaufine le tome suivant avec toute la passion dont il sait faire preuve…

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