François Sicot

La maladie mentale n'est pas une maladie chronique
somatique dont le cours pourrait être considéré comme
prévisible et gérable grâce à un suivi régulier, selon un
protocole donné, grâce à l’observance parfaite d’un traitement
psychotrope. Le cours de la maladie est étroitement intriqué au
cours de la vie.

Les SDF ont-ils, du fait de leur situation sociale très
précaire, des parcours psychiatriques spécifiques, eux aussi
« précaires » ? Sont-ils en particulier aux Urgences pris en
charge et orientés de façon spécifique du fait de leurs conditions
de vie ?

L’addiction ne concerne la psychiatrie que dans la mesure où
elle interfère avec les troubles mentaux, seul domaine
d’intervention du psychiatre. Elle ne constitue plus un problème
dès lors qu’elle n’a pas d’effet sur le trouble. D’ailleurs, ici, le
choix entre réduction des consommations et abstinence prend
pour seul critère l’incidence sur le trouble mental.

Le fait que de nombreux psychiatres excluent les addictions
de leur juridiction professionnelle a des conséquences sur les
parcours des patients. Lorsque le psychiatre établit que le
problème principal du patient est l’addiction et non le trouble
psychiatrique, ou lorsque ses troubles mentaux sont stabilisés,
certaines équipes du CHS ont tendance à considérer que le
patient ne relève pas de leur compétence.

Enfin, il faut souligner que les addictions participent à construire la figure du « mauvais patient » de la psychiatrie, ce qui rend plus instables les parcours de ces patients au sein du système local de prise en charge. Les professionnels associent les consommateurs de produits à des problèmes de comportement (agressivité, trafic, etc.) qui les rendent difficilement « gérables » dans un hôpital.

Les parcours de ces patients sont particulièrement susceptibles d’être ponctués d’hospitalisations successives dans plusieurs établissements, dès lors que les consommations de produits sont des motifs de refus ou d’interruption de prise en charge pour de nombreuses structures.