Il y avait auprès de l’abri deux cerisiers encore en fleurs. On se demande comment ils avaient pu échapper aux effroyables tourments de la ville. Pourtant, ils étaient toujours là. Comme un défi poétique, un îlot d’innocence. Une bombe venait de tomber non loin de là et juste avant que Minako eût le temps de voir un déchirant spectacle : lentement, si lentement, les fleurs blanches des cerisiers tombèrent. Avec une grâce insolente, en prenant tout leur temps alors que la ville basculait en enfer. Elles voulaient dire tellement de choses, donner tellement d’espoir. Résister même jusque dans leur chute molle. Prendre leur temps alors que la mort vomissait son venin, raturait tout à larges traits impérieux.