François Tanguay

On a réussi à chiffrer la valeur de la pollinisation des abeilles en Suède comme nous l’avons vu au début de ce chapitre. Il y a d’autres cas similaires. En Suisse, notamment, on savait que le miel et ses dérivés rapportent 200 millions de dollars par année à l’économie du pays, mais on a maintenant chiffré la valeur du vrai travail des abeilles : faire l’amour aux fleurs! Eh bien, c’est cinq fois plus, soit un milliard de dollars par année, que les abeilles rapportent à l’économie suisse simplement en frôlant les fleurs! Le service est peut-être gratuit, pas sa résultante… Mais revenons à nos économistes. Comme Hugo Ferraz Penteado de la banque espagnole Santander l’a si bien dit au Rio+20, les économistes font trop souvent abstraction de deux facteurs : les humains et la nature! Considérer la valeur de la nature dans l’économie ne leur apparaît tout simplement pas pertinent dans un marché spéculatif. De toute évidence, ce n’est pas le cas des économistes suédois!
En résumé, ce qui a la plus grande valeur pour l’avenir de la planète se trouve probablement dans ce que l’économie de marché n’arrivera pas à mettre dans ses colonnes de chiffres, du moins pas avant longtemps. Ce débat sur la valeur des services de la nature est fondamental et devrait se trouver au cœur de toutes les discussions à venir des différents forums mondiaux sur l’économie et la biodiversité.