#Marseille #polar #CulturePrime
Il est assez rare qu'une ville ait son propre genre littéraire, et pourtant c'est le cas de Marseille, ville complexe qui offre ses beautés à qui sait les voir. Pour l'écrivain François Thomazeau qui a participé à la première vague du polar marseillais, "il y a une vraie aura dans cette ville et cette aura a été, pendant longtemps, habillée par Marcel Pagnol, par les "pagnolades", et il y avait autre chose à raconter". Voici comment le polar marseillais est né.
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La face B est indéfectiblement liée à un format, le 45 tours, et à une époque allant de l'après-guerre jusqu'à l'invention du CD, lorsque ces microsillons assuraient la majeure partie des ventes de musique.
La vogue de la face B déclina un peu dès les années 1970, où l'album (33 tours) remplaça le 45 tours dans le cœur des mélomanes.
Mais le terme n'a pas disparu, en dépit de l’avènement des formats à une face comme le CD, qui glissait des faces B à la suite des faces A, et cela malgré la dématérialisation des supports.
C'est avec le temps, "face B" est aussi devenu synonyme de pépite, de trésor caché, de morceau que seul l'initié possède ou revendique.....
Je vous parle d'un temps que les adeptes du MP3 ne peuvent pas connaître.
Le bon vieux temps où la musique se déclinait en deux faces et où, qu'il le veuille ou non, le consommateur de disques obtenait toujours deux titres pour le prix d'un.
La face B, c'était le cadeau bonus, le truc en plus, ce morceau souvent inédit qu'il fallait chercher et découvrir de l'autre côté du miroir et qui vous entraînait souvent du côté obscur....
Aimer son prochain, ce n'est pas trier parmi ses prochains.
C'est à l'issue d'un Conseil des Ministres du Front Populaire et par un communiqué du Quai d'Orsay que fut officialisée la position française de "non-intervention" en Espagne et son appel aux autres nations européennes de se rallier à cette position. Le texte était l'oeuvre d'Yvon Delbos, ministre radical des Affaires étrangères, connu pour sa proximité avec les thèses anglaises et sa répugnance à s'engager. Geneviève Tabouis, la grande journaliste diplomatique de Paris-Soir, disait de lui qu'il était l'incarnation même de l'eau tiède et que, dans les périodes de grande indécision, il était passé maître dans l'art... de ne rien décider.
On a remplacé patrons par entreprises, salariés par collaborateurs, les primes par des stock-options ou des intéressements, le travail par des missions, l'exploitation par la participation, les contremaîtres par des cadres, les chômeurs par des demandeurs d'emploi, les licenciements par des reconversions. La misère par le développement durable alors que seul le sous-développement l'est ! Seuls les mots ont changés.
Boubou surveillait le quartier du haut de sa fenêtre à fumer son kif. La lune formait un beau croissant le drapeau doré au milieu du ciel mauve. On aurait dit le drapeau d'un lointain sultanat. Des minots se poursuivaient en bas sur la placette. D'autres couraient derrière une balle de chiffon. Comme tous les soirs, la porte était ouverte. Le vrombissement des pales du vieux ventilateur couvrait tous les bruits familiers. Le chien du deuxième, le grincement des marches irrégulières, le couinement des semelles en crépe de l'homme qui montait.
Carbone, pendant ce temps, disposait ses hommes autour du podium. Une quarantaine de porte-flingues, en panoplie de mobsters, formaient un cordon rendu plus dissuasif encore par les mitraillettes Thomson rutilantes tout juste importées de Chicago. Carbone faisait un complexe Al Capone depuis un voyage d'« études » aux États-Unis. Mais les « rouges » n'étaient pas en reste : une cinquantaine d'entre eux s'étaient disséminés dans la foule et n'avaient rien à envier à la garde de Carbone en matière d'artillerie lourde. Pour corser le tableau, l'orage menaçait et un vol d'étourneaux picorait les nuages noirs qui filaient vers la mer.
Il avait survécu malgré lui à la grande loterie de la connerie humaine ; et découvert ce trésor de violence ambiguë qu’il conservait désormais au fond de lui comme une arme à n’utiliser qu’en dernier ressort.

Une défaite, et Sabiani se retrouvait sans mandat électif, pour la première fois au cours d'une décennie qui l'avait vu glisser imperceptiblement du communisme au fascisme, du syndicalisme à la voyoucratie. Cette élection allait-elle signer sa mort politique ? C'était peu probable. L'homme avait de la ressource, de la conviction et du vice. Et la passion du pouvoir dévorait ce type d'homme jusqu'à la mort. En face, qui de Billoux ou de Ferri-Pisani recueillerait les espoirs du vote ouvrier ? En toute logique, leurs voix cumulées devaient faire basculer le secteur vers cette gauche dont Sabiani se réclamait encore. Mais comme Lussats, le héros de la guere se parait de mots qui masquaient mal la réalité de son parcours. Il avait baptisé sa garde prétorienne « phalange prolétarienne » et elle paradait en costumes italiens et souliers vernis. « Phalange ? s'était un jour écrié Ferri-Pisani. Sans doute parce quils portent tous un diamant à l'annulaire !»
L'orage menaçait et grondait de loin en loin alors qu'ils longeaient le cimetière Saint-Pierre avant de traverser ces quartiers ouvriers de la vallée de l'Huveaune qui hésitaient encore entre la ville et a campagne. La Treille n'hésitait pas. C'était un coin de Provence au coœur de la ville, où l'on s'attendait à tout instant à voir surgir un cantonnier, un puisatier, une lavandière, un berger, tout un petit monde de santons nourri à la farigoulette et élevé au son du fifre et du tambourin. Ils se garèrent sur l'esplanade qui surplombait le profond vallon des Escaouprés et se hâtèrent d'entrer dans I'auberge du Cigalon avant que la pluie tombe. La patronne, une vieille aux traits fripés, sortait elle aussi d'une carte postale sur les petits métiers de nos belles provinces.