AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Iboo


- Mes amis, a repris M. Diderot, il est temps, puisque Grimm a encore sa connaissance, de jeter les fondements de notre nouvelle croyance, une religion des hommes libres et de l'avenir.
- Je sens que vous allez blasphémer, Diderot, il faut vous taire.
- Ah Rousseau, détrompez-vous, vous m'entendez commencer l'éloge de la religion.
- Je connais assez bien votre cœur pour m'attendre au pis sur ce chapitre.
- N'attendez plus, me voici, et j'affirme qu'une religion devrait mettre au-dessus de tout le plaisir et non la pénitence, et non le cilice. La joie de l'âme ne saurait être que l'expression de la joie du corps. Si une religion me demande de m'étouffer, de traquer le pêché là où il n'est pas, ou bien là où il me réjouit, je n'en veux pas. Si une religion dresse sous mes yeux la liste de toutes ses maussaderies, me fait jeûner, porter la haire, me couvre de cendres, je n'en veux pas. Si elle dresse la liste des plaisirs à ma portée et qu'il me faut connaître, voilà ma religion, et c'est celle de l'amour.
- Vous oubliez, Diderot, que la religion de nos pères s'est fondée comme la religion de l'amour.
- Sans doute, mais de quel amour parle-t-on ?
- De l'amour de Dieu et des hommes.
- L'amour de Dieu et des hommes, parlons-en, c'est votre catéchisme, l'amour de Dieu et des hommes et toutes les religions le professent mais regardez bien la figure de cet amour : partout où il se répand sur cette terre, il devient l'amour de la mort. Cela commence avec notre grand Sacrifié qu'on nous donne en exemple. C'est son sang versé qu'il nous faut aimer. Et à celui qui ne veut pas aimer sa mort, on s'empresse de la donner. Nos religions prospèrent sur la mort des impies, et voilà l'amour. Plus de soixante-dix sectes de l'Alcoran trouvent assez d'amour dans leur foi pour nourrir des coupeurs de têtes ; nos catholiques et nos calvinistes s'entrégorgent par amour et par tous les temps ; on arrache des langues, on attache sur la roue, on brûle, cela s'appelle l'amour de Dieu et des hommes : l'amour de la mort, vous dis-je. Notre religion ne sera qu'amour de la vie, de ses passions, de ses fantaisies, de la joie.
Commenter  J’apprécie          92





Ont apprécié cette citation (6)voir plus




{* *}