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Citation de art-bsurde


La France a soutenu au Rwanda un régime raciste en pleine dérive vers une « solution finale » exterminatrice. Elle a largement contribué à financer, instruire et armer le dispositif militaire surabondant qui, avec ses excroissances miliciennes, a ensuite exécuté le génocide. Plusieurs de ces coopérants militaires furent si proches des escadrons de la mort, des soldats tortionnaires et des concepteurs fanatiques de l'élimination des Tutsis que l'on peut redouter le pire quant à leur degré d'implication dans l'engrenage qui conduisit aux massacres, en particulier dans l'attentat du 6 avril.
Des informations précises s'accumulaient à l’Élysée depuis plus d'un an. On a pourtant continuer d'armer le Hutu Power : officiellement jusqu'aux accords d'Arusha [1992-1993], puis par les circuits du trafic d'armes – via, entre autres, les filières franco-égyptiennes. Après le 6 avril, Paris a accueilli, avec les honneurs et l'argent de la Coopération, Agathe Habyarimana et certains des principaux instigateurs des massacres, parrains politiques et financiers de « Radio-Machette ».
Empêtrée dans ses contradictions, la France et quelques unes de ses meilleures troupes ont fui Kigali livrée aux milices. L'exécutif de la cohabitation a entravé pendant deux mois, on vient d'y insister, une possible réaction internationale. Puis il a déployé une opération « militaro-humanitaire » qui, de fait, a neutralisé la disqualification politique des génocideurs.
Cette invraisemblable succession d'erreurs et de complicités, sinon de crimes, n'est pas qu'une mauvaise série. Comme il existe en Europe de l'Est maints sites nucléaires aussi dangereux que Tchernobyl, la Françafrique a généré ailleurs qu'au Rwanda (et génère encore) d'autres abcès politico-militaro-affairistes susceptibles de dégénérer en guerres civiles, massacres, voire génocides.
Elle serait encore, inévitablement, du côté des tueurs : cela fait si longtemps qu'elle favorise, par ses trafics et ses détournements, l'accumulation de leur puissance financière ; qu'elle équipe, forme et conseille leurs gardes présidentielles à base ethnique, voire leurs services de sécurité …
Comme à Tchernobyl, l'organigramme décisionnel et la chaîne des responsabilités de la politique franco-africaine sont désorganisés, et, plus profondément, démoralisés. De même que plus grand monde en Ukraine n'inscrivait sa motivation professionnelle dans l'idéal soviétique, il n'est plus guère d'acteurs françafricains qui croient en l'objectif théorique de cette « communauté » : le développement. La règle du chacun pour soi – et pour sa famille – a tout envahi. L'excès de « familiarité » - la privauté – a fini par miner l'autorité élyséenne. Dans le « Paris-village du continent noir », s'affairent et rivalisent plus d'une dizaine de clans, corporations et réseaux. Sur le terrain, leurs micro-stratégies se télescopent, se carambolent. Or ces chauffards évoluent dans le magasin de porcelaine des rivalités ethniques, historiques ou artificielles, exacerbées par les crises économiques et politiques : il est urgent de leur ôter le permis.
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