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Citations de François d` Epenoux (138)


–Je te dérange ?
–Tout va bien. Je m’occupais de mes pivoines. Je leur soignais les ailes.
–Les ailes ?
–Et oui. La pivoine, c’est la seule fleur qui aurait pu être un oiseau. Qui aurait dû. «Pivoines », tu ne trouves pas que ça fait nom d’oiseau ? On aurait pu dire : tiens, regarde, un vol de pivoines…
–Jamais remarqué.
–Et puis, quand tu observes une pivoine de près, tu sais, on dirait ces plumes contrariées qu’il y a sur le cou des cygnes, ou le jabot mouillé d’un flamand rose dans le vent. Un bouquet de pivoines, c’est une volée d’oiseaux qui se blottissent les uns contre les autres, qui tremblent de ne pouvoir voler.
(...)
–Et puis, surtout, j’en ai marre des roses. C’est snob les roses. C’est tout droit, tout raide, trop bien peigné. Les roses, ça a un côté petite-bourgeoise endimanchée qui m’agace. Un côté collet monté qui ne veut pas se salir. Un peu trop net pour être vrai. Alors que la pivoine… La pivoine, c’est une fleur décoiffée, une fleur ébouriffée. Tu as déjà vu une pivoine blanche ? On dirait une mariée au petit matin, qui a dansé et bu toute la nuit et dont la robe s’est froissée à force de tournoyer. Un froissement de froufrou et la belle se volatilise…
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L'amour survivra aux décombres. Les gens se tiendront encore la main sous les tsunamis, ils se feront des serments dans les cimetières, ils se jureront fidélité dans la mort. C'est plus fort que nous, ça, c'est plus fort que l'humain. Comme la mort.
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L’argent, c’est tout, figure-toi. Tout ! L’argent, c’est la culture. Que je sache, on a plus de chances d’être cultivé en revenant de Venise que de la salle polyvalente d’une cité HLM. L’argent, c’est la beauté. En plein mois de janvier, tu seras sûrement plus jolie en cachemire de retour des Seychelles que toute blanche dans un survêt pourri. L’argent, c’est la santé. Si tu te prends un platane, vaut mieux que ta tête rebondisse dans l’airbag de ta BM que dans le pare-brise d’une estafette.
Conclusion, l’argent c’est la vie !
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Ne jamais avoir à regretter de ne pas avoir tout tenté. Ne pas réussir, ce n'est rien, tant qu'on n'a pas essayé.
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Je me sens rare, pur, étincelant parce que joyau humain parmi d’autres joyaux, je me sens libre et tendre, indulgent pour moi-même et pour ceux qui m’entourent et, tiens, assez confiant que mon fils sera un jour dans ce monde comme un glaçon dans l’eau, pas un poisson, non, un glaçon, parce qu’un poisson, ça peut toujours mourir déboussolé sous l'océan, ça peut toujours être pêché, énucléé, coupé en morceaux, congelé et décongelé et passé à la poêle, tandis qu’un glaçon, mais un glaçon, c’est merveilleux, un glaçon ça ne peut que tinter, puis fondre, puis se fondre dans de l'or liquide au creux d’une paume avant de réchauffer le cœur d’un valeureux parmi tant d’autres–oui, c’est si bon d’être un glaçon, un doux glaçon dans l’eau et oui, tu seras un glaçon, mon fils.
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Les gens ont de ces expressions. Ils prétendent que mon père a « trouvé » la mort. Comme s’il l’avait égarée. Comme s’il venait enfin de retrouver une paire de lunettes–impossible de mettre la main dessus. Ah bon, papa a trouvé la mort ? Génial ! Où était-elle, finalement ? Sous son lit, dans un sac de voyage, dans sa boîte à gants ? Ah là là mais quel distrait.
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Le vrai bonheur serait de se souvenir du présent.
Jules Renard
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Un père n’est plus, un enfant qui naît. Ce hasard des trajectoires, ces connexions improbables, ces proches plus proches qu’ils ne le croient. Les clins d’œil du destin m’étonneront toujours. En sortant de l’hôpital, je lève les yeux très haut en me demandant à quel endroit du ciel Papa et cet enfant ont bien pu se croiser.
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Ces gens qui montrent leur tronche et font la promotion de leur petite existence à longueur de pages, ça donne la nausée. Facebook, sous couvert de simplicité, c'est le canal mondial de la vantardise auto-centrée. Regardez comme je m’amuse à cette fête ! Regardez comme je suis beau, comme je suis belle ! Regardez comme la plage où je me trouve est ensoleillée, surtout pendant que vous bossez comme des cons ! Regardez le cassoulet que je vais manger ! Regardez l'assiette de cassoulet que je viens de manger ! Regardez comme elle est chouette ma vie ! Comme je suis chic, drôle, cool, bien entouré ! Vous avez vu ma nouvelle cuisine ? Oui, mais on s'en fout ! Vous avez lu mon affligeante pensée du jour ! Oui, mais on s'en fout ! Parce que c'est ça, en fait, qu'on a envie de hurler à tous ces gens : On s'en fout de ton menu, de tes guibolles sur le sable et ton séjour aux Bahamas ! Tu comprends, ça ? On s'en fout de ton impudeur, de ton égocentrisme et de ta petite vie qui ne passionne que toi ! Moi je, moi je ! Bientôt, ils filmeront leurs crottes... ça me rend hystérique.
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A force de ne plus être machos, vous êtes devenus manchots, ma parole, toi et les hommes de ta génération! Vous avez perdu vos épaules, vos couilles et surtout votre orgueil, ce qui est encore pire! Et vous n'avez rien compris aux femmes! Quoi qu'elles en disent, à un moment, elles ont besoin de s'opposer, de buter contre quelqu'un, en l'occurrence ce truc un peu solide et bien planté qu'on appelait un bonhomme, autrefois.
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Pour l’heure, la mort de papa n’a atteint que notre cerveau, notre esprit et, peut-être, un morceau de notre cœur. Alors profitons-en. Car un jour surgira, du fond de notre âme comme du fond d’un terrier noir, un reptile venimeux : le manque.
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Fallait-il que les gars de la marine ne fussent pas regardants sur la marchandise, pas exigeants sur la chair fraîche ; fallait-il qu'au cours de leurs traversées ils en eussent rêvé, de chouettes pépées du port, pour accepter de monter avec ce rogaton, ce minuscule quignon de femme chantant des airs allemands façon Marlène Dietrich, ange noir aux ailes atrophiées qui, mon Dieu, ne possédait – et n'avait jamais dû posséder–ni les jambes, ni la voix, ni les yeux, ni à vrai dire le moindre point commun avec son illustre modèle sinon celui, paradoxal et abusif, de pouvoir malgré tout être désigné sous le terme de femme…
Femme ! [...] Femme, Germaine Schüller ?
p.16
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Vous êtes magiques, vous, les enfants! Et paradoxaux! Vous renvoyez à l'imagerie de la famille traditionnelle, voire un tantinet bourgeoise, alors qu'en vérité vous avez un vrai don pour mettre le foutoir partout où vous passez, un foutoir salutaire, car tout sauf plan-plan! Même si vous nous épuisez, soyez-en remerciés.
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On ne cherche rien et on se trouve. On ne sait pas qu'on est prêt, et c'est sans doute à cela, par la suite, que l'on mesure combien on l'était. Et dès lors que l'on est emporté, plutôt que de résister, on lâche prise – là encore, sans même s'en rendre compte, car se rendre compte de ce que l'on fait, c'est déjà s'en éloigner.
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Je sais trop qu'il en va de la nuit comme de la vie: on ferme les yeux une seconde et on est emporté dans un tourbillon qui nous dépasse. Le temps de comprendre et de se réveiller, il est trop tard: les heures, les mois et les années sont déjà derrière nous.
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« Nous avons peut-être fait un peu trop de bruit…
–Comment ça va ?
–Je veux dire, on a ri, on a bu, j’espère que ça n’a pas choqué les maisons voisines.
–C’est la vie, maman. Papa nous manque, il y a un vide, on le comble, on fait du bruit pour dix alors que nous sommes neuf, on compense, on se rapproche, on se réchauffe d’autant plus.
–Mais on n’est pas discrets !
–Tant mieux.
–Que veux-tu, on s’aime.
–Ben oui, ça doit être ça. »
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Elle entreprit de réchauffer à dîner pour celui qui, maintenant, ne devait plus tarder. Elle se brûle. C’est toujours dans ces moments-là que l’on se brûle. Les objets profitent de notre vulnérabilité pour frapper en traître. Comme les humains, ils sont capables d’une incroyable méchanceté.
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Il n’y a pas d’école de parents. On apprend sur le tas, on fait ce qu’on peut avec ce que l’on a, et puis tout à coup, l’enfant qu’on filmait hier en essuyant sa morve vous dépasse d’une tête, vous répond, vous en veut, vous fait payer vos fautes, ces fautes qui n’en sont pas.
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Avec la naissance de son fils, un père accouche souvent de lui-même. Si un seul voit le jour, les deux voient la lumière.
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Et surtout, de foncer droit devant, de découvrir le monde, vite. Je te l'ai dit, dépêche-toi, dépêche-toi ! La course contre la montre est engagée, mon petit garçon. La course contre les monstres, aussi. Ceux qui bétonnent, braconnent, déconnent, spéculent et ravagent au nom de ce fric roi que tu ne vas pas tarder à connaître. Ceux qui rasent la planète pas gratis, histoire de lui faire une tête bien glabre, bien lisse, bien propre, une vraie tête de trader, de guerrier, de boucher, de salaud en col blanc. Une vraie tête de vainqueur.
Eh oui, ce sera ça ton monde, mon amour. Un Luna Park dévasté par des enfants sales, désespérants et cupides.
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