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Citations de Françoise Bonardel (26)


Françoise Bonardel
Aujourd’hui, on nous répète qu’il faut “déconstruire” les identités, et “identitaire” est devenu un terme d’opprobre. Sauf que les seules identités qu’on nous enjoint de déconstruire sont celles des Européens soi-disant “dominateurs”, tandis que celles des minorités “opprimées” sont à préserver et à louanger. C’est ainsi qu’une civilisation millénaire devient complice de sa propre destruction.
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Il y a bien en ce sens quelque chose de « gnostique » dans la protestation romantique à cette nuance près que les romantiques pleuraient un lien ancestral avec la nature qu’ils pensaient perdu, tandis que les anciens gnostiques ne voyaient dans toute forme de lien avec le monde qu’un enchaînement fatal qui les privait de rejoindre leur étoile.
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Bernard Coussée a en ce sens raison de dire que "derrière la stature de saint Christophe se profile en fait tout un monde mythologique»" ; un monde qui relie le saint chrétien aux dieux et héros païens qui nous ont légué, en matière de portage et de passage, quelques figures mythiques qui ont fortement marque l'imaginaire collectif. Car ce sont là les deux gestes - porter, faire passer - qui ancrent les hommes dans leur humanité la plus élémentaire, et leur donnent le courage de transmettre le dépôt qui leur a été confié. Ne sachant qui il transportait, Christophe s'est contenté d'effectuer le passage, sans pour lui d'autres bénéfices que la satisfaction d'avoir fait ce qu'il fallait. C'est aussi ce qui permet de distinguer Christophe des autres passeurs-porteurs païens et chrétiens dans la mesure où cette situation périlleuse lui a ouvert les yeux sur ce qu'était véritablement la puissance qu'il recherchait depuis si longtemps, et qui ne s'est révélée à lui qu'au prix de son propre abaissement, comparable à celui consenti par le Christ (kénose), mais aussi à la mortification de la matière en putréfaction dont les alchimistes disent qu'elle est le ferment de l'Œuvre encore à venir.
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Loin d’être une hérésie chrétienne comme historiens et théologiens l’ont prétendu, la gnose serait donc la matrice d’où se serait détaché le christianisme […].
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Avant même de s’intéresser de très près aux expériences visionnaires des gnostiques, Jung se sentait donc plus ou moins consciemment relié à eux par une forme de sensibilité bipolaire et fortement contrastée, qui aurait pu le conduire aux mêmes excès – dualisme, refus du monde – s’il n’avait très tôt envisagé d’intégrer ce que les gnostiques se contentèrent d’opposer : l’effroi devant le monde et les hommes tels qu’ils sont, et une aspiration à la lumière à nulle autre pareille.
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Ce qui va donc distinguer l’approche freudienne de celle des penseurs romantiques – et d’une certaine manière de Jung – tient à la vision que les uns et les autres se font de l’inconscient : réservoir du refoulé ou matrice d’un « principe vital » que d’autres penseurs de l’époque qualifiés pour cette raison de « vitalistes » […] pensaient pouvoir opposer au mécanisme cartésien régissant la pensée moderne.
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[…] Jung entamait ainsi sans encore le savoir vraiment une réflexion sur l’origine du mal, et la nécessité de son intégration, qui allait le rapprocher durablement des gnostiques.
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Les très nombreuses lectures alors effectuées par Jung ont eu pour premier effet de replacer le christianisme parmi les diverses mythologies qu’il étudie, et de réfuter par là même l’idée que le logos chrétien ait définitivement supplanté le muthos païen.
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[…] priorité au Dieu intérieur sur toutes les images de Dieu privées de vie véhiculées par les traditions religieuses ; ancrage de cette image intériorisée dans la mémoire – Jung dira ensuite dans l’âme et l’inconscient – et reconnaissance de la force motrice qu’une telle image représente dans la vie de chaque individu. Ce sont là autant de pierres brutes qui, une fois taillées et ajustées, allaient permettre à Jung de construire sa propre psychologie dans laquelle la « religion », profondément renouvelée dans son assise et son orientation, auraient à nouveau droit de cité.
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Se sentir « gnostique », c’est d’abord pour Jung assumer une forme de rébellion, d’insubordination à l’endroit de toutes les Puissances qui dérobent à l’homme la liberté de découvrir qui il est, et le privent ainsi de la plénitude psychique à laquelle il peut légitimement prétendre.
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En fait, l’intérêt de Jung pour la gnose n’a fait que se confirmer jusqu’à la fin de sa vie, en rapport plus ou moins étroit avec l’alchimie, alors même qu’il se défendait âprement d’être lui-même « gnostique » face aux attaques répétées des théologiens. Tenant pour l’essentiel sa connaissance des gnoses antiques des écrits très polémiques des premiers auteurs chrétiens, voilà qu’il se trouvait lui-même en position d’accusé face aux nouveaux chasseurs d’hérésie ! C’était là une position réfractaire qui n’était sans doute pas pour lui déplaire, quand bien même il ne cachait pas son exaspération face à la fermeture d’esprit quasi sectaire dont ce conflit archaïque témoignait : « Ils me critiquent comme si j’étais un philosophe ou un gnostique qui prétendrait posséder quelque savoir surnaturel.
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Le lotus (padma) est au regard du Tantra le vivant symbole de cet état d’esprit : n’est-il pas cette fleur resplendissante, ce chef-d’œuvre d’équilibre floral qui s’élève vers le ciel tandis que ses racines tirent leur nourriture de la boue ? L’expression vivante, en somme, de la « magie » tantrique et alchimique consistant à relier les extrêmes (ciel/terre) et à marier les opposés (boue/or après les avoir purifiés. Si la fleur de lotus fait figure du joyau issu de la fange, la feuille n’est pas en reste et éclaire un autre aspect de la « folle sagesse » tantrique : « Le péché n’adhère pas plus à celui qui connaît la nature intrinsèque que l’eau à la feuille de lotus », dit le Guyasamâjatantra. Privilégiant quant à elle l’image de la rose, l’alchimie occidentale lui confère sensiblement la même portée symbolique tout en suggérant qu’il faille, pour en respirer le parfum, en avoir d’abord, comme le Christ, enduré les épines.

Au pouvoir rédempteur de la souffrance, acceptée pour le salut de l’humanité, le bouddhisme oppose l’épanouissement serein de qui parvient à s’élever au-dessus de sa propre confusion et à s’émanciper de la boue karmique. Le lotus est d’ailleurs une fleur si emblématique de l’alchimie tantrique que Padmasambhava, son principal propagateur au Tibet, en porte le nom : « Né du lotus ». (p. 75)
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La pollution du divin

Infiniment plus grandiose que la "mystique du surhomme" (Carrouges) en quoi se résolvent tous les blasphèmes de l'homme prométhéen, s'impose chez Artaud la vision d'un Dieu passé à l'Antéchrist, happé par un néant auquel Nietzsche l'avait pressenti, l'ultime cruauté de la modernité fut de le sacrifier.

P 285
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Et lorsqu’on rencontre ça et là dans les Himalaya des ermites, des yogis comme ivres du grand jour dont les ont déshabitués leurs longues retraites dans des grottes obscures, on s’aperçoit que leur regard est comme liquéfié et démesurément agrandi d’avoir si continûment dénudé les formes, et contemplé le vide. Voir est bien en ce sens toujours « dévorant », comme le fait dire Michel de Certeau au moine Syméon parlant au nom de tous les anachorètes qui se mirent en route dans le désert pour rencontrer Dieu, et s’aperçoivent enfin que « Voir Dieu, c’est finalement ne rien voir, c’est ne percevoir aucune chose particulière, c’est participer à une visibilité universelle qui ne comporte plus le découpage de scènes singulières, multiples, fragmentaires et mobiles dont sont faites nos perceptions
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Aucun des Bouddhas jamais représentés n’a le regard extasié de ces saints et mystiques chrétiens surpris à l’instant où l’Absolu divin, excédant toute forme qui en limiterait l’infinité, paraît s’être en eux manifesté. Aucun non plus n’a la pose alanguie, l’air de désolation ravie de qui se sent délaissé, abandonné par le Dieu qui l’a fugacement visité. Invitant à un dégrisement radical du regard, le bouddhisme veut tout ignorer de ce transport, et de la nostalgie qui s’ensuit. Ce que la statuaire bouddhique donne à entrevoir – la peinture aussi, mais avec un moindre relief – n’appartient plus au registre visionnaire longtemps commun à la métaphysique grecque et à la théologie chrétienne postulant l’une et l’autre que l’arrachement à soi permet de tourner son regard vers la transcendance qui, rappelant à l’homme son statut de Créature, l’exalte en même temps qu’elle l’écrase
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Entant que vision du monde fondée sur les «sympathies » unissant macrocosme et microcosme, et parce qu'il était parvenu à nouer certaines alliances entre l'homme et la nature, la nature et Dieu, l'Hermétisme connut, entre le XIV et le XVII siècle, une gloire qui n'eut rien à envier aux feux de ce qu'on nomme classiquement Renaissance, où est censée s'être originée la figure de l'homme moderne.
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Comme si seuls certains grands mutilés de l’existence, acculés par un châtrage intime de leur être aux marges des jouissances et des savoirs où s’extasie d’elle-même et s’hallucine la modernité, pouvaient encore témoigner d’une urgence : que la banalisation des formes vulgaires de survivance ne confisque pas délibérément l’exigence, poétique, de sur-vie.
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S’il est donc un dénominateur commun à tous ceux qui ne se retrouvent ni dans le triomphalisme progressiste, ni dans les nostalgies « réactionnaires », c’est bien la perception douloureuse d’une telle discordance : comme si, frappé d’un mal qui fait de lui une « Terre gaste », un Waste land (T. S. Eliot), l’Occident moderne vivait l’expérience d’une sorte d’alchimie obstinément négative plus nettement perçue, évidemment, par ceux que leur forme de sensibilité prédisposait à chercher, dans leur propre création, un équivalent du Grand Œuvre philosophal.
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Une sorte de tradition primordiale et orientale vit ainsi le jour, dont l'antériorité vénérable parait attester la supériorité sur le monde grec. Parfois rangés parmi les "faiseurs d'or", les philosophes grecs sont alors crédités de n'avoir pas encore trahi, comme le feront leur successeurs, la vraie philosophie révélée par Hermès Trismégiste, trois fois "grand" en ce qu'il aurait été à la fois Philosophe, Prêtre et Roi (Michael Maier). Qu'on rapporte l'origine à la triade égyptienne (Osiris, Isis, Horus) ou à une filiation élargie, la transmission ininterrompue des secrets propres au "sacerdoce" alchimique invite à se demander si une simple chimère aurait pu susciter une telle pérennité, assortie d'une si impressionnante "conformité d'idées et de principes"
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Une tradition bien établie veut que l'Egypte ait été le berceau de l'hermétisme comme de l'alchimie, cet "art divin" dont le secret aurait été révélé par l'ange Amnël à Isis dont il était épris, laquelle aurait à son tour transmis à son fis Horus l'enseignement d'Hermès dont l'âme possédait "le lien de sympathie avec les mystères du ciel" (Corpus Hermeticum). La mort et la résurrection solaire d'Osiris semblaient par ailleurs devancer celle du Christ et symboliser le destin de la "matière" mise en oeuvre par les alchimistes. Si l'Egypte demeure bien le coeur, le foyer de la révélation attribuée à Hermès Trismégiste, nombre d'alchimiste occidentaux en élargirent le rayonnement à tout le bassin méditerranéen et moyen-oriental (Chaldée, Mésopotamie, Perse, Palestine).
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QUEL ROMANCIER A ECRIT CES PHRASES: « Nous disons bien que l’heure de la mort est incertaine, mais quand nous disons cela, nous nous représentons cette heure comme située dans un espace vague et lointain, nous ne pensons pas qu’elle ait un rapport quelconque avec la journée déjà commencée et puisse signifier que la mort — ou sa première prise de possession partielle de nous, après laquelle elle ne nous lâchera plus — pourra se produire dans cet après-midi même, si peu incertain, cet après-midi où l’emploi de toutes les heures est réglé d’avance » ?

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