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Critiques de Françoise Frenkel (50)
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Rien où poser sa tête

"L'on pourrait écrire un volume sur le courage, la générosité et l'intrépidité de ces familles, qui, au péril de leur vie, apportaient leur aide aux fugitifs dans tous les départements et même en France occupée ......"

" Merci de bien vouloir prier pour moi, je cherche l'apaisement: mes deuils sont nombreux et j'ignore où reposent les miens, ma Douleur est grande ......"

Voici deux extraits d'un magnifique récit pudique, à la retenue étonnante qui conte le parcours mouvementé d'une femme extraordinaire, née en1889 , amoureuse des écrivains et de la littérature, juive, d'origine polonaise .

Elle fonda avec son mari, Simon Raichenstein, malgré le contexte et l'ambiance contrainte, malaisée de l'après grande - guerre , en 1921 , la premiére librairie française "de Berlin : La Maison du livre".



Elle avait fait ses études à Paris avant la guerre .. Cette librairie se voulait un centre de pensée française , le passage obligé des écrivains de l'entre- deux - guerres .

Françoise Frenkel est contrainte de fuir l'Allemagne pour gagner la France afin d' y trouver refuge...

Son mari est raflé à Paris. Il meurt le 19 août 1942 à Auschwitz- Birkenau. Elle l'évoque à peine dans ses écrits,...

Ce témoignage émouvant, inédit , découvert par hasard dans un vide - Grenier à Nice , écrit dans le contexte immédiat de la seconde guerre mondiale posséde un caractère à part, universel , précieux à plus d'un titre, passionnant ......

Ce livre sorti de l'oubli préfacé parPatrick-Modiano conserve, miraculeusement intacts , comme si nous y étions: la voix , les émotions , les convictions, les peurs , les craintes, de cette femme perdue dans un abîme de tristesse ....livrée à une vie de fugitive ....

Elle décrit minutieusement à l'aide d'une belle écriture , douce, sans pathos, son parcours entre clandestinité et statut de réfugiée , à partir de l'été 42....

Elle aura affaire à un couple de coiffeurs, au dévouement incomparable, monsieur et madame Marius .

Ils prendront nombre de risques élevés pour la sauver , ses bienfaiteurs attitrés seront toujours là lorsqu'elle sera traquée, abattue, désespérée.

Suivent un quotidien de cache, de craintes , de restrictions, les difficultés du ravitaillement , les soupçons, la rigueur du temps , l'exode, le recensement des juifs de tous les pays ,les trafics, les moyens hasardeux , ingénieux et dangereux à la fois de fuite vers la Suisse, l'Espagne ou l'Angleterre, les passeurs....la dénonciation .l'incarcération puis la libération de Françoise , les personnes aidantes, madame Lucienne , Melle Marion, la confiscation de ses malles , les allers et retours vers Nice, Annecy, Grenoble...

Elle a eu une chance certaine .....

Elle ne donne aucune leçon , conte son quotidien et son itinéraire sans jamais se plaindre...

Le dévouement, le désintéressement de ses bienfaiteurs force le respect......dans une France où la suspicion régnait ....la guerre et toutes sortes de difficultés itinérantes ....

Elle ne se met jamais en avant , raconte avec objectivité sans juger ....Une femme qui a réussi échapper à un destin tragique, sur un fil.....

Cette impression donne une force et une justesse incroyables à ce récit autobiographique ....

Je le conseille!

Original, pétri d'émotions , convaincant , il compléte les nombreux ouvrages déjà lus à propos de cette période sombre....

Encore une fois mon texte est trop long, que ceux qui me liront me pardonnent , je ne sais pas faire court...

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Rien où poser sa tête

Après des heures de boulot enrichissantes mais "dévorantes"...je me suis octroyée comme d'habitude une récréation très bienfaisante, en fouinant à Mémoire7 , librairie agréable de Clamart...J'ai ainsi déniché la réédition de ce texte, publié la première fois en 1945, à Genève, d'une femme extraordinaire, juive polonaise, passionnée de littérature et de langue françaises.

Cette dernière fonda en 1921, en dépit d'une ambiance hostile d'après-guerre...la première librairie française , à Berlin...avec son époux.



Cette réédition est un vrai cadeau, car nous apprenons incidemment dans le dossier de pièces justificatives, ajoutés à la fin de l'ouvrage, et plus particulièrement dans les "remerciements", celui , central, à Michel Francesconi, qui trouva un exemplaire de "Rien où poser sa tête" dans un vide-greniers de Nice et fut le premier à le lire et à le partager"



Cette librairie ,comme je l'ai écrit précédemment, Françoise Frenkel la fonda avec son mari, Simon Raichenstein.

Comme elle, il avait fait ses études à Paris avant la Première Guerre mondiale...Jusqu'à 1933, ils firent vivre cette librairie , en commun.



En novembre 1933, Il quitte définitivement Berlin pour Paris... (Il sera raflé à Paris en juillet 1942, et mourra en déportation en août de la même année).



Elle réussit à faire vivre ce lieu avec succès jusqu'en 1938... puis la montée du nazisme l'empêcha d'exercer son métier. Elle se réfugia en France puis en Suisse. Elle raconte ce parcours douloureux, loin des siens...





Dans ce récit des plus mouvementés, Françoise Frenkel nous présente tour à tour des héros anonymes, des "justes" qui n'ont pas hésité à la cacher, l'aider, la protéger, elle , et bien d'autres juifs pourchassés...A l'opposé se trouvaient d'autres figures moins sympathiques, dans le zèle du régime de Vichy et de la délation... Ces derniers n'hésitaient pas à dénoncer ou à montrer leur franche hostilité...







En dépit de la peur extrême, des épreuves et même des moments de vraie terreur, à l'idée d'être déportée ou tuée...la narratrice déploie dès que l'occasion la plus minime se déploie, son amour de la vie, de la Nature, de la beauté...d'exister...



"Ce voyage au tribunal fut pour nous une réelle récréation. Il offrait l'occasion de quitter pour des heures la prison, de contempler le soleil, la forêt, les champs, les Alpes avec leurs cimes neigeuses, l'hiver dans toute sa splendeur." (p. 212)



La narratrice a rédigé son périple éprouvant, semé des deuils de ses proches... dès son arrivée en Suisse en 1943, après trois tentatives...Elle réussit à survivre, se décrivant ainsi " Discrètement,le soldat suisse marchait devant moi, portant le lamentable baluchon, compagnon de mes fuites successives qui contenait tout ce que j'avais emporté de France, hormis un cœur désolé et fatigué à mort..." (p. 258)



On peut être étonné par l' extrême retenue de l'auteure... pas un mot de son mari... quelques évocations douloureuses à l'absence de nouvelles de sa famille et de sa maman. Ce récit décrit le parcours de peur d'une femme pourchassée en tant de guerre et de discrimination raciale mais aussi de façon centrale nous est offerte les descriptions minutieuses du peuple français, dans cette période des plus sombres...Françoise Frenkel n'omet jamais d'exprimer sa reconnaissance infinie envers les personnes généreuses qui l'ont soutenue, protégée et aider dans ses fuites successives... dont ce couple niçois, les Marius, coiffeurs... ayant toute la guerre ,aidé les réfugiés et toute personne en danger... au risque de leur propre sécurité...



"En présence de ces êtres qui me témoignaient tant de dévouement, je fondis en larmes. Mes déceptions, mon amertume s'en allèrent, effacées par un immense sentiment de gratitude. Eux aussi paraissaient émus, car si la joie d'être sauvé est grande, celle de porter secours à un être humain dans la détresse doit, sans doute, la dépasser chez les cœurs bien nés. "(p. 155)



"Douloureusement oppressée par la séparation toute proche, je faisais mes adieux aux montagnes, aux prairies et aux champs, au village paisible, à ce vaste horizon, à la France.

La tristesse de devoir franchir ses frontières en fraude, comme une malfaitrice , m'envahissait. Pour me donner du courage, je me remémorai toutes les souffrances, presque surhumaines, que j'avais supportées, mais en même temps le terrible malheur de la France et son asservissement sans limite s'imposèrent à ma conscience.

Soudain, un sentiment naquit et grandit en moi- La nostalgie déchirante de ce pays que j'allais quitter" (p. 256)
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Zone de la douleur: Inédits et textes retrouvés

Frymeta "Fania" Françoise Frenkel est née le 14 juillet 1889 à Piotrków Trybunalski, dans la région de Lódz, en Pologne et est décédée à 85 ans, le 18 janvier 1975 à Nice.



Elle est connue pour avoir ouvert avec son époux, Simon Raichenstein (1889-1942, Auschwitz) à Berlin l'unique librairie française dans la capitale allemande : "La maison du livre français" de 1921 à 1939.

Françoise Frenkel est aussi connue comme auteure de son autobiographie "Rien où poser sa tête" parue initialement à Genève en 1945 et reprise par Gallimard en 2015, 70 ans plus tard, avec une préface de Patrick Modiano. Un ouvrage qui a reçu 44 critiques positives sur Babelio.



C'est à l'occasion du succès de cette réédition qu'un lointain neveu de l'auteure, Peter Wechsler, a exhumé chez lui, à Zurich, un carton appartenant à la famille depuis la mort de tante Fania (Frenkel) en 1975 et contenant des textes variés, qui forment l'objet du présent recueil, publié le 6 octobre 2022 à Paris dans une traduction d'Olivier Le Lay.



Ce recueil de 289 pages comporte une douzaine de contes ; un chapitre de 20 nouvelles, souvenirs et récits ; 23 proses poétiques et des lettres à Maurice Marois, professeur d'histologie, rencontré en 1943 au camp des Cropettes à Genève.



Tous ces textes sont plutôt courts et vu leur nombre un résumé s'avère évidemment exclu. Selon l'éditeur de la collection l'Arbalète chez Gallimard dans la présentation du livre "on peut le lire à travers trois prismes : les souvenirs d'un monde disparu, la douleur d'être en vie, le sentiment de culpabilité d'être une survivante".



Les thèmes abordés ont trait à la vie des Juifs de l'est d'avant-guerre, un sujet favori des frères et soeur Singer ainsi que de Joseph Roth, et plus précisément leur misère, leur insécurité et leur discrimination, notamment dans l'empire des tsars. À ce propos l'auteure note à la page 41 : "Il faut avoir vécu dans une petite ville de Pologne pour se faire une idée de la misère juive".



Elle aborde également l'antisémitisme basé sur des histoires mensongères de meurtres rituels d'enfants par les Juifs et la fondation par le roi Étienne Báthory de Pologne d'un tribunal spécial à Lublin en 1578 pour juger entre autres ce genre "d'affaires".



Et de conclure lors d'un retour, en 1913 au pays : "Je n'étais pas encore arrivée devant la maison de mon père que déjà j'avais oublié le charme de la radieuse Italie, de la France souriante. Je me sentais empoignée de nouveau par la misère de ma ville natale..."



Je signale aux amateurs de biographies du type plus conventionnel qu'il existe de l'auteure une intéressante biographie par Corine Defrance : "Françoise Frenkel, portrait d'une inconnue". sortie à la même date chez le même éditeur que "Zone de la douleur".



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Rien où poser sa tête

Le sobre témoignage d'une femme traquée. Née polonaise et de confession juive en 1889. Après des études en France et en Allemagne, Françoise Frenkel ouvre en 1921 la première librairie française de Berlin. Elle sera le témoin involontaire d'un pays qui sombre dans les abîmes du nazisme. Elle persiste à promouvoir la culture française à Berlin jusqu'en 1939 malgré un climat ambiant cauchemardesque. Elle se réfugie ensuite à Paris. L'invasion allemande la contraint à fuir de nouveau en mai 1940. Vichy, Avignon, puis Nice. L'obtention d'un visa pour la suisse. Un ultime départ vers la Savoie pour un passage clandestin de la frontière. Son périple dans la France de Pétain est empreint de délation, de dénonciation, d'incarcération, mais aussi d'humanité et de solidarité. Elle nous décrit avec simplicité et objectivité le quotidien des français divisés dans cette période trouble de l'histoire.
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Rien où poser sa tête

"Rien où poser sa tête", c'est la préoccupation lancinante des exilés, des réfugiés, de tous ces individus jetés par milliers sur les routes, ballottés par la vindicte des conflits du monde. Ecrit dans le contexte immédiat de l'après seconde Guerre mondiale, le témoignage de Françoise Frenkel possède quelque chose d'universel qui lui donne une force supplémentaire. C'est une femme traquée, comme d'autres à cette période, qui témoigne, une femme anonyme qui raconte son histoire dans l'ombre. Patrick Modiano qui a accepté de préfacer ce livre, nous explique qu'il n'a pas envie d'en savoir plus sur le personnage, sur son devenir après la guerre, qu'il n'est pas toujours pertinent de mettre en lumière l'individu derrière l'écrivain même si la tendance actuelle fait souvent d'eux des personnages publics.

Ecrit et publié dès 1945, à une date relativement proche des événements donc, ce texte est un témoignage précieux sur ce que furent ces parcours chaotiques de fugitifs pendant la Seconde guerre mondiale. Il répond à un besoin impérieux de vérité, à la volonté de mettre en avant, les multiples solidarités, petites ou grandes, qui ont permis de sauver des vies. Les lâchetés, les dénonciations, le zèle féroce de certains fonctionnaires asservis aux lois de Vichy ou à celles de l'Occupant ne sont pas tus pour autant. C'est une femme lucide qui témoigne. Dès les années 30, elle a été rompue à surmonter des formes de tracasseries diverses, non pas tant en raison de ses origines d'ailleurs, que par la profession qu'elle a choisie, celle de libraire, libraire à Berlin, spécialisée dans la vente de livres français. En 1920, quand elle décide de s'installer, constatant l'absence de toute librairie française dans cette capitale, elle doit déjà convaincre et lever les réticences associées à une telle entreprise, le traité de Versailles ayant nourri un fort sentiment d'hostilité vis-à-vis de la France. Mais il en faut davantage pour dissuader cette Polonaise, francophile convaincue, ayant fait ses lettres à la Sorbonne et elle parvient à donner de l'ampleur à "La Maison du Livre français à Berlin" créant même une animation culturelle, organisant des rencontres, des conférences, acquérant une certaine notoriété consacrée par la visite de Briand lui-même. Avec l'arrivée des Nazis au pouvoir, elle n'est plus libre de vendre ce qu'elle veut, de nombreux auteurs sont mis à l'index et sa librairie fait l'objet d'une surveillance étroite. En 1935, avec la promulgation des lois raciales, c'est elle-même, en tant que juive, qui est visée. Pourtant, elle tient jusque 1939, se réfugie alors en France, à Paris, à défaut de pouvoir atteindre la Pologne, déjà en guerre. Bien sûr, le refuge est précaire. Avec l’invasion allemande, elle part pour le Sud, Avignon d'abord puis Nice. Nice qui devient l'impasse où aboutissent toutes les errances, représentants d'un gotha en perdition, coincés par la guerre, ou réfugiés de toutes nationalités ayant déjà fui plusieurs pays. Pour tenter de sortir de cette impasse, une énergie considérable devait être déployée pour obtenir auprès des commissariats ou de la préfecture, visa, sauf-conduit ou permis de séjour. Partir ou rester, tout nécessitait des heures d'attente et d'angoisse pour les réfugiés étrangers, avec le risque d'un papier qui manque, d'une disposition modifiée, d'un fonctionnaire peu compréhensif. J'ai rarement lu un livre où ces difficultés étaient aussi minutieusement décrites et analysées. Elles permettent de comprendre, tout comme les difficultés du ravitaillement, la lassitude générale des populations.

A partir de l'été 1942 et des premières rafles systématiques de Juifs, la réfugiée entre en clandestinité. Commence alors pour elle un autre parcours, encore plus difficile mais où elle va bénéficier de nombreuses formes de bienveillance et de solidarités. Bien sûr, certains chercheront à tirer parti de la situation mais globalement, elle aura affaire à des protecteurs totalement désintéressés, à commencer par le couple de coiffeurs, Monsieur et Madame Marius, qui prendront des risques infinis pour la sauver. Bien difficile de dire si le parcours de Françoise Frenkel est représentatif de l'aide qui a été apportée aux pourchassés et réfugiés. A-t-elle eu une chance particulière ? A t-elle pu compter sur des amis particulièrement soucieux de son sort comme ce couple de Suisses dont on ne sait rien sauf qu'ils lui renouvellent autant que possible son visa ? La situation de Nice sous Occupation italienne de novembre 1942 à septembre 1943, avec une application un peu moins féroce des mesures antisémites, a -t-elle joué, lui donnant pour un temps un répit profitable ?

Françoise Frenkel ne donne pas de leçons. Elle dit simplement, sans chercher à se mettre en avant, ce qu'il en a été pour elle, pour les autres réfugiés qu'elle a côtoyés à l'hôtel La Roseraie ou à la prison d'Annecy, Elle n'oublie aucune des aides, un simple sourire parfois, qui lui ont été apportées. La sobriété qu'elle s'impose donne à son témoignage une justesse et une force incomparables.

Il était temps que ce livre sorte de l'oubli et rappelle le parcours courageux de cette femme, un peu comme un juste retour des choses pour celle qui défendit tant les livres.


Lien : http://leschroniquesdepetite..
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Rien où poser sa tête

"Ce qui fait la singularité de Rien où poser sa tête c'est qu'on ne peut pas identifier son auteur de manière précise" écrit Patrick Modiano dans sa préface.

En effet, Françoise Frenkel, l'auteur, n'a écrit qu'un seul livre, publié en Suisse en 1945 et réédité 70 ans plus tard.

En 1921, cette jeune polonaise a fondé avec son mari la première librairie française de Berlin "la Maison du Livre" : heureuse époque pleine d'effervescence (conférences, réceptions avec dédicaces d'auteurs parmi lesquels Barbusse, A.Gide, Roger Martin du Gard...) mais, en 1939 au vu des événements elle quitte Berlin pour Paris juste avant la déclaration de guerre.

Parce que juive, elle fuit dans le sud de la France.

Ce livre raconte son quotidien, ses craintes,les restrictions, les attitudes des Français divisés.

De 1940 à 1943, c'est une vie de fugitive : Avignon, Vichy, Nice , la Savoie et le salut une fois passé les fils de fer barbelés : "j'étais en Suisse, j'étais sauvée !"

Son témoignage n'est jamais plaintif, elle relate simplement les faits avec tact et mesure, avec pudeur (elle ne parle pas de son mari déporté).

C'est un livre plein d'émotions sans aucune animosité, ni reproche : "merci de vouloir prier pour moi - je cherche l'apaisement : mes deuils sont nombreux et j'ignore où reposent tous les miens.Ma douleur est grande".

Françoise Frenkel est morte à Nice en 1975.

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Rien où poser sa tête

Que dit-on après avoir lu un témoignage semblable ? Voilà la question que je me pose.

Une critique sur le fond ou la forme ?

Non ! Par respect pour ce que l'auteur et tant d'autres personnes ont vécu.

Françoise Frenkenl commence son livre après sa fuite en Suisse. Ce qu'elle raconte avec beaucoup de pudeur, tous les réfugiés l'ont vécu et le vivent toujours : la peur, la pauvreté, les déchirements familiaux...

Pourtant, contrairement à Patrick Modiano, ma curiosité l'emporte et j'aurais voulu savoir comment elle a vécu les années après la guerre, si elle a retrouvé des traces de sa famille, comment elle a fait pour maintenir tous ses contacts prêts à l'aider à fuir en Suisse, comment elle avait suffisamment d'argent pour vivre aussi longtemps à l'hôtel alors qu'elle était spoliée de ses biens, ...? Et surtout, pourquoi parle-t-elle de sa famille qui lui manque mais jamais de son époux ?

Néanmoins, un livre très instructif qui permet de découvrir la résistance installée dans le sud de la France.
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Rien où poser sa tête



Un témoignage où l'auteur a choisi de relater des faits sans pour autant nous livrer ses émotions.

A aucun moment, elle ne n'évoque son mari. Est-ce par pudeur ? Nous ne le saurons jamais.



Une femme passionnée de lettres, qui cherchait à diffuser la culture française dans le Berlin de l'entre-deux guerres.

Mais sa religion devient rapidement un frein à son activité et elle se retrouve contrainte de fuir Berlin pour la France.

C'est le début d'errances dont les lieux sont dictés par l'avancée de la guerre, des événements politiques et des rebondissements qu'ils provoquent.



Un récit qui n'est sans rappeler Suite française d'Irène Nemirovski, les sentiments en moins.

Un livre à lire comme un témoignage d'une époque, une fresque de la vie quotidienne des civils dans la tourmente de la 2nde guerre mondiale.



J'ai regretté l'absence d'émotions et de psychologie.

Il manque une profondeur à ce témoignage qui se contente, selon moi, de narrer les errances tourmentées par l'avancée de la guerre, les décisions politiques et les rebondissements qu'elles engendrent.
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Rien où poser sa tête

Encore un vrai bon moment de lecture. Merci à Fanfanouche pour sa critique qui m'a donné envie de le lire.

Même si j'ai déjà lu plusieurs livres sur la deuxième guerre mondiale, je suis toujours très intéressée par ce thème. Et une fois de plus, la manière de la traiter complète mes connaissances et me permet d'accéder à une vision encore plus globale.

A travers ce livre, j'ai appris qu'une librairie française avait été créée en 1921 à Berlin. J'ai admiré le courage de Françoise Frenkel car elle n'a pas reçu beaucoup de soutien à l'époque et cela n'a en rien entamé son enthousiasme. Son amour des livres et de la littérature française transparaît au fil des pages et cela m'a bien plu. Le déclenchement de la guerre l'oblige à abandonner sa libraire, ses livres et ses clients pour se réfugier en France. Au fil des pages et au gré de ses "cachettes", elle nous invite à suivre à la fois ses déboires et ses ressources, les Marius notamment qui la protégeront jusqu'à ce qu'elle puisse enfin trouver refuge en Suisse.

J'ai beaucoup aimé la manière dont elle nous raconte la vie quotidienne des Français sous l'occupation. Certains sont pro-Vichy, d'autres révoltés par la tournure que prennent les évènements sur lesquels elle porte un regard que j'ai trouvé très lucide. J'aurais vraiment aimé lire ce livre au moment où j'étudiais la deuxième guerre mondiale au lycée.
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Rien où poser sa tête

Ce récit de Françoise Frenkel raconte ses multiples pérégrinations, jusqu'à sa sortie de France en 1943, et son exil vers la Suisse. Libraire en Allemagne (une librairie française, manque de chance...), juive, d'origine polonaise, apparemment abandonnée par son mari, la narratrice va rejoindre la France pour se mettre à l'abri des persécutions, puis le Sud de la France, puis la Savoie, puis, puis, puis...



Ces pérégrinations et fuites permanentes devant les dangers de persécutions illustrent bien ces années-là, un danger imminent, une ambiance faite à la fois d'esprit d'entraide et de délation. Ce livre est l'occasion de souligner la solidarité dont ont pu bénéficier les réfugiés, mais aussi la logique implacable de la volonté de persécution : vous traquer où que vous soyez.



Un livre très humain, sincère (forcément), mais qui reste finalement un peu superficiel car Françoise Frenkel se contente de raconter ce qui lui arrive, de décrire éventuellement des émotions (mais très peu, au final), sans trop d'autres considérations. Mais la valeur historique de ce livre est indéniable.
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Rien où poser sa tête

Je viens de faire une rencontre inoubliable dont j’ai encore du mal à parler parce que le livre s’est refermé et je sais que je n’entendrai plus sa voix…

Elle s’appelle Françoise Frenkel.

Son livre, publié en Suisse en 1945, a été retrouvé par hasard dans un entrepôt Emmaüs de Nice. Quelques lecteurs ont compris qu’ils avaient en main un témoignage essentiel, la voix d’une femme qui a réussi à échapper à un destin tragique pendant l’Occupation. Il est enfin réédité chez Gallimard dans la collection « L’Arbalète ».

Née à Piotrkow en Pologne en 1889, elle part à Paris pour suivre des études de lettres à la Sorbonne. Elle aime marcher le long des quais et dénicher, chez les bouquinistes, un livre ancien. En 1919, elle fait un stage chez un libraire, rue Gay-Lussac, où elle apprend à connaître « les clients du livre ». Sa vocation est née : elle sera libraire. Il reste à trouver le lieu. En Pologne ? Les librairies françaises y sont nombreuses…

Lors d’un séjour à Berlin, alors qu’elle flâne dans les rues, elle prend conscience qu’il n’y a pas de livres français dans cette grande capitale universitaire. Encouragée par des proches, elle se lance dans l’aventure et en 1921, elle fonde la première librairie française de Berlin : « La Maison du livre ». Professeurs, étudiants, ambassadeurs, poètes, auteurs et amoureux des livres en tous genres affluent dans ce lieu unique, recherchant, je l’imagine, quelque ouvrage convoité mais certainement aussi la présence de Françoise.

La librairie devient vite un lieu d’échanges intellectuels : on y rencontre Colette, Gide, Maurois, on y suit des conférences, on y écoute de la musique et l’on y voit des pièces de théâtre. Elle devient lieu de vie, comme l’avait rêvé Françoise. Lieu de liberté.

Mais à partir de 1935, tout se complique : des volumes sont emportés par la police, il faut cacher les journaux. Les convocations et les contrôles se multiplient. Françoise est juive. Sa librairie manque d’être brûlée. Il faut partir et tout abandonner.

Je ne peux évoquer qu’avec une immense émotion les pages où Françoise décrit avec une très grande retenue son départ de la librairie, son adieu à ses livres qu’elle ne reverra jamais. Elle a veillé toute la nuit et au matin, elle entend « une mélodie infiniment délicate » : « C’était la voix des poètes, leur consolation fraternelle à sa grande détresse. Ils avaient entendu l’appel de leur amie et faisaient leurs adieux à la pauvre libraire dépossédée de son royaume. »

Elle n’a pas le choix : on est en 1939.

Puis, c’est la fuite : Paris, Avignon, Vichy, Nice. Plus les mois passent, plus les tensions sont vives. L’étau se resserre, les rafles se multiplient. Magnifique passage où la narratrice est face à la mer. Impossible d’aller plus loin…

On doit ruser pour tout : se loger, se nourrir, essayer de fuir… Les soucis quotidiens se multiplient : il faut faire la queue à la préfecture pendant des heures pour un visa, un permis de séjour, un sauf-conduit. Françoise veut rejoindre la Suisse où des amis l’attendent. Si elle se fait arrêter, elle le sait, c’est la déportation et la mort.

Or, malgré ce cauchemar quotidien, la souffrance et la peur, Françoise évoque ces gens généreux qui l’ont accueillie au péril de leur vie, qui ont su trouver les mots pour la soulager, une pièce pour la loger, un lieu sûr où la cacher. Je pense à cette jeune fille qui, honteuse du comportement de sa mère, tient à serrer Françoise dans ses bras avant qu’elle ne reparte, à Monsieur Marius et sa femme, coiffeurs, qui ont toujours été là pour elle, au soldat italien qui l’attrape à la frontière et la reconduit au car sans la dénoncer : « L’on pourrait écrire un volume sur le courage, la générosité et l’intrépidité de ces familles qui, au péril de leur vie, apportaient leur aide aux fugitifs dans tous les départements et même en France occupée. » Car, ce qui émane de ce livre, c’est cette voix qui dit son amour pour la France, pour ceux qui ont eu le courage et la générosité d’accomplir ce que leur conscience leur dictait et ils ont été nombreux.

C’est un texte sobre, d’une justesse de ton et d’une retenue admirables. Pas de cri, pas de haine. De la gratitude et de l’amour pour ceux qui lui ont donné de quoi poser sa tête. Et pour les autres, à peine une remarque ironique. Le livre d’une femme qui aime la vie et qui croit en l’homme.

Sa voix manquait à l’Histoire. On ne l’oubliera pas.


Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Rien où poser sa tête

Très curieux, cette histoire.

Il y a cinq ans, j'entends parler de ce livre au Masque et la Plume. Je note le titre et le nom de l'auteure. Au passage, j'ai retenu totalement le contraire de ce qu'ils racontaient, impressionnant comme la mémoire joue des tours.

Je finis par l'acheter, et je me lance.

La jeune femme, polonaise, tombe amoureuse de Paris où elle fait ses études de lettres. Elle tombe aussi amoureuse de la littérature française. Nous sommes dans les années 30. Appréciant aussi l'atmosphère allemande, elle part pour Berlin et réussit à ouvrir la première librairie française. Où elle recevra tous les écrivains en vogue à l'époque. Et les autres.

Mais lors de la nuit de cristal en 1938, elle comprend que pour sa survie, elle doit au plus vite quitter la ville, le pays et ses chers livres. Elle se glisse parmi les réfugiés qui filent en France, où elle se sent si bien. A Paris elle est accueillie chaleureusement.

Pendant ce temps, la France entre en guerre contre l'Allemagne, les trouffions partent découvrir la drôle de guerre, les Français restent confiants, la ligne Maginot les protègera, et puis ils ont déjà battu les Schleus, n'est-ce pas !

Dommage.

A Paris, l'avancée des Allemands sème la panique, on recommande à qui peut le faire de fuir vers le sud. C'est en train et accompagnée de son professeur préféré qu'elle descend à Avignon.

Puis Nice.

Puis elle nous raconte ses tentatives pour partir en Suisse où elle sera à l'abri.



Le livre raconte ces troubles, ces mouvements de foule, ces fuites. On comprend entre les mots qu'elle est juive, mais elle n'en parle à peu près jamais. Elle décrit les villes qu'elle découvre. La gentillesse des gens, parfois leur abnégation, ces amitiés chaleureuses tissées au fil du temps, des évènements. Elle décrit même un sourire, un petit geste qui illumine sa journée. Sans pourtant ignorer la conduite d'êtres moins solaires, plus intéressés, pleutres, ou obéissant à l'oppresseur parce que ce sont les ordres. Sans en faire des caisses. Elle ne se plaint à peu près jamais, picore même des choses drôles dans les circonstances, a un sens de l'observation plein de bienveillance.

Ce n'est pas de la grande littérature mais ça se lit à merveille. Ca raconte la vie, les gens, les atmosphères.

Voilà, on a traversé la guerre à hauteur d'humain, d'anecdotes en anecdotes. On a eu peur, comme elle, pour elle. On a aimé ses protecteurs, hommes ou femmes, qui l'ont prise sous leur aile. On a découvert l'administration durant la guerre. La fin du livre arrive vite, nous voila en 1943. On souffle pour elle, on aimerait en savoir plus long.

Elle écrit ce témoignage. Il est publié. Sans même attendre la fin de la guerre, puisqu'il parait en 1944.

Il n'a pas dû être diffusé à beaucoup d'exemplaires. Un jour chez Emmaüs, des décennies plus tard, un éditeur français découvre ce livre, le lit et décide de le republier. Patrick Modiano en fait volontiers la préface.

Et voilà.

On n'en sait pas plus. Ici j'ai lu qu'elle était morte en 1958. Là, en 1975. Elle était mariée, et n'évoque absolument pas son mari, qui a été embarqué dans les trains de l'enfer et est mort à Auschwitz en 1943. Peut-être pensait-elle le retrouver, tandis qu'elle écrivait son livre, à l'abri. Peut-être craignait-elle de lui nuire, si lui aussi se cachait, comme elle, sous diverses identités. Il n'y a aucune photo d'elle, même si les éditeurs et enquêteurs ont retrouvé trace de sa famille en Pologne.

Bref, un récit lumineux, clair, fluide, écrit par une jeune femme lumineuse, claire, fluide, et pourtant nimbée de mystère.

Très curieux.
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Rien où poser sa tête

Indispensable document, récemment réédité, retraçant l'itinéraire d'une jeune libraire berlinoise contrainte de fuir l'Allemagne hitlérienne en raison de ses origines juives. Un de plus sur un thème largement exploité ? Celui-ci, en tout cas, est d'un style sec, dégraissé, sans aigreur ni pathos, d'une grande dignité, comme seuls peuvent en composer les âmes nobles. Une découverte. A lire absolument. Préface sensible et très modianesque de... Patrick Modiano. Belle collection, en passant, de Gallimard.
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Rien où poser sa tête

Voici un témoignage saisissant, plein d’humanité. Une fois le livre ouvert, je ne l’ai plus refermé pour le dévorer.

Ce récit, paru à Genève en 1945, a refait surface bien des années plus tard chez Emmaus, à Nice, où l’auteure est décédée en 1975.

La préface de Modiano, qui nous éclaire sur les circonstances d’élaboration de ce livre, donne un charme supplémentaire à cette réédition de Gallimard.

Bref, un livre remarquable, à lire et offrir!



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Rien où poser sa tête

Témoignage vivant et saisissant d'une fugitive juive en Europe pendant la montée du nazisme et la 2e guerre mondiale.

Françoise Fraenkel part à Berlin pendant l'entre deux guerres pour y monter une librairie française, inconsciente de la montée inquiétante du nazisme et de l'antisémitisme. Plus tard, quand elle arrivera à fuir vers la France, c'est à Vichy qu'elle échouera... ! Avec le recul, on se dit bien évidemment, mais quelle idée d'aller se jeter dans la gueule du loup ! Ce récit démontre simplement qu'on était alors loin d'imaginer alors ce qui était en train de se passer et ce qui allait suivre dans des milieux cultivés, éduqués et europhiles...

Ce récit est particulièrement intéressant pour son coté instantané, une prise sur le vif, la fuite éperdue d'une fugitive qui ne trouve plus d'endroit "où poser sa tête".
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Rien où poser sa tête

Survie d'une intellectuelle juive dans la France de Vichy



Patrick Modiano fait renaître ce livre mystérieux paru en 1945. Dans la préface, il explique que ce récit a été découvert par hasard chez Emmaus. C'est l'unique livre de Françoise Frenkel, publié en 1945, passé quasiment inaperçu et vite oublié.



Écoutons Modiano :

"Ce qui fait la singularité de "Rien où poser sa tête", c'est qu'on ne peut pas identifier son auteur de manière précise".

"Je préfère ne pas connaître le visage de Françoise Frenkel, ni les péripéties de sa vie après la guerre, ni la date de sa mort...Ainsi, son livre demeurera toujours pour moi la lettre d'une inconnue, oubliée poste restante depuis une éternité et que vous recevez par erreur, semble-t-il, mais qui vous était peut-être destinée".



Françoise Frenkel est juive polonaise, après ses années d'études de littérature à la Sorbonne, elle parvient à ouvrir en 1921, la première et unique librairie française à Berlin qui devient vite un espace à part où les clients et amis "trouvent l'oubli et le réconfort, où ils respirent librement". Cette librairie est toute sa vie et sa raison d'être. "Claude Anet, Henri Barbusse, Julien Benda, madame Colette, Debroka, Duhamel, André Gide, Henri Hédenbergite, André Maurois, Philippe Soupault, Roger Martin du Gard vinrent rendre visite à la librairie", raconte-t-elle.



Elle va être le témoin de l'arrivée au pouvoir des nazis en 1933, témoin de la promulgation des lois raciales de Nuremberg en 1935 et du grand pogrom du 10 novembre 1938 qui a eu lieu dans toute l'Allemagne.

Ses activités de libraire sont de plus en plus menacées, ses achats d'ouvrages sous contrôle du "Service spécial de l'appréciation des livres à importer" dès 1935, certains journaux qu'elle vend sont saisis...

Sa vie quotidienne n'est guère plus facile, sous le regard de la "Surveillante" nazie de l'immeuble,

Elle ne quitte Berlin qu'en 1939 pour Paris et obtient un permis de séjour en France jusqu'à la fin des hostilités.



S'ensuit un périple qui va la mener de Paris qu'elle devra fuir pour Avignon, puis Vichy où elle assiste à l'arrivée des allemands puis Nice où elle se réfugie dans un hôtel, sorte "d'arche de Noé" où séjournent de multiples réfugiés de différents pays. C'est alors l'attente dans le désœuvrement, le rationnement, le marche noir et le troc mais aussi, après le recensement décrété par Vichy en 1942, le début des persécutions, des arrestations et des rafles en août 42.

Françoise Frenkel tente de passer en Suisse. Elle réussira à sa seconde tentative, en juin 1943, trouvant enfin un endroit "où poser sa tête".



On croise dans son récit des fonctionnaires obtus mais aussi des gens formidables comme ce couple de coiffeurs niçois, les Marius, qui la protègeront contre les rafles et l'aideront à passer la frontière.



Ce texte bouleversant, d'une extrême sobriété qui lui confère une grande force, constitue un formidable document sur les années noires et plonge le lecteur au cœur du quotidien à Berlin au moment de la montée du nazisme puis dans la France de l'Occupation.

Un livre utile, écrit il y a 70 ans mais dont l'écriture apparait très moderne.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Rien où poser sa tête

La vie qu'a menée pendant la Seconde Guerre mondiale une réfugiée juive polonaise fuyant le nazisme. Autobiographie bouleversante.
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Rien où poser sa tête

Ce livre réédite le journal de Françoise Frenkel, Juive polonaise qui fonda en 1921 « La Maison du Livre », librairie française de Berlin, la géra contre vents et marées jusqu'en 1939, s'exila en France jusqu'en 1943, année où, à la troisième tentative, elle parvint à franchir la frontière suisse après une période de clandestinité, d'emprisonnement, de cavale dans un grand nombre de villes françaises, à la merci des bons ou mauvais vouloirs des personnes rencontrées au cours de ses péripéties de fugitive seule, dont l'âge, la cinquantaine, laisse admiratif de son audace.

Le récit, d'abord presque insipide sur la période berlinoise, devient de plus en plus palpitant à mesure que les persécutions rendent le quotidien de l'auteure dangereux et invivable : pourtant le ton reste posé, les descriptions, aussi bien de son intériorité que de son environnement, relativement rares, se limitant presque à la simple géographie et climatologie, de sorte que la succession des événements nus s'exprime avec d'autant plus de violence. Une ou deux phrases à peine témoignent du désespoir qui a dû la submerger par moments. Très peu de considérations sont également développées sur son entourage humain : avec un équilibre retenu, les bienfaiteurs sont mentionnés avec une reconnaissance appuyée et les malfaiteurs évoqués en survol, comme pour suggérer que, dans le moment du danger suprême, l'heure n'est pas aux jugements, pas plus qu'à l'apitoiement sur soi.

Dans une France à l'évidence très partagée entre collaborateurs zélés parce que convaincus et insoumis mieux organisés parce que tenaces dans l'adversité, sous la menace de plus en plus pressante des rafles, il apparaît de ce récit que la survie de la protagoniste a relevé d'une suite de coïncidences favorables et de malchances esquivées par chance, son intuition ayant été tout de même déterminante.

Un certain nombre de circonstances demeurent mystérieuses : d'abord le silence absolu, relevé par Patrick Modiano dans sa préface, sur l'existence du mari de Françoise, Simon Raichenstein, co-fondateur de la librairie, qui s'exila d'Allemagne dès 1933, fut déporté à Drancy en juillet 1942 et mourut à Auschwitz peu après – quelles furent les conditions de leur séparation pour que jamais l'auteure ne le mentionne ? D'autre part, comment avait-elle pu entretenir des relations amicales avec des Suisses, suffisamment fortes pour qu'ils opèrent pour lui faire délivrer, à plusieurs reprises, des visas et des permis de séjour ? Enfin et surtout, comment avait-elle pu conserver et disposer de suffisamment de ressources matérielles pour vivre pendant plusieurs années dans différents hôtels ou en pension chez des particuliers qui lui appliquaient des loyers tout aussi onéreux, pour se payer des faux papiers et les services de passeurs, sachant qu'elle avait dû quitter précipitamment son commerce et sa demeure de Berlin « dans l'état » et que même la seule malle d'effets personnels qu'elle avait pu faire suivre à Paris lui avait été réquisitionnée par les autorités nazies durant l'Occupation ?

La valeur de chronique rédigée quasiment sur le vif – en 1943-44 – sans le recul de l'histoire apprise et des réflexions élaborées depuis, jusque certaines tournures lexicales un peu vieillottes, font le charme de cette lecture.
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Rien où poser sa tête

C’est le récit d’une fuite depuis Berlin jusqu’en Suisse en passant par la France occupée , si dangereuse pour les réfugiés de confession israélite .



Comme dans “ Une femme à Berlin “ d’une auteure anonyme, livrée à elle-même dans la capitale allemande dévastée par les bombardements alliés et occupée par l’ ennemi russe, Françoise Frenkel doit subsister, se cacher, ruser, fuir toujours et passer la frontière, pour enfin pouvoir vivre sauve et sans menaces .



Berlin est la ville de départ de ces deux instants de biographie.



La “ femme à Berlin “ est allemande et y vit , Françoise Frenkel est polonaise, juive et a créé une librairie française dans cette ville de tous les dangers.

Ces deux femmes sont cultivées, passionnées par les livres et travaillent dans le milieu de leur passion .



La première écrit avec application, dans un langage recherché et fluide, agréable à lire et pourrait être une jeune romancière contemporaine : la seconde nous offre un texte qui paraît avoir mal vieilli, à la forme souvent désuète et fruste avec des expressions inusitées qui alourdissent la lecture . A certaines pages, on s’égare dans le fil du récit qui est parfois décousu . Cette faiblesse provient , je suppose, des origines polonaises de l’ auteure, qui parle couramment le français mais qui semble éprouver des difficultés avec le langage écrit .

Voilà pour la forme.



En ce qui concerne le fond, les deux ouvrages sont similaires. Ils sont touchants et émouvants. Ils nous relatent la vie de femmes seules, avec un moral et une motivation d’acier, qui parviennent à rester debout pour survivre.

Même dans les moments de découragement, elles n’abandonnent pas et retrouvent assez de forces mentale et physique pour aller de l’ avant et trouver le salut.

Le lecteur devient le compagnon qu’elles n’ont pas , inquiet, fatigué, découragé et éprouvé lui-aussi par le poids du danger , omniprésent à chaque heure, de jour comme de nuit .



Dans ces livres se dégagent les ressources incroyables dont font preuve ces femmes qui avancent toujours et n’abandonnent jamais, même quand la répression mortelle les frôle et que l’espoir semble compromis.



Deux grandes leçons de courage, de résistance et de vie qui méritent chacune d’être lues et vécues avec ces auteures !

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Rien où poser sa tête

Lu d'une traite en ce jour de veille d’élection. Rappel que notre France est un vrai beau pays et que nous devons encore lire ces ouvrages sur cette période heurtée de l'Occupation. La France passage vers la liberté, une liberté difficile à conquérir mais sur la route des âmes soeurs, toujours, pour permettre de l'atteindre, enfin.
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