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3.5/5 (sur 6 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , 1928
Mort(e) le : 01/07/2020
Biographie :

Née à Paris en 1928, Françoise Hàn avait travaillé dans l'édition scientifique puis collaboré aux revues Europe et Lettres Françaises, où elle a rédigé des critiques d'ouvrages de poésie.
Elle a publié son premier recueil, Cité des hommes chez Seghers en 1956.
Passée par les éditions Cadex, elle a signé les recueils Profondeur de champ de vol (1994) et L'évolution des paysages (2000).
Elle a ensuite rejoint les éditions Jacques Brémond, qui ont publié huit des ses ouvrages, dont Un été sans fin (Jacques Brémond, 2008) ; Le double remonté du puits ((Jacques Brémond, 2011).

Elle a reçu en 2013 le prix Dante pour l'ensemble de son œuvre.

Françoise Hàn nous a quitté le 1er juillet 2020 à l'âge de 93 ans.


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Françoise Hàn
NOTES EN MARGE


De l'ouvert
on ne parle pas

Les peintres chinois
devant l'ouvert
tracent d'un pinceau léger
une calligraphie

La nuit
parfois
dans l'absence de couleurs
(mais c'est une image grossière)

L'impossible
n'est pas l'ouvert

ce qui reflue
des rives de l'été
quand la lumière vacille
n'est pas l'ouvert

ce qui paraît au-delà
de la musique
de l'amour
des grands pavots silencieux
n'est pas l'ouvert

car dans la musique
dans l'amour
dans les fleurs
circule toujours
l'idée de la mort

l'éternité
n'est pas l'ouvert

Maintenant
s'il y avait un maintenant
sans passé
sans futur
non traversé
inaccompli
toujours en train de s'accomplir

maintenant serait-il
aurait-il une ressemblance
évoquerait-il
de très loin
très faiblement

cela
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Françoise Hàn
Premier continent



Il n’y avait personne encore.

La Pangée* sortait à peine de l’océan, des sacs de nuit pendus
à ses flancs. Il ne se peut pas que nous en ayons souvenir.
Que nous retrouvions l’éclat sur la pierre du premier rayon
de soleil.

Nous le cherchons pourtant. Il nous manque certains
matins où, dans les remous de la mémoire, les anneaux des
mondes perdus glissent les uns sur les autres. Nous prenons
notre respiration profondément, comme si à notre tour
nous sortions des eaux. (Quelqu’un ricane : l’air en ce
temps-là n’était pas respirable).

Nous nous écartons de nos ténèbres, de nos années révo-
lues, de nos vies antérieures, nous tentons de remonter
jusque là où il n’y avait pas de vie.

Pourtant, il y eut émergence, il eut séparation. Il y eut rivage, il y eut
tracé d’un dessin à la surface du globe.

Il y eut le jour et la nuit sur un continent aveugle. Etait-il
trapu, compact, ou déjà traversé de failles ?

Et quand le premier caillou s’est-il détaché ?


* La Pangée est un supercontinent formé au Carbonifère de la collision de la Laurussia et du Protogondwana et ayant regroupé presque l'ensemble des terres émergées.
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Françoise Hàn
Roches éruptives



Comment les tutoyer ? Basalte, porphyre, feldspath, granit,
les nommer quand elle sont immobiles ne dit rien de la
violence qui les a projetées hors du magma originel.

Le feu n’y reprendra jamais. L’herbe ne saurait y pousser,
encore moins les moissons. Leurs abîmes ne sont pas les
nôtres. Elles ne sont pas les ruines de nos mondes anciens.
Elles ne résument pas notre histoire, la supportent, blocs
premiers, sans y prendre part. Elles sont d’un autre passage,
plus lent que le nôtre. Beaucoup de temps est derrière elles,
sans qu’elles nous aient attendus.

Gardent-elles mémoire de paysages que nous n’avons pas
connus, que nous essayons, en fixant sur elles l’objectif, de
faire reparaître sur les clichés ?

Elles n’ont pas été semées par un géant soucieux, comme le
petit Poucet, de retrouver le chemin du retour chez soi.
Elles ne jalonnent aucun projet d’itinéraire. Elles ne sont
pas même les indices d’une errance.

Malgré tout, elles s’ancrent dans le poème et les mots se
resserrent.
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Quelque part dans le plasma, des étoiles naissent …



(…) Quelque part dans le plasma, des étoiles naissent, vivent
en brûlant leurs réserves, explosent, éclairent le ciel de leur
mort fastueuse.  Ou se font naines noires, éteintes, tandis
que leur lumière passée nous parvient encore.  Ce ne sont
pas des ratures dans un récit. C'est le jaillissement et la re-
tombée, étirés dans une durée qui n'est pas la nôtre.

Notre double ne sait pas plus que nous quand la mort survien-
dra. Il joue franc jeu avec elle : qu'elle donne sens à notre errance.

Il s'en tient à la vie humaine. Elle ne brille pas beaucoup dans le
noir, mais elle garde assez de chaleur pour que l'encre n'y gèle
pas.

Écrire, dit le double est possible. C'est une petite phrase. Elle
contient notre avenir.
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LEVER DU JOUR/CHANSON D'AMOUR



Dessinant dans la nuit
l'arc phosphorescent de nos vertèbres
nous sommes revenus

on pouvait suivre nos traces
doubles
descendant de galaxie en galaxie

nous avons touché là-haut des minerais
aux teneurs fabuleuses
nos empreintes digitales
sont poudrées de métaux rares

nous sommes de nouveau parmi vous
notre absence a-t-elle duré longtemps
vous nous paraissez plus jeunes
qu'à notre départ
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Françoise Hàn
Ecorce terrestre



Le langage, seconde écorce terrestre, se plisse, se creuse,
s’élève selon les divisions, les dérives, les soubresauts du
monde. Le poème prend appui dans ses fissures. Verticale
souvent tordue, il grandit à flanc d’abîme. Aucune logique
ne le tient là.

Il coordonne le vide au paysage habité.

La vie est-elle venue d’ailleurs ? Tombée sur terre avec une
pluie d’étoiles filantes ? Ou s’est-elle formée lentement,
peut-être au fond des mers, peut-être au creux des vagues,
peut-être sur les argiles aux rayons du soleil ?

Le poème puise à plein sol aussi bien que dans les détritus
qui jonchent la surface, en voie de devenir humus.

Humus, déjà si près de l’humain.

Et la soif ? Très en dessous, la nappe phréatique, est-ce le
silence ? La parole est-elle parodie du monde ou sa vérité
exsudée ?

Le paysage humain, un jour, disparaîtra. Le vide n’en aura
pas de convulsions. Leurs destins ne sont pas parallèles.
Falaises et montagnes, océans et rivages ne porteront plus
de nom, la terre n’en tremblera pas.

Le temps battra sans doute en d’autres vies. L’éternité ne
recueillera pas le poème. Il n’en réclame aucune part.
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Un trait…



Un trait, et c'est l'immensité . Le peintre a besoin d'un peu
d'encre, et du vide : l'espace est là, disponible et frémissant.
Ainsi, ce qui fut une fois une caresse fait naître l'étendue qui
ne sera jamais saturée.

Tu es l'autre, mon double différent, mon versant au-delà du
partage des eaux. Je te sais plus loin que la ligne de crête que
je ne franchirai pas, que le fil d'une attente qui défie l'érosion.
Mais  nous sommes aussi du même plissement,  de la même
roche cristalline soulevée et fracturée dans la dérive des conti-
nents. Je couvre de signes ce qui nous sépare ;  lents insectes
acharnés à gravir, pattes et crissements, bouts d'ailes dépassant
les élytres, reflets sur un dos chitineux, l'un d'eux restera-t-il gra-
vé sur la paroi ?
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Un été sans fin…



Un été sans fin

Je ne t'écrirai plus

le solstice est brisé
nos paysages
ensevelis
je n'écrirai pas notre mémoire

je m'adresse à d'autres
au-delà des coulées de lave
haute de plusieurs siècles
au-delà des étoiles éteintes
dont la lumière parvient encore
à la main qui écrit

je m'adresse à ceux qui s'aimeront
bien plus tard quand les jours
seront devenus plus longs
pour qu'ils recommencent notre histoire
sous un autre soleil

leurs ombres seront les nôtres
ils auront notre voix peut-être
nos silences
sur les mains le pollen des fleurs
que nous n'avons pas coupées
qui sait même la rosée d'un matin.
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Entaillés…/la mémoire et l’oubli…
Difficile à dire/l’anfractuosité/où ils essaient de remuer
[…]


3
Depuis qu’ils ne comprennent
plus le langage des bêtes
il leur faut articuler
des mots sur la pierre
taillée
sur la cassure
d’avec les éléments
sur la blessure

des mots qui contiennent
assez de terre et d’eau
d’air et de feu
intersticiels
pour refaire un monde

articulé sur la faille
que ne combleront jamais
les sédiments
les forêts ensevelies
les civilisations

un monde seulement humain
exclu de la résonnance
première
mais rempli d’images de lueurs
qui bougent sur la paroi

parfois elle vacille
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Géode



Trois flocons de neige
trois gouttes de temps
enfermées dans une pierre

le souvenir est une géode
à ne pas fracasser

que le poème soit ce caillou
au cœur duquel cristallise
un peu de lumière adolescente
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