j'ai beaucoup aimé le récit que fait Florence Huguier de son enlèvement à huit ans par des combattants viet-minh dans la plantation d'hévéas dont son père était directeur. Elle est retournée sur les lieux cinquante ans après et en rapporte des photos : photos des vestiges de la colonisation (une piscine et son plongeoir), photos des combattants vieillis. Ni nostalgie, ni colère, juste un regard empathique sur ce que le temps qui passe et les événements de l'histoire font à nos vies, en positif comme en négatif. Le livre se termine par un entretien avec Raymond Depardon qui nous en apprend un peu plus.
Commenter  J’apprécie         30
Il y a des moments très forts dans "au doigt et à l'oeuil : autoportrait d'un photographe". Françoise Huguier nous y raconte sa jeunesse et comment elle est devenu photographe et j'aime les histoires de vie. Des moments très forts aussi qui m'ont beaucoup fait penser au Grand marin quand elle parle de son travail au fond de la Sibérie. Une photographe attachante qui fait dans la photo ethnographique que je n'apprécie pas toujours; elle ne la fait pas en touriste, elle y met sa vie et son confort en jeu au point qu'on se demande pourquoi s'imposer tout cela pour rapporter quelques images.
Commenter  J’apprécie         10
Sublime, passionnante Françoise Huguier...
Commenter  J’apprécie         10
Superbe album de photos que j'ai découvert à l'espace Écureuil de Toulouse en allant visiter une expo sur les collections d'objets populaires de Françoise Huguier. C'est un travail de photographe tout en finesse, délicat, dans l'intimité de ces maisons sombres et de ces vies de femmes qui ont souvent bien peu à décider. On sent la relation de CO fiancé qui s'est tissée entre elles et la photographe. Je suis restée sans vie devant ces regards, ces destins souvent si durs,sous le poids de la tradition, du devoir et de la famille.
Commenter  J’apprécie         00
J'ai pris ce livre en parallèle avec l'autobiographie de Françoise Huguier : "Au doigt et à l'œil" - les mots et les images. On y retrouve quelques uns des périples évoqués : l'Afrique sur les pas de Michel Leiris, la Sibérie.
L'introduction de Gérard Lefort en fait un peu trop, mais reste intéressante à survoler. Elle met bien en perspective les grandes lignes du travail de Françoise Huguier.
Il y a de la crudité dans les photographies des appartement communautaires de Saint-Pétersbourg, des lumières violentes, des corps nus exposés comme de la viande dans des décors qui suintent le délabrement.
La Sibérie est irréelle. J'aime beaucoup cette image représentant une peau de ce qui semble être un rennes, raidie par le gel, se dressant en travers du cadre comme si elle allait reprendre vie. Ou celle de cette femme accroupie dont la couleur de la robe répond à la chair rose des morses dépecés.
L'Afrique en noir et blanc joue sur les juxtapositions de visages. Le Cambodge est un écho à sa propre histoire.
Des ambiances, des vies... il y a une force incontestable dans ce regard lucide et franc qui se pose sur la dureté du monde aussi bien que sur la persistance ancrée de la vie.
Commenter  J’apprécie         00