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Critiques de Françoise Lefèvre (102)
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La Grosse

C'est l'histoire d'une très belle femme, de celles qui ont le coeur sur la main et donnent tout ce qu'elles ont. L'histoire d'une femme qui aime les enfants, les oiseaux, la vie. C'est l'histoire de Céline.

Autour de Céline, il y a les autres. Ceux qui ne la voient pas, ceux qui lui crachent au visage, ceux qui ne la comprennent pas, qui ne voient pas ses longs cheveux lumineux volant dans le vent, ni ses yeux couleur opale. Pour les autres, elle n'existe pas. Elle est juste La grosse.



Céline se rend bien compte que son apparence dérange. Pourtant, elle ce qui l'étouffe c'est l'absence. L'absence qui la remplit tout entière. Même qu'il est partout jusque dans le regard des gens. Céline est mélancolique, elle pense à son enfant qui n'est plus, à son homme vagabond qui erre au pays des absents, alors pour ne pas s'éteindre, elle aime, Céline. Elle ne compte pas ses sous, elle donne et regarde tristement ces mères et ces autres qui se terrent dans la mesquinerie ou l'indifférence.



C'est un récit éblouissant comme je les aime, de ces récits où chaque mot a son importance, une histoire que l'on pourrait souligner du début à la fin tant la profondeur du sujet est exposé avec finesse, sensibilité, émotions. J'ai été émue. Très émue. Touchée à vif. La grosse ce n'est pas que Céline, ce sont tous ces êtres différents jugés et mal aimés.

Une auteure que je vais suivre avec grand intérêt, c'est certain.

Merci Françoise Lefèvre.
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Le petit prince cannibale

Encore une petite merveille des doigts de la romancière Françoise Lefèvre. Je ne me lasse pas. Je me délecte de sa plume. Je savoure chacune de ses lignes. C’est beau. C’est fort. C’est vrai.



C’est vrai car c’est la maman qui écrit ici un pan de l’histoire de son petit prince cannibale. Atteint d’autisme, Jean vit dans son monde et en revient pour devenir un enfant ordinaire. Mais dans son monde, lorsqu’il écoute de longues heures l’eau dégouliner des tuyaux, qu’il hurle quand on l’appelle Jean exigeant un autre prénom ou qu’il se bouche les oreilles et hurle à la vue d’un ballon, c’est un cataclysme pour la maman, elle se fait vampirisée, mangée par les cris et les regards mauvais des gens qui jugent. La maman fait preuve d’une patience digne des plus grands moines. Une patience qui m’a subjuguée et impressionnée tout le long. Évidemment cette patience trouve sa source dans l’amour car ce récit déborde d’amour et de tendresse.

On parcourt durant 153 pages les pensées de la maman, ses réflexions sur la grossesse, la naissance, l’enfance, la société inadaptée pour la différence.

Le tout avec un flux d’émotions permanent, une légèreté poétique sur la lourdeur des difficultés. Car l’amour toujours lui, fait déplacer des montagnes, donne toutes les réponses aux doutes, rend possible l’impossible et démontre qu’un enfant quel qu’il soit n’est autre qu’un petit prince dont le principal besoin est l’Amour.
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Un album de silence

Dans l’album de silence de Françoise Lefèvre, il y a des images d’émerveillement, ces images que l’on pose sur l’absence et le silence.

Telle une petite fée à la recherche de la joie, elle regarde les flocons de neige tomber, un tableau féerique qui la submerge d’émotions.

Quand les enfants s’en vont reste le silence mais aussi une aura qui peuple une maison aux nombreux souvenirs.

Loin de sa fille, Françoise écrit. Les mots la portent et la guérissent.

Elle écrit, elle contemple, elle pense, sourit et se souvient...



C’est un tout petit roman avec du beau, de la poésie et de l’enchantement. Une contemplation vers les images heureuses du passé.



J’ai découvert Françoise Lefèvre dans le très beau roman qu’est La grosse et je retrouve ici cette même ferveur à aligner des mots dans sa plus juste et émouvante direction.

Une auteure sensible qui me laisse une fois encore sous le charme de toute sa douceur.

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La première habitude

« Mon habitude ressemblait à une marche le long d’un chemin bordé de sapins. »



Ce petit livre façon diamant brut nous conte les habitudes d’une héroïne à la force de l’Everest.

Quand elle rencontre Raphaël, sa vie chavire pour côtoyer les rats de Paris, la pauvreté et la misère de Victor Hugo. Sans larme et sans pitié, elle parvient avec une puissante résilience à démembrer le laid et l’incommensurable. Cette femme est à elle seule l’exemple même que la vie se suffit même sous moins quinze, même dans les pires des infamies. Quelque chose en elle est plus fort que tout. Et c’est beau.



Raphaël est peintre, un artiste fou dont sa raison ressemble à un vieux mouchoir sur lequel on éternue mille fois sans retenue. Ses toiles se vendent mal ou pas. Le couple avec leur premier enfant Élise vit mal, ne mange pas à leur faim, vit dans une cave sombre où rôdent les bêtes de la nuit.



Avec ce quatrième roman lu de Françoise Lefèvre, elle grimpe sur le podium de mes auteurs chéris à côté d’Anne Bragance. Parce que sa plume est fragile et forte à la fois.

Parce que la lumière sautille telle une âme furibonde.

Parce que la vie bat à pleins poumons dans chaque mot.

Parce que tout y est vivant, palpable, écorché, émouvant, sensible, à fleur de mots.

Rien de travers. Un phrasé impeccable, un amour des mots qui se ressent.



« Je suis écartelée entre cette couseuse à sa fenêtre et cette fossoyeuse qui fossoie pour y loger le pied d’une cathédrale. Et c’est cette maçonne que je choisirai d’être qui posera la dernière pierre au faîte du toit. »



La vie ne serait que plus belle si elle n’était composée que de la première habitude. La seule, l’unique, celle qui nous suffit pour toucher du bout des doigts la partition du bonheur.
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Un soir sans raison

Roman entre autoportrait et histoire fictive, l’auteure, la narratrice nous parle du vide, de l’absence, de la peur qui l’étrangle à l’idée d’oublier.

Au départ, un prospectus arrive chez elle qui traite de la maladie d’alzheimer. Mal qui frappe et ronge les plus de soixante ans.

La peur d’oublier, de s’oublier, d’oublier ceux qu’elle aime la conduit à un long périple d’errance dans l’auberge de sa mémoire, labyrinthe aux nombreux souvenirs.



Énormément de bon sens émane de ces pages, notamment l’envie, le besoin et la nécessité d'écrire. Ecrire pour se souvenir, pour ne pas oublier; pour exister peut-être... La perception de soi tellement différente de celle que les autres imaginent en croyant bien faire. L’écriture et l’amour sont les seuls moyens de ne pas sombrer totalement dans le néant.



L’histoire m’a quelque peu perdue car l’auteure parle d’elle à cinquante ans ou d’elle quarante ans plus tard dans un asile. Le fil est très abstrait mais le ton est magnifiquement tenace. Il est juste de comparer Françoise Lefèvre à Christian Bobin car sa plume est un délice: sensibilité, émotions, images, ses mots s’enlacent pour former un collier de fleurs. C’est de toute beauté. Et c’est cela que je retiens d’un soir sans raison. N’hésitez pas à vous procurer La grosse ou Le petit prince cannibale, deux romans à fleur de mots dont l’histoire et le message sont de toute beauté.
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La Grosse

Céline Rabouillot est garde-barrière. Un métier qu'elle n'a pas choisi mais qui s'est offert à elle. Elle ouvre et ferme la barrière du train qui passe à 00h37. Toutes les nuits, elle se pare d'un châle, se maquille un peu, met du rouge aux lèvres et fait son métier presque avec passion. Elle se sent utile, c'est beaucoup pour elle. Céline vit seule dans une maison qu'on lui a prêtée, s'occupe du jardin, des stères de bois, des oiseaux à qui elle donne du bon lard. Mais, surtout, elle s'occupe de son voisin, Anatolis, un vieil homme, atteint d'un cancer en phase terminale. Alors, elle essaie d'égayer ses journées, lui écrit des poèmes, soulage ses douleurs, lui fait à manger. Elle s'occupe également de deux enfants, Noémie et Sylvestre, qu'elle emmène parfois à la fête foraine. Mais, voilà, Céline porte le deuil de son enfant, percuté par une voiture, et pense à lui tout le temps. Et surtout, Céline est grosse, très grosse. Et les gens ne voient que ça. Ils ne voient pas sa beauté, sa bonté et tout l'amour qu'elle a en elle...



Françoise Lefèvre nous offre un récit à la fois tragique et plein d'espoir. Emplie d'amour et de gentillesse, Céline a un cœur gros comme ça et a tant à donner. Mais, n'étant pas comme les autres, parce qu'elle est grosse, personne ne voit en elle autre chose que ses kilos en trop. Gonflé par l'absence, le chagrin, le cœur est lourd et finalement, c'est tout son corps qui devient trop lourd. D'une écriture envoûtante et poétique, ce court roman est à la fois empli d'une tristesse profonde, d'une clarté cachée et d'une noirceur provocante. C'est à la fois un poème transcendant, un tableau de Botticelli où le regard se fige, un roman qui nous transporte, un conte parfois cruel qui montre toute l'étendue de la méchanceté et de la fragilité des hommes.



La grosse... tout en finesse...
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La Grosse

Le titre intrigue autant qu'il rebute et pourtant, derrière cette couverture se déroule un récit simple, direct, tranquille et profond. La grosse est garde barrière dans un petit village de bourgogne. Elle est trilingue, mais son enfant est décédé, son mari est parti alors elle s'est laissé allé et puis elle a eu l'occasion de prendre ce poste avec cette maison. Depuis elle se construit une vie réglée comme une horloge, dans un village paisible mais aux langues fourchues. On rencontre la mère anorexique qui lui confie ses gamins le mercredi, son voisin s'éteignant d'un cancer, le ramoneur, Roncevaux le vagabond... On se sent loin de tout, hors du temps, on parle encore en franc. Pourtant notre monde moderne est bien en marche. Un jour elle reçoit une lettre de la SNCF. La page se tourne. Et elle ? Je ne raconte pas plus. J'imagine bien un film avec Yolande Moreau pour faire vivre cette histoire. Touchante, poignante, prenante.
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La Grosse

Cent kilos. Cent kilos d'amour et de tendresse que Céline déverse sur Anatolis, son vieux voisin en phase terminale de cancer, et sur les deux enfants d'une voisine qu'elle garde le mercredi, en plus de son travail peu gratifiant de garde-barrière.

Mais cent kilos, c'est trop ! On n’étale pas ainsi ses rondeurs face aux autres, tous si contraints par les normes affichées qui servent de cadre. Il faut rentrer dans le moule de la bien-pensance et n'afficher aucune particularité. Et surtout pas celle du poids. Alors Céline se mange les réflexions des autres qui jamais ne cherchent à savoir comment, pourquoi son monde intérieur s'est développé ainsi. C'est qu'elle en cache des manques Céline, manques qu'elle essaie d'étouffer dans ses plis et son sourire et ses cheveux flamboyants...



Ce petit texte est d'une cruauté douce et brutale. C'est délicieusement raconté et pourtant si difficile à digérer. L'écriture est très poétique, légère et pourtant comme la peine est profonde, indicible. Être aveugle au monde, ne voir que les apparences, sans doute est-ce plus simple...

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Le petit prince cannibale

Suite à ma lecture du témoignage du fils, trente ans après être sorti de l'autisme, j'ai décidé de voir la vie d'un autre côté et de lire le poignant témoignage de la mère.

C'est ainsi que j'ai découvert cet ouvrage, emprunté, tout comme le premier d'ailleurs, à la médiathèque dans laquelle je suis inscrite. Pourquoi cette soudaine fascination pour l'autisme ? Je n'en ai pas la moindre idée. Peut-être tout simplement parce que c'est une sorte de monde imaginaire ou alors est-ce la différence par rapport aux autres qui m'a intriguée, moi, ancienne enfant blessée qui me suis toujours sentie exclue ?



Bref, je suppose que mes centes d'intérêt ne vous intéressent guère et que ce qui vous importe, vous, lecteurs, est ce que j'ai pensé de cet ouvrage. Eh bien, je dirais que c'est tout simplement superbe; J'admire le combat de cette femme qui s'est battue aux côtés de son enfant autiste, différent des autres donc incompris, voire même souvent rejeté par la société. Un enfant blessé, meurtri par la vie qui ne vit que dans son monde, dont seule sa mère va, au fur et à mesure de son long combat, réussir à obtenir les clés.

Une femme écrivain qui plus est et mère de trois autres enfants, dont le père est absent et qui doit donc assumer seule la lourde charge que représente Jean Sylvestre à lui seul. Un enfant qui la ronge de l'intérieur, qui lui pompe toute son énergie et que pourtant, elle n'abandonnera jamais...



Le récit poignant, et véridique qui plus est, d'une maman on ne peut plus aimante. Une lecture dont on ne sort pas indemne, je vous le garantit et vous mets en garde mais que je ne peux que vous recommander !
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La Grosse

Rien ne prédestinait Céline Rabouillot à devenir garde barrière et jamais personne ne lui demande comment elle va. On dit juste " - Tu as vu la grosse ? "

Parceque oui, Céline est grosse, une grosse garde barrière. Un quintal. Cent kilos. Mais Céline sourit toujours et çà, ce n'est pas normal quand on est aussi grosse ! Et chaque fois qu'elle pose son châle sur ses rondeurs, les gens s'offusquent de la voir attifée de la sorte " - On ne se met pas çà sur le dos, quand on est aussi grosse ! " Toujours les mêmes propos qu'elle entend dans son dos.



De leur regard invalide, tous ignorent que Céline parle trois langues et qu'elle était hôtesse de l'air...avant. Avant que le malheur ne s'abatte sur elle.

La mort de son enfant dans un accident de la route, l'abandon d'un homme, la perte de son emploi. Et la descente, inexorable: chômage, anpe, formation, stage, entretien et pas même une réponse. Par chance, elle déniche un emploi de garde barrière, mal rémunéré en campagne, près d'Anatolis, son voisin rongé par la maladie, pour lequel elle se dévoue corps et âme.

Céline vit de peu, apprivoise l'absence de son enfant, cette absence qu'elle porte en elle, des mots d'amour qu'elle ne prononce pas, mais qui l'éclairent de l'intérieur, illuminant ses yeux, ses mains, sa peau, sa chevelure. Mais çà, les gens ne le voient pas. Ils voient juste une grosse !!!





Oh my god ! Ce petit roman de Françoise Lefèvre est une tragédie dans toute sa magnificense, le regard sur l'obésité, la différence donc. L'auteure nous décrit une Céline toujours fringante malgré les allusions et les railleries dont elle fait l'objet dans une société en quête de perfection physique de plus en plus effarante.

Sans jamais tomber dans le mélodrame, Françoise Lefèvre réussi une formidable performance de tourner en dérision les réflexions de Céline sur son propre poids, ce poids qui dérange les autres plus qu'il ne l'a dérange. Parcequ'elle a aussi la capacité de nous faire sourire, bien au-delà des larmes qu'elle porte en elle et qui lui servent de rempart.





Un énorme coup de coeur pour ce récit de toute beauté, oh! que oui ! Un nouveau livre déniché à la bibliothèque que je compte bien acheter, tant on ne se lasse pas de cette lecture sublime, poétique et terriblement humaine sur la différence, quelle qu'elle soit.

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La Grosse

Céline est grosse : voilà, c'est dit. Mais Céline ne se réduit pas à cette apparence. Derrière cette enveloppe bien encombrante, elle cache les coups durs du passé, mais elle cache aussi d'immenses qualités, à commencer par un générosité presque sans limite. Le problème, c'est que les gens s'arrêtent à cette barrière physique, et ne la voient pas telle qu'elle est réellement. Alors elle écrit elle-même les mots d'amour qu'elle aimerait recevoir, mais dont elle sait qu'elle ne les recevra jamais : "Qui accepterait la passion de cette grosse femme dont l'esprit est si mal assorti à son apparence ?"

Les gens qui voient Céline disent : "Tu as vu la grosse ?", ils ne cherchent pas à regarder plus loin. Ils ne savent pas avec quel amour et quel dévouement elle s'occupe du vieil Anatolis, avec quelle humanité elle l'accompagne dans sa fin de vie. Céline est une belle personne, mais à part Anatolis, nul ne le voit.

Françoise Lefèvre a écrit un texte absolument magnifique, plein de délicatesse et de poésie. Elle nous fait vivre dans notre tête et presque dans notre chair les souffrance de Céline, grosse dans une société où l'apparence est primordiale. Et au-delà de l'exemple de Céline, elle nous rappelle qu'il ne faut pas juger les gens sur leur physique, et nous amène à réfléchir sur la différence. C'est un thème déjà abondamment traité, mais l'auteur l'a abordé ici d'une façon sublime.

Lisez ce court roman, soyez à votre tour touchés par la grâce de Céline.
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Le petit prince cannibale

« L'amour d'une mère pour son enfant ne connaît ni loi, ni pitié, ni limite. Il pourrait anéantir impitoyablement tout ce qui se trouve en travers de son chemin. » a écrit Agatha Christie dans Rendez-vous avec le mort.

La reine du crime a bien raison : l'amour maternel est le plus puissant qui soit. Personnellement, je serais prête à me battre bec et ongles pour mes enfants. Comme une lionne.

Question combat, Françoise Lefèvre en connait un rayon.

Maman d'un petit garçon autiste, elle a tout fait pour rentrer dans son monde, pour communiquer avec lui, pour le faire sortir de sa coquille.

Elle a toujours refusé les étiquettes, les préjugés, les avis définitifs qui condamnent Sylvestre. Elle s'est toujours dit qu'elle réussirait, qu'elle n'avait pas d'autre choix : elle devait réussir.



L'autisme est un handicap doublement terrible. Tout d'abord parce que la communication est le fondement des relations humaines. Mais surtout parce que c'est un handicap invisible.

L'autisme ne se « voit » pas, bien qu'il soit bien présent, bien envahissant.

Un handicap physique ou un handicap mental visible induisent, si ce n'est de la compassion, sans doute une certaine compréhension chez les personnes que l'on croise.

Avec l'autisme, il n'en est rien et Françoise Lefèvre nous fait très bien comprendre ce à quoi elle se heurte quotidiennement.

Le regard des autres est difficile à soutenir ; les reproches sont difficiles à entendre.

Une scène m'a particulièrement frappée, elle se déroule dans un supermarché. Sylvestre agit d'une façon qui perturbe le train-train habituel des clients présents dans le magasin. Mais ce qu'ils prennent pour un caprice n'en est pas un, ce n'est qu'un événement "classique" dans la vie de Sylvestre, une manifestation banale d'une peur non exprimée, non exprimable pour lui.

La maman qui a tant de fois vécu ce genre de situation subit en silence les regards désapprobateurs et les réflexions déplacées. Elle s'efforce d'abréger le pénible épisode, mais ne dit rien. À quoi bon ? "Personne ne comprend, même quand j'explique."

Quel terrible constat ! Sylvestre n'est pas le seul a être enfermé : par rapport au monde extérieur, sa maman est enfermée avec lui dans une terrible solitude.



Le Petit Prince cannibale est un très beau titre.

Tous les enfants sont des cannibales qui dévorent leur mère : physiquement lors de l'allaitement, mentalement car la mère pense constamment à son enfant, matériellement parce qu'il passe avant tout, et socialement lorsqu'elle renonce pour lui à certaines choses ou certaines personnes.

Oui, tous les enfants sont cannibales, mais Sylvestre l'est plus que les autres. Beaucoup plus.

À travers son roman, Françoise Lefèvre raconte son combat permanent pour son fils. Elle le fait avec beaucoup de simplicité, elle ne cherche pas à se glorifier : Sylvestre est son Petit Prince, c'est tout.

J'ai une grande admiration devant les trésors d'imagination déployés par une mère prête à tout essayer pour que son fils fasse une toute petite chose minuscule et totalement banale chez les enfants "normaux".

J'ai une grande admiration devant la patience infinie, l'acharnement, la persévérance dont fait preuve cette mère, faisant et refaisant inlassablement les mêmes gestes, répétant sans se fâcher les mêmes paroles, telle Sysiphe roulant sans fin son rocher.

J'admire ce que cette maman fait pour son Petit Prince.

Le Petit Prince cannibale est un livre qui ne peut pas laisser insensible, d'autant plus qu'à un fond prenant vient s'ajouter une très belle forme.

J'avais découvert Françoise Lefèvre dans La grosse, j'y avais beaucoup aimé son écriture tout en délicatesse et poésie, j'ai retrouvé ces qualités dans le Petit Prince cannibale.

Je ne peux que féliciter les lycéens qui ont attribué leur Goncourt en 1990 à ce roman : ils prouvent une fois de plus leur bon goût. Bravo !
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Le petit prince cannibale

Je ne connaissais pas l'écriture de Françoise Lefèvre et sans le multidéfis 2019 (item Goncourt des lycéens) je crois que je serai passée à côté du petit prince cannibale, le titre ne m'attirant pas plus que ça.

Une fois de plus, j'ai fait une belle découverte.

Très belle écriture de madame Lefèvre. Poétique et en même temps percutante, fracassante, notamment quand elle évoque le suicide de sa pensée.

Roman qui m'a un peu déstabilisée au début. Françoise Lefèvre raconte les jeunes années de son fils Jean, un enfant autiste. A l'intérieur de ce témoignage, parsemé d'ici delà, le récit d'une autre histoire, le cheminement de la pensée de Françoise Lefèvre qui est maman mais aussi écrivain.

On la suit donc dans son combat pour sortir son fils de l'autisme mais aussi dans ses tentatives pour écrire un roman. Car le petit prince cannibale grignote aussi l'écrivain. Ce roman est bouleversant mais ce qui ressort surtout c'est l'amour infini de cette mère pour son enfant.



A découvrir.
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Le petit prince cannibale

J'apprécie cette auteure, j'ai tardé à lire ce livre car je pressentais qu'il y aurait de la douleur.

Malgré tout, ce combat de 4 années pour sortir son fils de l'autisme, fut une réussite. Se battre contre la maladie et vaincre pour son enfant, abandonner son métier, sa vie, juste pour être là à chaque instant, pour le retenir de sombrer encore plus dans son univers. Lui tenir la main, le calmer, le rassurer et lui montrer le chemin petit à petit, jour après jour, pour qu'enfin il quitte sa planète.

C'est éprouvant comme combat, et l'auteure a su nous faire part de toute cette souffrance, les difficultés.

Un très beau témoignage sur cette maladie et sur la relation d'une mère avec son enfant.

Bien sûr la plume est toujours aussi délicieuse.

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Le petit prince cannibale

Le petit prince cannibale de Françoise Lefèvre est un livre rare, inoubliable et incontournable. Parce qu'elle a choisi de se battre contre vents et marées, parce qu'elle a décidé qu'elle arriverait à le faire sortir de son isolement , parce qu'elle est mère et que l'amour d'une mère peut tout et encore plus, elle consacre sa vie à son fils mais parfois elle craque "Je t'aurais tué parfois de me faire si mal, d'aspirer avec tes hurlements toute ma poésie. Mes pensées. ma bonne volonté. Tout mon amour. Mon increvable amour pour toi. Tu prenais tout et ne donnais rien." (page 42) Alors elle essaye de préserver quelques rares moments à l'écriture , elle en a viscéralement besoin et Blanche nait sous nos yeux, une femme en mal d'amour, à la voix de cristal mais rongée par le désespoir.

Roman, Récit? ou roman-récit? Je dirais surtout un cri, cri d'amour , de désespoir, de désespérance, d'espoir, de joie quand enfin le soleil entre à flots dans sa vie et la sienne. Françoise Lefèvre dédit son livre à son fils Julien-Hugo.



Prix Goncourt- lycéens -1990
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Le petit prince cannibale

Un petit livre vraiment impressionnant : l’histoire d’une mère qui a décidé d’élever son plus jeune fils à la maison. Une chose normale, vous pensez, mais son fils est un enfant autistique. C’est un enfant silencieux et isolé avec un comportement étrange et toutefois destructif. On ne peut pas du tout discuter avec lui. Il est régulièrement sujet à des crises de colère.

La mère, elle aime son fils. Elle est sûre qu’elle peut aider son fils à se tirer d'affaire. Elle croit qu’il pourrait changer, qu’il pourrait devenir plus « normal » par lui aimer et surtout par lui éduquer lui-même chez elle. Alors, elle décide de lui garder à la maison au lieu de lui envoyer à une école spéciale ou à une institution.

Elle sait que cette décision aura des conséquences. Elle sait qu’il y aura des temps difficiles et embarrassants avec son fils, soit à la maison, soit dehors parmi les gens dans les magasins et en pleine rue. Elle n'ignore pas qu’il y aura des conséquences pour la vie familiale. En plus, la décision d’élever son fils lui-même aura aussi une autre grande conséquence personnelle car elle est écrivain. Ce sont des choses vraiment difficiles à combiner : l’écriture et l’éducation d’un enfant autistique.

C’est une histoire touchante. L’auteur décrit sa vie avec son fils. Il y a des événements frustrants, il y a du chagrin mais aussi de l’espoir… Chaque petite progression de l’enfant est une grande victoire pour la mère ; un mot prononcé, une réaction positive inattendue … Bien que les deux situations soient totalement différentes, le livre de Françoise Lefèvre a quelques similarités avec « Ou on va papa » de Jean-Louis Fournier. Il décrit ses expériences avec ses deux enfants sévèrement handicapés par anecdotes. Les deux livres partagent l’amour des parents pour leurs enfants, leurs espoirs et leurs frustrations.

« Le Petit Prince cannibale » est un bon livre touchant sur un sujet difficile. Le livre a gagné le Prix Goncourt des lycéens en 1990.


Lien : http://nebulas-nl.blogspot.n..
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Le petit prince cannibale

Petit livre mais un beau témoignage sur la relation entre une mère écrivaine et son enfant autiste de 0 à 6 ans.

L'auteure nous livre son parcours sans rien cacher de son combat quotidien, de ses déceptions, de ses victoires, de son amour inconditionnel pour son fils.

Un combat de tous les jours, un quotidien difficile voire très difficile , parsemé de moments de doutes, d'abattements, de colère, d'incompréhension, du regard des autres. Et de temps en temps, une éclaircie : un simple geste, une simple parole, qui permet de croire et de persévérer, balayant d'un geste les moments de doutes.

En parallèle, s'agissant d'une auteure, celle-ci essaie d'écrire un livre dont elle nous livre quelques passages au fil des chapitres. Car cet enfant absorbe tout son énergie et même plus pendant plusieurs années, sa vie de femme, d'auteure, sera mise en stand by.

Un livre touchant sur l'amour et le combat d'une mère pour son enfant.

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La Grosse

Céline a un cœur "gros comme ça", aussi gros que son corps énorme qui porte le deuil d'un fils décédé trop tôt. De ce fait, souvent Céline a le cœur gros. Pour tromper son chagrin, elle croque à pleine dents les petits bonheurs du quotidien et partage le peu qu'elle a avec ceux qui l'aiment. Oh, ils ne sont pas très nombreux car sa différence rebute, mais parmi eux, il y a Anatolis, son voisin, un vieil homme qui lutte contre un cancer et Sylvestre et Noémie, deux enfants qu'elle garde le mercredi. Pourtant il est parfois difficile de conserver son enthousiasme quand le sort s'acharne sur vous.



Découvert par hasard sur Babelio (Merci Magali), ce tout petit livre est un véritable poème en prose. Les premiers chapitres sont un enchantement, une ode à la nature. Malgré le deuil qu'elle porte au fond d'elle, Céline est une âme généreuse qui aime la vie et qui fait fi du regard des autres sur son obésité. L'écriture de Françoise Lefèvre, auteure que je découvre également est magnifique. Sa plume est délicate lorsqu'elle nous dépeint tout ce qui évoque la beauté, que ce soit celle des sentiments, du personnage de Céline, ou du monde vivant. Elle se fait réaliste quand elle évoque la désertification des campagnes ou l'anonymat des grandes villes, puis incisive pour traduire la méchanceté, la médisance ou décrire la discrimination liée à la "différence".



Je donne un 17/20 à cette lecture. Si je ne mets pas la note maximale, c'est à cause de l'orientation tragique que prend le roman dans sa deuxième partie, je m'étais tellement attachée au personnage de Céline...
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La Grosse

un émerveillement d'écriture, une atmosphère, une beauté, une écrivain(e) extraordinaire : on en redemande ! un peu triste, oui mais pas plus que la vie qui parfois ... à lire, à relire, à offrir, je l'ai acheté bien que mes bibliothèques crient grâce : je fus inflexible !
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La Grosse

Notre bourguignonne Françoise Lefèvre écrit des romans forts et des récits bouleversants comme en exemple, "Le Petit Prince Cannibale" où l'auteure raconte avec émotions, ce que fut son quotidien, pendant plusieurs années, avec son enfant déclaré autiste.

*



Son petit roman « La grosse », est de toute beauté et d'une grande humanité. Il est écrit avec une grande poésie et de la pudeur.

L'auteure m'a une nouvelle fois ému par son plaidoyer contre les préjugés et la grossophobie.

Françoise Lefèvre dénonce elle aussi, cette dictature de la beauté et des corps féminins sublimes.

Des corps parfaits, qui s'exhibent dans les publicités, dans les magazines pour femmes. Ou qui sont vantés aujourd'hui par cette nuée de dites « influenceuses », toutes maquillées, retouchées, photoshopées, botoxées. Et qui pour certaines, sont déjà passées très jeunes par le bistouri chirurgical.



Et même que parfois nous, hommes, nous arrivons à tomber dans le panneau en nous écriant, comme dans la chanson de Johnny :



-« Hé, regardes un peu, celle qui vient !

Cette fille-là, mon vieux

elle est terrible »

*



L'histoire de Céline, l'héroïne du roman, est comme une tragédie.

Céline, une femme célibataire, est garde-barrière dans un village perdu quelque part en Bourgogne.

Mais ce qui différencie Céline, c'est qu'elle est une grosse femme de cent kilos.

Une énorme dame, dans son poids dérange les habitants du village, qui la raillent, qui la méprisent parfois. Qui se moquent de cette obèse, oubliant même son prénom en l'appelant par ce surnom réducteur « La grosse ».

*



Les gens sont méchants parfois, sont intransigeants, sont blessants, mais surtout sont suspicieux.



Les habitants ont toujours vu d'un mauvais oeil Céline, cette étrangère venue s'installer dans leur village.

Ils l'ont stigmatisée, car Céline vit seule, car elle porte de trop longs cheveux roux, car elle n'a pas le sou mais achète tout de même du lard pour les oiseaux

C'est une femme qui souffre de son corps difforme, des reproches qu'elle lit dans les yeux et les rictus des autres femmes, qui souffre de sa solitude et des rêves qu'elle a perdus.

*



Mais Céline, malgré la tristesse qui l'entoure a gardé une grande beauté et générosité dans son coeur. Comme ces jours lorsqu'elle fait des crêpes et que les enfants du village viennent les manger. Parce qu'ils aiment Céline telle qu'elle est, parce qu'ils ne portent aucun jugement sur les apparences physiques de cette femme.



Et puis il y a Anatolis, qui lui donne du baume au coeur.

C'est son proche voisin, un petit vieux, avec ses petits secrets, qui est en phase finale de son cancer.

Pour lui, Céline c'est « sa lumière », comme lui dit. Elle est celle est qui lui redonne de sa vitalité, qui lui redonne du courage d'affronter son mal et la peur de la mort qui approche.

*



Céline retrouvera-t-elle, grappillera-t-elle enfin quelques instants de bonheur auprès d'Anatolis qu'elle affectionne particulièrement ?

Un homme qui est lui aussi plein d'attentions et de bonnes intentions pour elle.



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